Éva
Appartement 5B
Je me réveille d’un seul coup.
Pas parce qu’un bruit m’a tirée du sommeil.
Parce que je sens que l’air a changé. Belmont n’est plus à mes côtés.
La lumière est plus franche maintenant. Le soleil s’est hissé un peu plus haut, et les ombres sur le parquet ont bougé.
Une ligne tremble au plafond, comme une fracture invisible.
Je tends la main vers la place vide. Elle est tiède.
Il n’est pas parti depuis longtemps.
Mais assez pour que je ressente l’absence.
Comme un espace vide dans la poitrine.
Je me redresse lentement. Mon dos proteste. Mes bras aussi.
Mon corps entier est une carte des douleurs de la veille.
Genoux marbrés de bleus, côtes sensibles, paumes éraflées.
Mais ce n’est pas ça qui me fait grimacer.
C’est l’écho.
Le retour.
La sensation d’avoir fui un enfer pour entrer dans un silence trop net.
Je passe dans la cuisine. La tasse est là, pleine cette fois.
Il a préparé du café.
Pour moi, sans doute.
Il n’en boit jamais. Trop nerveux, trop amer, disait-il.
Ma