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Chapitre 2 Un couple parfait

Léa a pris soudain conscience que le rapport de voyage de Pierre, daté de deux mois en arrière, détaillait un voyage d’affaires d’une semaine.

Elle s’est emparée de son téléphone avec une telle vigueur que ses doigts en pâlissaient.

Serait-ce lui qui l’avait trompée ? Cependant, en tant qu’épouse secrète de Pierre et secrétaire du groupe, elle n’avait jamais entendu de telles rumeurs à son égard.

« M. Martin est vraiment attentionné envers sa petite amie. Oh, je l’envie beaucoup, je veux aussi être la petite-amie d’un tel homme éminent. »

« Il semble que l’annonce officielle de leur relation ne saurait tarder ! »

Les murmures animés des infirmières sont parvenus à l’oreille d’Léa.

« Je me suis déjà renseignée sur Internet. Tu vois si cette personne correspond ? »

L’infirmière qui poussait le chariot d’instruments a pris le téléphone portable de sa collègue à côté et a jeté un coup d’œil avant de s’exclamer, surprise : « Oui, oui, c’est bien elle ! Mon Dieu, la fille de la famille Leroux. J’avoue qu’elle est la parfaite égérie pour Pierre, une union idéale ! »

Les deux femmes continuaient à discuter, leurs voix s’évanouissant peu à peu.

La famille Leroux ? S’agissait-il de la famille qui dirigeait le groupe immobilier Immo-Leroux ?

Après avoir finalisé les formalités de sortie, Léa est montée dans la voiture envoyée par la gouvernante, mais son cœur refusait de retrouver la tranquillité.

Sous la fenêtre légèrement entrouverte du véhicule, l’écran faiblement lumineux de son téléphone éclairait son visage angoissé. Elle a effectué de nombreuses recherches en ligne, mais aucune information sur les familles Leroux et Martin n’est apparue. Cette absence d’information concernant deux familles aussi influentes à Océville paraissait extrêmement anormale.

De retour au manoir de la famille Martin, les lumières du salon étaient toujours allumées. Sa belle-sœur, qui avait toujours manifesté de l’hostilité à son égard, était absente, mais seule la vieille madame Martin, Yvette, l’attendait, soutenue par sa canne.

« Chère, je suis si heureuse que tu sois saine et sauve ! J’ai eu tellement peur, j’ai cru que j’allais faire une crise cardiaque ! »

« Mémé, ne t’inquiète pas, je vais bien », a-t-elle répondu en forçant un sourire. Elle était si fatiguée qu’elle cherchait une excuse pour se retirer : « Je suis crevée, donc je veux monter pour me reposer. »

« Va te reposer, mon enfant. J’ai déjà demandé à quelqu’un d’informer Pierre de ton accident, je suis certaine qu’il rentrera bientôt ! »

Lorsqu’elle a entendu le nom de cet homme, Léa a fait une pause et est restée figée un instant. Le fardeau de la trahison s’est abattu sur elle à nouveau, déformant son visage de douleur.

« Ont-ils réussi à contacter Pierre ? » s’est-elle demandé en son for intérieur.

Si tel était le cas, il semblait que... le refus de Pierre de répondre à son appel n’était pas dû à son emploi chargé, mais plutôt à son désir d’éviter tout contact avec elle…

Yvette avait recommandé à Léa de rentrer chez elle, pensant que toute son affliction découlait de la solitude. Cependant, elle ne savait pas que la détresse de cette jeune femme était la conséquence de l’ingérence d'une tierce personne dans la relation entre elle et Pierre, et que cette tierce personne, à présent enceinte, était devenue comme une épine dans le cœur de Léa.

Toutes les actions qu’elle avait entreprises pour cet homme lui semblaient désormais insignifiantes.…

Pierre est revenu au manoir la nuit suivante. Quand il est entré, la pièce était plongée dans l’obscurité. Il a allumé doucement la lumière, dévoilant son expression contrariée.

« Tu ne dors pas ? Pourquoi n’as-tu pas allumé la lumière ? » a-t-il demandé en découvrant le visage fatigué de Léa.

En réalité, Léa était restée alitée toute la journée sans prendre de repas ni de boisson. Le repas que la gouvernante avait déposé sur la table de nuit était froid.

« Ces deux derniers jours, où étais-tu ? » a-t-elle questionné en gardant le dos tourné, sa silhouette paraissant fragile. Dans sa voix rauque, on pouvait déceler de la fatigue et de la lassitude.

Pierre a ôté sa veste de costume, et lorsque sa question est parvenue à ses oreilles, il avait clairement eu un sursaut, sa main s’immobilisant brusquement. Ses sourcils se sont froncés avec une intensité féroce tandis qu’il regardait la femme sur le lit.

C’était la première fois en trois ans de mariage qu’il entendait cette femme demander avec ce ton précis là où il se trouvait.

« Il s’est passé quelque chose à la branche à Liville, je suis allé régler quelques affaires », a-t-il répliqué froidement, défaisant sa cravate d’un geste agacé avant de se diriger rapidement vers la salle de bains.

« Vraiment ? » Léa a ri doucement, mais il s’agissait d’un rire teinté de moquerie.

La seconde suivante, sa voix calme et retenue a retenti de nouveau : « Mais j’ai consulté ton assistante personnelle, et ton emploi du temps ne prévoyait pas de voyage à Liville. » L’interrogation et l’accusation étaient clairement perceptibles dans ses mots.

« Que cherches-tu à insinuer exactement ? » a demandé Pierre, s’arrêtant net à la porte de la salle de bains. Même sans croiser son regard, Léa pouvait sentir l’aura pesante qui l’entourait. C’était le prélude à la colère imminente de cet homme.

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