Share

Chapitre 1

Comme tous les matins, les jeunes de la cité m’ont réveillée. Mais aujourd’hui tout est différent, j’ai le sourire et je suis pressée. Ce matin je me lève et je me dirige dans la salle de bain, je commence par me laver et m'habiller. Rien ne change à d’habitude, j'enfile un jean, une grande chemise. Je me maquille et me coiffe.

Mes cheveux, brun et bouclés, tombent sur mes épaules et mon dos. Aujourd'hui Kaïs, mon petit ami, vient me khtob comme on dit chez nous, il vient faire sa demande en mariage! Je ne veux que lui dans ma vie. 

Je regardais mon reflet dans le miroir, pour ajuster ma chemise je ne supporte pas que mes petites fesses bombées ne soient pas couvertes. Je vérifie mon décolleté, et me dirige vers la cuisine pour préparer le repas de ce midi.

La maison est encore calme, personne n’est réveillé, mais je me dois de tout préparer. Je mets mes écouteurs et laisse la musique retentir dans mes oreilles. Je sais que Kaïs va venir avec ces parents, je décide donc de faire un couscous, je sors les légumes et commence mon plat. Je danse et chante à moitié dans la cuisine, sous le rythme de la musique. J’ai le coeur empli de joie et de bonheur, dans quelques mois je serais une femme mariée, j’aurai la maison de mes rêves avec l’homme de mes rêves. Je pourrai avoir la chance d’avoir des enfants et de sortir de ma cité. Je rendrais ma famille fière ! 

La porte de la cuisine grince et me sort de mes douces pensées:

“Ah ma fille, comment vas- tu vas aujourd'hui ? C’est mon père, il est encore à moitié endormi

- Papa, ça va merci et toi ?Tu as bien dormi ? Je retire mes écouteurs et lui souris

- Ça va, comme les vieux, ça réplique préféré! Joyeux anniversaire ma fille ! Tu as 20 ans aujourd'hui, tu es une femme. Bientôt le mariage, me dit-il en m’embrassant sur le front

- Oh Papa, merci, lui dis-je en lui faisant un câlin. J'ai fait du couscous pour ce midi.Tata Saliha, son mari et son fils viennent manger à la maison tu n'as pas oublié ?

- Tu crois que je vais oublier mon copain Sofiane ? Aller vas faire le gâteau, il me dit ça en rigolant »

Je reprends ou je m’en suis arreter et je commence à préparer des gâteaux. La maison est encore calme pour le moment, mon père est sorti et Rania et Djelloul dorment encore. Pas étonnant de ses deux ours, s’ils ne dorment pas, ils mangent. 

J’installe la table, une nappe blanche pour la pureté, un bouquet de rose rouge pour la passion et l’amour, des paillettes parce que j’adore ça. Le service couleur or de Mama pour qu’une touche d’elle soit présente ici… 

Mama est décédée il y a quelques années, d’un cancer, sans elle ce n'est pas pareil. Tout est vide et sans vie… Je suis tellement triste qu’elle ne soit pas présente aujourd’hui… Je l’imagine en belle robe traditionnelle, un beau kaftan noir et dorée qu’elle aimais tant. Celui qu’elle ne sortais que pour les grandes occasions. Elle m'a toujours dit que c’était uniquement ce qui lui restait  de sa vie d’avant. 

Bon, trêve de rêveries, si j’allais réveiller les ours. J’entre dans la chambre de ma petite sœur, mais je ne la vois pas. Elle doit être sous la douche. Je vais aller réveiller Djou, je toque à la porte, trois fois et pas de réponse. Je rentre dans sa chambre et pareil, le lit est fait. La fenêtre est ouverte mais pas de grand frère en vue. Ils sont où ces deux là encore ? 

Je sors de la chambre et un bruit sourd retentit dans mon oreille avant qu’une pluie de confettis me tombe dessus. 

“ Joyeux anniversaire !” Les rires se mêlent à la chanson. Mon père est heureux, mon frère me prend dans ses bras et Rania nous enlace. Ce que je peux les aimer. Ce que je les aime, je ferais n’importe quoi pour leurs bonheurs. 

“20 ans ma soeur. Ca y est t’es une femme, me crie mon frère dans l’oreille

- Djou, tu m’a fais mal à l’oreille, arrête de crier, je rigole à moitié

- Fait pas la chochotte hein ! C’est pas grand chose, Joyeux anniversaire ma petite, il me relâche et m’embrasse le front”

Je prends Rania dans mes bras et la sert fort. Elle est tellement petite, si petite ma soeur. 

“ Joyeux anniversaire Nanou !

- Merci Rania, merci ma chérie “

Je nettoie avec ma sœur le couloir, et je file dans ma chambre, il est temps de me préparer. J’enfile une robe dubaï et me maquille. Je suis devant mon miroir et je regarde ma chambre d’enfant, enfin d’adolescente. Tous les souvenirs me reviennent. Dans quelques semaines je quitte cette chambre pour celle du reste de ma vie, celle avec Kais, mon futur mari. Tout va me manquer ici, le papier peint rose, les photos avec mes amies, les souvenirs de mes premiers dessins de robe de mariée, ma petite machine à coudre… Tout va me manquer. Mais c’est pour vivre ma vie de femme ! 

Un sms me sort de mes pensées, c’est Kaïs : « Inch’Allah ( Si Dieu le veux) tu es bientôt à moi je suis en bas de ta tour avec mes parents ! » 

Je rougis, je vais être sienne enfin, « Mon amour, je t'attends!». Je me dépêche de vérifier que tout est parfait. Quelqu’un toque à la porte, les papillons dans mon ventre s’activent et j’ai les mains qui tremblent. Mon père ouvre la porte et les joyeux anniversaires fusent de partout. 

J’installe tout le monde à table et commence par servir la salade. Le repas se passe à merveille et j'ai reçu de nombreux compliments sur mon couscous. Sur le faite que je sais recevoir et que bientôt je serais une femme à marier. J’apporte le dessert et m’installe quand Kaïs pris la parole :

« Tonton? Je suis venue aujourd'hui avec mes parents pour te demander quelque chose.

- Eh bien parles mon fils, il rigole et se retourne vers son ami

- Je suis venue te demander la main de Kahina. »

Rania et Tata Saliha commencent à faire les youyous, j'ai les larmes aux yeux. J'attends avec impatience la réponse de mon père. Il doit être si fière de moi. 

Je me retourne vers lui mais le regard noir qu’il me lançe ne présage rien de bon. D’un geste du doigt, il me fait comprendre que je dois me lever. Mon frère Djou ne comprend pas non plus ce qu’il se passe. Je me lève et suit mon père dans sa chambre. Les larmes de bonheur qui remplissaient mes yeux commencent petit à petit à devenir des larmes de tristesse. Il me dit de m’installer sur son lit et d’attendre. Il sort de la chambre et ferme la porte. Mais qu’est-ce qu’il se passe ? J’étais sûr qu’il n'attendait pas que ça ! 

Je décide tout de même d’aller écouter ce qu’il se passe au salon:

« Kaïs, tu sais ma fille c'est une perle rare. Elle c'est faire la cuisine, le ménage, elle s'occupe très bien de la maison depuis que ma femme est monté vers le tout puissant. Mais il faut que je te dise non. Ma fille est promise depuis sa naissance...

- COMMENT SA PROMISE ? C'EST QUOI CE BORDEL? Djou lui coupe la parole et se met à hurler

Quoi ? Dis moi que tu rigoles ? Tu ne vas pas me marier à un inconnu? Hein Papa c'est kaïs que j'aime Papa. Ya Rabi (Dieu) aide moi ! Résonne-le ! C’est fini l’époque des mariages forcées! Ça existe plus ! Je hurle de douleur, il vient de me retirer mon bonheur”

Rania se met à pleurer, Djelloul devient complètement fou, mon père ne sait plus quoi faire. Kaïs et son père s'emportent dans la colère, sa mère se met à pleurer. La pièce est emplie de colère, elle est si forte qu’elle aurait fait trembler tout le mur de la cité. Djelloul lui est partis en claquant la porte. 

« Ecoutes, Younes, tu es mon ami depuis qu'on est arrivé en France. Je sais qu'en Algérie tu as promis ta fille. Mais jamais, il est revenu. Je veux que mon fils épouse ta fille. Nous sommes venues pour ça, maintenant tu dis oui c'est tout , dit-il en tapant du poing,

-  Sofiane, je ne peux pas. J'ai promis, j'ai promis. »

Kaïs est silencieux et moi je pleure. Je regarde mon père pour essayer de comprendre. Mais celui-ci me regarde d'un air désolé. 

Ces deux vieux amis se déchiraient. Mais merde, moi je ne comprenais rien. Je pris la parole entre les hurlements. 

« STOP ! Je ne veux pas me marier avec un inconnu, je m'en fous. Celui que je veux c'est Kaïs. Je ne comprends rien. J'en ai marre, dis-je en pleurant.”

Mon père s’écroule sur le canapé, les parents de Kaïs se rapprochent de la porte. Et celui qui aurait dû être mon mari  se rapproche de moi, il me prend dans ses bras, me sert aussi fort qu’il le peut et me caresse les cheveux. Il me chuchote à l'oreille que c'est le mektoub (destin), et que nous n'avons pas le choix et que par chance l'homme ne voudrait pas de moi. Comment fait-t-il pour garder son calme ? Je viens de perdre l'homme de ma vie...

La porte se referme lentement sur lui et mon cœur se déchire en milles morceaux. Je m'écroule au sol et hurle toute ma douleur. Ma soeur me prend dans ses bras et tente de me réconforter. Je suis au plus mal. Moi qui pensait vivre la plus belle journée de toute ma vie. Je sens les bras réconfortants de mon père me bercer petit à petit. 

« Ecoute Kahina, tu vas aller dans ma chambre, prendre la boîte à bijoux de ta mère  et tu prendras la lettre bleue...»

Mais de quelle lettre est-ce qu’il me parle ?

Related chapters

Latest chapter

DMCA.com Protection Status