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Chapitre 7

Chapitre 7

L’Ombre veut être comme un chat, toujours sur la défensive, en position de gros dos, prêt à bondir. Ne faire confiance à personne, jamais. C’est sa ligne de conduite.

Pourtant, au départ, l’Ombre était plutôt docile : raisonnable, conforme à ce que l’on pourrait attendre d’un enfant parfait, voulant tellement leur faire plaisir ! Jusqu’au jour où l’Ombre a compris que quel que soit son comportement, rien ne serait jamais assez bien pour son père et sa mère !

Le souvenir de ce jour resté gravé dans sa mémoire.

Un matin, l’Ombre fouillait la chambre de ses parents pour mettre la main sur la console de jeu qu’on lui avait confisquée pour une motivation obscure. Dans sa recherche, L’ombre tomba sur un cahier corné, où une écriture fine et déliée, tracée au crayon à papier, se démarquait. L’Ombre crut d’abord que c’était celui de sa m... disons de la femme qui avait était présente depuis ses premières années, et que l’Ombre n’avait plus nommée autrement que par son prénom, Mercédès, depuis ce fameux jour.

Or, ce calepin était empli de mots dont la calligraphie lui était inconnue, alors que Mercédès, elle, laissait des Post-it partout dans la maison pour sommer les uns et les autres de suivre ses instructions : elle devait tout régenter, coûte que coûte.

Dans ce document, l’écriture était belle alors même que le contenu était horrible : il s’agissait d’un carnet intime racontant l’histoire de sa vraie mère biologique. Ce qu’elle avait subi était au-delà du supportable, une véritable plongée dans l’horreur. L’Ombre ne vit pas le temps passer, s’engouffrant dans les atrocités que renfermaient ces pages.

Ce document mettait à jour par la même occasion les faux semblants que l’Ombre vivait depuis son enfance. Les papiers d’adoption insérés de la couverture ne laissaient aucune part au doute.

L’Ombre ressentit tout à la fois la douleur du mensonge, le fait de ne plus avoir de certitudes sur sa vie, et le récit qu’on lui en avait fait, la colère et l’injustice de sa situation, qui lui firent mal comme autant de coups dans le plexus.

Mais en même temps, l’Ombre trouva enfin l’explication face aux non-dits ressentis intuitivement depuis son plus jeune âge, et comprit que rien n’était de sa faute, mais bien de la leur !

Ses parents n’étaient plus que des êtres détestables, et à partir de ce jour, l’Ombre allait le leur faire payer : plus d’enfant sage, plus de règle et de loi !

L’Ombre ouvrit le tiroir de gauche, et eu un sourire amer en apercevant la console de jeu. Que serait-il arrivé si ce tiroir-là avait été ouvert en premier ? L’Ombre n’aurait rien su de l’ouragan qui dévastait à présent l’intérieur de son corps, de sa tête. Mais le ressentiment ne servait à rien : ne valait-il pas mieux tout connaître, malgré le prix à payer ?

Depuis lors, l’Ombre fomentait sa vengeance : c’était important de passer à l’acte, par loyauté pour sa mère et pour suppléer à la justice qui avait fermé les yeux sur ses abominations.

C’était le moment, puisque son intégration dans leur antre était maintenant effective. Aucun regret : place à la colère et à la fureur !

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