Petit déjeuner

Un matin alors que j'évitais Henry ce dernier apparut de nul part ce qui me fit sursauter. Il fut lui aussi surpris de me voir d'un coup mais me sourit doucement. Il fouilla dans son sac et me tendit un cookie. Je le regardais interdite:

"C'est pour moi?

-Au cas où tu as oublié ton petit déjeuner."

Je ne savais pas quoi faire...

"C'est super gentil mais je ne peux pas accepter.

-Pourquoi?

-Je me trompe peut-être mais tu es vraiment gentil avec moi...

-Je suis juste normal quoi."

Je relevais la tête d'un coup.

"Ah oui? Ouf. Enfin je veux dire, oui tu es normal et c'est cool."

Il pencha la tête avec un petit sourire.

"Tu t'es rendue compte que tu me plaisais?

-Non... Attends quoi? Rendue compte?"

Il se mit à rire.

"Je te plais vraiment?"

Henry ne parut pas du tout gêné contrairement à moi et me sourit à travers le masque.

"Bah oui. Tu es super gentille, drôle, passionnée et surtout tu aimes les animés."

J'étais en manque de mots.

"Je suis vraiment flattée mais je suis désolée. Mais je ne veux pas me mettre en couple.

-Jamais?

-Eh bien..."

Je fus moi même surprise de ma réponse.

"Fin si un jour. Enfin je crois. Je ne suis juste pas intéressée là tout de suite. Mais tu es adorable et j'adorerais qu'on reste amis.

-Avec plaisir ça ne me dérange pas du tout."

Et nous restâmes donc amis. Un énorme poids tomba de mes épaules et je ne pensais pas que je serais totalement à l'aise avec la situation mais je l'étais. Je n'avais aucun mal pour discuter avec Henry et me confiais même de plus en plus à lui tout en faisant quand même attention à ne pas trop parler de mon envie de rester célibataire par gêne de le blesser. Mais le sujet arriva quand même sur la table quelques fois par accident.

Quand mes amis apprirent que j'avais rejeté Henry ils perdirent patience:

"Mais qu'est-ce que tu fous, Victoire?

-Il était archi mignon.

-Il t'a achetée à manger.

-Pourquoi tu ne veux pas le pécho?

-Désolée..."

Attends. Je n'avais pas à m'excuser.

"Je ne veux juste pas être en couple."

Elsa plissa les yeux et me détailla un moment ce qui m'effraya.

"Peut-être que tu n'es pas hétéro finalement?

-Moi? Si, je pense. J'y ai déjà réfléchi et même si je trouve les filles vraiment plus belles que les garçons, je ne me verrais pas sortir avec une.

-T'es sûre?"

Je hochais la tête.

"Dans ce cas tu es bizarre. Un garçon magnifique t'es livre sur un plateau et tu le repousse.

-Roh, vous êtes insupportables. Je ne vais pas pécho tous les garçons que je croise.

-Ah, si.

-Ah d'accord."

Nous rîmes.

Les semaines passèrent et nous nous retrouvions de nouveau en confinement. Pendant ce temps je passais très peu de temps sur mon téléphone et me mis donc à discuter avec de moins en moins de personnes. En fait vers la fin je ne discutais qu'avec Dani. Deux semaines passèrent ainsi quand je reçus un message d'Henry. rien d'incroyable juste lui qui regardait enfin un animé dont je lui avais beaucoup parlé.

Nous nous remîmes donc à discuter et nous envoyâmes pas mal de vocaux au sujet d'animés divers que nous avions vus et aimés.

Quand nous pûmes de nouveau sortir de chez nous mes amis proposèrent que nous nous fassions un pique nique et je proposais à Henry de venir avec nous. Il accepta de suite et me proposa même de venir me chercher en voiture. Je déclinais son offre mais le remerciais quand même. A part Dani personne n'était aussi attentionné avec moi et je n'allais pas mentir une partie de moi trouvait ça très agréable mais en grande partie j'étais gênée.

Fabien, Matthieu, Elsa, Dani et moi avions fais pleins de gâteaux différents et nous nous posions tous dans l'herbe pour les manger dans la bonne ambiance. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu mes amis et ça me fit un bien fou. Nous parlions de tout et de rien, rions et essayions de rattraper tous ces jours de confinement que nous avions passés enfermés.

Nous jouions à la balle, prenions des photos, mangions etc. Gabrielle était venue aussi et avec Henry ils commençaient petit à petit à s'intégrer dans notre petit groupe ce qui me faisait très plaisir. Malheureusement je ne pouvais pas échapper aux regards complices de mes amis quand ils discutaient avec Henry et j'étais gênée au plus haut point.

A un moment Fabien fit même une gaffe.

"Et du coup je me suis mis à la suivre sur I***a. Je te jure elle est magnifique. Je l'ai vue sur tiktok je suis tombé sous le charme immédiatement.

-Tu lui as envoyé un petit message? demanda Henry.

-Ah non, non. Je n'ai aucune chance. Un peu comme toi avec Victoire."

Tout le monde se figea devant cette violence et je faisais les gros yeux à Fabien rouge de honte. Ce dernier comprit ce qu'il venait de dire et partit dans un fou rire nerveux. Henry le suivit dans son rire et dit avec une douceur qui lui allait bien:

"C'est vrai. Elle m'a rejeté malheureusement."

J'avais tellement de peine que je voulais lui dire quelque chose mais heureusement il ne me laissa rien dire. Il se tourna vers moi et me demanda s'il pouvait me parler en privée.

"Euh... Oui bien sûr."

J'entendais les autres engueuler Fabien tandis que nous nous éloignions. Je suivais Henry en fixant son dos en silence. Il finit par s'arrêter devant un banc mais ne s'assit pas sachant que je préférais rester debout. Il se tourna donc vers moi et continua à me sourire de bonne humeur. Je fronçais les sourcils perplexe.

"Je suis fou amoureux de toi, Victoire."

Mes yeux prirent la taille de mon visage et je ne suis quoi répondre. C'était la première fois de ma vie que quelqu'un me disait être amoureux de moi.

"Je sais que tu ne veux pas être en couple et ça me va très bien. Enfin c'est ce que je croyais. J'étais très content de discuter avec toi en tant qu'ami mais en te voyant aujourd'hui je me suis rendu compte que je veux beaucoup plus. Je ne te force à rien évidement. Tu peux rester célibataire. J'aimerais juste te demander l'autorisation de te choyer.

-De me choyer?

-Oui. A chaque fois que je te vois je veux te rendre heureuse. C'est tout ce que je demande. Laisse moi m'accrocher à mon amour pour toi et qui sait peut-être que je te convaincrai en retour.

-Je ne pense pas..."

Il me fit signe de l'écouter.

"Tu n'as rien à me promettre. Si ça ne marche pas alors tant pis pour moi. Laisse moi juste essayer."

Je secouais la tête.

"Je ne peux pas te faire ça... Ce serait injuste.

-Non, vu que c'est moi qui te le demande.

-Mais tu vas en souffrir à la fin.

-Je m'en fiche. C'est ce que je veux.

-Non...

-S'il te plaît, Victoire. Je ne te demande pas de m'aimer ou quoi que ce soit. Laisse moi juste essayer de te convaincre."

Je ne savais vraiment pas quoi faire ou quoi dire. Je trouvais ça horrible de donner de faux espoirs à quelqu'un mais Henry avait l'air de vraiment y tenir. Je ne savais pas laquelle était la bonne décision et étais gênée. Je n'osais même pas le regarder dans les yeux et fixais bêtement le sol. J'étais pitoyable. Moi qui savais toujours ce qu'elle voulait quand c'était important, me voila que je me comportais comme une petite enfant.

"S'il te plaît."

Ma détermination finit par me retrouver et je me redressais d'un coup:

"D'accord mais il y a des règles.

-Je t'écoute.

-Tu n'as pas le droit de m'en vouloir si tes sentiments ne sont pas réciproques. Ni le droit de me forcer à quoi que ce soit. De toute façon si tu essayes tu vas vite le regretter."

Il leva les paumes en signe de paix.

"Pour qui tu me prends? Jamais je ne te forcerais.

-Bien."

Je le détaillais de haut en bas.

"Bon. Je ne vois pas en quoi ce serait mauvais."

Il sourit de toutes ses dents et se remit en marche vers les autres qui nous fixaient depuis le début curieux. En passant à mes côtés il chuchota d'une voix grave que je ne lui connaissais pas:

"J'aime quand tu prends les rennes."

Je faisais de mon mieux pour ignorer ses paroles qui avaient tordus mon ventre et retournais à notre groupe qui n'essaya même pas de cacher sa curiosité:

"Alors?

-Vous vous êtes dis quoi?"

Henry me sourit pour savoir s'il avait le droit d'en parler à nos amis. Je levais les yeux au ciel l'air de dire que je m'en fichais. Il se tourna donc vers Fabien et lui fit un clin d'œil.

"Je m'accroche comme je peux."

Dani hocha doucement la tête avec un sourire complice.

"Tu as raison. Tu ne peux pas laisser fuir une telle fille.

-Ah ça je suis bien d'accord."

Je changeais le sujet malgré les protestations silencieuses et le reste de la journée se passa sans problème. Henry me demanda s'il pouvait me ramener chez moi. J'hésitais entre être indépendante ou le laisser faire pour lui montrer ma bonne foie et finis donc par rentrer en bus. Il n'insista pas et par messages nous continuâmes à parler comme si de rien n'était.

Je commençais même à me dire que rien n'avait changé puisque nous discutions normalement mais c'est en retournant en cours que je compris que j'avais tord.

Henry ne me proposa plus jamais de me déposer ou m'emmener sachant que ça me mettait mal à l'aise. Mais tous les matins il m'attendait avec un cookie ou parfois d'autres sucreries pour varier. Au début c'était mignon mais je commençais à me sentir mal pour lui.

"Nouvelle règle. Tu n'as rien le droit de m'acheter."

Il parut sincèrement blessé.

"Pourquoi?

-Ça me met mal à l'aise. Je peux très bien me prendre à manger toute seule. Ne le prends pas mal s'il te plaît. Tu es adorable mais justement je ne veux pas t'utiliser.

-Tu dois vraiment apprendre à laisser les autres s'occuper de toi.

-Non je...

-Pourquoi est-ce que tu crois que tu m'as plut?

-Parce que je suis magnifique?"

Il se mit à rire.

"Aussi. Mais non. Je suis tombé amoureux de toi parce que tu es gentille. Bien plus que la moyenne. Tu veux aider toutes les personnes que tu croises sans arrière pensée. Tu donnes le sourire à ton entourage et tu ne te rends même pas compte de tout le bien que tu leur fais. J'aimerais que pour une fois toi aussi quelqu'un te fasse du bien. C'est pour ça que je t'achète des cookies. Parce que ça ne me coûte rien et que même ce simple geste te fait plaisir parce que c'est personnel et attentionné. Si je n'ai pas le droit de t'acheter des choses ce que je peux comprendre alors je te cuisinerai moi-même des cookies. Oh c'est une super idée."

J'allais répliquer mais il ne m'en laissa pas l'occasion.

"Je veux que tu te sentes écoutée et aimée, Victoire. Tu le mérites plus que quiconque. Alors ne te sens pas mal à l'aise. Je ne dépenserai plus pour toi promis."

Et sur ce il partit. Le lendemain il m'avait préparée des cookies et ils étaient bien meilleurs que ceux de la cafet. Je ne pus cacher l'extase sur mon visage ce qui le fit bien rire.

"Te voir comme ça est largement suffisant, Victoire."

Il continua donc à me faire la cuisine tous les jours. Je n'arrivais pas à le laisser me choyer sans rien en retour alors je lui préparais aussi des gâteaux mais il ne les accepta pas.

"Pourquoi? Ils ont pas l'air bons?

-Non, c'est pas ça. Je suis sûr que tu cuisines très bien. Je ne veux juste pas manger des gâteaux que tu m'as fais par pitié.

-C'est pas par...

-Pourquoi alors?

-Parce que je ne voulais pas accepter tes cadeaux sans rien en retour.

-C'est pareil. Je n'ai pas besoin de cadeaux, Victoire. Je te l'ai déjà dis."

Je finis donc par abandonner et me laissais aller à ses cadeaux.