CamilleDeux jours. Il n’en a fallu que deux.Je n’ai pas écrit. Je n’ai pas appelé. J’ai laissé mon absence s’étirer comme un voile de brume. Et c’est elle qui m’a tendu la main, comme prévu. Éléa m’a proposé un déjeuner. « Juste comme avant », a-t-elle dit. Elle voulait me montrer ses photos de voyage, partager une recette de soupe thaï qu’elle avait testée à Chiang Mai. Une bulle tranquille. Hors du tumulte.J’ai dit oui, évidemment. Avec cette douceur qui me colle à la peau. Pas trop d’enthousiasme. Pas de froideur non plus. Juste ce qu’il faut pour qu’elle n’y voie rien.Midi. Robe fluide ivoire, nouée à la taille. Chignon flou, quelques mèches libres. Parfum discret mais enveloppant , floral, boisé, un souffle chaud. Il s’accroche à moi comme une promesse.Il était là, déjà, dans la cuisine. Dos droit, penché sur son ordinateur. Un café à moitié bu, l’écran comme prétexte. Quand j’ai franchi le seuil, il n’a rien dit.Mais ses yeux ont suffi.Ils m’ont cherchée, puis suspendue.
CamilleIl s’appelle André.Et il est beau, d’une beauté discrète, presque effacée, mais d’autant plus fascinante qu’elle ne cherche jamais à se montrer. Pas de ces hommes qui pavannent ou qui séduisent à grand renfort de sourires étudiés ; non, André est l’exact opposé : il vous regarde avec cette fixité tranquille, il vous écoute comme si chaque mot comptait, et il impose par sa seule manière d’être, sans hausser la voix, sans aucun besoin d’artifice.Et c’est précisément ce qui m’attire.Ce qu’il retient, je veux le faire jaillir. Ce qu’il contient, je veux le faire déborder.Et surtout , surtout , il est à Éléa.Cela, c’est le nœud du désir, le cœur palpitant de l’interdit : ce qui m’appartient n’a jamais eu autant de goût que ce qui ne m’était pas destiné. Et ce soir, alors que je franchissais le seuil de leur appartement avec un sourire doux et des talons sûrs, j’ai vu dans ses yeux ce que je cherchais sans le chercher : une faille. Une infime hésitation, à peine un battement de
Ma meilleure amie avec mon mariJe m'appelle Éléa. Et j’ai toujours cru que le monde m’appartenait. Mon mari , ma meilleure amie. Ma vie parfaitement dessinée, cadrée, maîtrisée. Jusqu’à ce soir-là.Je ne devais pas être là. Ils ne m’ont pas vue.Ils ont cru être seuls.Ils ont cru que le silence les protégeait, que l’obscurité effaçait leurs fautes. Mais j’étais là. Derrière la porte entrouverte. Derrière le battement trop rapide de mon cœur.Je les ai regardés. Et tout ce que j’étais a basculé.Elle le touchait comme si elle le connaissait par cœur. Il l’embrassait comme il ne m’avait plus embrassée depuis longtemps. Elle gémissait son prénom mon prénom à moi et lui la prenait comme s’il voulait la marquer à jamais. Et moi… moi, j’ai senti quelque chose mourir. Et renaître, tout aussi violemment.J’ai pleuré, oui. Mais sans bruit. J’ai serré les dents jusqu’au sang. Et quand j’ai quitté le couloir, personne ne s’est douté de rien.Depuis, je souris. Je joue mon rôle. Je les laisse c
MayaDemain, tout recommence. Le réveil, les embouteillages, les mails, les sourires forcés, la robe sage, les jambes croisées, les appels en visio, le clavier qui claque pendant que je tente de ne pas penser à ce que je suis vraiment. Demain, la lune de miel sera finie. Mais pas encore. Pas ce soir. Pas tant que je suis là, nue, entre les draps défaits, entre deux corps, deux hommes, deux désirs qui me regardent comme s’ils allaient me dévorer.Noé est derrière moi, possessif, presque animal, sa paume plaquée contre ma nuque, sa cuisse calée entre les miennes pour m’ouvrir sans effort, tandis que devant moi, il y a cet autre homme, celui qu’il a choisi, qu’il a observé avant de me l’offrir comme un dernier vertige, un cadeau de fin de voyage. Son regard brûle contre ma peau, sa langue trace une ligne invisible entre mes seins, son souffle accroché à ma gorge.— Tu sais que c’est la dernière nuit, ma femme, murmure Noé derrière moi.Je hoche la tête, incapable de parler, ma bouche déj
MayaIl reste en moi longtemps après que le silence ait repris possession de la pièce. Je sens encore leurs traces sur ma peau, dans mes plis, entre mes jambes humides et offertes comme une prière qu’on n’a pas osé finir. Noé dort à côté de moi, le visage apaisé, les cheveux collés à son front trempé. Sa main encore posée sur ma hanche nue me retient comme un lien invisible. L’autre homme est déjà parti. Sans un mot. Comme il était venu. Me laissant pleine. Me laissant marquée. Comblée. Et j’aime ça. J’aime cette façon qu’ils ont eue de me posséder ensemble, comme un cadeau qu’ils s’accordaient à travers mon corps ouvert.Je me redresse lentement. Ma robe traîne au sol, froissée, humide, témoin de l’ardeur de la nuit. Chaque pas est une morsure douce dans mon sexe encore dilaté. Mais je souris. Je m’étire. Je laisse mes seins nus frôler l’air du matin et mes cuisses encore luisantes se frotter l’une contre l’autre. J’avance vers la salle de bain. L’eau chaude ruisselle entre mes jambe
MayaLa porte du chalet se referme dans un souffle étouffé, la nuit étire ses bras sombres autour de nous, et le silence de la forêt palpite comme une attente contenue, comme un gémissement retenu dans l’ombre, on n’a presque pas parlé pendant le trajet, Noé a conduit tout du long avec sa main posée sur ma cuisse nue, ses doigts dessinant des cercles lents juste sous ma jupe, remontant parfois jusqu’à la naissance de ma culotte en dentelle, s’arrêtant tout juste avant, comme pour me rappeler ce qui nous attendait, ce qu’on avait décidé, ce que je lui avais promis .Son regard restait fixé sur la route mais je sentais son corps vibrer, brûler, se tendre sous la tension, sous le désir trop longtemps contenu, et je ne disais rien, je laissais monter cette tension, je la nourrissais du bout des lèvres, d’un soupir, d’un frisson .Je sais ce qu’il veut, je sais ce qu’il m’a demandé dans un murmure tremblant, je sais ce que je lui ai offert avec un sourire et les yeux brillants, ce fantasme