~~~~~ Veronica White ~~~~~ Après ma dispute avec Rick, je rentre directement chez moi. Je n'ai ni la force ni l'envie de travailler aujourd'hui. De toute façon, personne ne me licenciera et personne ne me demandera des comptes. Je gars m'a voiture dans le garage du manoir et je descends. Je me dirige vers le bâtiment principal sans attendre. Je jette mes clés sur le guéridon à l’entrée. Elles glissent et tombent au sol. Je les regarde, mais je ne me baisse pas pour les ramasser. J’ai mal aux tempes. Je suis épuisée et écorchée de l’intérieur. J’enlève mes talons avec agacement et les balance dans un coin du salon. _ Mauvaise journée ? fait une voix posée derrière moi. Je sursaute légèrement et me retourne. C'est Théo. Il est assis sur l’un des fauteuils en cuir, un verre de vin à la main. Toujours calme. Toujours discret. Il m'attendait, comme toujours. Il a les clés et ma confiance. L’une des rares personnes à l’avoir encore. _ Mauvaise vie, murmuré-je. Il me re
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Deux heures plus tard, je suis toujours assise dans mon salon, le regard perdu dans le vide, mais le cœur en feu. Il n'est toujours pas rentré et il n'est pas non plus au travail. Il est sûrement toujours en train de la chercher et moi, comme une idiote, j'espère qu'il changera d'avis et qu'il me reviendra. Je serre les poings. Mon cœur me fait mal, horriblement mal. Je l’aime. Je l’aime comme une folle, comme une femme désespérée qui s’accroche à ce qui lui reste. Mais lui ? Il pense à elle. À cette femme que j’aurais dû éliminer il y a six ans. Au lieu de la faire partir en courant, j'aurais dû lui tirer une balle entre les deux yeux. Puis mon téléphone vibre. C'est sûrement un message. Je le prends et je lis ce qui est écrit : « Dossier complet envoyé. Vérifiez votre boîte sécurisée. » Enfin. Je me redresse, le souffle court, et je prends ma tablette. J’entre mon mot de passe, l'écran s’illumine, et je tombe nez-à-nez avec son nom. CASSA
Il reste silencieux un long moment. Il ne me juge pas. Il ne me regarde pas avec horreur, ni surprise. Il me connaît. Il m’a vue dans mes pires états. Il sait ce que je suis capable de faire, et ce que je refuse de perdre. Puis, enfin, il parle. _ Si tu vas jusqu’au bout de ce que tu dis, Veronica, y’aura pas de retour possible. Sa voix est calme, posée. Il ne me menace pas. Il m’avertit. Comme il l’a toujours fait. Je me lève, croise les bras. _ Tu crois que je ne le sais pas ? _ Tu sais très bien que si Rick découvre que tu lui as caché ses enfants, ce sera fini. Et je ne parle pas juste de votre relation. Il te haïra. Il ne te pardonnera jamais. Tu deviendras l’ennemie à abattre. Je le regarde dans les yeux, glaciale. _ Il me hait déjà. Il ne me regarde plus. Il ne me touche plus. Il ne m’aime pas, Théo. Je déglutis avec difficulté. Une larme menace de couler mais je l’écrase avant même qu’elle ne s’échappe. _ Mais tant qu’il ne l’aime pas elle, je peu
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Le bar est à moitié vide. J’y viens rarement, mais ce soir, j'ai besoin de sortir du cadre, de me retrouver loin des bureaux, des responsabilités, et surtout… loin de Veronica. Marc est déjà là. Installé comme toujours au fond, à sa table préférée, avec son whisky à la main, il me lance un regard en coin quand j’approche. _ Rick, lâche-t-il simplement. Je m’assois face à lui sans lui répondre. Je suis fatigué, épuisé même mais l’adrénaline coule encore dans mes veines. Il faut que je parle, que je vide ce trop-plein. _ Je suis allé à Newark, dis-je sans détour. À l’hôtel Eden Park. Comme je te l'ai dit, je suis allée chercher Cassandra. Marc hausse un sourcil, intéressé. _ Et ? Tu l’as vue ? Je secoue la tête, crispé. _ Non. Elle est partie une heure avant que j’arrive. La réceptionniste m’a dit qu’ils ont quitté la suite 407 ce matin. _ “Ils” ? demande-t-il. _ Cassandra… et Roy. Greg est passé les chercher. Il a même annulé le
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je pousse doucement la porte d’entrée. L’air de Boston a toujours eu une saveur particulière… celle du calme après la tempête. Je suis chez moi. Enfin. _ Allez, les enfants, à l’intérieur. Roy me dépasse sans un mot, tirant sa petite valise rouge avec ce sérieux étrange qu’il a depuis tout petit. Les jumelles, elles, sont un peu plus lentes, collées à mes jambes, encore fatiguées par la route. _ Tu veux que je prenne Sienna ? propose Greg, juste derrière moi. Je hoche la tête, lasse. Il soulève ma fille dans ses bras comme s’il avait toujours fait partie de notre monde. Peut-être qu’un jour ce sera le cas, ou peut-être pas. Pour l’instant, je n’ai pas la force de penser à ça. La lumière du salon s’allume d’un coup. Lenny surgit du couloir, pieds nus, en jogging, avec son chignon décoiffé qui me fait sourire malgré moi. _ Dieu merci, t’es rentrée, dit-elle. Elle me prend dans ses bras sans poser de questions. Et je m’effondre briè
~~~~~ Veronica White ~~~~~ La nuit est en train de tomber doucement sur la ville et je suis dans un petit café discret du centre-ville. Je n’ai pas touché à mon café. Il est trop amer ou peut-être que c’est simplement moi qui suis trop amère aujourd’hui. Assise sur une chaise dans un coin, j’attends. Je joue la femme posée et détendue mais à l’intérieur, tout bouillonne. Quand il entre, je le reconnais immédiatement. Il est nerveux. Il balaie la pièce du regard, repère ma table et hésite. Je ne bouge pas mais je le fixe pour qu'il sente ma supériorité dès les premières secondes. _ Vous êtes… Madame White ? me demande-t-il, la voix mal assurée. Je hausse un sourcil. _ Non. Mais vous savez parfaitement qui je suis. Il s’installe, mal à l’aise. Pauvre type. Il ne sait pas encore dans quoi il met les pieds. Je ne lui laisse pas le temps de me manipuler. _ Je sais que c’est vous que Melrick a engagé. Oscar Menley. Ancien flic. Révoqué temporairement en 2021 pour "m
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est presque deux heures du matin quand je pousse enfin la porte du manoir. Je suis crevé. J’ai l’impression d’avoir traversé un champ de mines ces dernières vingt-quatre heures. La discussion avec Marc m’a laissé songeur, amer. Et surtout, ce que j’ai appris à Newark ne cesse de tourner en boucle dans ma tête. Je n’arrive pas à assembler les pièces. Je n’arrive pas à respirer normalement. J’ai besoin de silence et de solitude. Mais à peine ai-je posé les clés sur la console que je la vois, Veronica. Elle est assise dans le salon, en robe de soie rouge, les bras croisés, les yeux noirs de colère. _ Tu rentres tard, Rick, murmure-t-elle. Très tard. Je me passe une main sur le visage. J’ai pas la force de me disputer avec elle. _ J’ai eu une longue journée. _ Une journée, ou une nuit ? Tu crois que je suis idiote ? Tu crois que je ne vois pas ce que tu fais, comment tu agis ? TU DISPARAIS, TU REVIENS À PAS D’HEURE, TU N’AS MÊME PAS L’AMA
Je franchis la porte du manoir, le souffle court. J’ai l’impression d’étouffer, de devoir fuir avant que quelque chose n’éclate à nouveau. Mais à peine ai-je mis un pied dehors que j’entends un hurlement. _ RICK, NE PARS PAS !! Je me retourne brusquement et je vois Veronica dans l’encadrement de la porte. Ses yeux sont rouges, sa robe froissée, ses cheveux en bataille. Mais c’est le couteau dans sa main qui me fait tressaillir. _ Qu’est-ce que tu fais ? je souffle, horrifié. _ Si tu franchis cette porte, Rick, je me tue. Tu entends ? Je me coupe les veines ici, devant toi, je jure que je le ferai. Elle lève le couteau vers son poignet. Ma gorge se serre. Je repose mon sac à terre et m’approche lentement, les mains en avant. _ Veronica. Pose ce couteau. S’il te plaît. Ce n’est pas la solution. _ Tu veux partir ? Tu veux me laisser, comme ça ? Alors regarde-moi bien, Rick. Parce que je vais le faire et tu auras la mort sur ta conscience. _ Veronica... Tu vas t
Je sors et ferme la porte derrière moi d’un geste vif car je n'ai pas envie qu'il voit mes enfants et je n'ai pas envie non plus qu'ils le voient. Je le fixe et il me fixe. _ Qu’est-ce que tu fais ici ? je murmure, les bras croisés. Tu n'as alors rien retenu de ce qu'on s'est dit hier ? Je le fixe sans ciller, bien que tout mon corps hurle de l’intérieur. _ Tu crois vraiment que j’allais repartir comme ça sans revoir mon fils ? réplique-t-il d’un ton bas. Je suis venu voir Roy. _ Non. BMa réponse est immédiate. Je ne prends même pas le temps d’y mettre des formes. _ Cassandra… commence-t-il. _ Tu n’as aucun droit sur lui, Melrick. Aucun, le coupé-je, sans attendre. Tu ne l’as pas vu grandir et tu ne sais rien de sa vie. Et aujourd’hui, tu débarques ici comme si tu pouvais t’improviser père ? Je retiens ma voix de trembler. Je lui tiens tête mais mes entrailles sont nouées. _ J’ai toujours été son père, que tu le veuilles ou non, siffle-t-il. Il a mon sang
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Le soleil monte doucement dans le ciel au dehors. Il est à peine sept heures du matin, mais la maison bourdonne déjà. Célina est la première à apparaître, encore ensommeillée, un doudou dans les bras. Je lui tends un bol de lait chaud et elle me gratifie d’un sourire, les yeux encore collés de sommeil. Quelques minutes plus tard, Sienna surgit dans la pièce en courant. Elle grimpe sur sa chaise et me dit : _ Maman, on fait des pancakes aujourd’hui ? Je souris malgré moi. C’est notre petit rituel du samedi matin, mais aujourd’hui, on est mardi. Néanmoins, je cède. _ D’accord, mais seulement si tu aides à la pâte. Elle tape dans ses mains, ravie, pendant que je sors les ingrédients. Roy descend enfin. Il a toujours été matinal, mais il aime trop râler. C’est sa façon de protester contre le réveil. Je le salue d’un baiser sur la tempe, mais je remarque que son regard est songeur ce matin. Il semble ailleurs et préoccupé. Je n’insiste
~~~~~ Grégory Smith ~~~~~ Je pousse la porte de chez moi et je le referme doucement. Au salon, comme je m’y attendais, ma mère est assise dans son fauteuil préféré, les jambes croisées, un livre à la main et ses lunettes glissées sur l’arête de son nez. Elle ressemble à une vieille reine anglaise en pleine inspection de ses sujets. Sauf qu’ici, le seul sujet, c’est moi. Je m’approche à pas comptés, mais évidemment, elle relève la tête avant que j’aie franchi la moitié du salon. Rien ne lui échappe, même pas à son âge. _ Bonsoir, Majesté, dis-je avec un large sourire en m’inclinant légèrement. Elle lève les yeux au ciel et sourit en coin. _ Arrête ton cinéma, Greg, et viens m’embrasser. Je m’exécute sans tarder et l’embrasse tendrement sur la joue. Je prends place sur le canapé en face d’elle, m’étire comme si j’avais couru un marathon… alors que j’ai seulement dîné et failli embrasser une femme qui me hante depuis des mois. Je suis fatigué, oui, mais de pensées.
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je ne vais pas bien, pas du tout après ce qui s'est passé aujourd'hui. Melrick à Boston, ça change tout. Je n'ai pas envie qu'il décide de m'enlever mon fils et encore moins mes deux petites princesses. Je ne sais pas ce que je dois faire pour ne pas les perdre. Ce sont mes enfants... les miens. Je refuse de le laisser me les enlever. Je touille distraitement la sauce dans la casserole lorsque Greg, adossé au plan de travail à côté de moi, tente une nouvelle approche pour m’aider. J'ai d'abord refusé car je voulais cuisiner seule, perdre mon esprit dans quelque chose de de simple, sans avoir à penser à tout ce qui m'angoisse. Mais Greg a insisté avec une telle douceur que je n'ai pas eu le cœur de refuser plus longtemps. Ainsi, nous voilà, côte à côte, lui découpant des légumes avec soin, et moi m'occupant des plats principaux. Pendant de longues minutes, nous travaillons en silence. Puis, naturellement, Greg engage la conversation : _ Tu cui
Je reste quelques secondes planté là, incapable de bouger, encore sonné par ce que je viens de voir. Cependant, lorsque je vois la voiture de Greg s’éloigner lentement du trottoir, mon instinct reprend le dessus. Sans perdre de temps, je remonte dans le taxi qui m'attend à quelques mètres. _ Suivez cette voiture noire, vite, ordonné-je au chauffeur. Sans poser de questions, il démarre tout en gardant une distance raisonnable pour ne pas éveiller de soupçons. Le cœur battant à tout rompre, je fixe intensément la voiture de Greg, comme si ma vie en dépendait. Je dois savoir où ils vont. Je dois comprendre quelle place cet homme a prise dans la vie de mon fils... et peut-être aussi dans celle de Cassandra. Après quelques minutes de trajet, Greg s’arrête devant une petite glacerie située dans une rue. Je demande au chauffeur de s’arrêter également, un peu plus loin, pour que je puisse observer sans être vu. À travers la vitrine, je les aperçois. Greg achète des glaces aux
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Dès que la porte du bureau claque derrière Melrick, je reste figée quelques secondes, incapable de bouger et incapable de respirer. Mon cœur bat tellement vite que j'ai l'impression qu'il va exploser. Je serre les poings, je ferme les yeux et j'inspire profondément pour calmer les tremblements de mon corps. Il est ici à Boston. Oh mon Dieu !! Comment je peux faire pour cacher mes enfants maintenant ? Je m'effondre dans ma chaise, la tête entre les mains. Ce n'est pas le moment de paniquer, Cassandra. Ce n'est vraiment pas le moment. Je dois garder mon sang-froid. Je tends la main vers mon téléphone et compose nerveusement le numéro de Lenny. Elle décroche au bout de la deuxième sonnerie. _ Allô, Cassie ? _ Lenny, écoute-moi bien, dis-je avec urgence. Melrick est ici à Boston. Je viens juste de le voir à l’hôpital. Un silence inquiet s'installe au bout du fil. _ Quoi ? Mais... tu es sûre que c'est lui ? _ On vient tout juste de disc
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je sors de son bureau et je referme doucement la porte derrière moi, mais dans mon cœur, c’est un fracas. Je serre la mâchoire et je me sens brûler de l’intérieur, consumé par la colère et le désir. Je traverse le couloir de l’hôpital en m'efforçant de ne pas laisser transparaître mon trouble, mais bordel... elle a failli craquer, je l'ai vu dans ses yeux. Elle ment. Elle me hait peut-être, mais elle ne m'a pas oublié. Je quitte le bâtiment sans ralentir et je respire enfin plus librement en sentant l'air vif sur mon visage. Je m'arrête sur le trottoir et passe une main dans mes cheveux, frustré. Ce n'était pas le bon moment. Cassandra est sur la défensive, elle est encore blessée... et méfiante. Je devrais le savoir mieux que quiconque : la forcer n’amènera rien. Je prends une profonde inspiration. J'ai attendu six ans alors je peux attendre encore un peu. Je fouille dans la poche intérieure de ma veste et je sors mon téléphone. J’ai
Il attrape mon poignet si brusquement que je sursaute et il me bascule presque contre lui. Mon cœur s'emballe et mon souffle se bloque dans ma gorge. Ses yeux... Ses yeux me dévorent et pendant un court instant, je sens son pouce effleurer ma peau, et une vague de souvenirs me traverser comme une décharge. Je me ressaisis violemment. D'un geste sec, je me dégage et lui crache, le regard noir : _ COMMENT OSES-TU ME TOUCHER ? JE T'INTERDIS de refaire ce que tu viens de faire, SINON... Je me stoppe net. Il me fixe d'un air impassible avant de faire quelques pas vers moi. _ Sinon quoi ? demande-t-il d'une voix basse, presque provocante. Je recule d'un pas sans même m'en rendre compte. Ma main tremble légèrement, mais je la cache derrière mon dos. Il avance encore, le regard cloué au mien, et lâche, moqueur : _ Tu vas me gifler ? Sa voix est douce, presque moqueuse, mais je perçois l’amertume qui suinte derrière. Il s'arrête juste devant moi, si près que je pourrais
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je suis en train de parler à une patiente et je lui donne des conseils pour améliorer sa santé alors qu'on marché dans le couloir de l'hôpital. Mon cœur s'est allégé depuis que je suis à Boston et que je n'ai pas eu de signe de Melrick ni de Veronica. J'ose croire que ce n'est pas le calme avant la tempête. Peut-être m'ont-ils réellement oubliée. Peut-être ont-ils repris le cours de leur vie, celui qu'ils menaient sans moi depuis six ans. Je retiens un soupir, puis laisse échapper un léger souffle, presque un soupir de soulagement, en esquissant un sourire chaleureux à ma patiente. _ À très bientôt, lui dis-je doucement. Prenez soin de vous. Elle me remercie avec un sourire sincère avant de quitter la pièce. Je m'apprête à regagner mon bureau, lorsque j'aperçois un silhouette familière. Je regarde bien et... Mon cœur rate un battement. C'est Melrick. Et je comprends immédiatement qu'il m'a vue aussi, car il se lève, brusquement et se d