Je sors et ferme la porte derrière moi d’un geste vif car je n'ai pas envie qu'il voit mes enfants et je n'ai pas envie non plus qu'ils le voient. Je le fixe et il me fixe. _ Qu’est-ce que tu fais ici ? je murmure, les bras croisés. Tu n'as alors rien retenu de ce qu'on s'est dit hier ? Je le fixe sans ciller, bien que tout mon corps hurle de l’intérieur. _ Tu crois vraiment que j’allais repartir comme ça sans revoir mon fils ? réplique-t-il d’un ton bas. Je suis venu voir Roy. _ Non. BMa réponse est immédiate. Je ne prends même pas le temps d’y mettre des formes. _ Cassandra… commence-t-il. _ Tu n’as aucun droit sur lui, Melrick. Aucun, le coupé-je, sans attendre. Tu ne l’as pas vu grandir et tu ne sais rien de sa vie. Et aujourd’hui, tu débarques ici comme si tu pouvais t’improviser père ? Je retiens ma voix de trembler. Je lui tiens tête mais mes entrailles sont nouées. _ J’ai toujours été son père, que tu le veuilles ou non, siffle-t-il. Il a mon sang
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ _ Chéri ? Le petit déjeuner est servi !! Je lance à mon mari, Rick, qui se trouve encore dans la chambre en train de se préparer. J'entends le bruit des tiroirs qui s'ouvrent et se ferment, signe qu'il cherche désespérément quelque chose. _ D'accord, j'arrive !! M'a-t-il répondu. Je continue à préparer la table, disposant soigneusement les assiettes et les couverts. Le parfum du café fraîchement préparé emplit la pièce et je ne peux m'empêcher de sourire. Je prends ensuite mon petit bout de chou, Roy, et le place sur mes genoux en m'asseyant à la table. _ C'est qui le petit trésor de maman ? C'est qui ? Dis-moi qui c’est. Je lui fais des chatouilles et il rit aux éclats. C'est mon fils. Il s'appelle Roy, comme roi. C'est moi qui l'ai nommé comme ça, car je voulais qu'il sache qu'il est précieux et unique. Quand j'arrête de le chatouiller, il me murmure d'une voix douce : _ Maman... Gâteau... _ Gâteau ? Donc comme ça le petit coq
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Après avoir récupéré mon fils chez Cassie, j'ai pris le bus pour me rendre dans le Bronx pour voir ma mère. Je me sens un peu triste en ce moment. Ce n'est pas la première fois que je passe un entretien et que ça ne donne rien. Mais je me sens toujours très triste à chaque fois. Je me sens un peu perdu, comme si je tournais en rond dans un labyrinthe sans issue. Le bus cahote sur les routes du Bronx, et je serre Roy contre moi. Quand nous atteignons enfin le Bronx, je prends une grande inspiration avant de sortir du bus. Ensuite, je me dirige vers l’appartement de ma mère. Dès que j’ouvre la porte, l’atmosphère change. Ma mère est là, assise dans le canapé en train de tricoter un pull. _ Bonjour, maman, lui lancé-je en m'approche. _ Bonjour, mon petit Rick, le répond-elle. Je lui fais là bise et elle prend Roy dans ses bras avec une douceur infinie. _ Mon petit trésor. Mon petit Rick, chéri. Regarde comme tu as grandi. Tu es devenu un gran
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Quelques heures après qu'on soit rentrés, Roy, s'était affalé sur le canapé, son visage rouge et en sueur. Je m'approche de lui et je sens tout de suite qu'il a de la fièvre. L'angoisse me prend à la gorge ; je ne sais pas quoi faire. Dans un geste impulsif, j'attrape mon téléphone et compose le numéro de Cassie. Elle arrive à la maison presque immédiatement. Elle se met au travail sans perdre une seconde : elle prend la température de Roy, lui donne un antipyrétique et prépare des compresses froides pour essayer de faire baisser la fièvre. Je reste là, en retrait et observe ses gestes. Alors que je la regarde s'affairer autour de notre fils, elle se tourne vers moi avec une question qui me prend par surprise. _ Tu comptes aller à la fête ce soir ? Je balbutie, incapable de masquer ma confusion. _ Ce... Ce soir ? _ Oui, ce soir. À Manhattan. Devy m'a appelée, tu sais. J'aurais dû deviner. Devy. C'est la petite amie de Marc. Elle n'est p
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je n'ai aucune envie d'organiser une soirée pour me présenter à tous et me faire des alliés. C'est une idée de Marcos, mon bras droit, qui pense que cela pourrait m'aider à gagner le respect des autres. Comme si un simple rassemblement pouvait effacer le fait que je suis l'héritière d'un empire, orpheline depuis quelques mois. Alors que je n'ai que vingt-quatre ans. Mes parents sont morts dans un crash d'avion, laissant derrière eux non seulement leur richesse incommensurable, mais aussi une pression écrasante. Ils étaient extrêmement riches, tellement riche qu'aucune entreprise dans tout les États-Unis ne pouvait rivaliser avec les entreprises White. Même pas le Walmart, des Walton. En entrant dans la salle de fête, je sens déjà les regards sur moi. Les chefs d'entreprise se pressent autour des buffets et échangent des sourires faux et des politesses superficielles. Je les salue un à un, reconnaissant leurs visages grâce aux longues séances de pré
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je la regarde partir avec l'homme qui est venu la chercher. Veronica est étrange, c'est vrai, mais je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine excitation. J'ai saisi l'opportunité comme Cassie me l'a conseillé, et maintenant, j'ai un rendez-vous. C'est tout simplement parfait. J'espère juste qu'elle ne va pas m'envoyer balader demain. Je suis sur le point de me rasseoir, le cœur léger, lorsque mon téléphone vibre dans ma poche. Un appel de Cassandra. Le sourire aux lèvres, je décide d'y répondre pour lui parler du rendez-vous. Mais quand je décroche, ce sont des sanglots qui m'accueillent. _ Cassie, dis-je, paniqué. Qu'est-ce qu'il y a ? _ Rick... Rick, s'il te plaît, rejoins-moi... Rejoins-moi à l'hôpital. Mon cœur sursaute. Des pensées sombres me traversent l'esprit en un éclair, mais je les chasse rapidement. _ Qu'est-ce qui se passe, Cassie ? je demande en essayant de masquer mon anxiété. _ Rick... C'est notre fils... C'est Roy.
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je suis vraiment agacée par le comportement de Marcos. C'est mon bras droit, c'est vrai, mais ça ne lui donne pas le droit de m'interrompre comme il l'a fait. Je passais un bon moment, moi. Et même si je viens de rencontrer Melrick, j'ai un bon pressentiment à son sujet. Une fois loin du grand salon où la soirée bat son plein, je lui lance avec colère : _ C'était quoi ça ? Pourquoi est-ce que tu ne peux pas me laisser respirer deux secondes ? _ Il fallait que je te parle, me répond-il, comme si cela justifiait tout. _ Il fallait attendre. _ Si c'était moi seul, j'aurais pu attendre. Je fronce les sourcils. Je ne sais pas ce qui lui prend. Qui se croit-il pour interrompre mes instants de légèreté ? _ Et qui d'autre veut me parler ? je demande, agacée. À cet instant, une voix résonne derrière Marcos : _ Moi. Il se dégage et je découvre l'avocat de mon père, maître Davila. Mon cœur se serre. Qu’est-ce qu’il fait ici ? _ Maî
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Le jour se lève doucement, mais pour moi, le temps semble figé. Je suis resté au chevet de mon fils toute la nuit. Cassie, à mes côtés, n'a pas fermé l'œil non plus. Nous avons passé des heures à nous regarder, à échanger des mots muets. Il dort profondément, mais son sommeil est troublé par les machines qui émettent des bips réguliers, comme un rappel cruel de la fragilité de sa vie. Le docteur est passé ce matin. Il nous a dit que le traitement et l'intervention chirurgicale coûtent des millions de dollars. Deux ans en arrière, cette somme aurait été une formalité pour moi. Mais aujourd'hui... Aujourd'hui, je n'ai même pas cent dollars en poche. Cassie a épuisé ses économies, et je me sens comme un naufragé sur une île déserte, sans moyen de rejoindre le rivage. Que faire ? Qui demander de l'aide ? Je ne peux pas laisser mon fils tomber entre les mains du destin. Pas lui. Pas maintenant. Je tourne mon regard vers Cassie. Ses yeux sont cernés et r
Je sors et ferme la porte derrière moi d’un geste vif car je n'ai pas envie qu'il voit mes enfants et je n'ai pas envie non plus qu'ils le voient. Je le fixe et il me fixe. _ Qu’est-ce que tu fais ici ? je murmure, les bras croisés. Tu n'as alors rien retenu de ce qu'on s'est dit hier ? Je le fixe sans ciller, bien que tout mon corps hurle de l’intérieur. _ Tu crois vraiment que j’allais repartir comme ça sans revoir mon fils ? réplique-t-il d’un ton bas. Je suis venu voir Roy. _ Non. BMa réponse est immédiate. Je ne prends même pas le temps d’y mettre des formes. _ Cassandra… commence-t-il. _ Tu n’as aucun droit sur lui, Melrick. Aucun, le coupé-je, sans attendre. Tu ne l’as pas vu grandir et tu ne sais rien de sa vie. Et aujourd’hui, tu débarques ici comme si tu pouvais t’improviser père ? Je retiens ma voix de trembler. Je lui tiens tête mais mes entrailles sont nouées. _ J’ai toujours été son père, que tu le veuilles ou non, siffle-t-il. Il a mon sang
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Le soleil monte doucement dans le ciel au dehors. Il est à peine sept heures du matin, mais la maison bourdonne déjà. Célina est la première à apparaître, encore ensommeillée, un doudou dans les bras. Je lui tends un bol de lait chaud et elle me gratifie d’un sourire, les yeux encore collés de sommeil. Quelques minutes plus tard, Sienna surgit dans la pièce en courant. Elle grimpe sur sa chaise et me dit : _ Maman, on fait des pancakes aujourd’hui ? Je souris malgré moi. C’est notre petit rituel du samedi matin, mais aujourd’hui, on est mardi. Néanmoins, je cède. _ D’accord, mais seulement si tu aides à la pâte. Elle tape dans ses mains, ravie, pendant que je sors les ingrédients. Roy descend enfin. Il a toujours été matinal, mais il aime trop râler. C’est sa façon de protester contre le réveil. Je le salue d’un baiser sur la tempe, mais je remarque que son regard est songeur ce matin. Il semble ailleurs et préoccupé. Je n’insiste
~~~~~ Grégory Smith ~~~~~ Je pousse la porte de chez moi et je le referme doucement. Au salon, comme je m’y attendais, ma mère est assise dans son fauteuil préféré, les jambes croisées, un livre à la main et ses lunettes glissées sur l’arête de son nez. Elle ressemble à une vieille reine anglaise en pleine inspection de ses sujets. Sauf qu’ici, le seul sujet, c’est moi. Je m’approche à pas comptés, mais évidemment, elle relève la tête avant que j’aie franchi la moitié du salon. Rien ne lui échappe, même pas à son âge. _ Bonsoir, Majesté, dis-je avec un large sourire en m’inclinant légèrement. Elle lève les yeux au ciel et sourit en coin. _ Arrête ton cinéma, Greg, et viens m’embrasser. Je m’exécute sans tarder et l’embrasse tendrement sur la joue. Je prends place sur le canapé en face d’elle, m’étire comme si j’avais couru un marathon… alors que j’ai seulement dîné et failli embrasser une femme qui me hante depuis des mois. Je suis fatigué, oui, mais de pensées.
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je ne vais pas bien, pas du tout après ce qui s'est passé aujourd'hui. Melrick à Boston, ça change tout. Je n'ai pas envie qu'il décide de m'enlever mon fils et encore moins mes deux petites princesses. Je ne sais pas ce que je dois faire pour ne pas les perdre. Ce sont mes enfants... les miens. Je refuse de le laisser me les enlever. Je touille distraitement la sauce dans la casserole lorsque Greg, adossé au plan de travail à côté de moi, tente une nouvelle approche pour m’aider. J'ai d'abord refusé car je voulais cuisiner seule, perdre mon esprit dans quelque chose de de simple, sans avoir à penser à tout ce qui m'angoisse. Mais Greg a insisté avec une telle douceur que je n'ai pas eu le cœur de refuser plus longtemps. Ainsi, nous voilà, côte à côte, lui découpant des légumes avec soin, et moi m'occupant des plats principaux. Pendant de longues minutes, nous travaillons en silence. Puis, naturellement, Greg engage la conversation : _ Tu
Je reste quelques secondes planté là, incapable de bouger, encore sonné par ce que je viens de voir. Cependant, lorsque je vois la voiture de Greg s’éloigner lentement du trottoir, mon instinct reprend le dessus. Sans perdre de temps, je remonte dans le taxi qui m'attend à quelques mètres. _ Suivez cette voiture noire, vite, ordonné-je au chauffeur. Sans poser de questions, il démarre tout en gardant une distance raisonnable pour ne pas éveiller de soupçons. Le cœur battant à tout rompre, je fixe intensément la voiture de Greg, comme si ma vie en dépendait. Je dois savoir où ils vont. Je dois comprendre quelle place cet homme a prise dans la vie de mon fils... et peut-être aussi dans celle de Cassandra. Après quelques minutes de trajet, Greg s’arrête devant une petite glacerie située dans une rue. Je demande au chauffeur de s’arrêter également, un peu plus loin, pour que je puisse observer sans être vu. À travers la vitrine, je les aperçois. Greg achète des glaces aux
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Dès que la porte du bureau claque derrière Melrick, je reste figée quelques secondes, incapable de bouger et incapable de respirer. Mon cœur bat tellement vite que j'ai l'impression qu'il va exploser. Je serre les poings, je ferme les yeux et j'inspire profondément pour calmer les tremblements de mon corps. Il est ici à Boston. Oh mon Dieu !! Comment je peux faire pour cacher mes enfants maintenant ? Je m'effondre dans ma chaise, la tête entre les mains. Ce n'est pas le moment de paniquer, Cassandra. Ce n'est vraiment pas le moment. Je dois garder mon sang-froid. Je tends la main vers mon téléphone et compose nerveusement le numéro de Lenny. Elle décroche au bout de la deuxième sonnerie. _ Allô, Cassie ? _ Lenny, écoute-moi bien, dis-je avec urgence. Melrick est ici à Boston. Je viens juste de le voir à l’hôpital. Un silence inquiet s'installe au bout du fil. _ Quoi ? Mais... tu es sûre que c'est lui ? _ On vient tout juste de disc
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je sors de son bureau et je referme doucement la porte derrière moi, mais dans mon cœur, c’est un fracas. Je serre la mâchoire et je me sens brûler de l’intérieur, consumé par la colère et le désir. Je traverse le couloir de l’hôpital en m'efforçant de ne pas laisser transparaître mon trouble, mais bordel... elle a failli craquer, je l'ai vu dans ses yeux. Elle ment. Elle me hait peut-être, mais elle ne m'a pas oublié. Je quitte le bâtiment sans ralentir et je respire enfin plus librement en sentant l'air vif sur mon visage. Je m'arrête sur le trottoir et passe une main dans mes cheveux, frustré. Ce n'était pas le bon moment. Cassandra est sur la défensive, elle est encore blessée... et méfiante. Je devrais le savoir mieux que quiconque : la forcer n’amènera rien. Je prends une profonde inspiration. J'ai attendu six ans alors je peux attendre encore un peu. Je fouille dans la poche intérieure de ma veste et je sors mon téléphone. J’ai
Il attrape mon poignet si brusquement que je sursaute et il me bascule presque contre lui. Mon cœur s'emballe et mon souffle se bloque dans ma gorge. Ses yeux... Ses yeux me dévorent et pendant un court instant, je sens son pouce effleurer ma peau, et une vague de souvenirs me traverser comme une décharge. Je me ressaisis violemment. D'un geste sec, je me dégage et lui crache, le regard noir : _ COMMENT OSES-TU ME TOUCHER ? JE T'INTERDIS de refaire ce que tu viens de faire, SINON... Je me stoppe net. Il me fixe d'un air impassible avant de faire quelques pas vers moi. _ Sinon quoi ? demande-t-il d'une voix basse, presque provocante. Je recule d'un pas sans même m'en rendre compte. Ma main tremble légèrement, mais je la cache derrière mon dos. Il avance encore, le regard cloué au mien, et lâche, moqueur : _ Tu vas me gifler ? Sa voix est douce, presque moqueuse, mais je perçois l’amertume qui suinte derrière. Il s'arrête juste devant moi, si près que je pourrais
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je suis en train de parler à une patiente et je lui donne des conseils pour améliorer sa santé alors qu'on marché dans le couloir de l'hôpital. Mon cœur s'est allégé depuis que je suis à Boston et que je n'ai pas eu de signe de Melrick ni de Veronica. J'ose croire que ce n'est pas le calme avant la tempête. Peut-être m'ont-ils réellement oubliée. Peut-être ont-ils repris le cours de leur vie, celui qu'ils menaient sans moi depuis six ans. Je retiens un soupir, puis laisse échapper un léger souffle, presque un soupir de soulagement, en esquissant un sourire chaleureux à ma patiente. _ À très bientôt, lui dis-je doucement. Prenez soin de vous. Elle me remercie avec un sourire sincère avant de quitter la pièce. Je m'apprête à regagner mon bureau, lorsque j'aperçois un silhouette familière. Je regarde bien et... Mon cœur rate un battement. C'est Melrick. Et je comprends immédiatement qu'il m'a vue aussi, car il se lève, brusquement et se d