Share

VICISSITUDES
VICISSITUDES
Auteur: Omba

CHAPITRE : 01

Adeline

 

Je suis assise dans mon petit appartement où j’habite depuis une année. Oui, exactement deux ans que ma vie qui semblait se restaurer a pris une nouvelle tournure.  Il y a quatre ans, j’habitais avec mon amie Lolita dans un appartement à loyer modéré conçu pour étudiants. Nous étions obligées de nous associer pour partager les frais de loyer. Lolita est issue d’une famille très pauvre ; moi, je ne sais même pas comment me qualifier car la situation de Lolita est encore préférable à la mienne ; j’ai carrément perdu mes deux parents depuis mon jeune âge ; je n’ai ni frère, ni sœur car nous avons été séparés. Je suis seule dans la vie ; je me suis toujours débrouillée seule.

 

Au décès de mes chers parents, je suis devenue une migrante professionnelle ; je passais de tante à oncle et cela finissait toujours mal ; tout le monde me maltraitait ; j’étais la domestique dans chaque maison que j’habitais ; finalement, j’en ai eu marre et à l’âge de seize ans, je suis partie de la maison de l’une de mes tantes paternelles. J’ai fait des petits travaux pour subvenir à mes besoins et pour me payer les frais scolaires, heureusement pas élevés. Avec l’aide de Dieu, j’ai obtenu mon baccalauréat et j’avais l’ambition de faire l’université. C’est alors que j’ai dû changer de ville pour m’inscrire au campus. Pendant la journée, je suis des cours et le soir ainsi que les weekends, je fais des petits boulots. J’ai rencontré Lolita qui était presque dans la même galère que moi et nous sommes devenues de grandes amies. Jusqu’à la fin de nos études, nous avons habité ensemble. Je ne m’apitoyais pas sur mon sort car je suis habituée à la souffrance qui du reste, est devenue normale.

 

Peu avant la fin de mes études, j’ai rencontré Wilson, un jeune homme de famille aisée qui mourrait d’amour pour moi. Pour la première fois de ma vie, j’ai fortement été attirée par un homme et notre histoire a débuté. Quelques mois plus tard, Wilson décide de me louer un appartement confortable et spacieux afin que je me sente à mon aise ; je déménage donc avec Lolita dans un luxueux appartement. Malheureusement pour moi, je n’ai habité cet appartement que pendant deux ans. En effet, une affaire sortie de je ne sais où, a conduit Wilson en prison. Après trois mois, ne pouvant pas payer mon loyer, je dus sortir de cet appartement avec regrets car je me suis déjà habituée à une vie confortable.

 C’est mon amie Lolita qui m’a accueilli chez elle ; en effet, entre-temps, mon amie s’était mariée et a m’a laissé seule.  Devant mes difficultés à payer le loyer, elle m’a donc proposé d’habiter chez elle, le temps de trouver le boulot que je cherche depuis et d’avoir des économies pour louer mon propre appartement.

 Une fois encore, comble du malheur qui me poursuit, je n’ai pas pu rester chez Lolita longtemps ; le plaisir de lire pause détente; j’y ai séjourné un mois car sa belle-mère exigeait mon départ. Lolita et son mari m’ont alors aidé à louer un petit appartement, celle que j’habite en ce moment. Je continue les petits jobs pour payer le loyer mais en cas de coup dur, Lolita vient à mon secours ; elle non plus n’a pas trouvé du travail ; mais son mari subvient à ses besoins même s’il est un simple fonctionnaire à revenu moyen.

Pour en revenir, à mon Wilson, je crois dur comme fer qu’il est innocent ; c’est vrai qu’on ne connait jamais totalement une personne, mais je mettrai ma main au feu qu’il n’est pas coupable de ce dont on l’accuse. La mauvaise fortune me poursuivant toujours, Wilson avait été arrêté au moment où nous avons amorcé les préparatifs de notre mariage, peu de temps après le décès de son père. Depuis dix-huit mois, il n’a toujours pas été jugé. Il faut d’ailleurs que j’aille lui rendre visite ; cela fait une semaine que je n’y suis pas allée parce que mon moral ces temps-ci est au plus bas. Il ne faut pas qu’il s’inquiète de mon absence.

 

Lolita

 

Trouver du travail dans ce pays est vraiment difficile ; il faut avoir des relations, entend-on dire. Quelle aberration !  Le piètre des candidats peut être recruté pendant que le meilleur est laissé pour compte ! Et on parle de relation ! C’est pour cela que rien n’avance. Le simple concours pour entrer dans la fonction publique obéit encore à cette loi. Peu de gens réussissent au concours par mérite. Les meilleurs candidats qui, de par leur intelligence et compétence, auraient pu faire avancer le pays sont mis de côté et ce sont les cancres qui sont pris. Quel dommage pour mon pays. Issifou mon mari est fonctionnaire ; il a réussi au concours d’entrée à la fonction publique parce que son oncle était le Directeur des examens et concours. Eh oui ! Ainsi va le pays.

Ma vie de galère s’est améliorée depuis que j’ai rencontré Issifou ; il n’est pas riche mais il subvient convenablement à mes besoins et parfois trouve un peu d’argent à mes parents. C’est un bon mari et je suis heureuse avec lui ; le seul problème, c’est sa mère.  Je ne sais pas ce que j’ai fait à cette dame et elle ne veut pas me sentir. Nous habitons dans sa maison, bien grande d’ailleurs car Issifou n’avait pas encore construit ; son salaire de fonctionnaire ne le lui permettait pas pour l’instant ; il se démène quand même, la preuve, il a pris un terrain nu déjà.

 Entre temps, je l’ai incité à aller louer un appartement dans lequel nous allons vivre mais sa mère le convainc du contraire ; Issifou se laisse trop dominer par sa mère ; si je parle maintenant, l’on me dira que c’est sa mère après tout et que c’est moi la mauvaise femme ; alors je me tais.

Mais pour combien de temps encore aurai-je la force de me taire ? Ma belle-mère empoisonne mon existence. Voyez-vous même, par exemple, l’année passée, comme mon amie Adeline ne pouvait pas payer son loyer depuis l’arrestation de son fiancé, je lui ai proposé d’habiter avec moi, le temps qu’elle se retrouve financièrement ; Issifou a accepté mais ma belle-mère en a fait tout une histoire ; finalement, elle a chassé Adeline en disant que c’était sa maison et qu’elle ne voulait pas d’elle.

J’ai été profondément attristée par ce comportement de ma belle-mère ; elle me fait d’ailleurs voir de toutes les couleurs ; à croire, que je suis sa coépouse. Elle me hait littéralement.

Depuis ce matin, je compose le numéro de téléphone d’Adeline sans succès ; il faut alors que j’aille la voir ; elle n’a pas l’habitude d’éteindre son téléphone.

 

Adeline

 

  Après un temps passé à réfléchir sur ma vie, je me lève pour prendre une douche afin de me rendre en prison pour voir Wilson. Comme il me manque ! C’est avec Wilson que j’ai découvert les merveilles de l’amour. Avant lui, j’avais eu un flirt mais rien de sérieux ; Wilson a su conquérir mon cœur et baissé ma garde et ma méfiance envers les hommes. Il m’aime beaucoup et je l’aime aussi ; c’est pour cela que je n’ai pas hésité à lui offrir le bien le plus précieux sur mon corps : ma virginité. C’est après cela, qu’il a proposé de m’épouser ; mais hélas ! Nous n’avons pas pu réaliser ce vœu avant son arrestation.  Le Bonheur dans ma vie n’aurait duré qu’un laps de temps.

 

Je sortais à peine de ma salle de bain quand j’entends frapper à la porte de mon appartement.

-         qui est-ce?

-         C’est Lolita

J’aime toujours la compagnie de Lolita ; alors je lui ouvre la porte avec empressement. Elle me regarde avec un air moqueur :

-         Tu es drapée en serviette ; tu veux prendre une douche où tu es en bonne compagnie ?

-         Non, je viens de finir d’en prendre.  Bonne compagnie, d’où sors-tu ces idées Loli ? Allons !

 

Lolita me suit dans la chambre à coucher ; elle s’assoit sur le lit pendant que je m’habille ; nous n’avons pas de secrets l’une pour l’autre ; c’est ma sœur d’une autre mère. Elle m’interroge :

 

-         Tu vas sortir ?

-         Oui, pour aller voir Wilson.

-         Ok, j’irai avec toi, je l’ai vu il y a un moment.

-         D’accord, je m’habille et on y va.

-         Tu m’as inquiété ; je t’appelle en vain depuis ce matin.

-         Oh ! La date de ma recharge est expirée ;

-         Voyons Adeline, si tu n’as pas d’argent pour recharger, il fallait me le dire !

-         Non, Loli, tu fais déjà beaucoup pour moi ; alors que tu ne travailles pas ; l’argent que ton mari te donne ne doit pas servir à t’occuper de moi tout le temps ; ne t’inquiète pas, bientôt, je serai payée et je vais régler ce problème.

-         Wouais Adeline ! Moi qui croyait que le bonheur avait enfin frappé à ta porte quand tu avais rencontré Wilson ! A peine deux ans et tout se gâte.

-         On va continuer de prier pour lui Loli, même si c’est difficile ; je vais l’attendre ; c’est lui que je veux épouser. 

-         Tout rentrera dans l’ordre un jour, mon amie ; allons-y.

 

Je monte sur la moto de Loli et nous nous dirigeons vers le commissariat central. Comme toujours, j’ai hâte de voir Wilson.

 

Wilson

 

Aujourd’hui, je suis très pensif ; cela fait une semaine que ma bien-aimée Adeline n’est pas venue me voir ; depuis un an et demi que je suis arrêté, elle m’a toujours rendu visite chaque deux jours. Elle m’apporte même à manger tant qu’elle peut. Cette fille est une perle ; je l’aime et je souhaite en faire ma femme ; malheureusement, je suis ici, dans ce cachot et je ne peux rien faire. Si seulement, elle pouvait venir me voir, j’en serai très heureux car j’ai une bonne nouvelle à lui annoncer. Oui, bonne nouvelle car si tout va bien, je pourrais bénéficier d’une liberté provisoire. Je pourrais enfin serrer ma douce Adeline dans mes bras comme avant et même l’épouser sans tarder. Depuis que je suis ici, elle m’a toujours témoigné sa grande affection et me soutient sans ménagement ; je ne suis pas son mari ; je ne suis que son fiancé ; la plupart des femmes à sa place aurait pris la clé des champs. Mais elle est restée ; je lui en serais reconnaissant toute ma vie. Je l’aime encore plus ; ce que je ressens pour elle est si fort ! Et vice-versa. L'amour est la fusion de deux âmes en une seule : une fois que l'on aime, l'amour s'empare si bien de tout notre être, qu'il n'y a plus que lui en nous, comme lorsqu'on est sur l'Océan dans une barque, et qu'on n'aperçoit plus que le ciel et l'eau qui se confondent.

Plongé dans mes pensées, l’on vient m’annoncer une visite ; sûrement que c’est ma colombe qui est là ; je me lève vite pour me rendre dans la salle où les prisonniers reçoivent les visiteurs. Je fus un peu déçu de ne pas voir Adeline mais je suis quand même content de voir mon jeune frère Eric.

 

-         Salut Eric, tu vas bien ?

-         C’est à moi de te poser cette question cher grand-frère.

-         Ah ! Je suis là ; c’est même bien que tu sois venu. J’ai quelque chose à t’annoncer.

J’ai à peine fini ma phrase quand je vois Adeline et son amie Lolita entrer dans la salle. Un large sourire se dessine sur mon visage. Malgré mon désarroi d’être en prison, je suis toujours content quand je vois ma fiancée ; nous nous embrassons puis je salue Lolita.

 

-         Adeline ; tu m’as manqué ; je me suis aussi inquiété ; tu n’as jamais fait une semaine sans venir me voir ;

-         Excuse-moi Wilson, cette semaine n’a pas été de tout repos ; je devais me battre pour trouver le loyer car Lolita et son mari en font déjà trop pour moi ; j’ai dû donc faire plein de jobs, ce qui m’a pris du temps.

 

Après ces propos, je deviens furieux ; en effet, j’avais toujours demandé aux membres de ma famille, notamment mon frère, ma sœur et ma deuxième mère de s’occuper de ma chérie ; apparemment, ils ont décidé de ne pas le faire ; mais je ne pouvais pas réagir en présence d’Adeline et de Lolita ; je vais régler cela au cours d’une autre visite. Pour l’instant, j’avais une bonne nouvelle à leur annoncer et c’est bien qu’ils soient là. Je râcle ma gorge et je déclare avec sourire :

-  mes chers visiteurs, j’ai une bonne nouvelle pour vous.

Related chapter

Latest chapter

DMCA.com Protection Status