— Souvenez-vous Paul, remontez dans votre enfance et dites-moi ce que vous vivez…
— Je peinturlure la porte de ma chambre avec des crayons de couleur. Je prends beaucoup de plaisir, je suis inconscient du fait que sûrement je n’en ai pas le droit. En regardant mon œuvre, je me sens tout excité et joyeux. Bien sûr ça ne ressemble pas à grand-chose, mais c’est très coloré. Puis je joue avec mes playmobils.
« Mais qu’est-ce que tu as fait ? Ça ne va pas la tête ! »
Ma mère est là, elle hurle contre ce que j’ai commis, elle crie contre moi. Elle me prend par le bras. Je vois ses yeux pleins de colère et sa bouche qui grimace. Son visage haineux. Elle me soulève, s’assied sur le lit, m’enlève mon pantalon et découvre mes fesses.
Et elle claque mon derrière. « J’espère que ça t’apprendra ! »
Ça me fait mal, quand je la regarde, je vois de l’excitation.
Je crie de douleur, de honte et d’humiliation. En même temps, je me rends compte que c’était mal d’avoir dessiné sur la porte de ma chambre.
— Très bien Paul, maintenant, je vais vous demander de refermer la porte sur ce souvenir et de quitter ce château dans lequel je vous ai fait pénétrer.
Une voix féminine et mélodieuse me guide.
— Est-ce que vous voyez le parc ?
— Oui.
— Le portail est-il maintenant derrière vous ?
— Oui
— Alors petit à petit vous allez revenir au présent, à votre vie d’homme adulte. Me suivez-vous ?
— Oui.
— Sentez-vous le tissu du canapé sous votre corps, vos fesses, le coussin sous votre tête ?
— Oui.
— Très bien, maintenant, vous allez reprendre tranquillement conscience de votre corps, de ce qui vous entoure, de la situation présente.
Je sens son parfum. Celui de ma psychothérapeute, Aude. Je suis à nouveau totalement là. Je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux pour la savoir là, derrière moi, vêtue d’un tailleur-jupe noir strict, mais pas trop, un léger décolleté qui laisse imaginer de bien jolies choses.
Je l’entends qui croise ses jambes, le crissement de ses bas l’un sur l’autre. Son stylo qui griffonne sur son carnet. Je finis par ouvrir les yeux :
— Vous croyez que ça peut expliquer mes difficultés relationnelles avec les femmes ?
— Hmmm… Qu’en pensez-vous ?
Je pense que je me sens bien, là, dans son cabinet et que parfois je viens, non pour raconter mes histoires, mais juste pour la voir. J’ai envie d’elle. Je m’imagine retrousser sa jupe et la prendre en levrette. Mais dans mon fantasme, elle garderait toujours ce petit air sérieux même si je la limais à grands coups de queue. Une érection point. Je me tortille sur le divan, gêné. Je réponds à sa question… elle répond toujours à mes questions par d’autres questions, bref, c’est le jeu. Quand je pense que je ne la baiserai jamais.
— Tous les enfants ont eu des fessées, dis-je.
— Oui, mais vous n’êtes pas tous les enfants. Peut-être cela vous a-t-il marqué à cause de votre sensibilité propre ou encore à cause d’un autre élément.
— Quel autre élément ?
— Je ne peux pas répondre à votre place.
Et voilà, c’est toujours comme ça. Je ressens une brusque colère envers elle. Elle doit le sentir, elle a un mouvement de recul et se colle contre le dossier de fauteuil, mais elle garde le silence. Bien, je respire, j’observe tout ce qui se passe en moi. Je préférerais l’observer elle : quelle prise de tête.
— Quels sont vos sentiments vis-à-vis de votre mère ?
Cette fois-ci, mon énervement enfle. Mais qu’est-ce qu’elle cherche ? De manière abrupte, j’imagine qu’Aude porte un string noir. Mes mains se crispent, je respire. Comme si sa question me menaçait.
— Je l’admire beaucoup, elle est très forte.
Et le stylo qui gratte derrière moi.
— Paul, je pense que nous avançons, vous avez bien travaillé aujourd’hui : vos émotions étaient palpables.
Nous nous levons. Un mètre soixante-dix, un peu plus de la quarantaine, les cheveux longs bruns, des traits intelligents, un regard qui ne veut pas en dire trop. Derrière Aude, je vois sa bibliothèque riche de nombreux ouvrages qui traitent de psychologie et même d’ésotérisme. Son cabinet de consultation est meublé avec goût dans un style vieillot et chaleureux, le tout inspire un sentiment de bourgeoisie distinguée, raffinée, aristocrate. Poignée de main franche. Dehors, je respire. Comme si je venais de passer un examen, rendez-vous la semaine prochaine, même heure. Soixante euros.
Je regarde ma montre à tourbillons – un bijou de mécanique qui coûte les yeux de la tête ; dans une heure, un rendez-vous nettement plus excitant m’attend. En ce jour de printemps, une brise souffle agréablement.
Par l’entrebâillement de la porte, j’aperçois le charmant visage de Hong. Nous nous sommes contactés grâce à internet, sur un site de petites annonces. Dans la section « rencontres adultes éphémères », là où se nouaient les propositions indécentes, j’avais déposé une offre comme quoi je cherchais une jeune femme qui aimait les punitions. J’avais eu peu de réponses. En fait deux, une réponse vulgaire et sans intérêt pour moi, et la sienne, un peu sur le même ton tout en retenue que le mien. Nous nous étions envoyé des photos et je fus convaincu. Elle aussi peut-être, vu que grâce au karaté et au footing, mon corps est bien entretenu, musclé finement. Plus de 1,80 m, les yeux bleus, un visage que les femmes s’accordent à trouver séduisant et mes cheveux poivre et sel. Sourire d’autosatisfaction.
Elle me reconnaît et me laisse entrer. Nous parlons un peu, elle sait ce qu’elle a à faire. Elle a revêtu une jupe kilt comme je lui ai demandé. Je m’approche. Son souffle s’accélère. Je passe ma main dessous la jupe et vérifie qu’elle ne porte pas de culotte. Je caresse un peu ses fesses au passage, mais je ne m’attarde pas. Je dépose 120 euros sur une commode. Son studio est petit mais propre. Une étudiante française aurait réclamé plus. Ses yeux marron en amande ne laissent pas filtrer ses émotions et les traits de son visage demeurent impavides. Pourtant, j’imagine, je sais qu’à l’intérieur les sentiments bouillonnent.
Je m’assieds sur une chaise. Docile, elle vient vers moi et se positionne sur mes cuisses pour recevoir une bonne fessée. Sa froideur, sa réserve, m’excite, je ne lui avais pas précisé comment se comporter dans nos échanges par téléphone, mais son attitude ne peut être meilleure. Je découvre son kilt et le remonte sur ses hanches. Elle a de petites fesses comme beaucoup de Chinoises. J’observe aussi le jaune de sa peau, la raie ombrée. Elle attend. Je passe une main entre ses cuisses. Elle frémit, mais ne proteste pas. Elle est légèrement humide. Peut-être est-elle excitée elle aussi, au-delà des appréhensions qu’elle pourrait nourrir. J’abats ma main une première fois, une claque sèche qui raisonne bien. Elle crie de surprise, je suis passé en un éclair de la caresse à la claque. Mais elle ne bouge pas. Peut-être cela lui rappelle-t-il aussi des souvenirs d’enfance, quand elle était grondée par son père ? Je continue à la fesser, je ne réfléchis plus, la colère qu’avait éveillée ma consultation avec Aude guide ma main. Hong gémit et retient ses cris. Elle ne veut pas que ses voisins entendent. Elle doit compter le nombre de claques. Ses fesses rougissent sous mes assauts. Dix ! J’arrête. Hong remue légèrement. Peut-être se demande-t-elle si je vais respecter mon engagement et cesser la punition. Je glisse ma main entre ses cuisses. Elle est bien humide. Je caresse sa chatte, l’étudiante chinoise prend du plaisir et se laisse faire. Je la doigte, j’aime l’idée de l’exciter malgré elle en quelque sorte, de voir qu’elle ne simule pas surtout. La claquer m’a stimulé au point que j’ai un début d’érection. Je la pénètre encore de mes doigts, m’assure qu’elle est bien lubrifiée.
Maintenant, sa tête est au niveau de mon bas-ventre. Après avoir appliqué un préservatif, elle me pompe consciencieusement. Je ne pense pas qu’elle prenne de plaisir : malheureusement j’imagine qu’en un mois, elle suce pas mal de queues différentes. Sans doute est-elle blasée. En Chine, on dit « Je travaille comme un moine », c’est-à-dire avec abnégation. Je suppose que c’est ce qu’elle doit ressentir en ce moment. Quoi qu’il en soit, mon érection grandit, et elle suce toujours, s’attardant soit à lécher mon gland ou le reste de mon pénis. Elle caresse en même temps mes couilles et mon aine. Elle sait y faire. Nous allons sur son lit une place, je la pénètre doucement en levrette. Brusquement j’ai envie de l’aimer. Qu’elle prenne du plaisir. Elle a l’air sensible à ma délicatesse, son corps ne reste pas froid, elle vient se coller contre mon torse. J’en profite pour caresser ses seins menus. Ses fesses sont encore rougies de la petite séance qui a précédé et mon agressivité revient. Je la baise de plus en plus fort, elle laisse échapper des cris étouffés de plus en plus rapprochés. Enfin, j’éjacule en retenant une puissante exclamation. Hong continue doucement d’aller et venir contre mon pénis. Mes derniers spasmes deviennent presque douloureux. Je crois qu’elle a aimé.
Elle m’offre un thé vert, nous discutons, elle parle bien français. Visiblement elle a reçu une bonne éducation, ce doit être une excellente étudiante. Curieusement, elle essaie de me faire la morale même si en fait nous discutons agréablement. Je suis content, je sens que je suis sur le bon chemin, pourtant quelque chose ne me satisfait pas. Il faudra que je la revoie.
Nous y voilà. Je regarde Chantal rentrer dans mon bureau. J’ai remarqué son petit manège, de toute manière il aurait fallu que je sois aveugle pour ne pas le voir. Chaque jour, elle me dit «bonjour», me sourit. Quand elle le peut, elle m’effleure. Une fois, elle a même frôlé de sa main mes fesses tout en discutant de façon animée avec une collègue: l’air de rien donc. Toutes les femmes savent dans mon service que je ne suis pas insensible à ce genre d’attention, que je suis un homme à femmes. Aujourd’hui,elle porte une jupe beige qui remonte légèrement au-dessus des genoux, ainsi qu’un chemisier transparent. Elle fait quelques pas dans ma direction après avoir fermé la porte du bureau.—Paul, je peux vous parler en privé&nb
Je n’ai pas baisé Chantal. J’aurais pu. Peut-être plus tard. Depuis la mort de mon père, c’est comme si un vide effroyable mangeait mon âme, déséquilibrait mon esprit, dérangeait mon comportement habituel. Dans le métro, je m’assieds. À côté de moi, une jeune fille manipule son I-phone, et puis, à bien y réfléchir, en observant, peut-être la moitié des personnes consulte leur smartphone dernière génération, ou s’isole en écoutant de la musique sur son I-Pod. Bravo Steve Jobs. Le sauveur de l’humanité avec Bill Gates.Sur mon propre téléphone brille la petite lumière verte, quelqu’un pense à moi. Ça fait plaisir, n’est-ce pas? Il faut que j’en finisse.A
Du temps est passé. Je vois toujours ma psy Aude et comme pour compenser une frustration, je me précipite ensuite chez mon étudiante chinoise. Cette fois-ci, je n’arrive pas les mains vides, j’ai un colis. Hong entrouvre la porte et sourit en apercevant mon chargement. Elle me laisse entrer, j’ai l’impression que cette innovation lui plaît. Elle me claque une bise affectueuse sur la joue en se levant sur la pointe de ses pieds. Je lui tends le paquet. Elle file dans la salle de bain pour se changer. Je m’étends sur son lit et je lève les yeux au plafond, curieux de ce qui va se passer.«Paul, vous avez été un très vilain garçon, vous méritez une bonne punition!»La voix de Hong résonne faible, mais déterminée. Je la regarde, son cos
Rien de tel qu’une bonne douche pour me préparer pensé-je.Je mets quelques perles de gel douche dans ma paume. Je me nettoie soigneusement. Me rincer. L’onde chaude agit comme un onguent apaisant sur mes blessures morales. Maintenant, me raser. Me rendre propre, net est une façon de me concentrer sur ce qui va suivre.Je pose les mains sur les bords de l’évier. Je soupire, souffle, la tête baissée. Le poids moral est là, omniprésent.Je saisis le blaireau, le passe sous l’eau chaude puis le frotte au savon qui bientôt mousse. Je frotte les poils recouverts de la substance onctueuse sur mes joues, mon menton, le pourtour de mes oreilles. Les angles de ma mâchoire disparaissent sous le duvet blanc.Avec attention, je me rase, en
Ma Mercedes E220 élégance, ancien modèle de 1998, engloutit le ruban de goudron, comme animée d’une conscience et d’une intention propres à elle. Mes mains délicatement posées sur le volant, j’ai dans le collimateur de l’étoile à trois pointes la route qui s’évanouit sans effort. Je suis tombé amoureux de ce modèle blanc, à la ligne un peu démodée, aux angles assez marqués, ses deux phares ronds à l’avant, pas de courbes trop douces – en particulier le coffre long et profond, une voiture d’homme spacieuse et confortable. C’est à peine si je suis conscient de ma conduite… Bercé par le vrombissement puissant et discret du moteur et ma playlist de musique où figurent des titres planants de Post-Rock, le paysage défilant, je baigne dans une autohypnose o&
Le voyage à Erquy m’a en quelque sorte réconcilié avec une part de moi, mais la plaie est là, béante. Ma personnalité de Casanova instable, velléitaire et compulsif ne me satisfait plus. C’est ce que j’ai raconté à Aude tandis que je ne pouvais m’empêcher de fantasmer une fois de plus sur ses lèvres ourlées de rouge et sur ses escarpins noirs. Je suis une contradiction ambulante, des plaques tectoniques mal ajustées qui me tiraillent, m’enlèvent toute consistance et me font souffrir. J’aspire à plus d’unité et pourtant je n’arrive pas à m’y résoudre.Je lui ai confié ma difficulté à m’interdire de m’envoyer en l’air avec les femmes. C’est alors qu’elle m’a dit une chose intéressante
Je ferme les yeux, j’entends les réacteurs de l’avion vrombir, la gravité me colle au siège, ma voisine se serre un peu contre moi, sans doute pour se rassurer un peu: réflexe atavique.Je me remémore ce qui s’est passé la veille entre Annie et moi. Peut-être étais-je de particulièrement bonne humeur ce jour-là, c’était la veille du début de mes congés.Entre nous, ce n’est jamais l’indifférence, sous le calme flirte la tension électrique et en pleine détestation affleure toujours la passion. Comme chien et chat. J’aime son esprit, ses formes, son caractère psychorigide et je crois que malgré elle, elle est fascinée par mon esprit souple, flirteur, aux antipodes de sa pensée et de la morale qui lui a &e
*** Point de vue de Paul ***Je prends ma douche et me lave soigneusement. Je suis à peine sorti du jet dru et chaud de l’eau, encore en train de m’essuyer avec la longue serviette blanche de l’hôtel que j’entends frapper à ma porte. La masseuse est ponctuelle, ça m’évitera d’avoir à me déshabiller!Je me précipite, les pieds encore mouillés pour ouvrir la porte. Et là, je reste un moment sans voix. Devant moi se tient la Latine dans toute sa splendeur, la brune qui me pourfendra le cœur. Une femme d’un peu moins de la trentaine, dans les 1,70m, toute en courbes, des yeux noirs où brille la flamme de l’esprit. Mon Dieu, ne parle pas ou si tu parles, parle bien, ne brise pas