Cela faisait plusieurs minutes que j'attendais mon verre de vinho verde, petit clin d'oeil à ces quelques jours passés à Porto et qui allaient prendre fin demain.
Un jeune homme s'installa à la table à côté de la mienne, il était en pleine conversation téléphonique, je l'entendais sans vraiment le vouloir mais vu notre proximité il m'aurait été difficile de faire autrement.
-Tranquille[...]non pas encore, ça fait que quelques heures que je suis là[...] c'est clair [...]deux secondes, il y a le serveur.
Le serveur était effectivement arrivé pour me délivrer le Saint Graal que j'attendais depuis un petit moment.
-Excuse me, l'interpella le jeune homme.
-Sim, o que é que o senhor deseja? Je vis le regard du garçon un peu perdu.
-Do you speak english?
-Peço desculpa? Lui répondit le serveur.
-Une bière, a beer, répondit-il en faisant de grands gestes tout en cherchant autour de lui quelque chose ou quelqu'un qui pourrait l'aider. Je me décidai à voler à son secours.
-O senhor deseja uma cerveja por favor.
-Um fino ou de garafa?
-Vous désirez une bière à la pression ou en bouteille?
-Une pression s'il vous plaît.
-Pode ser um fino por favor.
Le serveur répartit tandis que le jeune homme m'adressa un sourire.
-Merci beaucoup pour le coup de main.
-Pas de souci, je vous ai senti un peu perdu.
-C'est le cas. En même temps c'est fou qu'il ne parle pas anglais.
-En même temps vous êtes dans un petit café familial perdu dans Porto, hors saison qui plus est.
-Pas faux. Il me fit un sourire qui se voulait charmeur, alors pour couper court à tout espoir je décidai de lui tourner le dos pour pouvoir siroter mon verre de vin tranquillement tout en m'imprégnant encore un peu de ces sons et ces odeurs qui me manqueraient tant une fois le sol portugais quitté. Lui en profita pour terminer son appel.
Au bout de quelques minutes supplémentaires le serveur lui apporta sa bière.
-On trinque? Dit-il à mon attention.
-À quoi? Répondis-je en me tournant vers lui.
-Aux belles rencontres, encore son sourire charmeur mais ce coup là je ne pus m'empêcher de rire.
-Vous parlez de vous et moi?
-Oui.
-Belle rencontre? Mais on ne se connaît même pas!
-Et alors? Je suis le genre de personne qui crée sa chance, si je veux qu'une rencontre soit belle, je m'en donne les moyens.
Je fus surprise par sa répartie. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas laissé approcher par quelqu'un, encore moins par un homme.
-Alors trinquons à notre rencontre et laissons-nous le reste de la soirée pour décider si elle est belle ou pas, lui rétorquai-je. Son sourire s'agrandit un peu plus et il vint s'asseoir à ma table.
-Alors comme ça tu es portugaise?
-Franco-portugaise pour être exacte.
-Tu vis ici?
-Non, en France.
-Dans quelle ville?
-Tu es bien curieux.
En entendant ces mots il se pencha en avant ce qui me permis de mieux distinguer ses traits à la lumière. Il était plutôt pas mal quoique pas du tout mon genre mais il avait ce je ne sais quoi, cette part d'ombre dans un visage de lumière.
-Tu m'as l'air d'être une citadine.
-Ah oui, là tu as beaucoup réduit tes possibilités Sherlock, dis-je en me moquant légèrement de lui, il n'y fit pas attention.
-Tu n'as pas un accent hyper prononcé, tu n'es visiblement pas marseillaise, ni toulousaine, ni ch'ti, ni...
-Attends, le coupai-je, tu vas vraiment citer toutes les villes d'où je ne suis pas originaire selon toi?
-Et pourquoi pas?
-Parce qu'on va y passer la nuit.
-Et alors? Tu as d'autres idées pour occuper tout ce temps? Il me dit cela avec un regard plein de sous-entendus.
-J'en ai tout un tas... Son sourire s'agrandit. Ah pardon tu veux dire avec toi? Alors non, tu peux continuer ton énumération. Il sourit de plus belle, visiblement il ne s'avouait pas vaincu facilement.
-Allez, sois charitable, donne-moi un petit indice.
-Ok, je viens de l'une des plus belles villes de France.
-Comme tous les français.
-Tu voulais un indice, en aucun cas tu n'as parlé de la qualité de celui-ci.
-Je vois, me dit-il en baissant les yeux, j'avais certainement réussi à lui faire perdre patience. Et tu fais quoi dans la vie? J'éclatai de rire.
-Tu ne lâches jamais rien toi?
-Non effectivement. Je réfléchis un instant.
-En même temps je pourrais te dire que je suis pilote de chasse, agent du gouvernement, ou je ne sais pas moi, astronaute, comment saurais-tu que je te dis la vérité?
-Tu n'as pas besoin de me dire la vérité. Après tout, je ne te connais pas, tu peux être qui tu veux ce soir.
Son propos provoqua un déclic en moi. Ce soir, je pouvais être qui je voulais sans répercussion, mettre tous mes doutes de côté et vivre l'espace de quelques heures sans me prendre la tête avec tout un tas de questionnements.
-Qui es-tu alors? Me demanda-t-il à nouveau.
-Pour toi je serais l'inconnue de Porto.
Je me levai en disant ces mots.
Il paya précipitamment et me suivit. -Où tu vas? -Je rentre, je repars demain matin et j'ai encore mes valises à boucler. -C'est dommage, mais bon je comprends. Je vais rentrer aussi. Peut-être qu'on pourrait faire un bout de chemin ensemble? -Je te remercie mais je suis en voiture. -Ok... Bon et bien je vais rentre
La grande horloge de l'aéroport affichait 11h54. Je passais à peine la douane mais j'étais malgré tout à l'heure. Heureusement que je n'avais qu'un bagage à main, si j'avais eu une valise à enregistrer je n'aurais jamais été dans les temps. Ça avait été une vraie course contre la montre. J'avais dû rentrer chez ma cousine qui habitait à une trentaine de kilomètres de Porto, boucler ma valise, ranger un minimum la chambre dans laquelle j'avais passé ces quatre derniers jours, et surtout j'avais dû faire le tour du voisinage pour un dernier au revoir aux différents membres de ma famille qui habitaient tous dans l'unique rue du hameau. Le bon côté des choses c'est que j'avais pu prétexter un &e
J'avais réussi à trouver le sommeil quelques minutes ce qui m'avait fait un bien fou. Je me dépêchais de sortir de l'avion au plus vite, pressée de revoir mon nouvel appartement. -Tu m'as l'air bien décidé. J'aurais reconnu cette voix entre mille. -Jess! Tu es venue me chercher! Lui dis-je en lui sautant dessus. -Quand même, j'allais pas te laisser galèrer à peine arrivée. Par contre lâches moi, tu m'étouffes un peu. Je finis par la lâcher puis nous nous dirigeâmes vers la voiture.
Après avoir garé la voiture nous prîmes l'ascenseur jusqu'au cinquième. Je n'étais venue qu'une fois dans cet immeuble lors de la visite de nos appartements respectifs à Jess et moi il y a un peu plus d'un mois et d'être ici à nouveau me confirma que nous avions vraiment eu une chance exceptionnelle. Au départ, je cherchais une location proche de chez Jessica. Elle s'était donc mise à chercher avec moi pour m'aider mais nous avions du mal à trouver mon bonheur et de fil en aiguille l'idée avait germé en elle de déménager aussi. Ce n'etait qu'une idée farfelue au début mais nous en avions tout de même parlé avec mon agent immobilier qui, à peine une semaine plus tard, m'avait appelé po
Le début de semaine passa très rapidement. J'adorais ma nouvelle vie à Paris et je pouvais en profiter pleinement n'ayant pas encore repris le travail. Je me levais tôt le matin et j'arpentais les rues et les ruelles se trouvant près de chez moi sans but précis, juste pour le plaisir de la découverte. Ce jeudi matin, j'avais fait un saut à la boulangerie pour acheter quelques viennoiseries à Jessica. Il était 8h30 lorsque je sonnai chez elle. -Entre! Je suis super à
22h15. Nous nous décidions enfin à monter chez nos voisins. Je me sentais légèrement stressée. Depuis ma séparation, je m'étais un peu renfermée sur moi-même et sur mes quelques amis proches. Arrivées à l'étage du dessus nous entendîmes distinctement le son de la musique à travers la porte. Jess se tourna vers moi en
Toc, toc, toc.Le bruit de quelqu'un qui tapait à la porte me fit ouvrir les yeux. Toc, toc, toc.J'attrappai mon téléphone qui affichait 13 heures et soufflai en pensant que j'aurais bien dormi encore un peu. Toc, toc, toc.Je me levai pour aller ouvrir. Toc, toc.-C'est bon, pas la peine de défoncer la porte, j'arrive!
Le lendemain matin je m'étais levée de bonne heure. J'avais décidé d'aller courir et Jess avait accepté de m'accompagner. Je n'aimais pas spécialement courir mais aujourd'hui j'en avais besoin. La reprise du travail dans un nouveau poste me stressais bien malgré moi et je savais que me dépenser m'aiderais sûrement à me vider l'esprit. Nous avions alterné course et marche rapide pendant une quarantaine de minutes avant de rentrer chez nous. Arrivée à la maison je m'étais douchée et j'avais grignoté un bout en guise de repas. Je détestais cui