Espace, temps, frontières du fini… Un silence planait sur la pente rocailleuse. Entre les cinq colonnes, la boule était noire, comme dénuée de vie. Des gardiens du Temps erraient, déboussolés. Le ciel s’assombrit, et d’immenses éclairs frappèrent le sol dans un vacarme assourdissant. Un vent souffla sur la plaine aride. Dans la sphère obscure se refléta un vortex.
Les nuages se transformèrent en colonnes de gaz noires. Les gardiens du Temps rampaient sur la terre dans l’attente de quelque apocalypse. Les cylindres gazeux formèrent des doigts et bientôt d’immenses mains qui vinrent survoler la boule enchâssée entre les cinq colonnes. Une odeur pestilentielle se répandit.
Une voix glaciale, métallique emplit l’espace :
Lamia ouvrit les yeux. Un manteau de brume recouvrait le dolmen et le lac. Sur une jetée terreuse, Madame Tabelsi méditait en position du lotus, les mains sur les genoux, pouce et index joints en cercles. De dos, on pouvait voir sa chevelure noire coiffée en un long chignon recouvert de fleurs, son haut vert qui dévoilait le bas du dos et un sari orange qui partait de l’épaule pour rejoindre la hanche. Une grande douceur émanait d’elle. Comme un galet posé sur l’eau. Sans prendre appui sur ses mains, Madame Tabelsi décroisa ses jambes, se releva gracieusement et se retourna vers Lamia. Elle portait un collier tour de cou en ruban de tissu muni d’une feuille en bronze ouvragé. Le ventre nu, la sarouel lui dessinait des hanches sensuelles. Lamia courut vers elle, et s’effondra en larmes dans ses bras.«Ma chérie,
Valérian, monté sur son âne, contemplait le dos de Nexa tout en entendant derrière lui le pas de la monture sur laquelle étaient juchés Jacinthe et le jeune saurien, soigneusement ligoté. Pourtant, le jeune extraterrestre ne montrait aucun signe d’hostilité ni envie de fuir. Valérian l’avait baptisé «Sauran». Il se retourna pour observer le curieux couple, Jacinthe tenant les rênes, et le saurien serrant fermement entre ses cuisses le ventre de l’âne. Au départ, la monture n’avait pas arrêté de braire quand elle avait vu l’extraterrestre mais celui-ci s’était approché doucement et avait émis quelques clics tout en la regardant dans les yeux. L’âne s’était immédiatement calmé. Nexa et Valérian avaient échangé un coup d
Rien n’avait changé mais tout avait changé. Dans l’obscurité, Lamia cligna des yeux et se remplit les poumons de l’air de la cave humide et froide. Elle retrouva l’odeur de salpêtre et de calcaire qu’enfant elle aimait tant.Contre sa jambe elle sentit le corps poilu de son chat qui venait se frotter, comme si elle ne l’avait pas quitté un instant. Et d’ailleurs, c’était exactement ce qui se passait pour son chat puisqu’elle s’était téléportée au moment même où Nicolas Flamel l’avait emportée vers Armor au tout début de son aventure. Oui, rien n’avait changé mais tout avait changé: Plus jamais elle ne verrait Nicolas Flamel, elle avait vieilli de cinq ans en un instant, et elle devait assumer un nouveau rôle au sein de sa communau
LamiaLamia gémit. Des rigoles humectaient les bords crénelés et plissés de ses lèvres extérieures qui s’ouvraient sous les mouvements de ses doigts enfiévrés. Des larmes salées coulaient sur le mont de vénus, s’infiltraient dans les sous-bois ombragés de son pubis. Ses doigts errèrent entre les poils, stimulèrent le clitoris puis se glissèrent dans sa cavité humide.Ses hanches se soulevèrent pour augmenter la pénétration agile et affolante. Elle caressait en même temps son ventre, gourmandait ses seins de caresses, titillait ses mamelons qui devenaient le sommet volcanique d’une activité jouissive.La veille, Lamia avait perdu sa virginité avec Paul. Elle se remémorait ce moment exce
Lamia traversait les paysages en ruines de Paris. Tout d’abord la tour St Jacques qui éventrait le ciel bleu telle une lame de poignard à demi-ébréchée quand tant d’autres monuments parisiens avaient connu la ruine. Cet édifice de calcaire blanc était la survivance triomphante d’un passé depuis longtemps révolu qui voyait les différents savoirs théologiques, philosophiques et scientifiques unis. Un passé à l’expressivité fabuleuse qui intriguait par ses figures grimaçantes– les gargouilles, ses symboles mystérieux, ses messages claironnants mais incompréhensibles. Des messages figés dans la pierre dont la patine donnait un charme indéfinissable. Les rosiers avaient envahi le square en contrebas de la tour. Un panneau depuis longtemps dévoré par la rouille affichait encore p&e
Après avoir vu Valérian, Lamia alla examiner le petit moulin à eau qu’elle avait conçu dans un endroit difficile d’accès sur l’Île de la Cité. Un jour, en furetant dans les archives rongées par le temps de la bibliothèque de Polytechnique, elle était tombée sur le schéma d’une bobine électrique. Lamia s’était penchée sur le problème et avait eu l’idée de ce moulin pour recharger des batteries qui allumeraient une lampe. La jeune femme sortit de sa poche une ampoule trouvée dans une réserve d’un magasin puis prit la batterie et la connecta avec des fils en cuivre. Un court instant, dans le soleil couchant, une lumière brilla qui n’était pas celle d’une bougie ni celle de l’astre solaire; puis un grésillement se fit entendre et l’&eacut
La lune voilée par les nuages éclairait son chemin d’une lumière pâle et habillait les recoins sombres de nuances fantastiques. À la faveur de la nuit la raison semble s’effacer au profit d’une émotion venue du fond des âges, et sous la lune tous les décors prennent une autre dimension.Les sphinx du Châtelet dormaient tandis que les gargouilles de la tour St Jacques semblaient prêtes à attaquer la moindre menace sur Paris de leur bouche hurlante.Arrivée chez elle, Lamia trouva son chat en train de miauler.«Qu’est-ce qui se passe Nicolas?»Nicolas courut vers la porte qui menait à la grande cave. Une porte en bois sur laquelle étaient gravés des symboles ét
Assis en tailleur, faisant face à la fenêtre qui donne sur l’orient, Valérian méditait en attendant l’aube nouvelle. Il avait passé une nuit agitée à penser à la trahison de Lamia. Il n’avait pu s’empêcher de l’imaginer en train de baiser avec Paul alors que lui mettait tant d’application à respecter les traditions. En même temps, c’était bien dans le caractère de Lamia de transgresser les règles. Il ne pouvait prétendre l’aimer et à la fois ignorer cet aspect de sa personnalité. Il distingua deux pensées en lui, l’une de basse énergie, qui l’entraînait dans les tourments de l’ego, et l’autre plus élevée qui l’emmenait vers plus de compréhension, d’acceptation.Finalement, il avait do