Chapitre 85 Épilogue**Ragnar**Le vent marin portait jusqu’à moi des effluves de sel et d’algues, ce parfum âpre qui m’avait toujours rappelé les lendemains de batailles et les départs en mer. Mais ce matin-là, il avait une autre résonance. Il n’éveillait plus seulement le guerrier en moi : il résonnait comme une promesse de vie, une bénédiction que les dieux eux-mêmes semblaient souffler sur mon foyer. J’étais debout, au seuil de notre maison, et mon regard embrassait l’horizon. Mon village, jadis marqué par la rudesse, semblait s’être adouci. Les rires d’enfants résonnaient plus fort, les hommes travaillaient avec une vigueur nouvelle, et les femmes laissaient parfois s’échapper des chansons, comme si une ère différente avait commencé.Et au centre de cette paix, il y avait **elle**. Ma femme. Ma guerrière de lumière. La jeune femme qui, autrefois étrangère, captive, avait su transformer mon monde de fer et de sang en un royaume de chaleur et d’espérance. Et à présent, elle portai
Chapitre 84**Elin**Je n’avais jamais cru que le bonheur pouvait être aussi doux, aussi vaste, aussi lumineux qu’en cet instant où je découvrais que la vie grandissait en moi. Cette nouvelle avait éclaté dans la salle des festins comme un tonnerre, mais pour moi, elle avait résonné comme une douce mélodie que seul mon cœur pouvait vraiment entendre.J’étais assise encore, soutenue par les mains de mon mari, ce Viking qui, quelques lunes auparavant, m’avait arrachée à mon ancienne vie pour bouleverser la mienne à jamais. Ragnar m’observait avec un mélange de fierté et d’émerveillement, et je lisais dans ses yeux clairs quelque chose que je n’avais jamais vu chez lui auparavant : une tendresse infinie, une promesse silencieuse qu’il serait là pour moi, pour cet enfant, pour nous.Je portais en moi un héritier, une vie nouvelle, une flamme que rien ni personne ne pourrait éteindre. L’idée seule me faisait tourner la tête de bonheur.Je caressai doucement mon ventre encore plat, comme s
Chapitre 83**Ragnar**Jamais je n’aurais cru que la vie puisse m’offrir un tel moment. J’avais déjà connu la gloire des batailles, la victoire contre des ennemis qui semblaient invincibles, l’honneur des chants élevés en mon nom autour des feux du soir. Mais rien, absolument rien, ne pouvait égaler ce que je ressentais à cet instant.Mon épouse venait à peine de prononcer ses vœux, et déjà, les dieux semblaient vouloir marquer notre union d’un sceau plus fort encore. Alors que la fête battait son plein, que les villageois dansaient, riaient et buvaient à notre santé, elle s’était soudain effondrée, son corps frêle glissant comme une feuille balayée par le vent. Mon cœur s’était arrêté. Je croyais qu’Odin lui-même m’arrachait mon bonheur à peine trouvé.Mais les guérisseuses s’étaient précipitées, les femmes l’avaient entourée, et après quelques instants d’angoisse, la nouvelle avait éclaté, telle une foudre claire au milieu de l’orage : **elle portait en elle la vie. Elle portait mo
Chapitre 82**Elin**Le matin de mon mariage, je crus un instant que tout cela n’était qu’un rêve. Lorsque j’ouvris les yeux, la lumière douce de l’aube baignait la pièce, faisant danser des reflets dorés sur les murs de bois. Mon cœur battait à tout rompre, partagé entre une joie immense et une peur sourde. Moi, l’étrangère rejetée autrefois par ce village, j’allais aujourd’hui devenir l’épouse de leur chef, leur Viking redouté et respecté.Les femmes du clan m’avaient réveillée tôt pour me préparer. Elles avaient tressé mes cheveux avec des rubans clairs, y avaient glissé de petites fleurs sauvages cueillies à l’aube. Ma robe n’avait rien à voir avec celles que j’avais connues dans mon pays natal : elle était faite de lin blanc, brodée à la main par certaines villageoises, preuve que peu à peu j’avais gagné leur estime. En me regardant dans le miroir poli, je ne reconnus pas celle que j’étais : mes yeux brillaient d’une lueur nouvelle, mélange de tendresse et de force.Dehors, les
Chapitre 81**Ragnar**Le village respirait à nouveau, comme si un souffle de vie était revenu après la tempête. Les combats avaient laissé leurs marques : des barricades brisées, des maisons endommagées, des traces de sang séché sur la terre battue, et des armes abandonnées jonchaient encore certains chemins. Mais malgré ces vestiges du chaos, je sentais la paix et la fierté s’installer autour de moi. La bataille était terminée, Sigrid était capturée, et Elin… ma fiancée, se tenait près de moi, rayonnante et invincible comme toujours.Depuis ma demande, je n’avais jamais été aussi conscient de ce que signifiait ce village pour nous. Chaque regard échangé avec les habitants, chaque sourire qui me revenait, me rappelait que cette union n’était pas seulement pour Elin et moi, mais aussi pour tous ceux qui avaient vécu la peur, la terreur et l’incertitude à nos côtés. Et maintenant, nous allions célébrer la vie, la paix, et un nouveau départ.Je me tenais sur la place centrale, observant
Chapitre 80**Elin**Le village respirait enfin. Après des jours de combats, de peur et d’incertitude, un calme presque irréel s’était installé. Les cris des batailles avaient été remplacés par le bruissement des pas des villageois, par le murmure des voix qui reprenaient courage, et par le crépitement des foyers que l’on rallumait. Les blessures étaient soignées, les maisons inspectées et réparées sommairement, et les regards, encore empreints de fatigue, retrouvaient peu à peu la sérénité.Je marchais lentement au milieu de la place centrale, le corps encore tendu par l’adrénaline. Sigrid était enfin capturée. Elle ne pourrait plus nuire ni ici, ni ailleurs. La tension qui m’avait accompagnée depuis tant de jours se dissolvait peu à peu. Mais ce n’était pas uniquement la satisfaction d’avoir vaincu une ennemie qui me remplissait : c’était la conscience que j’avais pris une décision juste et définitive, celle qui assurait la sécurité du village et de ceux que j’aimais. Je sentais un