Chapitre 19 — Sous la lueur fragile
Points de vue alternés : Aelis, Nikolai
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Aelis
La tour de pierre se dresse dans le lointain, silhouette solitaire rongée par les vents. Même de loin, elle semble vivante. Elle respire l’attente, le piège, la fin d’un cycle. La terre est gelée sous nos pas, chaque pierre semble gémir sous le poids de ce que nous transportons. Nos vies. Nos doutes. Nos décisions.
Nous avons établi un camp de fortune à quelques lieues de la tour, assez loin pour observer, assez proche pour agir. Des branches tordues craquent dans l’obscurité, et le vent qui serpente entre les troncs semble chuchoter des avertissements. Les guetteurs sont en place, silencieux comme l’ombre. Soren s’est allongé près du feu, exténué, ses traits tirés par l’épuisement. Il dort enfin, le souffle court, comme s’il luttait même dans ses rêves.
Moi, je ne dors pas. Je n’essaie même plus.
La lettre entre mes mains est froissée par les heures, mais son message brûle toujours dans ma mémoire.