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Chapitre 2

Rosalie ne parvenait plus à se rendormir une fois que le soleil proéminait le ciel bleuté. Il illuminait si bien sa chambre qu’il était difficile de ne pas y prêter attention. Il n’était que sept heures lorsqu’elle décida de se lever. Elle bondit hors de son lit et attrapa son téléphone pour fouiller dedans. Quelques notifications y figuraient, rien de bien intéressant, si ce n’était la réponse de sa meilleure amie. Elle avait rendez-vous avec cette dernière dans le parc de leur petite ville, mais à dix heures tapantes. Elle avait tout son temps en somme, seulement la jeune fille était pressée de la retrouver.

Elle voulait tout lui raconter. De ses vacances passées à la plage, ce beau garçon avec qui elle avait gentiment flirté, sa petite altercation avec Dean et aussi de ce qu’elle avait vu dans le noir. Pour le dernier point, elle n’en était pas sûre. Elle se demandait après mûres réflexions si ce qu’elle croyait avoir vu n’était pas le fruit de son imagination. Un homme avec des pupilles resplendissantes, jaune de surcroit, la regardant au travers de sa fenêtre alors qu’elle était aussi discrète qu’une petite souris ? Non, cela paraissait presque saugrenu. Si elle le lui confiait, Sarah allait lui rire au nez avant de rétorquer qu’elle regardait trop des films d’horreur ou bien qu’elle fût trop éreintée de son voyage.

Oui, c’était sûrement cela. Ses rêves comme sa vision de la veille, ce n’étaient que son imagination qui devenait un peu trop envahissante. Elle avait beau dessiner, encore et encore, elle avait toujours la tête pleine d’idée, aussi farfelue étaient-elles. C’était décidé, elle ne relaterait en rien sa trouvaille, mais elle la gardait à l’esprit pour un futur croquis.

Rosalie reposa son portable sur sa table de nuit. Elle se massa lentement les paupières, la fatigue y était encore présente, mais elle n’avait plus le cœur à se rendormir. Elle claqua sur ses cuisses comme pour se motiver avant de se redresser puis elle alla directement sous la douche, où le jet d’eau tiède éveilla ses sens engourdis. Une fois sortie de la salle de bain, elle s’habilla d’une robe d’été et prit de nouveau place sur son bureau pour dessiner.

Les traits noirs emplirent peu à peu la feuille immaculée, reflétant les maisons qui se trouvaient dans son quartier. Elle ajouta les poubelles juste en face de la demeure de son voisin, les trottoirs ainsi que les arbres qui décoraient les lieux, puis elle commença enfin à esquisser l’individu étrange. Néanmoins, elle était si incertaine quant à sa reproduction qu’elle effaça à plusieurs reprises sa silhouette. Elle était en permanence insatisfaite, cela ne correspondait jamais à la vision qu’elle se faisait de cet homme alors elle déchira le bout de papier, irritée.

Comment ébaucher une scène que l’on n’a aperçu que quelques secondes ? C’était affreusement impossible ! A force de cogiter, elle avait certainement dû l’idéaliser. Des yeux jaunes… étaient-ils véritablement de cette teinte ? Plus elle y réfléchissait, moins elle en savait.

Abandonnant toute tactique de représentation, Rosalie se leva en soupirant et se colla contre sa fenêtre, les bras croisés contre sa poitrine. Ses yeux tombèrent sur les poubelles de son voisin, puis le trottoir sur lequel s’était tenu l’inconnu. Il n’y avait rien. Il n’y avait plus rien qui pouvait présager la scène d’autrefois, et elle en était atrocement déçue. Perdue aussi, mais qui sait ? Peut-être que l’homme reviendrait la nuit prochaine et elle guetterait cette fois-ci plus discrètement pour satisfaire sa curiosité.

Résolue, la jolie rousse acquiesça à cette pensée. Elle se décolla de sa fenêtre pour se diriger vers sa table de chevet et en attraper son mobile. Elle écarquilla les yeux en regardant l’horaire : elle avait passé plus de deux heures à dessiner ! C’était fou comme le temps passait incroyablement vite lorsqu’elle se plongeait, corps et âme, dans cette passion. Elle pouvait rester une journée entière à perfectionner ses dessins, et elle pouvait même s’interdire de sommeiller pour continuer de crayonner. Elle avait repris le dessin depuis le début de l’été, et plus précisément après avoir reçu en cadeau toute une panoplie de crayons et de feutres fins. Elle ne parvenait plus à s’arrêter, c’était à la fois impressionnant et agaçant. Pourtant, elle devait tout même modérer ses envies : car dans deux semaines exactement, elle allait à l’université !

Elle sourit en y songeant. L’université la faisait rêver. Dans quelques jours, elle allait entrer dans la cour des grands et bâtir peu à peu son avenir, juste après avoir obtenu son diplôme à sa sortie de lycée. Elle était heureuse comme elle était triste. La rentrée prochaine allait marquer sa véritable entrée dans sa vie de jeune adulte, elle allait être seule au campus, loin de ses parents. Cette perspective l’effrayait, tout comme elle l’enchantait quelque part. N’importe quelle personne de son âge aimerait d’ores et déjà connaître l’indépendance, mais on en oublie bien souvent les inconvénients. Certes, elle pourrait vivre comme bon lui semblerait, cependant elle allait devoir gérer tous ses problèmes comme une grande et ne plus appeler papa ou maman à la rescousse. Malgré tout, elle était partante pour la fac.

Rosalie se jaugea à travers le miroir et bomba le torse, fière de ce qu’elle allait accomplir dans l’année qui allait suivre. Elle se remua un peu et décida qu’il était grand temps de mettre les voiles pour aller à la rencontre de sa meilleure amie. Elle descendit des escaliers, fut accueillie par sa chienne qui lui fit aussitôt la fête. La jeune fille la cajola contre son cœur et caressa son pelage soyeux. En retour, Kiera lui lapa la main, toute joyeuse. Rose se redressa, le sourire aux lèvres, elle attrapa son harnais puis sa laisse et lui souffla le mot magique :

— Promenade ?

L’animal remua aussitôt la queue et dressa ses oreilles pointues, puis aboya pour montrer son enthousiasme. Rosalie eut beaucoup de mal à lui enfiler son équipement tellement sa chienne bougeait dans son excitation. Ce remue-ménage alerta immédiatement Mme Brunel qui se rendit dans le couloir en moins de deux, emmitouflée dans sa robe de chambre et une tasse de café à la main. Elle regarda avec étonnement sa fille qui saisissait une petite veste blanche.

— Tu ne déjeunes pas, Rosie ?

Elle secoua la tête en grimaçant. Son appétit semblait être au point mort depuis son arrivée, depuis qu’elle avait revu Dean en réalité. Elle en soupira de déception à ce songe, plus jamais elle ne lui adresserait la parole. Entre elle et lui, c’était fini. Plus rien ne les reliait dès à présent.

— Je vais promener Kiera, lui informa-t-elle, je reviens aux alentours de midi.

— Tu as envie de quelque chose de spécial pour déjeuner ? s’entêta sa mère.

La jeune fille en haussa les épaules. Peu importait la nourriture qu’on allait lui présenter, elle n’était même pas certaine d’avaler quoi que ce soit. Elle la salua une dernière fois avant de sortir de la maison, plissant instantanément les yeux face aux rayons aveuglants du soleil.

Le nez dehors, le husky tira brusquement sur sa laisse et bien que ce fût sa maîtresse qui avait pris l’initiative de l’emmener en balade, ce fut plutôt la jeune chienne qui promenait cette dernière. Rosalie exorbita ses yeux, ainsi entrainée, elle se laissa transportée par l’animal, manquant à tout instant de perdre l’équilibre. Elle fut par moment obligée de la tourner dans la bonne direction, et celle-ci traina à nouveau la rouquine sur la route.

Kiera avait une sacrée force, si jeune, si robuste qu’elle l’était ! Rose redoutait à chaque instant lorsqu’elle croiserait un maître avec son chien. Joueuse comme elle était, elle souhaitait constamment s’amuser avec l’un de ses congénères, seulement ils n’étaient pas tous comme elle et certains appréciaient peu son entrain. Fort heureusement pour elle, cela n’advint pas et elles arrivèrent au parc sans accro.

Sarah les attendait de pieds fermes devant la grille, les yeux virevoltants partout et ailleurs. Lorsqu’elle les repéra, un énorme sourire barra l’entièreté de son visage et elle leur fit un grand signe de la main. Les deux amies s’accordèrent une brève accolade, tout en se berçant l’une contre l’autre. Kiera, quant à elle, se mit à renifler la nouvelle venue puis reconnaissant son odeur, elle sautilla dans un aboiement. La brune lâcha Rosalie et se tourna vers l’animal pour lui donner quelques caresses, sous la joie notable de ce dernier.

— Comment vas-tu depuis tout ce temps ? lui demanda Sarah comme pour engager la conversation.

La rouquine lui répondit avec une certaine vitalité. Elle était heureuse de retrouver sa meilleure amie, de lire cet air malicieux dans ses prunelles couleur noisette et d’avoir pu la prendre dans ses bras. Il faisait si chaud en cette journée qu’elle avait attaché ses cheveux noirs en un gros chignon, elle portait une tenue adéquate et plutôt décontractée à la saison estivale : un débardeur jaune poussin accompagné d’un mini-short basané. Elle était très jolie avec son teint hâlé, Rose enviait par moment avec quelle facilité son amie parvenait à bronzer, tout comme celle-ci adorait ses cheveux roux. Elles se complétaient, elles étaient comme les deux doigts d’une main : alliées, fidèles et attachées ; et même si elles allaient bientôt se quitter pour leurs obligations respectives, elles savaient qu’elles ne perdraient jamais contact.

D’un signe de la main, Sarah l’incita à s’introduire dans le parc. Impatiente, Kiera tira une nouvelle fois sur sa laisse, entraînant une Rosalie totalement stupéfaite. Elle tenta le tout pour le tout pour la ralentir, mais rien à faire : sa chienne était trop forte pour elle. Sa meilleure amie l’aida quelquefois dans un rire, elles avaient l’air bête à vouloir freiner un chien de traineau.

— On dirait que cela fait des jours qu’elle n’est pas sortie ! s’exclama la brune.

— Je ne sais pas, c’était Dean qui s’occupait d’elle en notre absence. Je ne serais pas étonnée si j’apprenais qu’il la sortait que quelques minutes.

Elle baissa les yeux en songeant à lui, Sarah le remarqua aussitôt.

— Il s’est passé quelque chose avec lui ?

Rosalie hocha le menton et elles décidèrent de s’asseoir sur un banc pour discuter plus amplement. L’animal se coucha à leurs pieds après avoir saisi que l’heure était à la détente.

— Raconte, ma puce, qu’est-ce que cet enfoiré a encore fait ?

Les lèvres de la rouquine se tordirent en une grimace, mais elle était bien décidée de se confier. Elle lui relata alors la manière dont il s’était pris pour se faire une nouvelle fois pardonner puis la façon dont elle l’avait chassé. Sarah l’écouta d’une grande oreille, non sans éprouver une certaine animosité à l’égard du garçon. Elle ne l’avait jamais aimé malgré les sentiments de son amie, néanmoins elle l’avait tout de même poussé à lui déclarer sa flamme, par n’importe quel moyen que ce soit. Quelle ne fut pas sa peine de la revoir en larmes quelques jours plus tard, encore pire lorsque la lettre avait été divulguée. A cet instant son aversion s’était transformée en une véritable amertume. Rose ne le méritait pas, elle qui était si gentille et tellement douce : comment pouvait-on faire du mal à une magnifique personne comme elle ?

— Tu as bien fait, lui dit-elle en passant un bras autour de ses épaules, il y a des moments où on ne peut pas pardonner à quelqu’un, surtout quand on nous a fait du mal. Il t’a longtemps ignorée, mise de côté. A son tour maintenant de se sentir reculé.

Rosalie fut d’accord avec ses propos, elle ne se sentait pas du tout prête à tout oublier. La douleur était toujours là, comme ancrée dans son âme. Si elle ne s’était pas fait harceler à la suite de ça, peut-être qu’elle aurait pu, mais non : il n’a pas levé le moindre petit doigt pour faire taire les rumeurs.

Rosalie, la sainte nitouche. Rosalie, la pauvre romantique du dix-huitième siècle.

Rosalie, la vierge.

Une étrange nausée pointa le bout de son nez. Combien de garçons s’étaient permis de soulever son sac à dos pour regarder ses fesses ? Combien de filles se moquaient de son apparence et de son geste ? Trop, beaucoup trop pour être compté, mais dans tous les cas, elle avait passé un véritable enfer jusqu’à la fin du lycée. Plus jamais… plus jamais elle ne voulait se faire insulter par des inconnus.

Pressentant la tristesse de sa maîtresse, Kiera se redressa sur ses pattes pour lui lécher la main puis elle couina en se frottant contre elle. Le sourire triste, Rose lui chatouilla la tête. Malgré son harcèlement, malgré ses ténèbres, ses plus fidèles alliés ne l’avaient pas lâchée. Sarah l’avait défendue coûte que coûte, et était allée voir le directeur de l’école afin de tout lui dire. À la suite de ça, Rosalie avait été convoquée dans son bureau avec ses harceleurs et elle ne pouvait que confirmer le mal qu’ils lui avaient fait, dont cette garce d’Eloïse qui lui en faisait voir de toutes les couleurs, et ses parents furent immédiatement mis au jus. Mais, malgré tout : les moqueries n’avaient pas promptement tari, il restait toujours des idiots qui l’observaient d’une mine espiègle. Le cauchemar s’en était allé pour de bon, une fois qu’elle était sortie du lycée.

— Je ne veux plus jamais les revoir, lui comme cette fille et tous les autres, lui avoua-t-elle, déterminée. Ils m’ont trop fait souffrir.

— Moi non plus, et puis de toute façon, eux, ils n’étudieront pas au Canada, pas comme toi.

Elle n’en avait pas la preuve formelle, néanmoins il était rare qu’un étudiant américain veuille passer la frontière pour ses études et se confronter au choc des cultures, sauf si ce dernier était bien curieux. Rosalie, quant à elle, adorait ce pays, elle y avait passé la majeure partie de son enfance en vacances d’hiver, donc elle connaissait quelques-unes de leurs coutumes. La conversation se tourna alors vers la rentrée prochaine, où elles contèrent chacune leur tour leur hâte ainsi que la préparation de leur avenir. C’est ainsi que Rosalie apprit que sa meilleure amie allait bientôt partir :

— Dans une semaine, je pars à Londres pour la médecine.

Elle avait candidaté pour une université londonienne de prestige, la meilleure d’entre toute vraisemblablement. Son oncle qui y travaillait avait particulièrement suivi son admission, sans relâche.

— Aussi tôt ? s’étonna Rosalie. Ce n’était pas dans deux semaines ?

— Si, mais mes parents m’accompagnent pour la première semaine. Ils vont m’aider à m’installer dans mon nouveau logement et je vais devoir étudier avant la rentrée pour avoir toutes les chances de mon côté.

La jolie rousse acquiesça, elle était heureuse pour elle, mais elle était triste de savoir qu’elle allait bientôt partir. Elle laissa tomber sa tête sur les épaules de son amie, Sarah répondit à son étreinte en posant sa tête sur la sienne.

— Tu vas me manquer, ma Rosie, lui dit-elle, nostalgique de leurs moments passés au lycée.

— Toi aussi…

Elles se tinrent la main quelques secondes, d’une humeur profondément nostalgique. Mais la brune finit par se redresser en faisant sursauter sa meilleure amie :

— Bon, on ne va pas tout de même déprimer pour ça, d’accord ? On continuera de se parler, ce ne sont pas des milliers de kilomètres qui nous séparera à jamais ! Tu me promets de m’envoyer souvent des nouvelles de toi ?

— Oui, bien sûr, quelle question !

Elle se mirent à rire puis continuèrent de discuter de tout et de rien, en passant par les vacances de la plus jeune et le garçon avec qui elle avait rapidement flirté.

Midi, c’était enfin l’heure de partir et de rentrer à la maison. Sarah enlaça longuement son amie en lui promettant de passer la voir avant son grand départ au Royaume-Uni, puis elle pivota les talons, laissant Rosalie seule avec Kiera. Celle-ci l’observa partir, le cœur déconfit, avant de prendre le chemin du retour.

Elle traversa le parc, perdue dans ses pensées. Elle songeait principalement à sa meilleure amie et se demandait si elle arriverait à se faire d’autres amis, loin de chez elle. Elle l’espérait du fond du cœur, même si elle se savait bien trop réservée pour faire le premier pas. Ce n’était une grande timidité, c’était essentiellement la peur de l’inconnu qui l’empêchait d’aller voir du monde. Une fois qu’elle connaissait la personne, elle pouvait se montrer très agréable ou au contraire, très méprisante si on venait à s’attaquer à son amour propre. Elle n’avait encore que dix-huit ans, alors forcément, sa confiance en elle n’était pas suffisante pour aller vers les autres.

D’une manière brusque, Kiera la fit sortir de ses songes en tirant sur sa laisse. Rosalie manqua de se ramasser la figure, elle fit les gros yeux alors que sa chienne aboyait contre un arbre.

— Bon sang, Kiera ! Tu as failli me faire tomber avec tes bêtises !

Son grondement la fit redresser la tête avec étonnement. L’animal ne grognait pratiquement jamais, sauf lorsqu’il avait peur ou qu’il pressentait quelque chose.

— Voyons, qu’est-ce que tu as ?

Curieuse, elle le laissa contourner le vieux chêne en question, mais il n’y avait personne. La chienne se mit à gémir et à renifler le gazon, comme si elle était confuse d’avoir mené une fausse piste. La jeune fille en haussa un sourcil. Il était exceptionnel que le husky réagisse ainsi, et à première vue : aucune présence malfaisante ne se trouvait derrière le grand arbre. A moins que justement, il y avait bien quelqu’un, un voyeur très probablement, et que ce dernier avait pris la poudre d’escampette.

Déçue, Rosalie s’apprêta à faire volte-face, mais elle remarqua au dernier moment, tout comme Kiera, un objet briller sur le sol. Elle s’agenouilla sur l’herbe pour le ramasser. C’était une chaine dorée avec un énorme pendentif ovale, mais le symbole qui y figurait était bien curieux. La jeune fille effleura très lentement les trois branches distinctes qui ressortaient du médaillon. Elles étaient toutes orientées dans le même sens et à chaque bout se dessinaient des étranges spirales.

Un sentiment de malaise s’émana de sa poitrine à mesure qu’elle caressait l’emblème du bout des doigts, comme si ce dernier voulait lui dire quelque chose.

Comme s’il représentait quelque chose pour elle.

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