*** Point de vue de Paul ***
Les grillons chantent par cette nuit d’été. Lune rousse dans le ciel éclaire les flancs des montagnes de l’arrière-pays provençal. Je regarde nos deux invités qui nous sont tellement familiers maintenant : Aude et Jean-Louis. Nous sommes à cette heure de la soirée où les langues se délient, notre petite Solea est couchée depuis bien longtemps, mais nous chuchotons tranquillement dans la quiétude du moment. L’eau de la piscine, éclairée par quelques lampes au fond, projette une lumière bleue. Linda a le menton posé sur la main et devise avec Aude sur la beauté du village que nous avons visité : La roquette sur Var. C’est une bourgade enclavée dans les mont
*** Point de vue de Paul ***Dehors les flocons de neige tombent à grosses volutes et tourbillonnent dans la faible lumière de ma fenêtre éclairée. En ce soir de Noël, je suis seul, mais bien. Enroulé dans ma couverture polaire, je savoure un Armagnac qui glisse par goulées lentes dans ma gorge. Le digestif réchauffe tout mon être.Ma chatte Bastet vient se frotter contre mes jambes et ronronne. Elle attend des caresses et que je m’installe sur mon fauteuil avec dossier massant, releveur électrique pour les jambes, le tout habillé d’un cuir marron. Une pure merveille qui fait face au deuxième fauteuil hélas! vide de ma femme qui est partie veiller des parents mourants en République dominicaine.
PatchworkDéfinition du Petit Larousse:—Ouvrage de tissu constitué par l’assemblage de morceaux disparates dans un but décoratif.—Ensemble quelconque formé d’éléments hétérogènes, disparates.Parce que notre vie parfois ressemble à des éclats de verre qu’on a du mal à rassembler pour en faire un tout cohérent, ce récit s’organise comme un patchwork, une mosaïque d’épisodes dont le lecteur devinera aisément la continuité.
—Souvenez-vous Paul, remontez dans votre enfance et dites-moi ce que vous vivez…—Je peinturlure la porte de ma chambre avec des crayons de couleur. Je prends beaucoup de plaisir, je suis inconscient du fait que sûrement je n’en ai pas le droit. En regardant mon œuvre, je me sens tout excité et joyeux. Bien sûr ça ne ressemble pas à grand-chose, mais c’est très coloré. Puis je joue avec mes playmobils.«Mais qu’est-ce que tu as fait? Ça ne va pas la tête!»Ma mère est là, elle hurle contre ce que j’ai commis, elle crie contre moi. Elle me prend par le bras. Je vois ses yeux pleins de colère et sa bouche qui grimace
Nous y voilà. Je regarde Chantal rentrer dans mon bureau. J’ai remarqué son petit manège, de toute manière il aurait fallu que je sois aveugle pour ne pas le voir. Chaque jour, elle me dit «bonjour», me sourit. Quand elle le peut, elle m’effleure. Une fois, elle a même frôlé de sa main mes fesses tout en discutant de façon animée avec une collègue: l’air de rien donc. Toutes les femmes savent dans mon service que je ne suis pas insensible à ce genre d’attention, que je suis un homme à femmes. Aujourd’hui,elle porte une jupe beige qui remonte légèrement au-dessus des genoux, ainsi qu’un chemisier transparent. Elle fait quelques pas dans ma direction après avoir fermé la porte du bureau.—Paul, je peux vous parler en privé&nb
Je n’ai pas baisé Chantal. J’aurais pu. Peut-être plus tard. Depuis la mort de mon père, c’est comme si un vide effroyable mangeait mon âme, déséquilibrait mon esprit, dérangeait mon comportement habituel. Dans le métro, je m’assieds. À côté de moi, une jeune fille manipule son I-phone, et puis, à bien y réfléchir, en observant, peut-être la moitié des personnes consulte leur smartphone dernière génération, ou s’isole en écoutant de la musique sur son I-Pod. Bravo Steve Jobs. Le sauveur de l’humanité avec Bill Gates.Sur mon propre téléphone brille la petite lumière verte, quelqu’un pense à moi. Ça fait plaisir, n’est-ce pas? Il faut que j’en finisse.A
Du temps est passé. Je vois toujours ma psy Aude et comme pour compenser une frustration, je me précipite ensuite chez mon étudiante chinoise. Cette fois-ci, je n’arrive pas les mains vides, j’ai un colis. Hong entrouvre la porte et sourit en apercevant mon chargement. Elle me laisse entrer, j’ai l’impression que cette innovation lui plaît. Elle me claque une bise affectueuse sur la joue en se levant sur la pointe de ses pieds. Je lui tends le paquet. Elle file dans la salle de bain pour se changer. Je m’étends sur son lit et je lève les yeux au plafond, curieux de ce qui va se passer.«Paul, vous avez été un très vilain garçon, vous méritez une bonne punition!»La voix de Hong résonne faible, mais déterminée. Je la regarde, son cos
Rien de tel qu’une bonne douche pour me préparer pensé-je.Je mets quelques perles de gel douche dans ma paume. Je me nettoie soigneusement. Me rincer. L’onde chaude agit comme un onguent apaisant sur mes blessures morales. Maintenant, me raser. Me rendre propre, net est une façon de me concentrer sur ce qui va suivre.Je pose les mains sur les bords de l’évier. Je soupire, souffle, la tête baissée. Le poids moral est là, omniprésent.Je saisis le blaireau, le passe sous l’eau chaude puis le frotte au savon qui bientôt mousse. Je frotte les poils recouverts de la substance onctueuse sur mes joues, mon menton, le pourtour de mes oreilles. Les angles de ma mâchoire disparaissent sous le duvet blanc.Avec attention, je me rase, en
Ma Mercedes E220 élégance, ancien modèle de 1998, engloutit le ruban de goudron, comme animée d’une conscience et d’une intention propres à elle. Mes mains délicatement posées sur le volant, j’ai dans le collimateur de l’étoile à trois pointes la route qui s’évanouit sans effort. Je suis tombé amoureux de ce modèle blanc, à la ligne un peu démodée, aux angles assez marqués, ses deux phares ronds à l’avant, pas de courbes trop douces – en particulier le coffre long et profond, une voiture d’homme spacieuse et confortable. C’est à peine si je suis conscient de ma conduite… Bercé par le vrombissement puissant et discret du moteur et ma playlist de musique où figurent des titres planants de Post-Rock, le paysage défilant, je baigne dans une autohypnose o&