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CHAPITRE : 04

 

Lolita

Ma belle-mère n’a pas du tout digéré cette nouvelle. Elle a vociféré et tempêté. Je m'en fous. Le chien aboie, la caravane passe ; elle m’accuse d’être à la base de cette décision et de vouloir l’éloigner de son fils ; peu m’importe ; l’essentiel, est de vivre loin d’elle ; je ne serai plus son souffre-douleur quotidien et j’en suis ravie.

 

Contre son gré, nous avons donc déménagé depuis un mois ; notre maison n’est pas aussi spacieuse que la maison de ma belle-mère ; la cour est très petite et ma fille n’arrive pas à courir dans tous les sens mais au moins ici, je respire. J’ai proposé à Issifou de l’aider pour le loyer mais il a refusé, me disant que c’est son rôle. J’ai néanmoins insisté pour payer la domestique que j’ai engagée pour la garde de Fatima, notre fille. Je l’aidais à savourer son yaourt quand la sonnerie a retenti. J’appelle la domestique pour ouvrir et quelle ne fut pas ma surprise quand c’est ma belle-mère qui fait son entrée. Qu’est-ce qu’elle fait ici ? C’est la question que je me pose intérieurement.

 

Maman Issifou

Cette pimbêche que j’ai comme belle-fille pense avoir gagné ; elle croit avoir réussi à éloigner mon fils de moi ; jamais je ne lui pardonnerai cet acte ;  j’ai perdu mon mari quand mes enfants étaient encore très jeunes ; je me suis battue pour leur éducation et leurs besoins ; j’ai construit cette grande maison en planifiant que durant ma vieillesse, un des enfants habite avec moi ; c’est pour cela que je n’ai pas voulu qu’Issifou vive à l’étranger comme son frère et que j’ai œuvré pour qu’il réussisse au concours d’entrée à la fonction publique. Ainsi, il pourra rester au pays puisqu’il aurait un travail permanent.

Aujourd’hui, cette idiote de Lolita lui fait quitter ma maison. Elle se prend pour qui ? C’est maintenant même que la guerre a commencé. Je ne la laisserai pas respirer tant que mon fils ne revient pas à la maison. Si elle ne veut pas vivre chez moi, libre à elle ; mais j’exige que mon fils et ma petite-fille Fatima vivent chez moi. Il faut même que j’aille voir ma copine Ganiatou. Sa fille Kadessa est en âge de se marier et n’a aucun prétendant. Elle sera la deuxième épouse de Issifou.

 

Je me prépare donc pour aller la voir mais avant, je vais passer dans la maison louée par mon fils ; il me l’a indiqué. J’ai deux mots à dire à sa femme.

Je m’y rends et à mon entrée, elle s’étonne. Elle n’a encore rien vu. Elle me salue mais je ne réponds pas ; qu’elle garde sa salutation hypocrite. Je lui lance avec un regard menaçant :

 

-         Lolita, tu es en train de jouer avec le feu.

-         Qu’est-ce que j’ai encore fait maman ?

-         Je ne suis pas ta mère ; pourrais-tu avoir l’honneur d’avoir une mère comme moi ? Ne m’appelle plus jamais maman.

 

Elle ne répond pas et retourne s’asseoir. Je l’attaque encore :

 

-         Madame, de la même façon que tu t’es arrangée pour que mon fils quitte la maison, arrange-toi de cette même manière pour qu’il revienne avec ma petite-fille. Quant à toi, si tu veux, tu les suis, si tu ne veux pas, tu peux rester ici.

 

Elle ne répond toujours pas à mes provocations ; je continue sur le même ton :

 

-         Tu ne sais pas que tu es très chanceuse que mon fils ait posé le regard sur toi ? Où allais-tu trouver un mari si ce n’est pas que mon fils est bête ? Tes parents ne valent rien, ils sont pauvres, rien que des crève- la faim.

 

Je pense que j’ai touché le point sensible. La mine de Lolita change ; elle passe de l’indifférence à la fureur. Elle me répond :

 

-         Belle-mère, s’il te plaît, laisse mes parents en dehors de tout cela ; je n’accepte pas qu’on les insulte ; tu t’en vas sur un terrain très glissant.

 

-         A qui tu parles ainsi, Insolente ? Tu peux me faire quoi ? Je dis et je répète que tes parents sont des crève-la faim ; est-ce que sans mon fils, ils peuvent bien vivre ?

 

Enervée, Lolita me demande de sortir de chez elle.

 

-         Tu me fais rire, c’est mon fils qui paie le loyer ici ; je viendrai quand je veux et je repartirai quand je l’aurais décidé. Si tu n’es pas d’accord, la porte est par là.

 

Lolita était rouge de colère. Elle me toisait même ; alors, je m’écrie en lui poussant le front avec un doigt :

 

-         Tu toises qui ?  Espèce d’impolie !

 

Je vais même jusqu’à la pousser car elle était debout devant moi. Je crois qu’elle n’a pas supporté cet acte et contre toute attente, je sens une gifle cinglante retentir sur ma joue.

 

Mon Dieu ! Elle m’a giflé ! Alors que je tenais encore ma joue, blême de surprise, Issifou entra.

 

Wilson

Depuis trois mois, ma famille n’a pas payé la caution pour ma libération ; ils disent qu’ils ne trouvent aucun acheteur pour les maisons ; en plus, ils ont raréfié leurs visites ; seule ma sœur Larissa venait quelques fois mais étant aux études, ce n’est pas facile pour elle. Depuis deux mois, je n’ai plus revu Eric et la mère. Que dois-je comprendre ? C’est même quel malheur qui s’abat sur moi ? Je ne compte que sur eux pour payer la caution. J’en ai discuté avec Adeline lors de sa dernière visite ; elle m’a d’ailleurs dit quelque chose qui m’a intrigué ; elle m’a demandé de ne pas trop compter sur ma famille et de réfléchir à d’autres moyens de paiement. Mais je n’en ai aucun ; j’ai de l’argent dans mon compte bancaire mais c’est loin d’être ce montant.  En plus étant en prison, je ne peux y accéder ; quel ami accepterait me prêter une somme aussi élevée ? D’ailleurs parlant d’amis, ils ne sont jamais venus me voir ici. Je ne peux qu’alors compter sur ma famille. Adeline m’a proposé de glaner par- ci par- là ; mais chez qui ? Elle dit que Lolita et son mari pourraient me trouver cinq millions ; et les trente- cinq millions qui restent ? Je les trouve comment ? Oh mon Dieu ! Vivement qu’il y ait un acheteur. Je suis vraiment très las de vivre ici.

 

Larissa

Je suis encore jeune mais je ne suis pas bête ; j’ai bien compris que maman et mon frère Eric ne veulent pas payer la caution pour libérer Wilson ; mais pourquoi ? Il est pourtant notre frère aîné ; ils disent qu’aucun acheteur ne se manifeste mais c’est faux ; au début, ils n’ont même pas mis une des maisons en vente ; mais maintenant, ils l’ont fait après que je leur ai fait la remarque.  Mais depuis, aucun acheteur ne réussit à prendre la maison mise en vente car ma mère et mon frère refusent de brader la maison pour quarante millions, disant que c’est du gaspillage ; ils veulent vendre à deux cents millions ou rien. Jusque-là, je ne comprends rien. Maman a pourtant toujours traité Wilson comme son fils mais apparemment elle n’est pas pressée qu’il quitte la prison.

Lors de ma dernière visite à Wilson, j’ai hésité à lui faire part de mes inquiétudes ; il se peut que ce soit moi qui me fais des idées ; je ne peux donc rien dire tant que je n’en sois pas sûre.

 

Issifou

J’entre dans mon nouveau logement et je vois ma mère qui perplexe tenait sa joue. Je ne comprends rien mais je sens que ça chauffe par ici. Je l’interroge :

 

-         Qu’est-ce qui se passe maman ? Pourquoi tiens-tu ta joue ?

-         Il se passe que tu es un fils ingrat ; ce que ta mère te recommande, tu ne le suis jamais.

 

Ma mère se mit à pleurer. Je la prends dans mes bras en lui demandant ce qui n’allait pas ; elle ne fait que pleurer et se lamenter « oh mon Dieu ! Qu’ai-je fait pour mériter une telle belle-fille ! J’ai souffert pour élever mon fils ; elle vient l’épouser, me mène la vie dure et pour finir, elle me gifle ».

 

Lorsque j’entends cela, je suis hors de moi ; le plaisir de lire pause détente; non ! Ma mère plaisante sûrement ; Lolita ne ferait jamais une chose pareille. Je jette mon regard sur ma femme ; elle s’est assise dans le fauteuil, la tête entre ses deux mains. Je me rapproche d’elle et je l’interroge en espérant que tout ceci ne soit qu’une invention de ma mère :

-         Loli, as-tu effectivement giflé ma mère ?

Ma femme aussi me répond par des pleurs. Je l’interroge à nouveau et elle me donna une réponse en sanglotant.

 

-      Pardonne-moi chéri, ta mère m’a mise hors de moi. Je regrette, c’est la colère et je me suis emportée.

 

Je m’effondre dans un fauteuil ; qu’est-ce qui m’arrive ? Maman avait donc raison ? Je prends une femme qui porte la main sur celle qui m’a donné la vie ? Ma mère, c’est ma mère ; peu importe ses incartades, je ne peux jamais la toucher à plus forte raison permettre à une femme de porter la main sur elle ; en un éclair, je revis certaines parties de mon enfance, notamment quand j’étais malade et que ma mère veillait. Je la revois se démener pour résoudre nos besoins mon frère et moi.  Tous ces sacrifices pour qu’aujourd’hui, une femme vienne gifler ma mère ? Je ne veux même pas savoir ce que ma mère a fait. Si c’était sa propre mère, quel que soit ce qu’elle lui fera, osera-t-elle porter la main sur elle ? Si Lolita ne sort pas d’ici, je risque de commettre un crime, tellement je vais la botter ! Je suis enragé.

 

Je m’avance vers elle et lui intime l’ordre de sortir de la maison ; mais elle continue de me supplier. Je la traîne par le bras et je la mets dehors puis je ferme le portail. Je n’ai jamais été aussi énervé de ma vie. C’est vraiment une hypocrite comme ma mère l’a toujours dit. Aujourd’hui, elle a été enfin démasquée.

 

Adeline

Hier je suis encore allée en prison pour voir mon Amour. Il semble ne compter que sur sa famille. Si seulement je pouvais lui dire ce qui s’est passé avec Eric et l’attitude de sa deuxième mère envers moi ! Mais je ne peux pas en parler, du moins pas maintenant ; il aura trop de peine et je ne veux pas qu’il souffre ; je n’en ai d’ailleurs parlé qu’à Lolita.

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