DanielLe bruit du métal contre le sol, des chaînes qui s’entrechoquent, me parvient comme un écho lointain, étouffé par la violence de la confrontation. Gabriel se relève, une lueur de défi dans ses yeux. Ce n’est pas la surprise, cette fois. Non, il est plus calculateur que ça, plus intelligent. Il sait que ça ne finira pas ici. Il sait que je suis venu pour l’affronter, que cette rencontre est la dernière chance de tout effacer, tout brûler. Et pourtant, il me regarde comme si rien n’avait changé.Mais quelque chose en lui, quelque chose d’invisible, commence à vaciller. C’est la peur, je le vois dans son regard. Ce n’est pas de la peur de la mort. Ce n’est pas de la peur de moi. C’est la peur d’avoir tout perdu. La peur de perdre sa domination. La peur de voir son empire s’effondrer sous le poids de ses propres mensonges.Je n’ai pas le temps de réfléchir à ce qu’il pourrait encore faire. Je suis déjà en mouvement, une impulsion brute qui me propulse vers lui, prêt à tout détruire
RoxaneJ’adore les défis. C’est ce qui me fait vibrer, ce qui m’anime. Je ne recule devant rien, et surtout pas devant un poste en or. Assistante du grand Elias Grayson ? Le PDG le plus redouté du milieu, celui qui broie ses employés comme des pions sur un échiquier ? Un homme aussi brillant que glacial, dont la seule présence fait trembler les murs de son empire ? Je le veux.Alors, quand je pousse les portes du gratte-ciel imposant qui abrite Grayson Corporation, un frisson d’excitation me parcourt l’échine. J’ajuste ma veste en cuir sur mon chemisier immaculé, redresse le menton et entre dans le hall de marbre avec l’assurance d’une reine en territoire conquis.— Roxane Belmont, j’ai rendez-vous.La réceptionniste, une blonde tirée à quatre épingles, me jette un regard neutre avant d’annoncer mon arrivée par téléphone. Quelques secondes plus tard, une femme à la silhouette élancée apparaît. Cheveux impeccablement tirés en un chignon strict, tailleur cintré, regard perçant.— Natali
RoxaneLundi matin. Sept heures précises.Je me tiens devant la tour Grayson Corporation, un café brûlant dans une main et mon sac dans l’autre. Mon cœur bat vite, mais pas d’appréhension. De l’excitation pure. J’entre avec l’assurance d’une femme qui sait exactement où elle va.Les ascenseurs sont déjà en mouvement, la machine bien huilée d’un empire qui ne dort jamais. Les employés se pressent, murmures et dossiers sous le bras, tous absorbés par leurs responsabilités. Je me fonds dans cette cadence, déterminée à m’imposer dès le premier jour.Quand j’arrive à l’étage du PDG, Natalia est déjà là. Impeccable, comme toujours. Elle m’attend devant le bureau de verre qui sera désormais le mien.— Pile à l’heure, constate-t-elle avec une pointe d’amusement.— Toujours, rétorqué-je en lui lançant un sourire.Elle incline légèrement la tête, me détaillant comme un prédateur jaugerait une proie.— Elias déteste les retards. Il aime que tout soit fait avant même qu’il ne le demande. Si tu ve
RoxaneTroisième jour chez Grayson Corporation, et je commence à comprendre la mécanique du monstre. Ici, tout est une question de précision, d’anticipation et de domination. Elias Grayson ne laisse rien au hasard. Ni son emploi du temps, ni ses décisions, ni les gens qui l’entourent.Je l’ai observé toute la matinée, entre deux prises de notes et trois réorganisations de son planning. Il parle peu, écoute beaucoup. Quand il pose une question, c’est toujours pour mettre son interlocuteur face à ses propres faiblesses. Et moi, je suis là pour m’assurer qu’il ne perde jamais une seconde.À onze heures, il sort d’une réunion et passe devant mon bureau sans un regard. J’attrape un dossier et me lève aussitôt.— Monsieur Grayson, voici le compte rendu de la réunion avec les actionnaires.Il s’arrête net, pivote vers moi et tend la main. Je le regarde prendre le dossier, le feuilleter rapidement, puis relever les yeux vers moi.— Vous avez ajouté des suggestions.— Des points d’amélioration
RoxaneJe n’aime pas être prise de court.Quand Elias est parti déjeuner avec Caldwell, je me suis précipitée sur mon ordinateur pour éplucher tous les dossiers récents liés à cet investisseur. Son historique, ses précédentes collaborations, ses habitudes de négociation. J’ai noté chaque détail utile.Mais ce n’est pas ce qui me dérange.Ce qui m’irrite, c’est que mon nom circule déjà dans les hautes sphères. Trois jours à peine, et je suis sur le radar de personnes qui ne devraient même pas savoir que j’existe.Je devrais m’en réjouir. Être repérée signifie que je fais bien mon travail. Mais dans un environnement comme celui-ci, où chaque mouvement est scruté, cela signifie aussi que je suis une cible.Quand Elias revient de son déjeuner, il passe devant mon bureau sans un mot, les traits impassibles.— Monsieur Grayson ?Il s’arrête, me fixe un instant.— Caldwell a signé ? demandé-je.— Il voulait prendre son temps, mais j’ai su le convaincre.Je plisse légèrement les yeux.— Et co
RoxaneJe suis épuisée. Pourtant, mon esprit est en ébullition.Depuis mon arrivée chez Grayson Corporation, chaque jour est une bataille. Une course contre la montre, contre les attentes, contre moi-même. Je dois être parfaite. Précise. Intouchable.Et pourtant, il y a une faille.Une faille qui porte un costume sur mesure et qui a le regard perçant d’un homme habitué à gagner.Elias Grayson.Il me teste, m’observe, m’attend au tournant. Et pire encore : il semble s’amuser.Ce matin, en arrivant au bureau, je trouve une pile de dossiers sur mon bureau. Des demandes, des contrats, des modifications de dernière minute. Il ne m’a pas donné d’instructions, mais je sais ce que cela signifie.Un défi.Je m’installe et me mets au travail. Mes doigts courent sur le clavier, mes yeux analysent chaque détail. Je refuse de me laisser dépasser.Deux heures plus tard, j’ai tout bouclé. Je rassemble les documents et frappe à la porte de son bureau.— Entrez.Je pousse la porte et m’avance, les dos
RoxaneSi Elias pensait que je laisserais tomber aussi facilement, il se trompe.Je veux savoir ce qui est arrivé à Lena.Je n’ai jamais été du genre à suivre aveuglément les règles. Alors, quand on me met un mur devant le nez, je le contourne, je l’escalade ou je le fais exploser.Assise à mon bureau, j’ouvre discrètement mon ordinateur et tape le nom de Lena dans le moteur de recherche interne de l’entreprise. Résultat : accès restreint.Évidemment.J’essaie une autre approche, en cherchant dans les archives des ressources humaines. Rien. Pas même une trace de son départ.C’est comme si elle n’avait jamais existé.Je suis sur le point d’abandonner quand un nom attire mon attention : Benjamin Huxley.L’ancien directeur financier. Viré l’année dernière.Je trouve son adresse email personnelle et, sans réfléchir, je lui envoie un message."Bonjour,Je suis Roxane Morel, récemment embauchée chez Grayson Corporation.Je cherche des informations sur Lena. Vous pouvez m’aider ?"J’appuie s
RoxaneJe sens les regards sur moi.Depuis ma conversation avec Elias, tout semble s’être intensifié. L’atmosphère est plus lourde, les silences plus pesants. Comme si tout le monde savait que j’avais mis les pieds dans un territoire interdit.Mais ce n’est pas ce qui me perturbe le plus.C’est Elias.Depuis notre échange, il n’a pas cherché à m’arrêter. Il m’a prévenue, oui, mais sans réelle menace. Au contraire, c’est presque comme s’il attendait de voir ce que je ferais.Comme un prédateur qui laisse sa proie courir un peu avant de frapper.Je refuse d’être cette proie.Alors, je continue à fouiller.Benjamin Huxley m’a dit de ne plus le contacter, mais j’ai appris une chose essentielle dans ce métier : tout le monde parle, si on sait comment s’y prendre.Je cherche une autre piste.Et cette piste, c’est Natalia.Elle est proche d’Elias. Trop proche. Si quelqu’un connaît les secrets de cette entreprise, c’est elle.Je la trouve dans son bureau, concentrée sur des documents. Elle lè
DanielLe bruit du métal contre le sol, des chaînes qui s’entrechoquent, me parvient comme un écho lointain, étouffé par la violence de la confrontation. Gabriel se relève, une lueur de défi dans ses yeux. Ce n’est pas la surprise, cette fois. Non, il est plus calculateur que ça, plus intelligent. Il sait que ça ne finira pas ici. Il sait que je suis venu pour l’affronter, que cette rencontre est la dernière chance de tout effacer, tout brûler. Et pourtant, il me regarde comme si rien n’avait changé.Mais quelque chose en lui, quelque chose d’invisible, commence à vaciller. C’est la peur, je le vois dans son regard. Ce n’est pas de la peur de la mort. Ce n’est pas de la peur de moi. C’est la peur d’avoir tout perdu. La peur de perdre sa domination. La peur de voir son empire s’effondrer sous le poids de ses propres mensonges.Je n’ai pas le temps de réfléchir à ce qu’il pourrait encore faire. Je suis déjà en mouvement, une impulsion brute qui me propulse vers lui, prêt à tout détruire
ÉliasOn roule depuis des heures.Le vent cogne contre les vitres comme s’il voulait entrer.Roxane ne parle pas. Elle garde les yeux rivés sur la route, les doigts crispés sur le volant, comme si lâcher le volant risquait de la faire sombrer.Moi, je pense à Alma.À son silence.À ses yeux quand je suis parti.J’ai cru que c’était nécessaire. Qu’on n’avait pas le choix.Mais chaque kilomètre me prouve le contraire.Chaque seconde sans elle est un poison.— On arrive, murmure Roxane.Je hoche la tête.On a trouvé un abri temporaire dans une vieille maison abandonnée, planquée dans une zone industrielle hors réseau.Mais ce n’est pas la sécurité que je cherche.C’est un sens à tout ça. Un sens à la douleur, aux cris étouffés, aux souvenirs déchiquetés.On entre. Le parquet grince. L’humidité suinte des murs.Des odeurs de moisissure et de rouille flottent dans l’air, comme un avertissement.Mais au moins ici, personne ne nous verra mourir.Roxane installe l’ordinateur. Je referme les r
AlmaLe sang me martèle les tempes.Je suis seule.Du moins, je le crois.Assise sur les marches froides de l’appartement déserté, je serre mes bras autour de moi comme si ça suffisait à faire taire ce qui hurle à l’intérieur.La lumière du soir filtre à peine par les persiennes.Un silence épais règne, saturé d’absences.Elias ne répond pas.Je sais pourquoi.Je sais qu’il est parti avec Roxane.Je sais qu’il m’a laissée en arrière, encore une fois, et que ce choix, même s’il était stratégique, me brûle comme une trahison.Il a préféré l’action à l’explication.Le risque à la confiance.Mais je ne pleure pas.Je ne cède pas.Pas encore.Un bruit.Quelque chose de léger. Un froissement.Je relève la tête, le cœur au bord des lèvres.— Tu comptes rester là combien de temps ?La voix est douce, traînante, ironique.Roman Toujours là quand Elias disparaît.Je ferme les yeux une seconde.Respire.Essaie de ravaler tout ce qui monte.— Ce n’est pas le moment, Soren.— C’est toujours le mo
EliasL’air est chargé de tension.Alix tient toujours cette foutue clé USB entre ses doigts, la faisant tourner lentement comme si elle dictait le rythme du monde. Devant elle, Ezekiel Dante ne cille pas. Derrière lui, son équipe, des ombres prêtes à frapper. De mon côté, Roxane serre son arme, Lucian Blackwood reste en retrait, savourant chaque seconde de cette confrontation comme un spectacle privé.Et moi ?Je suis au bord de l’explosion.— Donne-la-moi, Alix.Ma voix est basse, tranchante.Elle rit doucement.— Pourquoi ferais-je ça ?— Parce que si tu me la donnes pas, je te la prends.Son sourire s’élargit.— Tant d’agressivité, Elias.Ezekiel lève une main, un geste calculé.— Pourquoi lui, Alix ? Pourquoi pas moi ?Alix lève un sourcil, faussement étonnée.— Oh, Ezekiel… Toujours aussi direct.Elle s’avance d’un pas, ignorant la tension palpable dans la pièce.— Tu veux la clé ?Elle la fait glisser entre ses doigts avant de la lever bien haut.— Viens la chercher.Le mouveme
EliasLondres.Les rues humides brillent sous les néons, les taxis filent dans le chaos ordonné de la ville, et moi, je suis là, dans cette voiture banalisée, le regard rivé sur un immeuble à la façade austère.— Elle est bien là-dedans ? demande Roxane, assise à côté de moi.Je serre la mâchoire.— Son vol a atterri il y a trois heures. Elle n’a pas eu le temps d’aller ailleurs.Lucian Blackwood n’est pas du genre à faire attendre ses alliés. Ou ses pions.Roxane tapote nerveusement le tableau de bord.— Et notre plan ?Je lui jette un regard.— On entre. On récupère les fichiers. Et si elle résiste…Je ne finis pas ma phrase.Elle comprend.Roxane me lance un sourire en coin.— Parfait.Elle aime ça. Le risque. L’adrénaline. L’affrontement.Et moi ?Moi, je veux juste en finir.Je sors de la voiture et traverse la rue sans hésiter. Roxane me suit de près.Le bâtiment est sécurisé. Évidemment.Mais j’ai toujours une longueur d’avance.Je glisse une carte falsifiée dans le lecteur de
---RoxaneJe cours.Les talons de mes chaussures claquent sur le sol encore tiède de l’incendie, l’odeur du plastique brûlé s’accroche à mes vêtements, à ma peau. Chaque inspiration me rappelle que nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre.Alix croit m’avoir dépassée.Elle se trompe.Je n’ai jamais perdu une guerre de territoire sans me battre jusqu’à la dernière goutte de sueur, jusqu’à la dernière étincelle de rage.Elias est à mes côtés, son souffle court, son regard acéré.— On va où ? demande-t-il entre deux foulées.— Si elle a volé des données, elle doit les transférer. Et pour ça, elle a besoin d’un réseau sécurisé.Je dégaine mon téléphone, tapant à toute vitesse sur l’écran fissuré.Le nom d’un hacker s’affiche. Un allié de longue date. Un homme qui sait tout sur le marché noir numérique.« On a une brèche. Vérifie les canaux clandestins. »Quelques secondes plus tard, la réponse claque.« Trafic suspect. Borne privée. Hôtel Blackwood. Suite 1203. »Je relève la tê
RoxaneLe jeu n’est pas fini.Je le sens dans chaque battement de mon cœur, dans chaque frisson qui parcourt ma peau alors qu’Alix s’éloigne. Elle ne partira pas sans tenter un dernier coup. Elle n’abandonne jamais.Mais moi non plus.À côté de moi, Elias croise les bras, observant le parking désert d’un air pensif.— Elle va contre-attaquer.Je hoche la tête.— C’est ce que j’espère.Il se tourne vers moi, un éclat de curiosité dans le regard.— Tu as déjà ton prochain mouvement ?— Depuis le début.Il sourit légèrement.— Montre-moi.Je sors mon téléphone, fais défiler les documents que j’ai copiés. Des preuves de détournement de fonds. Des transactions effacées. Des comptes offshore reliés à des entreprises fantômes.Alix n’est pas qu’une manipulatrice.C’est une criminelle.— J’ai de quoi la faire tomber. Officiellement.Elias observe l’écran, son sourire s’étire.— Et officieusement ?Je relève les yeux vers lui.— Je veux qu’elle sache que je peux la détruire. Mais je veux aussi
EliasLes coups sont partis.Alix a frappé la première. C’était prévisible. C’était inévitable.Mais Roxane…Elle ne s’effondre pas.Elle se bat.Et c’est exactement ce que j’attendais d’elle.Assis dans mon bureau, j’observe la porte close. Elle va venir. C’est une certitude. Je l’ai laissée avec cette clé USB, un fil tendu entre nous.Quand elle l’utilisera, elle comprendra.Quand elle reviendra, je saurai si elle est prête à aller jusqu’au bout.Trois coups secs résonnent.— Entre.La porte s’ouvre. Roxane franchit le seuil, le regard brûlant.Elle est venue plus vite que prévu.Je referme mon ordinateur et me penche en avant.Elle s’avance, s’arrête devant mon bureau.— C’est quoi, cette clé ?Sa voix est tranchante. Une lame bien affûtée.Je croise les mains sous mon menton.— Je croyais que tu aurais déjà trouvé la réponse.Elle serre les dents.— J’ai vu les fichiers. Des accès aux serveurs, des relevés de connexion… et un dossier entier sur Alix. Tu m’espionnes ?Je souris lég
RoxaneIl faut être prêt à tout dans ce monde.Je le savais en intégrant cette entreprise, je le savais en défiant Alix, je le savais en jouant avec Elias.Mais ce que je ressens en franchissant la porte de la salle 12 dépasse toutes mes attentes.Ils sont trois.Trois visages neutres, trois personnes du service RH assises autour d’une table en verre, avec des dossiers ouverts devant elles.L’une d’elles, une femme aux cheveux courts et au tailleur beige impeccablement repassé, m’adresse un sourire poli.— Asseyez-vous, Mademoiselle Lenoir.Mon cœur bat vite. Trop vite. Mais je ne laisse rien paraître.Je m’installe, croisant les jambes avec une lenteur calculée.— On peut m’expliquer ce qui se passe ?Un homme d’âge mûr, crâne légèrement dégarni, joint les mains sur la table.— Des anomalies ont été relevées dans plusieurs de vos dossiers récents. Des erreurs d’affectation, des documents signés en double, et dans certains cas… des données qui ne correspondent pas aux fichiers de réfé