En m’approchant de la grille, je vois que la lumière est allumée dans la cuisine d’Ethan. Je connais le code depuis que j’ai dormi ici, et je ne m’embête pas à appuyer sur l’interphone pour le prévenir. Je compose les cinq numéros et attends que la grille s’ouvre.
Arrivée en haut de l’allée, j’ai le cœur qui bat comme un métronome réglé au maximum. J’ai mal au ventre, à la poitrine et je tremble tellement que j’ai du mal à ouvrir ma portière. Ça va être affreux. J’en ai la certitude. J’ai beau me répéter qu’il a juste oublié notre dîner, je sais bien qu’il n’en est rien. Ethan Frost n’est pas du genre à oublier quoi que ce soit.En me dirigeant à pied vers le bâtiment, je m’aperçois que plusieurs lampes soIl me rattrape avant même que j’arrive à la porte d’entrée. Je me débats et le griffe dans mon envie désespérée de m’enfuir. Il marmonne un juron, me détourne de lui et passe son bras autour de ma taille. Puis il m’attire contre lui, dans mon dos.— Lâche-moi !Je hurle à travers mes larmes, incapable de faire une phrase cohérente. Ethan ne m’écoute pas.— Chloe, laisse-moi t’expliquer.— J’en ai assez entendu. Tu voulais que je parte, merde ! Alors laisse-moi partir.— Pas tout de suite. Prends ça, répond-il en tentant de déposer la chaîne dans ma main.— Je n’en veux pas, dis-je en refusant d’ouvrir les doigts. Je ne veux jamais la revoir... ni toi nonplus.— S’il te plaît, Chloe. Je sais que je ne suis pas en droit de te demander qu
Je ne sais pas combien de temps nous restons debout ainsi, Ethan toujours en moi. Et ça m’est égal. Tout ce qui compte, c’est qu’il m’appartient. Pendant une poignée de minutes tremblantes, Ethan n’est qu’à moi. Même la certitude que dans quelques instants, il renoncera définitivement à notre relation ne parvient pas à ternir la beauté de ce moment. Car pour la première fois, Ethan est aussi vulnérable et ouvert que je le suis...Il m’embrasse toujours, de sa bouche brûlante, exigeante, vorace même. Je lui rends ses baisers, à l’infini. Jusqu’à ce que j’en aie les lèvres en feu et que mes larmes se soient enfin taries. Puis je recommence.— Je ne le pensais pas, avoue-t-il en s’écartant de quelques millimètres pour me voir. Je n’en pensais pas un mot.Son souffle me br&u
— Chloe...Ethan pose les mains sur mes bras. Pourtant, je ne les sens pas. Je suis incapable de percevoir autre chose que le froid glacial qui m’envahit peu à peu, courant sur ma peau, dans mes veines, et jusque dans mon âme. Je suis gelée, et la douce réalité n’est soudain plus qu’un puzzle aux pièces coupantes et déchiquetées, impossibles à assembler.— Qu’est-ce que...Ma voix se brise, et les quelques syllabes que j’ai réussi à articuler semblent tomber dans l’abysse noir et sans fond qui nous sépare désormais.Ethan ne répond pas. Il se contente de me regarder, les yeux fiévreux, le visage démoli par les coups qu’il a reçus hier.La sonnette retentit de nouveau. Puis une nouvelle fois, et encore une autre. La cacophonie sans fin s’ajoute à l’impression de confusion
La porte de la salle de bains se referme derrière moi et je m’appuie contre le battant. Sans cela, je risquerais de tomber.J’ai envie de hurler. De crier, tempêter et lancer des objets. De tout casser dans cette pièce si vaste et luxueuse afin qu’elle reflète ma dévastation intérieure.Mais une autre part de moi n’aspire qu’à s’en aller, s’éloigner d’Ethan, de ses mensonges, de la confusion et du chagrin qui m’habitent. De Brandon et de la nouvelle souffrance qu’il vient de m’infliger.Des larmes roulent lentement sur mes joues. Je les essuie d’un geste rageur. Je ne pleurerai pas, en tout cas pas ici, alors que Brandon rôde toujours. Il m’a déjà démolie une fois. Plutôt mourir que de lui donner le plaisir de me détruire encore. Je ne veux pas ressembler à l’œuf Humpty Dumpty qu
En m’entendant franchir la porte de l’appartement, Tori quitte le canapé d’un bond.— Chloe ?Son air d’impatience se mue en horreur lorsque mes jambes me lâchent et que je m’effondre sur lecarrelage de l’entrée.— Chlo ? s’écrie-t-elle en se précipitant vers moi.Elle me tend la main, mais je suis incapable de la prendre. J’ai mal partout, et respirer relève déjàde l’exploit en cet instant.— Chloe, qu’est-ce qui se passe ?Comme je ne réponds toujours pas, elle s’agenouille par terre près de moi, de plus en plus inquiète. — Qu’est-ce qu’il y a ? Tu es blessée ? Tu as eu un accident... ?Je me mets à rire, d’un rire rauque qui me déchire la poitrine.Je veux lui répondre. Vraiment. Ne serait-ce que pour avoir la paix. Mais
Pour finir, aucune de nous deux n’apporte les vestiges du blender à Ethan. Je décide d’aller les jeter dans la benne. L’idée était de grappiller deux minutes de solitude afin de réfléchir, mais je le regrette aussitôt. Le soleil estival m’éblouit et accentue ma gueule de bois, rendant impossible toute pensée rationnelle.À l’appartement, Tori a disposé le repas chinois sur la table. Elle est en train de servir du vin dans d’élégants verres à pied. Je n’ai pas du tout envie d’aggraver mon état par une dose d’alcool supplémentaire, et j’apporte donc deux verres d’eau.Tori lève les yeux au ciel, mais ça ne l’empêche pas de prendre la boisson que je lui tends. Elle se donne même la peine d’en avaler deux gorgées avant de passer au vin.— Alors, tu te sens mieux ? demande-t-elle tandis que je m’assieds en face d’elle. Je ne vais pas te cacher que ta colère avait pris des proportions impressionnantes.— Ça va, dis-je en me concentrant de toutes mes forces sur le riz que je su
Lorsque j’arrive au travail, je suis dans tous mes états. J’ignore à quoi je dois m’attendre. Ethan va-t-il me guetter sur le parking ?Vais-je trouver mes affaires remisées dans un carton, en signe de renvoi ?Tout le monde va-t-il me dévisager d’un air entendu lorsque je m’approcherai de mon box ? Peut-être tout ça à la fois ?Finalement, aucune de ces hypothèses n’est la bonne. Au contraire, tout se passe comme d’habitude. Je me gare sur la même place que tous les jours. J’emprunte le même chemin arboré vers le bâtiment qui abrite mon service. J’essuie les mêmes remarques cinglantes de Rick, le stagiaire de deuxième année qui a fait de ma vie un enfer depuis mon arrivée, lorsqu’on m’a confié le dossier brûlant qu’il pensait mériter de traiter.Je sais qu’il e
— Ça suffit ! Je ne supporterai pas ça une minute de plus, déclare Tori en tournant brusquement à droite pour entrer sur le parking du University Town Center.— Ça quoi ?Je contemple d’un air absent le flot de voitures. UTC est l’un des plus grands centres commerciaux de San Diego. Pour Tori, c’est le paradis sur terre. À peine moins bien que Paris ou Rodeo Drive, à Beverly Hills.— Ta déprime ! Ta sempiternelle déprime.Elle s’arrête devant un voiturier. C’est tout juste si elle ne m’arrache pas ensuite du siège passager. — Ça fait deux semaines que tu es malheureuse comme les pierres, reprend-elle, et je n’en peuxplus.Elle n’a pas tort. Je suis effondrée depuis que j’ai abandonné Ethan sur le parking, les yeux pleinsde larmes alors qu’il m’a ouvert son c&oeli