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Chapitre 3

Sadia avait l'impression que son corps n'était plus capable d'aucun mouvement, comme dépourvu de volonté propre. Les articulations douloureuses. Elle essaya d'esquisser un mouvement, de se lever, mais tout ce  qu'elle parvint à faire c'est de basculer sa tête d'un côté à l'autre. Elle avait les poignets et les chevilles  en feu. Elle comprit qu'elle était points et pieds.  Un bruit  de  métal roulant sur le sol se fit entendre. Il  s'agissait de chaînes...

Elle était enchainée !

Sadia essaya d'ouvrir les yeux, mais ses paupières lui semblaient aussi lourdes que du plomb. Elle avait un drôle de goût dans la bouche comme si on lui avait fait avaler du chloroforme, ce qui lui donnait une forte envie de vomir.  Mais qu'est ce que je fais enchainer ? Se demanda t'elle la peur au ventre, une sourde appréhension l'a gagnait petit à petit.

  A son plus grand désarrois ses tentatives pour essayer de se souvenir ne donnait rien. Tout était flou dans sa tête, impossible de percer le voile noir qui s'était abattu sur sa mémoire. Pourtant elle refusa de baisser les bras, il fallait qu'elle se souvienne, qu'elle  comprenne dans qu'elle pétrin elle s'était encore  fourrée en essayant de sauver sa tête brûlée de sœur. Mais des douleurs  lancinantes et intenses qu'elle ressentait au niveau de la tête ne lui rendaient pas la tâche facile.

Où se trouvait-elle ? Pourquoi était elle enchainée comme un vulgaire chien ? Un animal de foire, une bête ? Avait-elle été  kidnappée ?

Au prix d'un certain effort elle parvint à ouvrir les yeux, elle se rendit compte qu'elle était dans une sorte de cage, le froid et la dureté du sol lui donna des frissons tout le long de son épine dorsale. Pire elle n'était pas seule. La pièce n'était éclairée que par la lueur blafarde des rayons de lune qui se  frayaient un chemin à travers les grilles rouillées et usées qui faisaient offices de mur. Elle remarqua toutefois  que des paires d'yeux, étaient rivés sur elle.

Des regards  perdus, agars, pleins désespoirs d'où se lisait une  profonde détresse. Là c'est sur  je ne suis pas au Paradis, se dit elle !  Essayant de faire un peu d'humour pour se donner contenance.

Elle fut tiré du cours de ses pensées lorsqu'elle senti quelque chose lui ronger la plante des pieds, prise de panique elle se mit à gesticuler d'un sens à l'autre.  Un cri aigu sorti  de sa bouche, ce qui lui valu les railleries de ses camarades d'infortune.

Certes elle était le centre de toutes les moqueries, mais  écouter le rire, ne fusse qu'étouffé de ses personnes à  l'article de la dépréssion lui mi du baume au cœur. Elle n'avait jamais supporté  de voir des personnes autour d'elle triste.

Elle se rendit compte, grâce au son des voix qu'il n'y avait que des femmes dans cette pièce qui faisait office de prison.

-Tu ferais mieux de te calmé  et d'arrêter de gigoter dans tous les sens ma petite, car comparer à ce qui t'attend, ce  que tu éprouve a cet instant te semblera le plus doux des souvenirs. Lui dit une femme qui était assise près d'elle.

-Mais où suis-je ? Et qui êtes vous ?

La même femme qui venait de lui adjoindre de se tenir tranquille darda sur elle un regard sombre et grave emprunt de tristesse, comme si ce qu'elle s'apprêtait à dire, marquerait à jamais sont entrée dans les abysses de l'enfer. C'est vrai quoi, la situation ne pouvait pas être aussi désespérée  se dit elle.  Dans son fond intérieur elle essaya de se convaincre que cette femme  adoptait ce ton tragique-dramatique certainement  pour l'effrayer plus que de raison.

-Tu ne te souviens de rien ? Lui demanda  t-elle d'une voix posée mais résignée.

-Si, mais je... je  ne me souviens pas  de tout, j'ai quelques trous de mémoire, je ne me rappelle pas comment j'ai atterri ici ? Tout est flou et embrouillé dans ma tête.

- Eh bien, pour faire cour, tu as été  capturée en Lybie comme nous toute d'ailleurs. Nous avons essayé de gagner l l'Espagne par la mer, en payant des passeurs. Mais ceux-ci  se sont avérés être des véritable escrocs en plus d'être des trafiquants d'être humain.il s nous ont enfermé dans ces cages pour nous vendre au plus offrant. Dit-elle la voix dure d'où perçaient une profonde amertume et une intense colère. Aucune de nous ne s'y attendait. Ils nous ont dépouillés de nos petites économies et de nos papiers. Dit elle la voix brisée par le chagrin.

Tout ce qu'on désirait c'était une vie meilleure, fuir la guerre pour certaine, comme Zouliatou par exemple, retrouver de la famille comme moi, ou encore vivre le rêve européen. Ne dit on pas que la bas, tout semble plus facile, la vie plus dorée, les opportunités ouvertes à tous. Pour nous toute L'Europe était une sorte de terre PROMISE, notre Eldorado. Là où le miel et le lait coule à flot. Si tu ne te souviens pas c'est peut être  parce qu'ils t'ont  drogué lors de ta capture. Ils ont fait de même avec toutes celles qui ont essayé résister.

Ce résumé de la situation, lui glaça le sang, elle allait être vendue...vendue...vendue, comme du bétail. Ce mot tournait en boucle dans sa tête encore et encore.  Elle, que tout prédisposait à une brillante carrière d'avocate. Elle,  farouche défenseur des droits de l'homme et surtout des femmes.

A cet instant, elle aurait tout donné au monde pour se retrouver dans les bras de sa mère ou dans le confort de son bureau au cabinet.

Maman... murmura-t-elle en même temps qu'une larme coula de ses joues égratignées. Si c'était un cauchemar il était temps qu'elle se réveille. La peur lui tenaillait les tripes, la paralysait. La voix de sa compagne lui tira de ses sombres pensées.

-Et toi qu'est ce qui t'as poussé à prendre la route ? Vu la façon dont tu t'es opposé à  ces brutes  tu semble cultivé et même éduquée. Qu'est ce que tu leur disais encore ? Laisse-moi me rappeler.

- Elle parlait d'une violation des  droits de l'Homme  intervint une autre femme avec véhémence comme si elle venait de trouver une réponse à 1000$. Ce qui fit sourire Sadia.

- Trouvé ! Alors déballe ton sac. En passant moi c'est Daniella.

- Sadia ! Moi c'est Sadia enchantée. J'étais stagiaire avocate avant....avant... bref c'est pour cela que j'ai parlé du droit et de tout ça. Ce  voyage je l'ai entrepris dans le seul but de retrouver ma sœur. Elle est partie un beau matin avec le vaut rien qui lui sert de petit ami. Dans une lettre qu'elle a laissée à notre mère, elle dit aspiré davantage qu'a une vie de misère marquée par un misérable salaire de secrétaire.

Et moi je joue les nounous.

J'ai promis à maman de la ramener. Dit-elle la voix lasse, le cœur serré, plein de rancœur et d'amertume contre l'amant de sa sœur qui l'avait poussé à cette folie et contre sa sœur si insouciante et si égoïste à la fois, qui n'avait pas pensé une seule seconde à la souffrance qu'elle allait infliger à leur pauvre mère déjà fragilisé de nombreuses opérations chirurgicales.

Elle secoua la tête pour se reprendre, or de question qu'elle s'apitoie sur son sort, ça ne l'avancera à rien. Toutes ces considérations étaient inutiles. De même que les reproches

-Je suis vraiment  navrée pour toi, ma belle, lui dit Danielle la voix emplit de compassion. Tu ne m'erri....

-Ne le soit pas, lui dit Sadia en La stoppant, sachant parfaitement ce qu'elle devait dire. Personne ne mérite de vivre ça. Mais dis moi,  parmi les femmes capturées, est ce que tu n'as pas vu une jeune femme belle, élancée, la peau claire, avec des crochets braids de couleurs bordeaux sur la tête ?

-Je suis désolée c'était la panique totale, les gens couraient dans tous les sens. Mais je sais qu'un groupe a pu  embarquer dans  un bateau de fortune. Qui sait peut être ta sœur est parmi  ce groupe. Mais les chances sont réduites, il y'avait beaucoup d'hommes.

Même si les chances que sa sœur est échappée à ce cauchemar étaient pour dire de 00,5%, Sadia préférait s'accrocher à cet infime espoir. Au moins si elle mourait sa mère n'aurait pas tout perdu. Il lui resterait Jade.

Le cri étouffé d'une femme attira son attention à l'autre bout de la pièce. On aurait dit que cette femme s'étouffait. Elle suffoquait,  soit elle faisait une légère crise d'asthme ce dit Sadia, soit elle faisait une crise de nerf. Mais au vu de sa toux et de ses  difficultés  à respirer, Sadia penchait pour la première hypothèse,  sa respiration était sifflante, elle semblait  essouffler.  Sadia nu aucun mal à arriver à cette déduction, car sa meilleure amie était asthmatique. Dans ce genre de situation à défaut de ventoline, il fallait faire sortir cette sortir cette femme de cette pièce. Elle avait besoin d'air.

-Bon sang, cette femme va s'étouffer, si vous ne la sortez pas tout suite d'ici. A l'aide ! cria-t-elle à plein poumon. Personne ne semblait l'avoir entendu, elle cria de nouveau, à l'aide ! S'il vous plaît faite quelque chose...  Pour l'amour de Dieu, faite quelque chose. Sinon... sinon... sinon elle risque de mourir...  dit elle la voix chevrotée.

Ses compagnes la regardaient comme une folle, personne ne se joignit à elle pour lui prêter main forte.  Mais elle reprit de plus belle, sans se soucier de ces regards d'où se lisait la peur d'intervenir, de réagir, d'agir. Au fond elle les comprenait.Elles avaient peurs. La peur est un sentiment qui paralyse, dépouillé l'homme de tout courage, le désarme.

-Mais taîs toi, lui murmura Danielle. Tu veux avoir des ennuis ou quoi ? Sadia n'en fit rien. Non la peur ne l'empêcherait plus de faire ce qu'elle croyait juste. Bien des fois elle avait laissé la peur l'emportée, mais tout ce qu'elle avait récolté c'était de profonds regrets. Le regret de n'avoir pas essayé. Vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets se dit elle. Ce n'était pas la témérité mais la compassion, qui lui donnait la force d'intervenir la où toutes préféraient le confort du silence. Oubliant que ça aurait pu être elles.

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