Chapitre 3

Durant mon séjour à l'hôpital, je me suis fait accompagner par un guérisseur âgé, tandis que Ryan promenait Clara à travers le domaine. Chaque jour, Clara m'envoyait des photos de leurs « escapades amoureuses ».

Ils étaient allés au Lac d'Éclipse pour plonger sous la Cascade d'Aurore, puis s'étaient installés le soir au pied de la Falaise de Victoire pour suivre la course des astres.

Chaque lieu portait l'empreinte de leurs baisers, comme s'ils avaient hâte que le monde entier sache à quel point leur amour brûlait.

Pourtant, en recevant ces photos, je restais étrangement calme.

Ces derniers temps, j'étais occupé à monter un laboratoire de phytothérapie avec une amie. Depuis neuf ans, dès que j'avais un moment, je l'aidais en secret à préparer des remèdes et à perfectionner d'anciennes recettes. Elle voulait depuis longtemps ouvrir une herboristerie avec moi, mais je repoussais toujours, prisonnier de cette relation toxique.

Beaucoup d'amis me plaignaient, disant que j'avais gaspillé neuf années de ma vie pour un compagnon infidèle. Mais je ne regrettais rien. Pour moi, la santé de mon grand-père passait avant tout.

Heureusement, le contrat entre nous touchait enfin à sa fin et je pourrais bientôt respirer l'air de la liberté.

…

Le jour de ma sortie, Ryan m'a rarement envoyé un message : « Tu rentres quand ? La villa est un vrai champ de bataille. T'es toujours pas sortie de l'hôpital ? »

J'ai ricané, répondant d'un ton acéré : « Tes domestiques ont déserté ou fait grève ? Tu es un Alpha, et tu sais même pas les gérer ? »

L'homme, agacé, a rétorqué : « Tu le sais très bien, je déteste qu'on touche à mes affaires. Et puis, il y a cette pile de documents à classer… Ça, c'est ton travail. »

Un coup d'œil à l'horloge, j'allais déclarer mon manque de temps quand une infirmière a frappé à ma porte pour me rappeler de régler les frais médicaux.

Ryan, entendant cela, m'a pressée immédiatement de rentrer.

Je l'ai ignoré. Après avoir payé, je suis partie avec mon amie Emilie.

« Tu es enfin libre maintenant ? » a-t-elle fait en clignant de l'œil depuis la voiture.

Les yeux sur les ombres des arbres au loin, j'ai esquissé un léger sourire : « Oui, tout ça touche enfin à sa fin. Après avoir signé les papiers de rupture, je quitterai cet endroit. »

Emilie a tapé excitée contre la vitre : « Enfin ! Allez, on va fêter ça avec des côtelettes d'agneau fraîches ! »

J'ai acquiescé.

Alors que nous discutions avec passion des plans pour le centre de recherche, Ryan m'a appelée à nouveau.

Je n'ai même pas eu la patience de répondre. J'ai coupé net et ai continué d'écouter Emilie.

« Ça y est vraiment... plus rien ? » a-t-elle demandé en haussant un sourcil.

Seule elle savait que j'avais eu des sentiments pour Ryan autrefois. Mais tout cet amour avait été réduit en poussière par son indifférence répétée.

« On n'est pas faits pour être ensemble, tôt ou tard ça devait finir », ai-je répondu d'une voix neutre.

Emilie a hoché la tête.

Après avoir finalisé nos plans, nous nous sommes rendues à notre restaurant habituel. Dès la première bouchée de côtelette d'agneau, mes yeux se sont embués malgré moi.

« À ce point ? Tu pleures tellement c'est bon ? » s'est moquée Emilie.

Je lui ai souri sans répondre.

À vrai dire, depuis mon union avec Ryan, je n'avais plus jamais touché à l'agneau, simplement parce qu'il disait détester cette odeur. Ce n'était d'ailleurs pas seulement la nourriture, tant de choses que j'aimais faire avaient été qualifiées par lui d'indécentes.

Il m'interdisait de rire trop fort en public, de parler à voix haute...

Pendant neuf ans, j'avais été comme une coquille vide, les émotions enchaînées.

Mais là, à respirer ce parfum oublié, il m'a semblé humer l'odeur même de la liberté, au point d'en avoir les larmes aux yeux.

Lorsque je suis rentrée, la nuit était déjà noire.

En poussant la porte, j'ai trouvé Ryan assis dans le salon, le visage plus sombre que le ciel. Normal, après les dizaines de messages et d'appels ignorés de ma part.

« Où étais-tu ? » a-t-il demandé.

J'ai pris le temps d'enlever mes chaussures, de me laver les mains avant de répondre froidement : « J'ai dîné avec une amie. »

Il s'est approché, a reniflé et a grimacé : « Je t'avais pourtant dit d'éviter l'agneau. Cette odeur me donne mal au crâne ! »

Je lui ai adressé un sourire volontairement naïf : « Clara, elle, a bien le droit d'en manger ? Ça ne te dérange pas ? »

Son expression est devenue carrément menaçante : « Tu te compares à Clara ? Elle n'est pas ma compagne. »

J'ai gardé le silence.

Clara ne l'était pas encore, certes. Mais toute la meute voyait bien à quel point Ryan la choyait. Et moi ? Sa prétendue Luna, je ne valais même pas la peine d'un regard à ses yeux.