Épisode 2

Il paya précipitamment et me suivit.

-Où tu vas?

-Je rentre, je repars demain matin et j'ai encore mes valises à boucler.

-C'est dommage, mais bon je comprends. Je vais rentrer aussi. Peut-être qu'on pourrait faire un bout de chemin ensemble?

-Je te remercie mais je suis en voiture.

-Ok... Bon et bien je vais rentrer en métro alors, tout seul dans une ville que je ne connais pas et dont j'ignore la langue, dit-il des trémolos dans la voix.

-Quel grand dramaturge! Tu ne serais pas comédien?

-Peut-être bien... Il me dit ça avec ce qui semblait être une pointe de fierté. N'oublie pas que ce soir je peux être qui je veux.

-Allez va, je suis sensible à ton talent d'acteur je veux bien te ramener. 

-Merci beaucoup.

-Honnêtement je le fais parce qu'il est deux heures passées et qu'à cette heure-ci il n'y a plus de métro. 

-Alors merci encore plus.

-Suis moi! Nous marchâmes quelques minutes jusqu'à la voiture qui se trouvait dans un parking.

-Elle est là, au fond à droite, lui indiquai-je pendant que je finissais de payer à la caisse automatique.

-Waouh! Classe la merco! 

-Oui, sauf que la mienne c'est la petite fiat 500 qui est juste derrière, dis-je en lui tapant l'arrière de la tête pour qu'il avance et voit la petite voiture que j'avais emprunté à ma cousine. Tu m'as pris pour la fille à Rotschild où quoi? Lui demandai-je en m'installant.

-Putain, l'espace d'un instant tu m'as vendu du rêve. 

-Parce que là je ne t'en vends plus du rêve? Il me fit non de la tête. Tu peux aussi rentrer à pieds sinon. Il réfléchit un instant, avant de se mettre à caresser le tableau de bord du plat de la main.

-Non mais c'est pas ce que je voulais dire. Ta voiture elle est exceptionnelle. Mercedes, BM, Ferrari, tout ça c'est surfait, alors que là je me sens bien, je suis détendu. 

-N'en fais pas trop quand même. Mais bon je préfère ça.

Je mis le contact et me dirigeai vers la sortie.

-Je te ramène où? Lui demandai-je.

-Au Sheraton, tu vois où c'est?

-Tu plaisantes? C'est juste à côté, tu pouvais largement le faire à pieds! En réponse je n'eus droit qu'à un sourire de plus de sa part.

Le silence fit place et je profitai du feu rouge à la sortie du parking pour brancher mon téléphone au poste. Le flow sans faille de Drake monta dans l'habitacle.

-Tu kiffes ça toi? Me demanda-t-il en pointant mon téléphone du doigt.

-Mais carrément! Le rap cain-ri c'est la base.

-Tu ne serais pas en train de me lâcher une info sur toi, là?

-Oh, tais-toi et kiffe la musique! Je montai le son et chantai - mal - à m'en rompre les cordes vocales.

Un peu moins de deux musiques plus tard nous étions devant son hôtel. 

-Voilà, monsieur est arrivé. 

-Tu me permets de t'offrir un verre pour te remercier de m'avoir ramené?

-C'est inutile.

-Allez, il y a une place juste là, me dit-il en m'indiquant une place libre à proximité. On va au bar et je te paie un verre en tout bien tout honneur, c'est vraiment juste pour te remercier.

-T'es vraiment un forceur toi!

-Je préfère qu'on dise de moi que j'ai du charme et du bagout, mais bon, forceur c'est pas totalement faux.

-Bon, va pour le verre mais après je rentre.

-Évidemment, me dit-il avec un sourire victorieux.

Je garai la voiture puis le suivis. Il me tint la porte pour rentrer dans l'hôtel. Nous traversâmes le hall jusqu'au bar que l'on trouva fermé. Pour la première fois de la soirée je le vis contrarié.

-En même temps vu l'heure il fallait s'en douter, lui glissai-je à l'oreille. Il se tourna vers moi.

-J'ai un mini-bar dans ma chambre.

-C'est gentil mais... Il me coupa la parole.

-Tu sais, ça ne change rien qu'on boive ici ou dans ma chambre, c'est aussi en tout bien tout honneur que je te propose ça. 

-Vraiment? Il me fit signe que oui. Tu es sûr? Nouvel hochement de tête. 

Je baissai les yeux quelques secondes pour réfléchir. Je savais que ce qu'il me disait était faux. Si je décidais de l'accompagner dans sa chambre ce ne serait pas juste pour boire un verre. Qu'avais-je à y perdre? Pas grand chose si ce n'est un peu de mon temps. Qu'avais-je à y gagner? Un peu d'amusement et de folie dans ma vie pour le moins terne.

-Ok alors, répondis-je. 

Il me prit par la main et appela l'ascenseur qui s'ouvrit directement. Il appuya sur le huitième étage et les portes se fermèrent.

-Par contre, juste une petite chose, lui dis-je en m'avançant vers lui pour réduire l'espace qui nous séparait. Il s'avère que je n'ai pas très soif. 

Il comprit le message en à peine une seconde, comme s'il n'attendait que ça, et vint plaquer ses lèvres sur les miennes. Lorsque les portes s'ouvrirent il me prit par la main fit quelques pas dans le couloir de droite puis revint en arrière pour aller à gauche. Je le suivais, amusée par la situation. Arrivés devant la porte de sa chambre, il se mit à chercher ses clefs qu'il ne trouvait pas, tout en me fixant. Il commençait à être irrité.

-Calme-toi. J'ai décidé de te suivre, je ne vais pas partir tout de suite. 

Il m'embrassa une nouvelle fois et trouva enfin la carte de sa chambre dans la poche arrière de son jean. Nous entrâmes ensemble et toutes les questions que j'aurais pu me poser dans une telle situation ne me vinrent même pas à l'esprit. C'était juste lui et moi, ici et maintenant.

******

J'ouvrais un œil, puis deux, et il me fallut quelques secondes et la vue d'un homme endormi complètement nu à mes côtés pour me remettre les idées en place. Je regardai le petit réveil sur le chevet qui affichait sept heures douze. Je me levai en vitesse et rassemblai mes affaires en faisant un minimum de bruit. 

J'allais sortir mais je ne pus m'y résoudre sans le regarder une dernière fois. J'avais passé la nuit avec un parfait inconnu, ça c'était une grande première et certainement une dernière aussi.

-Adieu l'inconnu de Porto, dis-je à voix basse avant de fermer la porte, le sourire aux lèvres et la tête pleine de bons souvenirs de cette nuit torride.