Le début de semaine passa très rapidement. J'adorais ma nouvelle vie à Paris et je pouvais en profiter pleinement n'ayant pas encore repris le travail. Je me levais tôt le matin et j'arpentais les rues et les ruelles se trouvant près de chez moi sans but précis, juste pour le plaisir de la découverte.
Ce jeudi matin, j'avais fait un saut à la boulangerie pour acheter quelques viennoiseries à Jessica. Il était 8h30 lorsque je sonnai chez elle.
-Entre! Je suis super à la bourre, me dit-elle son sèche cheveux dans une main et sa brosse à dents dans l'autre.
-Je t'ai acheté le petit déjeuner, lui dis-je en remuant le sac de viennoiseries sous ses yeux.
-Merci ma chérie, t'es adorable mais je suis trop juste ce matin. J'ai une réunion hyper importante.
-Ok, prends quand même le sachet si tu as un petit creux dans la journée.
-Pose le sur la table et je le prendrai en partant. Je m'exécutai et tombai sur un papier disant:
Chers voisins,
C'est avec un immense plaisir que nous vous invitons à notre pendaison de crémaillère.
Nous espérons vous voir nombreux ce vendredi dès 18 heures.
Fanny et Jessica. 5°étage.
-C'est quoi ce truc? Lui dis-je en lui relisant les quelques lignes.
-Une idée que j'ai eu.
-Une pendaison de crémaillère?
-Je sais, c'est pas vraiment le bon terme. En même temps j'allais pas écrire "Venez à notre fête de bienvenue, on a envie de vous rencontrer et d'être de bonnes voisines. Vous verrez on est super cool"
-Même si tu l'avais écrit personne ne t'aurais crû. C'est tout sauf cool d'organiser un truc comme ça.
-Arrête, ça peut être sympa. Et c'est aussi un moyen de faire de nouvelles connaissances. Puis quoi? Au pire on se rend compte que nos voisins sont tous cons et on se tiendra loin d'eux à l'avenir. Qu'est-ce que tu en dis?
J'hésitai quelques secondes mais ça avait l'air de lui faire plaisir, et au fond ça ne me dérangeait pas vraiment.
-Si c'est toi qui organise, je suis d'accord.
-Évidemment, c'est mon métier. Et franchement tu crois que je vais te laisser organiser quoi que ce soit après le fiasco des soixante ans de ton père?
Le souvenir douloureux d'une fête où le principal intéressé était arrivé avec deux heures de retard, car j'avais mal indiqué l'adresse à mon oncle qui était chargé de l'accompagner, le repas était complètement raté, l'ambiance mortelle et les gens pressés de partir me vint en tête. Je n'étais définitivement pas douée pour organiser des fêtes.
-Dans ce cas, fais toi plaisir!
-Ça va être un petit truc histoire de se présenter. Elle regarda sa montre. Bon c'est pas que je veux te virer mais je dois y aller. Tu peux coller ça dans l'entrée? Elle me tendit la fameuse invitation. Tu va faire quoi aujourd'hui?
-Pas grand chose, sûrement jouer une ou deux parties et écrire.
-Tu me désespères.
-Laisse moi profiter de mes vacances.
-Tu es tout le temps en vacances!
-Ça, je te l'avais dit de devenir prof, c'est toi qui n'as pas voulu.
-Je ne pourrais pas me taper une bande d'adolescents à longueur de journée. Je ne sais pas comment tu fais.
-C'est pour ça que les profs ont beaucoup de vacances, pour éviter la dépression.
Je lui fis la bise et rentrai chez moi vaquer à mes occupations.
******
Le lendemain, vendredi, jour de notre crémaillère nous étions allées faire les courses et avions acheté des jus de fruits, de quoi faire des mojitos, et pas mal de biscuits apéro en tous genres. Puis nous étions rentrées et nous étions attelées à tout mettre en place.
Nous avions mis nos deux tables côte-à-côte sur le palier, de jolies nappes, les boissons d'un côté, les amuse-bouches de l'autre. Nous nous étions un minimum apprêtées histoire de donner une bonne image de nous, puis nous avions attendu quinze, vingt, vingt-cinq minutes. Vers 18h30 un couple de personnes âgées plutôt sympathique était passé quelques minutes puis ils étaient répartis, nous laissant de nouveau seules.
-Tu sais Jess, c'est pas tout à fait comme ça que j'imaginais mon premier vendredi soir à Paris.
-Je sais, on se fait chier comme des rats morts. Mais c'est dingue quand même que personne ne soit venu. Il était bien notre petit mot. Si t'es poli, quand tu vois ça, tu passes histoire de te présenter et de parler deux minutes. Mais bon, j'imagine qu'on est tombées sur un immeuble de cons!
À peine avait-elle finit sa phrase que je sentis le regard de quelqu'un dans mon dos. Jessica dut le sentir aussi car elle se retourna en même temps que moi pour découvrir trois hommes.
-Alors comme ça, on est des cons?
-Non, je... C'est pas... Enfin... Balbutia Jess.
Les garçons éclatèrent de rire.
-Ça va, déstresse, c'est rien. Et puis c'est pas tout à fait faux. Les trois quarts des gens de cet immeuble sont des cons alors....
-Tu te souviens de nous? Demanda l'un des hommes à mon amie.
-Oui, vous m'avez aidé pour le déménagement.
-C'est ça. Et du coup tu dois être la fameuse pote pour qui on a dû trimer? Dit-il en portant son attention sur moi.
-Tout à fait. D'ailleurs, merci pour le coup de main. Je m'appelle Fanny. Dis-je en lui tendant ma main.
Il l'attrapa et me rapprocha de lui pour me faire la bise.
-Moi c'est Mo', je te présente Framal et lui c'est Mékra, me dit-il en me montrant ses amis.
-Enchantée. Je fis la bise aux deux autres suivie par Jessica. Vous voulez boire un mojito peut-être?
-Avec plaisir, me répondirent Mékra et Framal
-Plutôt du jus de fruits pour moi, je ne bois pas d'alcool, me confia Mo'.
Jess et moi les servîmes.
-En tous cas, heureusement que vous êtes venus parce que là on se sentait un peu seules au monde.
-Ça m'étonne pas que personne soit venu, nous dit Mo'. Au premier, vous avez une famille avec trois gamins insupportables, au deuxième et au troisième, des petits vieux, les troisième gauche sont assez sympa mais les autres c'est des vrais chieurs. Au quatrième, y'a plus personne depuis que les anciens locataires ont saccagé l'appartement. Les proprios se sont lancés dans une guerre juridique contre eux mais bon pour l'instant c'est au point mort. Et au sixième, il y a nous.
Ce gars là avait l'air de tout savoir sur la vie de l'immeuble.
-En tous cas, ça prouve que toi aussi tu organises des fêtes perraves, dis-je à l'attention de mon amie.
-On peut organiser la plus belle des fêtes si la liste des invités est nulle ça ne changera rien, me répondit-elle.
-Vous voulez améliorer votre vendredi soir? C'était Mékra qui avait posé cette question et vu son regard, elle était destinée à Jessica plus qu'à moi.
-Pourquoi pas.
-Venez ce soir chez moi alors, reprit Mo'. Il y aura quelques potes,ça va être tranquille.
Jess me jeta un coup d'œil, on arrivait à se comprendre sans se parler elle et moi.
-C'est bon, on viendra.
-Allez on bouge, on a des courses à faire, dit Framal à ses amis avant de se tourner vers nous. Venez vers 22 heures et, en cas, ramenez le mojito, il est bon sa mère!
22h15. Nous nous décidions enfin à monter chez nos voisins. Je me sentais légèrement stressée. Depuis ma séparation, je m'étais un peu renfermée sur moi-même et sur mes quelques amis proches. Arrivées à l'étage du dessus nous entendîmes distinctement le son de la musique à travers la porte. Jess se tourna vers moi en
Toc, toc, toc.Le bruit de quelqu'un qui tapait à la porte me fit ouvrir les yeux. Toc, toc, toc.J'attrappai mon téléphone qui affichait 13 heures et soufflai en pensant que j'aurais bien dormi encore un peu. Toc, toc, toc.Je me levai pour aller ouvrir. Toc, toc.-C'est bon, pas la peine de défoncer la porte, j'arrive!
Le lendemain matin je m'étais levée de bonne heure. J'avais décidé d'aller courir et Jess avait accepté de m'accompagner. Je n'aimais pas spécialement courir mais aujourd'hui j'en avais besoin. La reprise du travail dans un nouveau poste me stressais bien malgré moi et je savais que me dépenser m'aiderais sûrement à me vider l'esprit. Nous avions alterné course et marche rapide pendant une quarantaine de minutes avant de rentrer chez nous. Arrivée à la maison je m'étais douchée et j'avais grignoté un bout en guise de repas. Je détestais cui
-Désolé mec. C'est juste que j'ai trouvé une meuf capable de niquer Fram' à fifa alors je kiffe mon moment, lui dit Mo'. -Ouais ben tu peux pas kiffer moins fort? J'essayais de dormir moi, lui répondit Nek. -En même temps t'as qu'à te coucher plus tôt au lieu de ramener tous les déchets parisiens dans ton lit, intervint Mékra. -C'est bon pour la planète de recycler les déchets, dit Nek avec un petit sourire en s'avançant un peu plus dans le salon. Il sembla enfin nous remarquer Jess et moi. Son regar
Le premier jour dans mon nouvel établissement c'était merveilleusement bien passé. Mes collègues étaient très sympathiques, mes élèves semblaient avoir envie d'apprendre, les locaux étaient en bon état et j'avais des horaires cool, je ne bossais pas le mercredi ni le vendredi après-midi. Bref, ma rentrée avait été une réussite. Le lundi soir avant de rentrer chez moi j'étais passée chez Jess. Arrivée devant sa porte j'entendis plusieurs voix masculine en plus de celle de mon amie. Je me décidai à taper. Elle vint m'ouv
Les jours passaient et je me plaisais vraiment à Paris. J'avais passé mon premier week end après la reprise des cours à visiter la capitale. C'était amusant de se sentir à la fois touriste et habitante de cette ville. J'étais déjà venue à Paris, j'avais déjà visité ces lieux mais le fait de me dire que je pourrais y revenir à n'importe quel moment en un coup de métro sans me presser me remplissais de joie. J'avais toujours eu une certaine fascination pour cette ville. J'imaginais Paris comme une femme au savoir infini et à la beauté renversante. Ici, chaque rue, chaque mur avaient une histoire particulière dont j'éprouvais le besoin de m'imprégner totalement. J'avais passé le week end seu
Lorsque le vendredi soir arriva je n'avais rien de prévu. Jess avait une soirée resto-ciné avec Mekra et Mo ' était de sortie. Je me retrouvais donc seule devant un film lorsque mon téléphone sonna, c'était un numéro inconnu. -Allô? Dis-je en décrochant. -Fanny, c'est Ken, me chuchota-t-il. -Pourquoi tu parles tout doucement? -Je suis un peu dans la merde là, j'ai vraiment besoi
Ken était sortit de la salle de bain au moment où le livreur de pizza était arrivé. Nous avions mangé devant un épisode des Simpson. Une fois tout débarrassé nous nous étions installés sur la terrasse pour notre cigarette d'après repas. -Encore merci pour ce que tu as fais pour moi ce soir, me dit-il. -T'inquiète, c'est pas grand chose. Par contre, j'espère que ça ne se reproduira plus. -Putain, j'espère ne pas retomber sur une folle dans son genre de sitôt.