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La plage n’était pas loin du camp. Peut-être à cinq minutes à pied. Elle était énorme et s’étendait sur des kilomètres entiers, puisque c’était la plage loudienne.

— Ça te dérange, si on se met à côté de toi ? m’a demandé Kayla pendant que je posais ma serviette par terre.

— Non, pas du tout, allez-y.

Pendant que je m’installais, Dylan est passé devant moi avec le beau gosse. Ils se sont arrêtés et mon frère a fait les présentations :

— Jonson, je te présente Edène, ma jumelle.

J’ai arrêté de bouger et ai dévisagé mon frère. Pourquoi faisait-il les présentations ? Est-ce qu’il pensait que j’allais craquer pour le beau Jonson ? Il se trompait complètement. Je n’allais plus prendre le risque d’aimer un Sportif.

Jonson a souri en s’approchant de moi. J’ai automatiquement eu un mouvement de recul. Qu’est-ce qu’il comptait faire, si près ?

Il a baissé la tête vers moi et a embrassé ma joue droite. J’ai pu sentir sa peau douce contre la mienne et son parfum enivrant. Waouh…

— Salut, Edène. Je suis ravi de faire ta connaissance.

— Euh, oui, moi aussi.

— Bon, on vous laisse, les filles, a fait mon frère en commençant à avancer.

Jonson nous a souri, puis a rejoint Dylan.

Je me suis retournée et me suis assise sur ma serviette.

— Tu es toute rouge, a constaté Kayla avec un sourire amusé.

J’allais rétorquer que c’était à cause du soleil, quand Maïlys s’est manifestée :

— Laisse tomber Jonson, Edène. Il est à moi.

J’ai haussé les sourcils en la dévisageant. Je ne m’attendais pas à ce genre de propos.

— Maïlys aime Jonson depuis la Seconde, m’a expliqué Kayla devant mon air interloqué.

— Oh, eh bien, ne t’en fais pas, Maïlys. Je te le laisse. Je n’ai, de toute façon, aucune envie de tomber amoureuse. C’est trop de soucis.

Je préférais gagner une amie que gagner des ennuis. Aussi beaux soient-ils. C’était logique, non ?

— Tu lui as dit, à Jonson, que tu l’aimais ?

— Non, a répondu Keiko à la place de sa camarade. Il a une petite copine, la capitaine des pom-pom girls. Blonde, pulpeuse, aux yeux bleus et au charme fou.

— Tu as dû la voir, a pris la parole Alana en esquissant des pas de danse sur le sable. Elle est dans la même chambre que nous.

Ah, oui, la blonde qui avait toutes les chances d’être élue Miss Sunlight. J’en étais sûre, qu’elle était pom-pom girl. J’avais le flair, pour ces choses-là. De toute façon, c’était obligatoire, qu’elle en soit une. Et, comme par hasard, elle sortait avec un garçon sublime portant le nom de Jonson Forwise.

Est-ce que ce n’était pas un peu injuste, que les pom-pom girls aient toujours les plus beaux mecs ?…

Bon, d’accord, je l’admets, je n’étais pas pom-pom girl et étais malgré tout sortie avec le plus beau garçon de mon lycée. Mais j’étais seulement un cas à part. Et puis, Kenther était sorti avec moi parce que mon frère était l’un des meilleurs footballeurs de l’équipe dont il était le capitaine. J’avais un minuscule lien avec les Sportifs de Hugh Hampson. Je n’étais pas simplement une lycéenne lambda. Mais vu où ça m’avait menée, je le regrettais.

Puisque toutes mes comparses étaient en maillot, j’ai décidé de retirer mon paréo blanc et vert. J’ai resserré les bretelles qui étaient nouées autour de mon cou et me suis étalé de la crème solaire sur la peau.

Le soleil ne tapait pas encore très fort, il n’était pas à son zénith. Mais se protéger était nécessaire. Il était capable de se montrer traître et fourbe comme les Sportifs. Il pouvait à tout moment venir brûler ma peau claire.

— Il est superbe, ton bikini ! s’est écriée Kayla avec un sourire.

— C’est clair, a renchéri Keiko.

— Merci.

Vu le prix qu’il m’avait coûté, il valait mieux qu’il soit joli !

J’ai jeté un coup d’œil à Jonson et mon frère – seul le deuxième m’intéressait, hein, pas la peine de vous faire des idées saugrenues.

Ils étaient entourés de trois filles. La blonde, une autre fille de notre groupe qui était brune et une autre blonde d’un autre groupe. Elles étaient toutes les trois très jolies dans leurs bikinis. Et ils avaient l’air de tous bien s’entendre.

Jonson était torse nu. Il avait simplement gardé son short de bain. Il était époustouflant, même de loin…

Bon ! Je devais arrêter immédiatement ce que j’étais en train de faire. Tout d’abord parce qu’il était question d’un Sportif. Ensuite, parce qu’une potentielle copine l’aimait depuis un long moment. Et puis, parce qu’il ne m’intéressait vraiment pas. C’était clair.

Je me suis allongée sur ma serviette en fixant le ciel clair et dégagé. Il faisait vraiment bon.

J’ai fermé les yeux en m’imaginant auprès de Kristen, en train d’essayer de la dissuader de coucher avec Andrew. Elle ne voulait aucunement m’écouter, puisqu’elle le trouvait affreusement sexy – ce qui, je dois le reconnaître, était vrai.

— Tu viens te baigner ?

J’ai ouvert un œil en sachant très bien qui venait de m’aborder.

C’était Kayla.

— Euh, j’irai plus tard. L’eau est plutôt froide, non ?

— Non, elle est bonne, a rétorqué Alana une fois les jambes dans l’océan.

En vérité, je n’avais aucune envie de me lever et d’aller dans l’eau. Mais Alana et Kayla avaient l’air de bien s’amuser. Tellement que je ne pouvais pas résister à cet appel de gaieté.

Je me suis levée et ai couru vers l’eau claire qui semblait me supplier d’y entrer. Au départ, frileuse comme je suis, je l’ai trouvée glacée. Mais elle a fini par devenir bonne.

— Regardez, ils ont un ballon, là-bas.

J’ai suivi le regard d’Alana. Elle parlait de Dylan, Jonson et tout le toutim.

— Ah, ouais. On pourrait aller jouer avec eux. Ils ont l’air de s’éclater.

Je n’en avais aucune envie ! Non mais, c’était une blague, ou quoi ?

— Appelons Maï. Elle sera ravie.

Je n’allais pas les suivre. C’était hors de question.

Maïlys est venue nous rejoindre dans l’eau avec un sourire.

— On voulait aller jouer avec les autres, là-bas. Et vu qu’il y a l’exceptionnel Jonson, on s’est dit que ça te tenterait.

Comme le pensait Alana, le visage de Maïlys s’est illuminé. Obligatoirement.

— Quelle bonne idée ! Mais, vous pensez que je peux y aller comme ça ?

— Mais oui, Maï, tu es magnifique. Ne change rien.

Kayla m’a observée. Voyait-elle que leur plan ne m’enchantait guère ?

— Ça va faire louche, si on y va toutes les quatre. Edène n’a qu’à aller faire style de demander à son frère où ils ont eu le ballon. Peut-être qu’il nous proposera de jouer avec eux.

Alors là, c’était encore plus hors de question ! Je n’allais aucunement faire ça.

— C’est le blond magnifique, son frère ? s’est enquise Alana.

Une de plus qui le trouvait superbe. En même temps, puisqu’il l’était, ce n’était pas étonnant.

— Oui, ce beau spécimen.

— Si je n’aimais pas Jonson de tout mon cœur, je m’intéresserais sérieusement à ce blondinet.

— Est-il célibataire, d’abord ? m’a demandé Kayla en posant son regard marron clair sur moi.

J’ai fait la moue en regardant mon frère, le centre de notre conversation.

— Oui, il l’est.

J’ai cru percevoir un sourire sur le visage de Kayla. J’ai dû me tromper.

— Alors, tu y vas, Edène ?

Je n’avais pas le choix, n’est-ce pas ? Je ne pouvais pas les décevoir. Surtout pas Maïlys, qui était amoureuse de Jonson.

Pour cette raison, j’ai marché dans l’eau jusqu’à ce que je me retrouve à côté de mon frère. Il s’est arrêté de jouer pour me scruter d’un regard interrogateur.

— Qu’est-ce que tu veux, Edène ?

J’ai tout fait pour ne pas regarder Jonson. Mais mes yeux se sont tout de même tournés vers lui un court instant.

— Euh, en fait, mes copines et moi nous demandions où vous aviez eu ce ballon. On aimerait bien jouer aussi.

— C’est Josh qui nous l’a passé. Tu peux aller lui en demander un.

J’ai remercié mon frangin en me retournant, à la recherche de Josh.

— Ou bien, si ça vous dit, tes copines et toi pouvez vous joindre à nous.

Je me suis retournée vers l’auteur de cette phrase, Jonson Forwise. Il me souriait.

J’ai cru me trouver face à un dieu grec. La lumière du soleil faisait de son visage un portrait idéal, elle semblait recouvrir sa peau d’un voile doré et satiné, faisant encore plus saillir sa belle musculature. Si j’avais été photographe, il m’aurait beaucoup intéressée. Je l’aurais mitraillé de dizaines et de dizaines de photos. Mais je n’étais pas photographe. Donc il ne m’intéressait pas.

— Ça va faire trop de joueurs, mon chéri.

J’ai regardé la blonde. La future Miss Sunlight et la petite amie du futur Mister Sunlight. Elle avait beaucoup d’allure, dans son bikini rose foncé.

Elle avait appelé Jonson « mon chéri ». C’était vraiment nul. Pour Maïlys, quoi…

— Plus on est de fous, plus on rit. Tu ne crois pas ?

La blonde a haussé les épaules en tripotant le ballon de plage. Elle a ensuite esquissé un sourire éclatant à son petit ami, qui lui a fait un clin d’œil.

Pff. Il valait franchement mieux que je m’en aille. Pour aller chercher les autres.

Elles ont été ravies par la nouvelle que je leur ai divulguée. Surtout Maïlys, en fait. Mais Kayla semblait enchantée, elle aussi.

Moui. Je ne partageais pas leur enthousiasme. Au contraire. En fait, je n’avais même pas envie de jouer.

Kayla m’a demandé ce que je faisais quand elle m’a vue quitter l’eau. Je lui ai répondu que j’allais bronzer. Elle a secoué la tête en me rejoignant sur le sable.

— Tu ne veux pas jouer avec nous ?

— Non, ça va aller. Ça ne me dit rien.

— C’est à cause de Maïlys et Jonson ?

J’ai froncé les sourcils en observant mes pieds. Comment pouvait-elle prétendre une chose pareille ?

— De quoi parles-tu ?

— Eh bien, avec ce que t’a dit Maïlys, tu as envie de prendre tes distances avec Jonson. Je me trompe ?

Elle m’épatait.

— Je connais à peine ce garçon. Je ne lui ai même jamais vraiment parlé. Alors, à quoi bon prendre des distances ?

— Tu sais, je comprends. Pour preuve : j’ai commencé à avoir des sentiments pour Jonson, cette année. On parlait beaucoup, lui et moi, j’avais l’impression qu’il commençait à m’apprécier. Mais il y avait Maï, ma plus vieille amie, qui l’aimait déjà. Pour elle, je me suis éloignée de Jonson. J’ai renoncé.

J’étais scotchée. Kayla avait abandonné l’idée de sortir avec Jonson pour son amie. Alors que, vraisemblablement, elle avait plus de chances auprès de lui que la fameuse amie.

— Tu regrettes ?

— Un peu, oui. Je ne veux pas être méchante, mais je ne pense pas que Maïlys ait une chance avec Jonson. Elle est super jolie, tout ça, mais ils ne se sont presque jamais parlé. Il est trop tard.

— Eh bien, rapproche-toi de nouveau de Jonson. Tu as toujours tes chances, j’imagine.

Kayla a fait la moue en observant le concerné.

— Je ne pense pas. Il a sa copine, de toute façon. Et puis, je suis passée à autre chose. Je n’étais pas amoureuse de lui. Du moins, pas encore. Je me suis éloignée au bon moment, je crois. Ça fait déjà trois mois, tu sais.

Elle s’est levée à la fin de sa phrase.

— Maïlys est au courant du sacrifice que tu as fait pour elle ? me suis-je enquise en me levant à mon tour.

— Oui. Mais je ne pense pas que ça ait changé quoi que ce soit entre nous. Je pense qu’elle trouvait ça naturel.

Pauvre Kayla. Elle avait dû renoncer à Jonson si bêtement. Bon, d’accord, c’est vrai que si Kristen était amoureuse d’un mec que j’aimais moi aussi, je le lui laisserais sans hésiter. Mais, là, il était question d’un mec du genre de Jonson Forwise. Ce devait être difficile de lui résister et de le laisser à d’autres.

— Bon, alors, tu viens jouer ?

J’ai accepté. Juste pour faire plaisir à Kayla. Elle avait tellement l’air de vouloir que j’y aille avec elle… Je n’allais pas lui dire non, quand même !

Quand nous sommes arrivées près des autres, ils se sont arrêtés de jouer pour nous laisser le temps de nous installer. Je ne sais pas comment j’ai fait, mais je me suis retrouvée à côté de Jonson, et Kayla, juste à côté de moi, s’est mise à la droite de Dylan.

La petite amie du beau Jonson m’a lancé un regard noir.

— Elle ne veut pas jouer, Keiko ? s’est enquis mon voisin en tournant le ballon dans ses mains.

Kayla, Maïlys et Alana l’ont observé avec surprise.

— Tu te souviens de son nom ?!

— Ben… oui. Pourquoi est-ce si surprenant ?

— Tu es le capitaine de l’équipe de foot, a expliqué Kayla.

— Et toi, tu étais mon amie.

Un silence s’est installé pendant que Kayla rougissait. Maïlys et la petite amie de Jonson la fusillaient du regard.

— On joue ou pas ? a demandé la blonde qui accompagnait mon frère.

Jonson a acquiescé.

— Nous sommes neuf. On fait deux équipes de quatre et un remplaçant ?

On a accepté. Les deux capitaines, Jonson et Dylan, se sont avancés.

— Qui remplace ?

— Moi, me suis-je tout de suite manifestée.

Dylan m’a observée de ses yeux identiques aux miens.

— Non, vas-y, Edène, joue !

— Je préfère remplacer quelqu’un.

À vrai dire, je ne voulais pas du tout jouer. J’avais envie de lézarder au soleil, rien d’autre.

Je me suis assise au bord de l’eau pendant que les autres formaient leurs équipes.

Jonson a choisi en premier une partenaire.

— Alyssa.

Ah, sa petite copine s’appelait Alyssa.

— Myndie, a appelé Dylan.

La deuxième blonde a rejoint mon frangin.

— Adriana.

La brune qui accompagnait Jonson et sa petite amie les a rejoints.

— Euh… comment vous vous appelez ?

Kayla, Alana et Maïlys ont répondu à mon frère pendant qu’il réfléchissait.

— Alana.

— Kayla.

— Maïlys.

Tiens, Kayla était dans l’équipe de Jonson ! Elle avait de la chance, non ? Enfin, comparée à Maïlys, qui se retrouvait avec un blond qu’elle ne connaissait ni d’Adam ni d’Ève.

Enfin, ce blond était mon frère, et il était superbe. Donc, elle ne perdait pas trop au change. Par contre, elle devait férocement envier Kayla.

Ils ont commencé à jouer.

J’ai fixé l’eau claire d’un regard distrait. Des souvenirs me revenaient soudain à l’esprit. De mauvais souvenirs. Des souvenirs de l’été que j’avais passé avec Kenther Klayde.

O.K., qu’est-ce qui me prenait de repenser à ça ? C’était n’importe quoi. Franchement. Je veux dire, ce mec ne m’intéressait plus du tout. Il était si vil et fourbe. Mais ce mec vil et fourbe, je l’avais aimé. Dès le premier regard. Profondément. Je devais l’admettre, j’avais passé de très beaux moments auprès de Kenther. Mais il n’avait pas hésité à tout bafouer à cause d’une espèce de sorcière portant le nom de Kimberly Stones. C’était fou.

Mais, d’un côté, je pouvais le comprendre. Kimberly était très jolie et voulait bien coucher, elle. C’était sûrement ça qui avait fait la différence. Un garçon tel que Kenther ne pouvait pas vivre sans sexe. Pas plus de neuf mois, en tout cas. C’était quand même bien, qu’il ait tenu aussi longtemps. Mais j’aurais préféré qu’il fasse un effort pour tenir un peu plus. J’aurais peut-être fini par me sentir prête. Mais je n’étais pas sûre de le regretter. Que serais-je devenue, après avoir été larguée alors que je lui aurais offert la chose la plus précieuse pour une fille ?

— Ça va ?

J’ai levé la tête. Dylan me regardait avec inquiétude.

— Oui, pourquoi ?

— Parce qu’on t’a appelée quatre fois sans obtenir la moindre réponse.

Tiens, je ne les avais pas du tout entendus.

— J’étais plongée dans mes pensées.

— J’ai remarqué. Qu’est-ce qui ne va pas ?

Il s’est assis à côté de moi. Les autres continuaient leur partie, tandis que l’impression que le regard de Jonson déviait parfois vers moi ne me quittait pas. Mais je délirais certainement.

— Je repensais à l’été dernier.

— Et à Ken, c’est ça ? C’est une mauvaise chose. Ça te rend triste.

— S’il a choisi Kimberly, c’est à cause du sexe, pas vrai ? Rien à voir avec son activité de pom-pom girl. Si je n’étais pas aussi coincée, j’aurais pu le garder.

— Hé.

Mon frère m’a pris une main et a passé son bras autour de mon cou.

Son odeur me réconfortait.

— Arrête, Edène. Tu ne peux pas remettre en question tous tes principes à cause de bêtises de la sorte.

— C’est la meilleure chose à faire, je crois. Oui, après tout, il faut apprendre de ses erreurs, non ?

— Tu sembles oublier que c’est Ken qui a fait une erreur, et pas toi. Tu sais, il ne faut pas que tu te presses. Attends d’être totalement prête. Sinon, tu pourrais regretter des actes irréfléchis.

O.K., sûrement. Mais j’avais perdu mon copain à cause de ça, alors j’étais obligée de me poser des questions. Kristen l’avait fait, elle – l’amour, pas se poser des questions –, et elle semblait se sentir très bien, psychologiquement. Et si elle ne mentait pas ? Et si ce n’était pas aussi terrible que je le croyais ?

— Tant que je ne serai pas prête, ça ne sert à rien que je sorte avec quelqu’un. L’histoire se répétera, obligatoirement. Les mecs sont si prévisibles.

— On n’est pas tous comme ça !

— Ah oui ? Tu veux me faire croire que vous ne pensez pas constamment au sexe et que vous pouvez tenir, avec une copine qui n’instaure qu’une relation platonique ? Laisse-moi rire !

Ah ! Il ne trouvait plus aucun argument pour défendre la gent masculine, n’est-ce pas ?

— Ken a tenu neuf mois.

— Rien ne nous dit qu’il ne m’a pas trompée avec d’autres filles que Kimberly. Ce serait tellement son genre.

Dylan n’a rien dit. Il n’y avait plus rien à dire, de toute manière.

— Bref, la conclusion est que tu n’as aucune raison de te remettre en question pour quelque chose dont tu n’es pas responsable. C’est d’accord ?

J’ai hoché la tête, pas plus convaincue que ça. Pour l’instant, je n’allais plus y penser. Pour l’instant, seulement. Car j’étais sûre que mes doutes à mon sujet allaient refaire surface, tôt ou tard.

J’ai vu Kayla arriver vers moi avec un sourire.

— Edène, tu pourrais me remplacer, s’il te plaît ?

— Quoi ! Tu avais l’air de t’amuser comme une folle.

— Il faut que je te dise quelque chose.

Elle a regardé mon frère à la fin de sa phrase. Elle voulait certainement l’inciter à partir, ce qu’il a fait la seconde d’après.

— C’est fou comme il est sexy, ton frère !

— Merci pour lui, me suis-je écriée en riant. Bon, à part ça, qu’est-ce que tu voulais me dire ?

— Eh bien, en fait, depuis qu’on a commencé à jouer, Maïlys me foudroie de son regard féroce. Et, comme je comprends le message, je préfère m’en aller.

— Ce ne sera pas mieux avec moi, je pense.

Kayla a secoué la tête.

— Tu n’es rien, pour elle. Alors tu n’as rien à perdre. Sauf que son amitié compte trop pour moi. Je n’ai pas envie de la perdre pour des idioties.

— Jonson et toi, ce n’est pas une idiotie.

— Il n’y a pas de Jonson et moi !

— Dis-moi la vérité. Tu l’aimes, pas vrai ?

Un silence s’est installé, tandis que Kayla soupirait d’un air las. De toute évidence, ma question ne lui plaisait pas et l’exaspérait au plus haut point. Cependant, elle a repris :

— Comme je t’ai dit tout à l’heure, je me suis éloignée à temps. Il n’a été qu’un bon ami, pour moi. Un ami très sexy, auquel il était difficile de résister, mais un ami quand même. Et aujourd’hui, il n’est plus qu’un lointain et heureux souvenir. Je ne ressens plus rien pour lui. Rien n’est plus important que mon amitié avec Maïlys.

C’était une bonne nouvelle, non ? L’amitié entre Kayla et Maïlys ne pouvait plus être gâchée à cause de Jonson, puisque Kayla ne ressentait plus rien pour lui. Enfin, d’après ce qu’elle disait. Elle avait quand même l’air toujours troublée par lui. Mais bon, moi aussi, je l’étais.

Oups, oubliez ça.

— Alors ? Tu prends ma place ? Je vais rejoindre Keiko.

— Je ne peux pas être dans l’équipe de Jonson.

Kayla m’a demandé pourquoi, l’air un peu surpris.

— Parce qu’il est footballeur. J’ai un blocage, avec les Sportifs.

— On ne peut pas avoir de blocage avec Jonson. Et tu sais pourquoi ? (J’ai secoué la tête.) Parce que c’est le Sportif le plus beau et le plus gentil que je connaisse. On ne peut que l’aimer.

Or, je n’avais aucune envie de l’aimer.

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