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Cercle des bêtises - La Bête de Beldecour - Chapitre 1

CHAPITRE UN

L’arrivée des étudiants de l’école secondaire Beauharnois Privilège était toujours très bruyante. Certains amoureux se revoyaient après s’être quittés la veille sur un au revoir affectueux ou des mots moins doux. Certains amis reprenaient la conversation du jour précédent. D’autres, comme Lucas Mathis, essayaient de se réveiller dans tout ce brouhaha. Lucas salua dans un marmonnement ses copains Charles et Jean-Raphael, puis continua vers les portes de l’école où il heurta sans trop faire attention une petite chose aux longs cheveux couleur d’avoine. Il grogna une excuse à peine audible, sa seule idée était de se coucher sur un banc loin des portes centrales et du bruit pour récupérer un peu avant que les cours commencent.

Saurie Mannigan retint de justesse son sac lorsque le footballeur au regard sombre la heurta près de l’entrée de l’établissement scolaire. Il marmonna quelque chose qui ressemblait à « un désolé », mais elle n’y porta pas attention car elle n’en revenait juste pas de ce que les filles parmi les majorettes disaient à deux pas d’elle.

—Je te jure, Maude ! Marjorie Trudel n’est jamais retournée chez-elle hier soir après la pratique de football et celle des majorettes. Ses parents ont téléphoné à la police tard hier soir et c’est pourquoi les policiers patrouillaient autour de l’école ce matin.

—Tu plaisantes, Stéphanie !

Les murmures allèrent bon train et les commentaires également. Saurie n’arrivait plus à suivre à distance et elle ne pouvait décemment pas se mêler à elles, puisqu’elles ne les fréquentaient pas ordinairement. L’adolescente se décida alors à entrer dans l’école et se frappa le nez sur un grand corps mince. Lorsqu’elle leva les yeux, une grimace déforma ses traits. Quelle journée merdique que de se trouver face à face avec le délinquant de Beauharnois Privilège !

Gael St-Clair cherchait sa copine du moment pour mettre au point un ou deux trucs sur lesquels ils avaient argumenté jusqu’à minuit passé au téléphone, lorsqu’il reçut un coup à l’estomac qui le fit reculer. Il baissa les yeux sur la minuscule adolescente qui levait les siens vers lui. Saurie se raidit, figea et toutes les couleurs rosées de son joli visage disparurent. Elle étira les lèvres dans un sourire, mais ne put que grimacer et croasser un « je m’excuse » pathétique. Gael serra les dents et décida que s’il ne pouvait mettre la main sur Jada, cette petite souris allait subir sa colère à sa place.

—Tu me cherches ?

Saurie se demanda pourquoi ceux qui avaient plus d’assurance, qui ne semblaient avoir peur de rien et qui étaient souvent plus grands et plus forts disaient toujours cette phrase stupide. Qui désirait leur chercher des problèmes au juste ? Elle secoua négativement la tête. Il la tira brutalement par le bras pour qu’ils ne soient plus devant l’entrée intérieure de l’école où le va et vient était constant, puis l’entraîna un peu à l’écart.

—Tu as vu ma copine ?

Saurie écarquilla les yeux. Pourquoi elle voudrait savoir où se trouvait Jada Kerridan, la fille la moins sympathique de toute l’école ? Saurie secoua négativement la tête à nouveau. Gael maugréa :

—Tu vas la trouver et lui dire que je l’attends ici, compris ?

Depuis quand avait-elle hérité du titre de messager pour les moins que rien du coin ?

—Tu veux quoi au juste avec cette petite fille, St-Clair ?

Saurie se retrouva prisonnière entre le grand corps vêtu de noir de Gael et celui aussi grand, mais plus imposant paré d’un jeans et d’un chandail à la mode, de Lucas. Gael plongea son regard noir dans celui de Lucas.

—Dégages, Mathis. Je discute avec ma nouvelle amie.

—Tu me déranges pendant que j’essaie de dormir.

—T’avais qu’à dormir chez-toi.

—Je travaille après l’école, contrairement à certains qui préfèrent vendre de la drogue et fêter que de faire de quoi de leur vie.

Saurie serra son sac à bandoulière contre sa poitrine et rentra la tête dans les épaules. Ils allaient en venir aux poings directement au-dessus d’elle !

—Pourquoi personne ne m’écoute ?

Ils tournèrent tous les trois la tête vers Marjorie Trudel avec sa tenue de majorette un peu abîmée, des marques violacées sur ses bras et les cheveux en désordre. Les autres jeunes passaient en discutant de tout, de sa disparition entre autres, mais personne ne semblait la voir. Elle paniquait et hurlait qu’elle voulait qu’on l’écoute. Saurie se mordit les lèvres. Lucas passa une main nerveuse dans ses cheveux et détourna la tête. Il croisa le regard de Gael, qui avait eu le même réflexe que lui, et ouvrit la bouche de stupeur :

—Toi aussi ?

Gael le dévisagea.

—Je pensais être le seul.

Ils baissèrent brusquement les yeux vers Saurie qui fixait ses chaussures. Gael se racla la gorge.

—Toi aussi ?

Elle leva un petit visage innocent.

—Moi aussi quoi ?

Lucas posa une main sur le dessus de son crâne et la força à porter attention à Marjorie qui suppliait toujours qu’on l’écoute à une certaine distance d’eux.

—Tu vois et entends comme St-Clair et moi.

Marjorie se tourna dans leur direction et fut sur eux en un clin d’œil.

—Écoutez-moi, je vous en prie !

Saurie se libéra de l’emprise de Lucas et voulut se sauver, mais Gael la retint par un bras.

—Elle a dit de l’écouter.

Saurie se mordit les lèvres.

—Je ne vois pas de quoi tu parles.

Gael se pencha vers elle et murmura :

—Je parle de Marjorie Trudel.

Lucas n’osait pas trop regarder Marjorie et fixait son attention sur Saurie et Gael. Saurie soupira.

—Bon d’accord, oui. Qu’est-ce que je peux faire ? Rien.

Marjorie tendit les mains devant elle et Lucas recula dans la seconde.

—Aidez-moi, je vous en prie ! J’étouffe sous terre !

Elle disparut l’instant suivant. Saurie fronça les sourcils.

—Elle est morte ou pas ? Ils ne parlent jamais clairement.

Gael haussa les épaules.

—Aucune idée. Je n’arrive pas toujours à saisir ce qu’ils veulent dire et ils ne sont pas clairs la plupart du temps, comme tu dis. En plus, je ne les entends pas vraiment, c’est un murmure.

Lucas maugréa :

—Je ne les entends pas d’habitude. Ils ne parlent jamais.

Saurie soupira :

—Ce doit être à cause de moi. Je les entends et je les vois depuis que je suis petite.

Les deux adolescents attendirent qu’elle en dise davantage, mais la cloche pour le premier cours sonna et elle s’enfuit rapidement en se glissant parmi la masse étudiante. Gael se tourna vers Lucas.

—Tu sais son nom ?

—Non, mais j’ai l’intention de le découvrir.

Ils hochèrent la tête et s’éloignèrent en sens inverse.

*****

Éviter d’attirer l’attention des vivants comme des morts, c’était devenu un art pour Saurie. Lorsqu’elle avait écouté Ghost Whisperer pour la première fois, elle avait eu l’impression qu’on allait lui expliquer pourquoi elle était comme ça, mais l’émission l’avait déçu car la réalité et la fiction étaient deux choses distinctes. Mélinda, le personnage principal interprété par Jennifer Love Hewitt, avait le don d’entendre, de voir et de parler avec les fantômes. Saurie quant à elle ne faisait pas la différence entre les vivants et les morts bien souvent, ce qui n’était pas toujours agréable, spécialement lorsqu’elle était enfant. Sa famille était ouverte d’esprit et on parlait facilement d’ésotérisme, mais il y avait une limite entre croire en quelque chose et le vivre carrément !

Saurie s’assit au coin d’une table, dans une partie tranquille de la cafétéria, à l’abri des regards et pourtant entouré par un tas d’étudiants, puis ouvrit son sac brun pour sortir ses deux sandwichs avec laitue, végé pâté à l’humus et champignons, puis installa sa paille dans son jus en boîte. Une fois satisfaite de l’ordre des choses devant elle, elle saisit son premier sandwich à deux mains en ouvrant grand la bouche.

—Tu n’es pas facile à trouver.

Saurie déposa lentement son sandwich. Lucas s’assit à sa droite et Gael gronda, alors tout le monde se tassa pour qu’il puisse s’asseoir face à elle. Il plissa le nez en regardant le lunch de l’adolescente.

—Tu vas vraiment manger ça ?

—Oui, c’est ma tante qui les fait et c’est ssssuuupppeeerrr bon.

Lucas saisit le sandwich et mordit dedans. Saurie écarquilla les yeux d’horreur, tout son environnement méticuleux perturbé par son geste, mais au lieu de le lui redonner Lucas le tendit à Gael.

—Ouais, c’est vrai que c’est bon.

Gael mordit dedans au point qu’il n’en resta plus qu’un morceau.

—Ouais, bizarre à dire pourquoi, mais c’est bon.

Saurie posa la main sur son autre sandwich pour le protéger et ouvrit la bouche pour protester qu’ils n’avaient pas le droit de l’intimider et de lui voler sa nourriture, mais Gael lui enfourna le restant de sandwich qu’elle prit le temps de mastiquer avant de s’étouffer. Lucas appuya son visage dans sa main, un sourire garnement aux lèvres.

—Alors, petite demoiselle, tu vas nous dire ton nom ? Toi qui vois et entends comme nous ?

Gael la toisa d’un regard intense.

—Tu ne peux plus nier, alors, réponds.

Lucas leva les yeux au plafond.

—Je ne peux pas croire que les filles se jettent à tes pieds depuis la maternelle, Gael. Tu n’as aucune manière.

—C’est ce qu’elles aiment, le côté vilain garçon. Tu devrais essayer, ça te ferait du bien, Lucas.

Saurie les dévisagea à tour de rôle. D’un côté, il y avait le beau footballeur à la tignasse indisciplinée brune foncé, au regard noisette et à la gueule de séducteur. De l’autre, il y avait le voyou aux traits sauvages, aux cheveux noirs trop longs qui lui tombaient à moitié sur le visage, au regard noir, aux nombreuses boucles d’oreilles et qui était visiblement tatoué car des arabesques noires étaient perceptives sur sa peau de chaque côté de son cou.

—Vous vous connaissez depuis longtemps ?

Gael afficha une moue amusée.

—Depuis toujours. Nos pères étaient meilleurs amis depuis l’adolescence et travaillaient ensemble.

Saurie saisit son sandwich et déclara :

—Vous n’êtes pourtant pas du même genre.

Elle mordit dans son repas et Lucas constata :

—Disons que les choses ont tourné autrement et qu’on ne se fréquente plus depuis l’âge de six ans.

Gael répondit à la question muette de la jeune fille.

—Nos pères étaient policiers. Le mien est mort, le sien a survécu et nos familles se sont éloignées l’une de l’autre après le drame.

Saurie porta sa paille à ses lèvres.

—Vous avez la même capacité et vous ne le saviez pas ?

Lucas tourna son attention vers Gael.

—Elle a raison, nous n’avions pas ce don-là enfant. Tu as ça depuis quand ?

—C’est pas une maladie !

—Gael, tu sais ce que je veux dire !

—OK, panique pas, Mathis. Je dirais que ça commencé un an après la mort de mon père.

Saurie et Gael fixèrent alors Lucas pour connaître sa réponse. Il se massa la nuque dans un geste nerveux.

—J’avais environ le même âge, mais j’ai vraiment eu ma première expérience bizarre avec un … un …

Saurie lui dédia un sourire amusé.

—Un mort ?

—Ouais. J’ai eu mon premier vrai contact à l’âge de neuf ans même si j’ai commencé à voir des trucs étranges lorsque j’avais sept ans.

Gael pointa Saurie du doigt.

—Tu veux changer la discussion, mais la question de départ reste la même. Ton nom ?

Saurie sourit d’un faux air épanoui.

—Suzie Samson.

Lucas la sermonna :

—Je connais Suzie Samson, c’est mon ex copine de secondaire un.

Saurie haussa une épaule et enchaîna :

—Tamara Lemaytivier.

Gael claqua de la langue.

—Tamara est dans mon cours de math et elle est très fournie, on ne peut pas l’oublier.

Il fit un geste avec ses deux mains devant lui. Lucas l’appuya dans son affirmation.

—Ton nom ?

—Oh, à quoi ça va vous servir de connaître mon nom ?

Gael se pencha vers l’avant pour lui offrir un sourire de prédateur.

—Une fois qu’on connaît ton nom, tu pourras devenir notre souffre-douleur.

Lucas lui jeta un regard en biais.

—N’écoute pas St-Clair, c’est un imbécile qui a le cerveau ruiné par la drogue. On veut savoir ton nom parce que tu es comme nous. C’est intéressant de connaître de nouvelles personnes, tu ne penses pas ?

Saurie poussa un gros soupir de découragement.

—Je suis Ève Tremor, je suis en secondaire deux, je me doute que vous êtes plus vieux que moi.

Lucas grommela :

—Ce qu’elle est épuisante ! Tu ne te nommes pas Ève.

Saurie ramassa vivement les restants de son repas et inspira sa dernière gorgée de jus.

—Bien sûr que oui ! Pourquoi je ne serais pas Ève Tremor ?

Gael murmura :

—T’as pas une tête de Ève.

Lucas rajouta :

—Tu ne veux pas donner ton nom, je ne comprends pas. Tu n’as pas d’amis pourtant, tu es toute seule et tu l’étais ce matin aussi. Qui es-tu ?

Saurie se leva.

—Je suis Ève, vous n’avez qu’à vous renseigner. Tranquille, à son affaire, je ne fais pas de bruit, je ne déplace pas d’air et je suis loin d’être populaire.

Elle profita d’un mouvement à la table derrière eux pour prendre la fuite. Gael lança :

—Elle est rapide et elle se fond facilement dans la foule.

—Je veux savoir qui elle est et comment elle peut gérer tout ça. Ce n’est pas facile de cacher qu’on est différent parfois. J’aimerais savoir comment elle fait pour passer inaperçu.

Gael pouffa de rire :

—Surtout quand tu es populaire, que tu as des amis qui te suivent partout et que tu ne voudrais pas qu’ils pensent que tu es un freak.

Lucas souleva un sourcil, la mine moqueuse :

—Où quand tu es un rebelle et que tu ne voudrais pas que tes semblables sachent que tu es un freak, mais un vrai.

Gael ne répondit rien. Lucas pointa une direction du menton.

—Ta flamboyante amoureuse te cherche. Ça serait gênant pour les deux si elle nous voyait discuter ensemble.

Gael se leva sans commenter et se faufila près de Jada pour la saisir par le cou et lui parler à l’oreille. Ils quittèrent la cafétéria en se tenant par la taille. Lucas allait se lever lorsqu’il croisa les verres épais d’un petit intello à lunette qui finissait de manger seul. Le garçon ne devait pas avoir plus de treize ans. Lucas allait l’ignorer, mais l’adolescent s’adressa à lui.

—Elle s’appelle Saurie Mannigan. J’ai capté une partie de votre conversation avec elle. C’est une fille qui préfère de beaucoup qu’on ne la remarque pas et on comprend, sa famille est bizarre et sa tante fait souvent des séances de spiritisme dans les vieilles maisons.

Lucas hocha la tête, un bref sourire de remerciement poli et il quitta la cafétéria. Elle se nommait Saurie, prénom intéressant pour une petite personne tout aussi intéressante. Quel âge avait-elle et en quelle année était-elle ? Une petite visite à la réception pour prendre des nouvelles des vieux os de la pauvre mère de la secrétaire lui apporterait des réponses à ses questions. Lucas se promit qu’avant la fin de la journée, il allait savoir tout ce qu’il fallait savoir sur Saurie Mannigan.

*****

Cette fille était un mystère. La seule information qu’il avait pu soutirer à la secrétaire était qu’elle avait seize ans comme Gael et lui, ce qu’elle ne faisait pas du tout et qui prouvait qu’elle mentait constamment, et qu’elle devait se trouver dans la moitié de ses cours sans qu’il ne se souvienne d’elle. Elle était donc en cinquième secondaire et il ne l’avait jamais vu auparavant même s’ils avaient fait tout leur secondaire ensemble. Saurie avait vraiment développé l’art de l’invisibilité ! Le premier cours de l’après-midi était français. Lucas entra dans la classe lorsque la moitié des étudiants étaient déjà là, chercha Saurie du regard, mais ne la trouva pas. Il aperçut Gael et se souvint qu’ils avaient souvent des cours ensemble, mais depuis le drame qui avait séparé leurs familles, ils ne se parlaient pour ainsi dire plus du tout. Lucas se dirigea vers Gael qui discutait avec un punk aux airs lunatiques debout dans le fond de la classe.

—St-Clair, j’ai trouvé son nom.

Gael leva une main pour interrompre son ami et fit face à Lucas.

—Merveilleux, qu’est-ce que c’est ?

—Saurie Mannigan.

À la mention du nom qui sembla résonner en écho dans la classe, des catastrophes en chaîne se produisirent. Une fille qui allait s’asseoir tomba de sa chaise. Un garçon appuya trop fort sur son crayon et le brisa, le morceau brisé frappa une adolescente non loin en plein front. L’enseignante qui entrait dans la classe se tordit la cheville et tomba à genoux sur le sol, un étudiant voulu l’aider et se pris le pied dans une patte de chaise. Il tomba et se heurta le bas du visage sur son pupitre où il se fendit la lèvre. Le sang gicla et aspergea sa voisine qui s’évanouie à la vue de la blessure. Gael et Lucas suivirent les incidents, ahuris. Était-ce un nom maudit ? Une pieuse étudiante près d’eux se signa à trois reprises. Lucas fit la grimace :

—Saurie n’a pas d’amis et je comprends pourquoi.

—C’est presque incroyable …

Saurie choisie ce moment pour entrer dans la pièce. Ordinairement, elle se glissait toujours à sa place près de la porte quelques secondes avant que la cloche sonne et on ne lui portait jamais attention, mais là tous les regards convergèrent vers elle et elle figea avant même de se rendre à son bureau. Gael et Lucas la prirent en pitié et firent un pas dans sa direction, mais Marjorie Trudel décida que c’était le moment idéal pour apparaître et leur hurler à la tête :

—Je manque d’air, aidez-moi !

Saurie ouvrit la bouche et Lucas ferma les yeux dès qu’elle s’exprima clairement dans le silence de la pièce :

—Où es-tu ?

Marjorie se tourna vers elle.

—Je ne sais pas, mais je me trouvais près de la vieille demeure des Murray avec les tourelles. J’étouffe !

Gael saisit son sac et ses affaires, Lucas réagit alors et lui emboita le pas. Il s’inclina devant la professeure toujours à genoux sur le sol, sous le choc de la chute de l’adolescent à la lèvre ensanglantée et de l’arrivée de Saurie qui disait des phrases hors contexte pour le commun des mortels qui ne voyait pas Marjorie.

—Saurie ne se sent pas bien, nous allons la ramener chez-elle.

Gael agrippa le bras de Saurie et ne lui laissa pas le choix. Ils quittèrent la classe tous les trois et Marjorie disparut. On aurait entendu une mouche voler tellement c’était silencieux. Une fille moins intelligente ou plus curieuse que les autres s’exclama à haute voix :

—Je ne savais pas que Lucas Mathis connaissait Gael St-Clair ?

Une de ses copines jeta dans la surprise générale :

—Je ne savais même pas que Saurie était dans notre classe de français !

Tous les étudiants se mirent à parler en même.

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