Chapitre 1

Ella regardait pensivement par la fenêtre. Elle avait fini son livre depuis longtemps et décidait de reposer ses yeux dans la beauté de la nature. Il restait de longues heures de route avant qu'ils n'arrivent chez eux alors Ella avait tout son temps.

Les vacances étaient finies. Ella avait des sentiments mixtes au sujet de cela. D'un côté elle se réjouait à l'idée de revoir ses amis quand d'un autre elle rêvait de restait près de la mer pour encore quelques jours.

Elle aimait la mer. Plus que tout. Elle trouvait quelque chose de réconfortant et de calme dans ce vaste territoire. Il lui arrivait de se remémorer le grondement sourd de la mer quand elle stressait ou qu'elle avait envie de s'échapper. Dans ces moments elle fermait les yeux et s'imaginait sur la plage. Elle sentait le sable entre ses doigts, le vent sur son visage, je sable dans sa bouche et son nez. Elle sentait tout. Immédiatement son cœur se calmait et elle ne faisait qu'un avec l'eau.

Cette eau avait en plus de quelque chose de magnifique quelque chose de magique. Quand elle entrait dans l'eau Ella se sentait chez elle, accueillie, à sa place. Cependant ces mêmes vagues qui la berçaient avaient une puissance terrifiante. Ella faisait attention à ne pas s'aventurer trop loin de peur de ne pas pouvoir revenir.

Durant la semaine de vacances elle avait une fois pris peur en voyant que les vagues la tiraient loin de la rive. Elle avait essayé de nager mais même si elle était une excellente nageuse les vagues étaient plus fortes. L'espace d'un instant Ella avait pris peur. Elle avait à peine eu le temps de paniquer qu'une vague à la fois immense et douce la poussa vers la rive.

Ella s'était empressée de sortir de l'eau secouée mais au final elle n'avait pas eu peur. Elle s'était retournée et avait sourit.

Malheureusement tout cela était fini. Son père conduisait vers Paris les lèvres pincées et le regard fermé tandis que son frère écoutait quelque chose sur son téléphone. Ella était loin du grondement continue de la mer. Le moteur avait beau gronder elle ne l'entendait pas ou ne voulait pas.

Enfin, Ella se rassura en pensant à ses amis qui lui avaient tant manqués. Elle allait entrer en terminale et la rentrée approchait à grand pas. Ella espérait de tout cœur qu'elle ne serait pas séparée de ses amis. Dans le cas contraire elle savait qu'ils allaient quand même continuer à se voir même si quelque part au fond d'elle elle avait peur qu'ils ne l'oublient.

Durant le reste du trajet Ella avait écris sa propre histoire sur son téléphone. Son père ne parlait pas et s'il le faisait c'était pour demander à son frère s'il avait faim. Ils finirent par s'arrêter et manger puis reprirent très vite pour ne pas arriver tard.

Ella écrivait une histoire à propos d'une jeune femme mystérieuse qui voyageait à travers le monde. Personne ne connaissait ses motivations. Ella n'arrivait pas à lui en trouver et elle estimait que c'était peut être mieux ainsi. Chacun avait ses propres raisons pour voyager mais au fond nous voulions tous la même chose.

Ella s'endormit à un moment durant le trajet et les vibrations de son téléphone furent ce qui la réveillèrent. Ses amis demandaient déjà quand elle allait arriver alors qu'il restait encore quelques heures. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire.

Ils finirent par arriver et Ella dû aider à tout ranger tandis que son frère s'était enfermé dans sa chambre sans un mot profitant avec joie du wifi. Une fois tout rangé Ella s'approcha de son père à pas discrets.

«Ces vacances étaient superbes. Merci beaucoup.»

Voyant qu'il ne réagissait pas elle se racla la gorge.

«Je peux sortir un peu? Ça fait longtemps que j'ai pas vu mes amis...

-Tu as besoin de les voir si souvent?

-S'il te plaît...»

Un haussement d'épaule signifia à Ella qu'elle faisait ce qu'elle voulait. Elle remercia son père et disparut. Ses amis lui avaient donné rendez-vous dans un restaurant non loin du centre ville. Ella avait hâte d'y être. Elle courait presque même si elle était en avance.

Mais avant tout elle devait faire un détour. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vue et elle en avait besoin.

Ella se retrouva assez vite devant un immense bâtiment jaune dans lequel elle hésita avant d'entrer. Elle était toujours mal à l'aise dans cet endroit. Il était sensé être accueillant et chaleureux mais pour Ella c'était tout le contraire. Les murs étaient salles et une odeur la suivait.

Les dames lui souriaient mais elle sentait que c'était loin d'être sincère. Elles la connaissaient bien et Ella savait où aller sans avoir besoin de leur aide alors elles n'avaient pas à lui apporter beaucoup d'intérêt et cela les arrangeait mais elles devaient quand même lui dire bonjour par politesse et lui donner des nouvelles.

«Bonjour Ella! Votre grand-mère a bien mangé pendant toute la semaine. Elle est même sortie se promener hier.

-C'est super merci beaucoup...

-Tu sais où est sa chambre.

-Oui, oui merci.»

Un dernier sourire et elle marchait. Le couloir ressemblait à celui d'un hôpital hanté. Ella ne voulait pas rester ici. Elle voulait attraper sa grand-mère et fuire mais ce n'était pas possible. Elle avait 17 ans. Elle n'était pas majeure et n'avait pas d'argent. Son père devait être celui qui devait la sortir mais il refusait d'entendre quoi que ce soit.

Ella avait essayé d'amener le sujet un nombre incalculable de fois mais elle se faisait ignorer.

Elle secoua la tête. Ce n'était pas le moment de s'apitoyer. Son anniversaire approchait et elle allait être majeure. Elle avait mis de l'argent de côté et elle allait trouver un petit appartement pour elles deux. Ce n'était qu'une question de temps.

Le temps qu'elle se souvienne de son plan Ella était devant sa porte. Elle se répétait toujours ce fameux plan à chaque fois qu'elle venait et à chaque fois elle arrivait ici. Elle souffla calmement avant de toquer. Elle n'attendit pas de réponse et entra.

Une femme assez âgée était assise sur une chaise dans un coin de la chambre. Il fallut du temps pour Ella pour la remarquer comme elle ne bougeait pas. Son teint était tellement gris qu'elle aurait pu faire qu'un avec la pièce.

Ella sourit et s'approcha pour serrer la dame dans ses bras.

«Victoria! C'est toi?»

Les larmes nouèrent la gorge d'Ella. Elle avala plusieurs fois sa salive avant de pouvoir parler.

«Non, c'est moi mamie. C'est Ella.»

La dame était perplexe.

«Ella? Mais... Ma Ella? Ma petite fille?

-Oui mamie... C'est bien moi. Je suis venue la semaine dernière. Je viens toutes les semaines.»

Ella finit par relâcher son étreinte et se recula afin que sa grand-mère ait une bonne vision d'ensemble de la jeune fille.

La dame devant elle était adorable. Ses joues creuses étaient rougies par l'émotion et elle ouvrait la bouche à la recherche de mots. Les tâches sur sa peau lui donnaient de la couleur et ses cheveux gris brillaient dans la lumière comme de l'or.

«C'est vraiment toi? Tu as grandi! Comment cela se fait que tu es si grande? Tu as quel âge?

-17 ans mamie.»

Ella fouilla dans son sac et en sortit un peluche ainsi que le chocolat préféré de sa grand-mère. Cette dernière réagit en un rien de temps.

«Oh, c'est mon chocolat préféré! Comment est ce que tu le savais?

-Je l'ai deviné.»

La dame sourit avec tellement de bonheur qu'Ella en eut mal. Elle regarda autour d'elle. Sa grand mère partageait une chambre avec une autre dame. Cette dernière avait son côté rempli de dessins, de cadeaux, de couleurs. Tandis que son côté était vide. Comme si elle venait d'arriver.

Ella sentait la rage et l'impuissance la déchirer. Elle avait amené tellement de cadeaux et ils avaient tous été volés. Elle se disait qu'elle devrait peut être cacher le chocolat pour pas que la dame dans la chambre ne les vole mais sa grand-mère n'allait pas se souvenir d'où ils étaient.

Elle finit par les poser sur l'armoire et se tourna vers sa grand-mère pour qu'elle voit où elle les mettait.

«Regarde mamie. Ce sont tes chocolats. Je les ai amenés pour toi. Mange les d'accord?

-Merci Victoria. Ce sont mes chocolats préférés. Tu es un ange.»

Une larme coula sur la joue d'Ella. Elle l'effaça aussi vite que possible avant de tendre un des chocolats à sa grand-mère. Cette dernière accepta les yeux brillants.

Une fois le chocolat avalé Ella la serra avec force. Elle s'accrochait comme à une bouée en plein milieu de l'océan. De longues minutes passèrent puis Ella posa la peluche dans les bras de sa mamie. Elle l'embrassa sur le front et lui dit qu'elle devait partir. Elle devait fuire. Elle ne pouvait pas rester. Je t'emmènerai avec moi. Promis.

«Tu pars déjà? Tu ne peux pas rester un peu? Jacques est dans le jardin. Il va être triste de pas te voir.

-Je vais aller lui dire bonjour.

-Dis lui d'entrer après. Il va attraper un coup de soleil.»

Ella acquiesça avant de sortir. Elle ferma la porte avec douceur et s'appuya contre cette dernière. Jacques n'allait pas venir et elle avait besoin de partir. Elle ne pouvait plus respirer.

Ella quitta les lieux en un temps record sans oublier de saluer les femmes à l'accueil. Elle se mit à courir les larmes coulant sur ses joues et elle ne s'arrêta qu'une fois à bout de souffle à une bonne distance du bâtiment jaune.

Elle courba son dos et essaya de retrouver son souffle tant bien que mal tout en laissant ses larmes tomber au sol.

Ella finit par se calmer et se redresser lentement. Elle avait mal à chaque muscle de son corps et se sentait atrocement fatiguée. Elle regarda autour d'elle et se rendit compte qu'elle était dans un parc. Elle se laissa donc tomber sur un banc le temps de calmer les battements de son cœur.

Ella était surprise que ses pas l'aient emmenée ici. Ce parc était très loin de son point de départ et elle essayait de calculer combien de temps elle avait pu courir au juste. C'était étrange. Ella était loin d'être endurante. Elle n'aurait jamais pu courir si loin si vite.

Un bruit sourd se fit entendre. Ella leva la tête d'un coup et se tourna vers la source du bruit. Elle ne voyait rien à part un grand buisson et elle allait se retourner et faire comme si de rien n'était mais quelque chose l'en empêchait. Elle était comme attirée par le buisson.

Ella se leva doucement et s'approcha à petits pas hésitants vers le fameux buisson. Elle posa sa main sur les feuilles avec douceur attendant de voir s'il y avait quelque chose qui allait se mettre à bouger. Rien. Elle bougea donc quelques branches et le buisson révéla à quelques mètres de la jeune fille des silhouettes.

Trois silhouettes sombres et droites comme des pics en surplombaient une quatrième allongée par terre. Ella était perplexe devant cette scène. Visiblement la silhouette à terre était harcelée par les trois autres. Comme Ella le voyait la silhouette à terre était en danger et elle devait l'aider.

Sans réfléchir elle se mit à crier:

«Laissez le tranquille!»

Malgré sa petite carrure la voix d'Ella était portante et les quatre silhouettes se tournèrent vers elle en même temps surpris d'avoir été vus. La personne à terre profita de cette diversion pour sauter sur ses pieds et courir vers Ella. Cette dernière se figea en voyant l'inconnu courir vers elle.

Elle se reprit à la dernière seconde et s'éloigna de son chemin ce qui lui permit de fuir. En fuyant l'inconnu avait percuté l'épaule d'Ella et fit tomber ce qu'il avait dans les mains.

Maintenant qu'il était juste à côté d'elle, Ella pouvait parfaitement voir les traits de la silhouette. C'était un jeune homme fin et à la peau pâle presque maladive. Ses yeux étaient ronds et effrayés comme s'il venait de voir un fantôme. Ses cheveux blonds soulignaient la couleur claire de sa peau.

Ce que le jeune homme avait fais tomber était brillant et rouge. Tellement brillant que du premier regard nous savions que c'était une pierre précieuse. Cependant cette pierre loin d'être rigide se fissura la seconde où elle toucha le sol et un nuage vert s'éleva de cette cassure. Ella l'aspira sans le vouloir. Il n'y avait aucune odeur mais immédiatement le corps d'Ella fut parcourut de frissons et elle sa tête se mit à tourner légèrement.

L'inconnu regarda l'objet par terre les yeux toujours aussi ronds comme s'il se demandait s'il devait le ramasser. La seconde de surprise passée les trois silhouettes se mirent en mouvement à leur tour. L'inconnu pâle en les entendant arriver décida visiblement d'abandonner l'objet et préféra continuer de fuir.

Ella n'eut pas le temps de réfléchir qu'elle s'était penchée et avait ramassé l'objet. Elle se tourna vers l'homme qui devenait de plus en plus petit alors qu'il courait et lui hurla:

«Je l'ai!»

Elle ne s'était pas attendue à ce que l'homme revienne ou qu'il se retourne mais c'est ce qu'il fit. En entendant Ella hurler il s'arrêta d'un coup et lui lança un regard qui lui donna froid dans le dos avant de disparaître.

De vraiment disparaître. Ella était sois le choc. Elle se frotta les yeux ne sachant pas ce qu'il venait de se passer. Elle n'eut cependant pas le temps d'être surprise bien longtemps parce que les trois autres inconnus étaient à présent à sa hauteur et elle se fit empoigner l'épaule avec une force qui la fit grimacer.

Se faisant attraper avec tant de violence, les réflexes d'Ella se mirent en route et elle se libéra de l'étreinte de l'inconnu avant de prendre les jambes à son cou sans se retourner.

Derrière elle elle entendait les inconnus se lancer à sa poursuite en lui ordonnant de s'arrêter mais elle n'en fit rien. Au contraire entendre les pas sur le béton derrière elle s'approcher de plus en plus lui donna la force de courir encore plus vite.

Heureusement Ella connaissait le parc comme sa poche. Elle s'y était promenée de nombreuse fois seule ou avec sa grand-mère et cet avantage lui permit de perdre ses poursuivants. Elle se cacha derrière un immense chêne et assise par terre elle écouta pour savoir si jamais elle était encore suivie. Elle n'entendit rien.

Ella resta encore quelques secondes dans sa cachette avant de décider qu'il valait mieux bouger encore. Elle se remit à courir et ne s'arrêta qu'une fois dans le centre commercial où elle allait devoir retrouver ses amis. La foule était dense et cela la rassurait.

Maintenant qu'elle était rassurée Ella remarqua qu'elle n'avait pas lâché la pierre précieuse qui était toujours fissurée et avait perdue un peu de couleur. Ou peut être qu'elle l'avait mal vue dans l'obscurité. Dans tous les cas elle était plus rose que rouge a présent.

Pourquoi est ce que je l'ai gardée? C'est du vol. Ce n'est pas à moi. Qu'est ce que je vais en faire? Ça doit coûter super cher une pierre précieuse. Même si elle est fissurée j'imagine.

Ella rangea la pierre dans son sac en attendant de trouver une meilleure solution et passa aux toilettes afin de se mettre de l'eau sur le visage. Elle se regarda dans le miroir longuement.

«Qu'est ce que je dois faire? Je dois aller voir la police. Je leur donnerai la pierre et ils trouveront son propriétaire. Oui ça me paraît juste.»

Elle se rendit soudain compte qu'elle parlait seule.

«Tant qu'à faire autant continuer. Je suis seule de toute façon. Alors... Voyons. Je viens d'assister à une scène très étrange. C'est le mot. Et si jamais j'ai mal interprété? Et si jamais la personne que je croyais harcelée avait en fait volé cette pierre? Dans ce cas je l'ai aidée et je suis une criminelle aussi... Mais je pouvais pas savoir voyons donc ce n'est pas ma faute. Je vais réparer cette erreur. Demain j'irai à la gendarmerie à côté de chez moi. Je vais tout leur raconter et voilà. Ce sera la fin de l'histoire.»

Elle se tut un instant.

Tout leur raconter? Mais qu'est ce que je vais leur dire? Je ne vais surtout pas leur dire que j'ai cru voir un homme de volatiliser. Ils me prendraient pour une folle.

Ella repensa à la scène. Elle ne comprenait pas comment c'était possible. Elle ne croyait pas à la magie. Elle avait dû halluciner mais dans tous les cas c'était fou. L'homme était là une seconde et l'autre non. Il n'était plus. Comme dans les séries quand le méchant disparaissait avec la fumée sauf qu'il n'y avait pas de fumée et c'était très déconcertant.

Le cerveau humain est décidément plus fascinant que je n'aurais pensé. J'avais peur alors j'ai imaginé que l'homme se retournait puis disparaissait. C'était vraiment très réaliste. Tellement que c'en est presque inquiétant. Dans la réalité l'homme a sûrement dû continuer à courir sans se retourner. Il était loin il faisait noir donc ça a aidé.

Maintenant qu'elle était sûre qu'elle avait halluciné Ella se sentait mieux. Elle sortit des toilettes avec l'impression que c'était de l'histoire ancienne et alla retrouver ses amis qui l'attendaient avec impatience.