Le premier amour de Maurice, Joséphine, est retournée dans notre pays.
Il m'a tendu distraitement un verre d'eau et a dit : « Joséphine est en phase terminale de cancer, il ne lui reste qu'un mois à vivre. Elle m'a demandé de l'accompagner jusqu'au bout. »
Son visage était impassible, aucun signe de trouble visible.
Je lui ai demandé, perplexe : « À ce moment-là, elle devrait plutôt se tourner vers sa famille, non ? Pourquoi faire appel à toi ? »
Joséphine n'était pas seulement son premier amour, mais aussi son amie d'enfance. Il m'avait un jour dit que, même après leur rupture, ils restaient comme de la famille. Autant dire que j'avais souvent été jalouse d'elle.
Mais dans quelques jours, nous allions nous marier.
Maurice a baissé les yeux, évitant mon regard : « Ses parents sont morts dans un accident de voiture il y a quelque temps. Il ne lui reste plus que moi. »
Je percevais une nuance dans sa voix : « Donc, tu te sens désolé pour elle ? »
« C'est juste la dureté de son destin qui me touche », il a haussé les épaules, puis, d'un geste tendre, a caressé le bout de mon nez avec son doigt avant de changer de sujet, « Tu es nerveuse ? Dans quelques jours, tu seras ma femme. »
J'ai levé les yeux au ciel : « Je serai vraiment ta femme ? »
« Ouais, tu vas bientôt l'être », a-t-il souri puis, avec plus de sérieux, il a ajouté, « Tu es la seule femme pour moi, je t'aime, et je t'aimerai toujours. »
Maurice était quelqu'un de calme et réservé, il ne m'exprimait que rarement ses sentiments. Même lors de sa déclaration, il m'avait simplement offert une image où il avait formé un cœur avec ses ondes cérébrales.
Cet homme, habituellement si peu démonstratif, venait de me faire la promesse de m'aimer pour l'éternité ?
Je me suis blottie contre lui, lui proposant de choisir ensemble nos photos de mariage.
Il a resserré son bras autour de moi et a répondu : « Choisis ce que tu veux. Le mariage approche, je dois passer au laboratoire pour régler quelques affaires. »
Puis il est parti s'habiller.
D'habitude, il faisait attention à son apparence, et je me laissais toujours emporter par son charme. Mais cette fois-ci, il avait négligé les détails : sa chemise était juste rentrée à moitié dans son pantalon, et ses chaussettes ne semblaient même pas assorties...
J'ai pincé mes lèvres sans dire un mot. Je suis descendue et a pris un taxi pour le suivre à distance. Je l'ai vu ensuite passer devant son laboratoire sans s'arrêter, se dirigeant directement vers l'hôpital.
J'ai fait demi-tour et suis rentrée, savant très bien qu'il allait retrouver sa Joséphine...