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Chapitre 7 : next

-Yolande

Tu te dis pourquoi pas, tu te dis qu’après tout tu ne fais rien de mal vu qu’elle ne le rend pas heureux, tu veux croire en cette histoire, tu veux croire que le prince est venu chercher sa cendrillon dans le village… mais la réalité te rattrape. 

Je ne l’ai peut-être pas vécu, mais je l’ai vu. Ma cousine rencontre un homme, il est marié à la coutume mais selon lui ça ne va pas entre sa femme et lui. Selon ses dires, elle veut diviser sa famille, c’est une femme querelleuse. Ils se mettent ensemble, elle tombe amoureuse. Vient leur première fille, la deuxième et enfin le garçon. Après sept ans, ma cousine découvre que le monsieur a une vie de famille parfaite et qu’il a marié sa femme à l’état civil il y a trois ans. Sept ans à vivre dans le mensonge, à tout donner à un profiteur. 

« Je suis avec elle pour les enfants » mensonge !

« On a vécu trop de choses ensemble, je ne veux pas lui faire de peine » mensonge !

Mensonges, mensonges et mensonges. 

Mais le comble c’est que j’y ai cru. Le comble c’est que je suis tombée dans le panneau. Je comprends mieux quand on me disait que le canard qui n’a pas encore traversé ne doit pas se moquer de celui qui se noie. On se croit plus intelligente, plus rusée, on se dit que ça ne nous arrivera jamais. Et pourtant…

J’aimerais pouvoir partir, tout plaquer. Mais pour aller où ? Après quatorze mois de chômage ce boulot je m’y accroche fortement. Déménager ? Retourner dans toute la tracasserie de recherche d’appartements, dépenser de l’argent encore ? Non. Je ne peux pas me le permettre. 

Alors j’ai tout simplement dit « Non ». 

« Non ne viens plus chez moi »

« Non ne viens plus à ma table si on se croise au restaurant »

« Non, ne m’approche pas »

Est-ce que c’est facile ? Pas le moindre du monde. Quand tu perds le seul semblant de famille que tu avais pour te retrouver de nouveau seule, c’est douloureux. Retourner dans la solitude dans laquelle la télé est la seule personne avec qui communiquer ce n’est pas facile. Mais bon, c’est la vie. 

Et s’il était sincère, s’il voulait vraiment de moi sans m’abuser, ça ne changerait rien. La polygamie quand tous les protagonistes ont été élevés dans l’éventualité de finir dans ce genre de relation, peut-être. Mais ce n’est pas le cas entre Cyril, sa femme et moi. Je ne pourrai jamais accepter de savoir que ce soir mon homme sera dans le lit d’une autre à lui dire, lui faire les mêmes choses qu’à moi. Non je ne supporterai pas. Vivre avec la crainte qu’une troisième ne vienne obscurcir un tableau déjà peu gai. Non je ne peux pas. 

Est-ce qu’on peut aimer deux personnes de la même façon ? Je ne crois pas. Et quand l’une est délaissée, c’est l’ouverture aux envoûtements, aux bagarres. Je ne veux pas ce genre d’environnement pour ma famille et moi. 

Alors il ne me reste plus qu’à tout effacer, tout oublier. Je n’aurai pas dû m’emballer ainsi, j’aurais dû demander que tout soit plus claire avant de me lancer, de m’investir. Ça fait mal c’est vrai mais comme je ne suis pas morte, je suppose que je suis quelque part plus forte. 

-Cyril

**Février**

Au final je suis bien heureux que Yolande m’ait dit non. Je suis bien heureux qu’elle ait été plus mature que moi. Qu’elle m’ait dit « je refuse d’embarquer, de te suivre si tu ne sais pas la direction que tu veux suivre ».

Quand elle a posé ses poings sur hanches, le regard tranchant, elle m’a dit « je ne vais pas me retrouver au milieu de la merde entre ta femme et toi. Ne me mêle pas à vos problèmes ». Je ne l’ai pas bien pris sur le coup, mais quatre mois plus tard, avec du recule et beaucoup de réflexions, je trouve cette réponse tellement parfaite. 

Personne n’a envie de vivre un divorce, de vivre en échec, surtout lorsqu’on a déjà vécu un. Patricia est une bonne femme, personne ne peut dire le contraire. Elle s’occupe très bien de moi, de mes besoins. Divorce-t-on parce qu’elle a un seul défaut ? Juste parce qu’elle n’arrive pas à s’entendre avec ma fille ? Alors que du matin au soir elle se tue pour me rendre heureux sur tous les autres plans ? Notre maison est un havre de paix, je n’ai pas à me plaindre de quoi que ce soit.

Il est vrai qu’elle m’a menti, qu’elle aurait dû me le dire qu’elle ne voulait pas devenir la mère de ma fille. Mais… et si elle avait toujours été sincère ? Et si elle voulait vraiment créer un lien entre les deux mais pour une raison ou un autre la mèche ne prenait pas ? Et si c’est de ma faute, celle de Cyrielle ou quelqu’un d’autres ?

Un deuxième divorce, un deuxième échec. 

Yolande… 

Yolande est vivante. Elle me rend vivant. Simple, joviale, forte, sincère. Autant de qualité qui rendent sa compagnie tellement agréable. 

Pourquoi je ne pourrai pas les avoir toutes les deux en une seule personne ? Une moitié attentionnée comme Yolande et moitié impliquée dans son foyer comme Patricia. Une qui est la classe et le raffinement de Patricia et la simplicité et l’honnêteté de Yolande. 

[TOC TOC]

Moi : oui. 

Cycy : bonsoir papa. 

Moi : bonsoir chérie. Comment était ta journée ?

Cycy : bien merci. Papa ?

Moi : oui ?

Cycy timidement : je pourrai aller chez maman Yoyo pour le week-end ?

Moi : tu ne veux pas voir maman Paty ?

Elle ne répond pas mais je devine aisément sa pensée. 

Moi après un soupir : si elle est d’accord tu le peux. 

Cycy : merci. 

Elle s’apprête à quitter la pièce quand je l’interpelle et lui demande de prendre place. Elle s’assoit gracieusement en posant se mains délicatement sur ses cuisses. Et dire qu’elle n’a que douze ans. 

Moi : tu aimes maman Paty ? Je veux dire -et là les mots m’échappent, je ne sais plus comment formuler la question- elle est gentille ?

Cycy : en général. 

Moi : en général ?

Cycy après hésitation : elle ne m’aime pas. 

Mon coeur se serre. 

Cycy : elle ne me parle jamais sauf pour me dire d’aller me doucher ou manger. Quand je suis dans la même salle qu’elle, elle finit toujours par sortir. 

Maman Yoyo est plus gentille avec moi. On parle, on fait des choses ensemble. Elle est comme la soeur Veronique. 

Il y avait de la nostalgie dans sa voix. Comme si elle me reprochait de lui arracher une autre soeur Veronique. 

Faut-il décevoir Patricia, la trahir, pour le bien-être de ma fille ? La polygamie était tellement mieux, mais mieux pour qui ? Sûrement pas pour elles.  

Quatre mois que je n’ai pas vu Yolande. Ses spaghettis me manquent, son sourire, nos débats politiques… elle me manque. 

Je me suis donc rendu tout seul à Tours pour le week-end. Patricia était dans la cuisine à mon arrivé. Elle portait un legging noir et un gros pull beige qui couvrait ses fesses. Son physique est juste… parfait. Quelle élégance ! Quelle grace !

Patricia remarquant ma présence, se retourne et me sourit. 

Paty : tu es là depuis ?

Moi : je rentre à peine. Qu’est-ce qu’on mange ?

Paty : je suis tombée sur un livre de recettes allemandes. Je vais essayer de bien prononcer. Alors, en entrée on a un ou une Karto-fel-salat, j’aurais dû faire allemand au lycée. 

J’ai envie de rigoler car Yolande n’a aucun problème avec les langues africaines et européennes. 

Paty : ne ris pas. En plat de résistance on a des Nudeln. En désert du Strudel. 

Là je me tords de rire à cause de son accent pourri. Elle se saisit d’une éponge et me la lance. 

Paty : elle est où Cyrielle ?

Moi : à Paris. 

Paty : ah !

« Ah ! » sans plus ? C’est vexant, ça a fait envoler toute ma bonne humeur. Du coup je sors de la cuisine et vais me coucher. 

-Patricia 

Je veux que tout soit parfait, tout doit être parfait. Le fait que sa fille ne soit pas là est déjà un super bon début. 

Après avoir dressé la table, je suis allée lui faire signe. Il avait déjà l’air moins gai qu’à son arrivé. Qu’est-ce qui s’est passé de là à là ? Je n’en ai aucune idée. Il a gâché la soirée et m’a mise de mauvaise humeur dans le lot. Je ne voyais pas de meilleur moyen de l’annoncer alors j’ai juste lâché la bombe. 

Moi : je suis enceinte. 

Je ne sais pas comment décrire sa réaction. Surprise, joie, incompréhension, je ne sais pas. Je ne sais pas comment interpréter sa réaction. L’expression de son visage. 

Moi : eh oh !

Cyril : félicitations. Depuis quand ?

Moi déçue et froide : 2 mois. 

Je suis sortie de la chambre descendre me prendre un verre d’eau gazeuse. Je l’ai entendu me suivre peu après. Il s’est placé derrière moi en passant ses bras autour de mon ventre. 

Cyril : je suis heureux de cette nouvelle. Très. 

Moi : tu caches bien ta joie. 

Il s’est mis à me faire des bisous dans le cou et je savais comment ça finirait. 

Cyril : merci. 

-Cyril

Cycy : on s’est bien amusé avec tonton Valeri et maman Yoyo. 

Moi sourcils froncés : c’est qui ça tonton Valeri ?

Cycy : un ami à maman Yoyo. 

Elle le dit avant de continuer à me raconter son week-end. Il paraît évident que ce « tonton Valeri » est bien plus qu’un ami, mais ma fille est bien trop naïve pour le constater. Mais pour qui se prend-elle pour présenter son copain à ma fille ? Je suis pris d’une énorme colère mais ne montre rien à ma princesse encore excitée par son week-end. Mais dès qu’elle est allée se coucher j’ai foncé chez Yolande. 

Moi fou de rage : tu présentes ton copain à ma fille de quel droit Yolande ?

Yolande : …

Moi encore plus enragé : je te parle. 

Yolande : tu ne viens pas crier sur moi chez moi Cyril. Tu as quelque chose à me dire, un reproche à me faire, tu me parles posément et avec respect ou tu sors de chez moi. 

Moi : …

J’avais oublié à quel point elle avait du caractère. 

Yolande : alors ?

Moi plus calmement : c’est qui Valeri ?

Yolande : personne que tu connaisses. 

Moi : tu l’adore présenté à ma fille. 

Yolande : elle t’a alors dit qui il était pour moi. 

Moi : un ami ? C’est à moi que tu veux le faire croire ?

Yolande : je ne cherche pas à te faire croire quoi que ce soit. Je ne t’ai pas appelé pour te dire que j’avais un ami du nom de Valeri. 

Moi pliant mes poings : Yolande ?

Yolande : si c’est tout ce que tu as à me dire…

L’expression de son visage, son air sûre d’elle. Pourquoi est-ce que j’ai envie de la prendre dans mes bras, de la rassurer ? Peut-être parce que je sais que tout ceci n’est qu’une muraille, cette assurance n’est qu’une armure. Je la connais maintenant assez pour savoir quand elle fait semblant. 

Moi le plus calmement possible : qui est ce Valeri Yolande ?

Ses yeux brillent de colère mais pour une raison que j’ignore elle n’explose pas. Et pourtant c’est tout ce que j’attends, qu’elle se montre vulnérable pour que vienne à sa rescousse. Mais elle n’en fait rien. 

Yolande : tu n’as aucun droit, aucun Cyril de me poser cette question. Retourne chez ta femme. 

Moi d’une petite voix : Yoyo ?

Yolande hurlant : SORS !!!!

Je tente le tout pour le tout et avance vers elle. Elle ne bouge pas, elle tend juste sa main pour imposé une distance entre nous mais je n’ai pas l’intention de partir de chez elle sans cet câlin. Elle a beau se débattre, je ne lâche rien. Elle finit par se laisser faire. 

Moi : tu me manques Yolande. 

Yolande : je ne veux pas le savoir. 

Moi : et pourtant. 

Yolande : si tu as un minimum de respect pour moi, sors de chez moi. 

**Décembre** 

Patricia berçant Gabriel notre fils de trois mois : il serait temps qu’on commence les courses de fin d’année. Maman arrive la semaine prochaine. Et j’aurais besoin de sous pour le repas du réveillon. 

Moi : tu sais très bien que j’ai promis à Cyrielle que cette année on irait en Australie. 

Patricia : l’Australie va fermer ? Noël est une fête de famille. 

Moi : et on sera en famille en Australie. 

Patricia haussant le ton : quoi c’est Cyrielle qui décide d’où je passe mes vacances ? 

Moi : baisse d’un ton. Tu sais pourquoi je lui ai fait cette promesse. 

Patricia hystérique : j’en ai rien à foutre ! Ça commence à bien faire ! 

Je préfère sortir de la chambre. 

Patricia dans mon dos : il va falloir que tu le fasses un choix. J’en ai marre de toujours rouler en fonction de ta fille. J’en ai ma claque. Je t’ai donné un enfant moi aussi, un fils. Un héritier. 

Moi me retournant : et donc Patricia ? Tu vas à chaque fois me sortir cette menace ? Si tu veux t’en aller va t’en, pars. 

[Silence]

Moi enragé : si tu ne l’avais pas tant mis de côté, négligée, si tu ne lui avais pas dit que maintenant que j’aurai un garçon elle ne serait plus aussi importante, je n’aurai pas à lui faire cette promesse. 

Mais putain ! Qu’est-ce qu’elle t’a fait ? Pourquoi tu la détestes autant ? Tu crois vraiment que le sex de mon enfant détermine l’amour que je peux avoir pour lui ? Un héritier ? Je suis roi ? Je dois te rappeler que le royaume le plus puissant au monde est dirigé par une femme ? Qu’est-ce que Cyrielle t’a fait ?

Patricia le regard glacial : elle m’a fait qu’elle m’étouffe. Elle m’a fait que dans ma maison je dois marcher sur des œufs à cause d’elle. Je me demande qui d’elle ou moi couche avec toi. C’est le foyer de qui ici ?

Moi : j’irai en Australie avec ou sans toi. 

-Patricia 

Dès l’instant où Cyril et sa fille ont quitté la maison pour l’aéroport, j’ai plié bagage en direction de la Suisse. Cyril aime ses enfants, Gabriel autant que sa fille. Mais nous sommes en Afrique et faire un garçon à son homme est plus que fierté. Cyril doit comprendre que c’est moi qui monte sur lui et pas sa fille. 

J’ai passé un mois tranquille en Suisse, un autre en Belgique et le dernier en Espagne avant de rentrer dans mon pays. 

**Juin**

Maman : Patricia mon Dieu pourquoi tu es têtue comme ça ? Je t’ai parlé ici fatiguée. 

Moi : c’est quoi ?

Maman : ton mari demande le divorce pour abandon du domicile conjugal. Et s’il te prend ton fils ?

Moi avec désinvolture : pff !

Maman dépassée : Patricia !

Moi : maman, s’il veut divorcer laisse le faire. 

[DING DONG]

Moi me levant : laisse c’est pour moi. 

Je me lève et ce n’est qu’à ce moment qu’elle constate ma combinaison. 

Maman : c’est quel accoutrement pour une femme mariée ?

J’ai retiré mon alliance que j’ai posé sur le lit en même temps que je prenais ma pochette. 

Moi : mariée à qui ? Et je dors seule depuis six long mois ?

J’ai jeté un coup d’oeil à mon fils avant de sortir de la chambre rejoindre Charles. 

Charles sans voix : bonsoir toi. 

Moi : bonsoir. 

Charles : on y va ?

Moi lui tendant la main : je suis toute à toi. 

OKOUMBA pense qu’il est le seul homme sur terre ? J’en ai marre de me laisser marcher dessus par une gamine. S’il n’est pas prêt à faire la différence entre sa femme et sa fille, à savoir qu’elle est l’utilité de l’une ou de l’autre dans sa vie, bah… NEXT !!!

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