Chapitre 4

J'ai ouvert la bouche pour expliquer, mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, Kitty s'est mise à crier qu'elle voulait monter voir un dessin animé.

Sébastien a posé immédiatement sa fourchette et nous a déclaré : « Je vais la monter. »

À peine lui et Kitty étaient-ils partis, que Lorie a essuyé rapidement ses larmes et m'a lancé un regard méprisant : « Alors, Estelle ? Cinq ans de faux mariage, ça donne quoi ? Ah, au fait... Kitty est ma fille. Tu ne le savais pas ? »

Elle s'est téléportée devant moi, son regard glacial : « Moi et Sébastien, nous sommes le véritable couple légal. Si tu as un peu de dignité, tu filerais immédiatement au lieu de traîner ici ! »

En disant cela, elle a pris un morceau de pain sur la table et l'a fourré dans ma bouche : « Espèce de vermine ! Tu mérites bien ce venin ! »

Le goût amer a envahi ma bouche, et rapidement ma gorge s'est mise à enfler. Je suis tombée au sol, incapacité à respirer.

Les oreilles de Lorie ont frémi, et d'un geste brusque, sa main s'est transformée en une griffe de loup, qu'elle l'a utilisée pour se taillader violemment la poitrine. Le sang a jailli, tachant sa chemise blanche de rouge. Puis, elle s'est mise à crier dans une douleur horrible,

« Estelle, ne me tue pas ! Je n'aurais pas dû venir chez vous, je vais partir… Laisse-moi la vie… »

« LORIE ! » Sébastien a dévalé l'escalier, son visage déformé par l'horreur.

Il a pris Lorie dans ses bras et m'a jeté un regard plein de colère : « Tu es folle, Estelle ? Lorie t'a fait un petit déjeuner avec toute sa bonne volonté, elle est même restée pour accompagner notre enfant, et toi, tu lui fais ça ? Tu es insupportable ! Dès que nous reviendrons de l'hôpital, je veux que tu t'excuses auprès d'elle ! »

Lorie, affaissée dans les bras de Sébastien, m'a lancé un regard de triomphe.

Sébastien l'a portée dehors sans même me jeter un regard, moi, souffrant des effets du venin.

Je sentais mon ventre brûler, ma louve hurlait de douleur.

Je luttais contre la souffrance, avançant lentement vers la table de chevet où se trouvait l'antidote. Une fois le remède pris, les symptômes de suffocation ont commencé à disparaître, mais mon cœur, lui, était déjà rempli de désespoir.

J'ai regardé la photo de mariage de Sébastien et moi accrochée au chevet. Je l'ai retirée, ainsi que toutes les photos de nous deux, grandes et petites, dans l'armoire. Toutes les choses que Sébastien m'avait offertes au fil des années : la bague, le collier de crocs de loup, le sac en fourrure, la pierre lunaire, la sculpture en bois... Je les ai sortis et les ai détruits.

Même le jardin de roses qu'il avait planté de ses mains, je l'ai brûlé.

Tout était fini. Je n'avais plus besoin de rien, pas même de Sébastien. À partir de demain, il ne ferait plus partie de ma vie !

Mon père agissait vite. L'après-midi même, la personne qu'il avait envoyée est arrivée, et m'a aidée à finaliser ma sortie de la Meute de Lune Blanche. Ensuite, il m'a prise, moi, la faible, et nous sommes partis sans se retourner de cet endroit qui m'avait tant fait souffrir.

À l'hôpital, Sébastien était assis près du lit de Lorie. Il ne cessait de tourner en rond, perturbé, et Lorie l'a appelé plusieurs fois sans qu'il l'entende.

« Sébastien, ma poitrine me fait mal, mais ne blâme pas Estelle. Elle est juste jalouse de me voir avec toi et Kitty… Et je... »

Des coups précipités à la porte l'a interrompue. Milo est apparu, l'air paniqué, et a déclaré précipitamment : « Estelle a disparu. Le Conseil des affaires a trouvé qu'elle avait soumis une demande de sortie de la meute cet après-midi. »