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CHAPITRE : 04

Une semaine plus tard, Essie et Hélène se rendent en ville chez Komi.

Komi (surpris) : Essie, tu ne m’avais pas dit que tu venais accompagnée !

Essie : ce n’est pas grave ; je te présente Hélène ; c’est la sœur de l’ami défunt d’Esson ; tu te souviens ?

Komi : tout à fait ; je l’avais même vu quelques fois avec lui au village ;  alors, on la dépose où ?

Essie : nulle part ; elle est avec moi ;

Komi : elle va séjourner avec toi chez moi ?

Essie : bien sûr ;

Komi : dans quel but ?

Essie : nous en parlerons plus tard lorsque nous serons seuls.

Komi les dépose chez lui et prend Essie à part pour lui parler.

Komi (fâché): ma sœur, la moindre des choses, c’est de me prévenir quand tu comptes emmener une étrangère chez moi !

Essie : Komi, elle ne doit pas être considérée comme une étrangère ; nous avons convenu de te proposer une femme ; c’est  Hélène ; je l’ai emmené pour que tu l’observes ; tu n’es pas obligé de l’accepter ; mais permets qu’elle reste ici quelques jours ;

Komi : ok ; il n’y a pas de problème à ce qu’elle reste avec toi quelques jours ; déjà, je la trouve bien jolie ;

Essie (contente) : Esson avait donc raison de penser que c’est ton goût ; elle a plein de qualités que tu découvriras par la suite ;

Komi : la trouver jolie ne signifie pas que je l’accepte ; je te répète que je veux choisir ma femme par moi-même ; arrêtez de vouloir m’influencer ;

Essie : qu’est-ce que tu peux être têtu ! Mais comme je viens de te le dire, personne ne te l’impose ; observe-là tout simplement ; au moins elle, te sera soumise contrairement aux femmes de la ville ;

Komi : je retourne à l’hôtel ; à plus tard Essie ;

Essie : je te ferai un bon plat « d’adémè et de akoumè »[1] ce soir ; alors, ne rentre pas tard.

Après son départ, Essie s’adresse à Hélène.

Essie : comment tu trouves-tu mon frère ?

Hélène : très beau ;

Essie : il te plaît ?

Hélène : quelle question ? Il ne peut que me plaire.

Essie : tant mieux ; tu es déjà dans cette maison ; il ne tient qu’à toi de te débrouiller pour y rester ;

Hélène : que dois-je faire tantine ?

Essie : n’es-tu pas une femme ? Séduis-le ;

Hélène (gênée) : je ne sais vraiment pas comment m’y prendre ; je ne suis pas habituée à ces choses-là ;

Essie : donc tu veux dire que tu ne connais pas d’homme ?

Hélène (baissant la tête timidement) : oui, j’en ai connu un seul ;

Essie : tu es une grande fille ; il faut te débrouiller ; dans deux jours, j’inventerai une raison pour retourner au village afin de vous laisser seuls ;

Hélène : j’espère pouvoir réussir ;

Essie : dès demain, je lui prendrai un peu d’argent pour t’acheter deux ou trois tenues potables ; tu es déjà belle naturellement ; ça devrait aller.

Le soir Komi rentre tôt comme il l’a promis. Essie et Hélène l’accueillent chaleureusement.

Komi : le repas est prêt ? J’ai une faim de loup ;

Essie : c’est déjà prêt depuis un moment ; laisse-moi réchauffer la sauce.

Elle se lève, se rend à la cuisine, met la sauce au feu, sert le repas dans un plat et demande à Hélène de l’apporter à Komi. Quand elle les rejoint plus tard, elle constate que Komi avait  presque terminé de manger.

Essie : j’espère que tu as aimé ;

Komi : c’est délicieux ;

Essie : c’est Hélène qui a cuisiné.

Essie a menti parce que c’est plutôt elle qui a fait le repas ; mais son objectif est de tout faire pour que Komi s’intéresse à Hélène.  Lorsque son frère termine de manger, elle demande à Hélène d’aller lui dresser son lit. Elle profite de l’occasion pour essayer d’influencer encore Komi.

Essie : tu sais Komi, cela ne te coûte rien de te laisser aller ; comme je te l’ai dit, on ne t’impose rien ; tu ne perds rien à t’amuser ce soir ; détends toi ; tu travailles trop ; laisse Hélène te tenir compagnie ;

Komi : qu’est-ce que tu racontes ?

Essie : tu as bien entendu ; elle est déjà préparée en conséquence ; elle s’y attend ; si après l’essai, elle ne t’agrée pas, tu es libre de la faire retourner au village ; allez, détends-toi ; tes traits du visage sont trop tirés ; tu as besoin de détente ; ne me dis pas qu’elle ne te plaît pas ; elle a tout ce qu’il faut à la place qu’il faut ; des seins bien fermes ; un arrière rebondi ; une hanche bien cambrée ;

Komi (se laissant aller) : mmmmh… Pourquoi veux-tu me mettre de l’eau à la bouche ?

Essie : c’est pour te montrer ce que tu rates ; une belle jeune fille se met à ta disposition et toi, tu fais le malin !

Essie continue de tellement magnifier Hélène que le cerveau de Komi se remplit de désir. Il commence à se dire qu’il ne perd rien à s’amuser du moment où Hélène semble être disponible.  Essie sentant qu’il mordait à l’hameçon, enfonce le clou.

Essie : c’est une jeune fille obéissante ; toi tu sais que nous ne t’imposons rien mais pour elle, tu es son futur mari ; elle ne te refusera rien ; je l’enverrai dans ta chambre ce soir ;

Komi : je ne sais pas si c’est une bonne idée ; c’est comme si j’abusais d’elle ;

Essie : tu es un homme mais je vois que tu te laisses aller aux sentiments puérils ; écoute, je lui dirai d’aller vers toi ; à toi de t’y intéresser ou non.

Après ses mots, Essie se lève et retrouve Hélène dans leur chambre.

Essie : Hélène : entre dans la douche ; lave-toi proprement et parfume-toi ; tu dormiras auprès de Komi ce soir ;

Hélène (heureuse) : réellement ?

Essie : oui ; qu’est-ce qui te surprend ?

Hélène : je ne savais pas que tout irait si vite !

Essie : j’ai fait ma part ; débrouille-toi pour le reste si tu veux désormais être la maîtresse de cette belle-maison.

Pendant qu’elle prenait son bain, Hélène réfléchissait à la manière de s’y prendre ; elle avait peur que Komi ne veuille pas d’elle. Pour rien au monde, elle ne voulait repartir de cette belle demeure et retourner dans son village ; de plus, elle n’avait aucun désir d’avorter sa grossesse ; elle avait peur des conséquences que cela pourrait entraîner ; pour cela, elle devrait tout mettre en œuvre pour que Komi l’accepte ; elle aurait ainsi trouvé un père pour son bébé et mener une vie de luxe. Ses pensées s’envolent vers Sem mais elle l’efface rapidement de son esprit ; elle n’aura qu’à lui dire que l’avortement a été fait.

Comme la détermination donne du courage et que la volonté rend fort, Hélène décide de tout faire pour atteindre son objectif. Dès qu’elle sort de la salle de bains, elle se parfume et noue un pagne autour de sa poitrine ; Essie l’apostrophe :

Essie : est-ce ainsi que tu comptes aller vers Komi ?

Hélène : oui ; qu’y a-t-il de mal ?

Essie : avec un pagne noué autour de la poitrine ! Quelle villageoiserie !

Hélène : devrais-je m’habiller ?

Essie : nous aurions pu acheter des sous-vêtements ! Je n’y ai pas songé ; ce n’est pas grave ; une autre fois ;

Hélène : qu’est-ce que je fais alors ?

Essie : vas-y ainsi ; c’est trop tard maintenant ; tu n’as plus le choix ; tu sens bon ; c’est déjà pas mal.

Allongé sur son lit, Komi réfléchissait à sa discussion avec Essie ; il désirait fortement Hélène mais si effectivement, elle venait ce soir dans sa chambre, il ferait l’effort de la congédier ;  puisqu’il n’était pas prêt à la prendre pour femme, il n’avait pas non plus le droit de l’approcher. C’est sur cette résolution qu’il éteignit la lumière et alluma la veilleuse pour s’endormir.  Il n’aimait pas dormir dans l’obscurité même s’il sait bien que cela présente des effets bénéfiques sur la santé, au-delà du sommeil. Juste à ce moment, il entend frapper doucement à sa porte ; il pensa qu’il aurait dû fermer la porte à clé car il se doutait que ce serait Hélène.

Komi : qui est-ce ?

Il comptait lui demander de retourner dormir dans la chambre d’Essie mais sans répondre, Hélène pénétra dans la chambre mi- lumineuse. Elle se tint debout ; la veilleuse avait un merveilleux effet sur sa silhouette ; elle apparaissait bleutée. Komi l’observait. Hélène était là debout, ne disant rien. Komi brisa le silence.

Komi : retourne dormir avec Essie ; il se fait tard et j’ai sommeil.

Plutôt que d’exécuter les ordres de Komi, Hélène, décidée plus que jamais à aller au lit avec Komi afin de pouvoir lui coller sa grossesse, se dénuda. Elle laissa tomber son pagne afin que son corps se dévoile ; elle n’était enceinte que de trois semaines, alors rien n’avait encore changé ; son beau corps sous la pénombre mélangea la tête de Komi et son « mâchin » se dressa.

Au même moment,  au village, Martine inondait  par d’abondantes larmes, le vieux matelas sur lequel elle se couchait Au fond de son cœur, elle pensait qu’elle était victime de sorcellerie. Sa mère, entendant ses soupirs vint dans sa chambre.

Mère de Martine : ma fille, arrête de pleurer ; aucun homme ne mérite que tu pleures pour lui ; sèche tes larmes ;

Martine : qu’ai-je fait maman pour mériter ça ? Que vais-je devenir ?

Mère de Martine : reste ici et passe cette période de grossesse sereinement ;

Martine : je ne peux pas ; je vais retourner en ville chez ma tante ; je vais chercher du travail ; je sais que c’est difficile mais qui ne tente rien n’a rien ;

Mère de Martine : je t’y encourage ; ça va aller ; à présent dors ; te voir pleurer me chagrine ;

Martine (hochant la tête) : j’ai trop mal maman ; pourquoi Komi ne me croit pas ? Et pourtant, il jurait m’aimer ; je me retrouve mère célibataire ;

Mère de Martine : ce n’est rien ; courage ma fille ; ma chérie, je ne suis pas instruite mais mes années de vie m’ont déjà fait comprendre assez de choses ; dans cette vie, que nous le voulions ou non, nous devrons tous vivre tôt ou tard une épreuve. Que ce soit une crise, un conflit ou une maladie grave, nous serons tous obligés de subir un jour ou l’autre une souffrance importante. Et notre profondeur de vie, notre courage et nos convictions seront alors mis à l’épreuve. Sache que seuls les personnes matures savent découvrir ce qui se cache de riche et de profond dans chaque situation ; alors, essaie de te focaliser sur autre chose ; peut-être qu’il vaut mieux que les choses soient ainsi !

 Martine : c’est compris maman ;

Mère de Martine : bonne nuit ma chérie.

Revenant en ville, Komi buvait Hélène des yeux. Bavant de désir, il se redressa, descendit du lit et se rapprocha d’elle. A ce moment, toutes les belles résolutions qu’il avait prises à son encontre s’envolèrent.  Il ne faisait que la dévorer du regard. S’étant arrêté face à elle, il découvrit qu’elle sentait bon ; il l’attira à elle et la couvrit de baisers ; en ce moment, il ne réfléchissait plus ; il n’avait qu’un seul but : l’explorer. Il ne s’en priva pas ; Hélène se laissa faire.

Dans les profondeurs de la nuit, Komi succomba à la tentation. Il fonça tête baissée et profita des charmes qu’Hélène lui offrait. Pendant qu’il s’y attelait, il n’avait pas du tout l’impression qu’il avait affaire à une villageoise. En tout cas, il n’était pas déçu.

Dans le calme du matin, le soleil parut discrètement, mettant un point blanc dans le ciel encore gris ;  Hélène ouvrit les yeux et constata qu’il était temps de se lever ;  elle s’étira sans bruit ; à ses côtés dormait profondément Komi envahi par la fatigue de cette nuit mouvementée. Hélène le considéra un instant et afficha un sourire de satisfaction. Dans un mois, elle lui annoncera qu’il sera père; et puis, c'est tout.

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[1]  Pâte de maïs et sauce gluante, spécialité togolaise

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