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Chapitre 6 / Partie 1

« Éprouver de l'empathie pour un traitre est un crime contre l'humanité » — Jaelly LaRose.

Je me réveille grâce à une mélodie. J'ouvre les yeux et remarque Sullivan. Il vient m'embrasser la joue. Je souris, et je sens que mon moral s'est stabilisé. Cette nuit m'a apportée beaucoup de calme et de fraîcheur, même si je n'arrête pas de penser à Charlotte. Je me redresse et croise mon miroir du mur d'en face. J'affiche une grimace et fais la moue.

—   Orh... grogné-je, tu m'as laisser dormir dans mes habits d'hier ? 

—   Si tu voulais que je t'en débarrasse, fallait le dire plus tôt, ma belle, chuchote-t-il à mon oreille d'un ton mielleux.

            Je mets ma main sur son torse pour le pousser.

—   Arrête ça Sulli', ris-je, tu ne travailles pas aujourd'hui ?

—   Si, mais il n'est que sept heures tu sais ? me rappelle-t-il en pointant du doigt le réveil sur la table de chevet. Exceptionnellement, je travaille l'après-midi.

—   Ah oui d'accord... et tu finiras quand ?

—   Quoi ? Je vais trop te manquer ?

            Je hausse les sourcils de manière désinvolte. Néanmoins, je finis par sourire, je ne vais pas cracher sur son aide émotionnelle.

—   Merci d'avoir été là durant tout ce mois... Depuis là, tu as toujours présent dans les pires moments pour me remettre sur pied.

Il hoche la tête et se redresse à son tour. Il me regarde dans la glace. Je le vois caresser mon cou de la pulpe de ses doigts, et descendre sur ma taille. Il vient me serrer contre lui.

—   Je ne t'ai pas aussi remercié aussi.

—   A propos de ?

—   Tu sais quand je t'ai parlé de ma mère...

—   Oui, mais ça date, non ? Tu m'as dit qu'elle était partie urgemment à Porto Rico...

—   Je me sentais très seul parce que ça a toujours été comme ça avec elle. Tu sais, je tenais beaucoup à ma mère, c'était mon premier modèle dans la vie... J'ai été habitué à rester près d'elle tout le temps. Donc quand elle partait, ça me fissurait le cœur... avoue-t-il en rivant ses yeux dans le vide. Mais tu étais là, Jaliah, ça a directement collé avec toi, et je t'en suis reconnaissant.

—   Pourquoi tu... tu parles de ta mère au passé ?

            Mes mains commencent à trembler et tout mon corps imite ce geste. Je le sens serrer davantage ma taille. Ma respiration se bloque, et cette même sensation d'étranglement de la veille revient à mon esprit. Je panique, et le dégage de moi de manière violente. Je recule et le regarde avec peur.

—   Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu fous ?

—   Jaliah, tu as peur de moi ?

—   JE TE DEMANDE QU'EST-CE QUE TU FOUS ?!

            Je saisis à la hâte un de mes poids d'altère sous mon lit et le brandit devant lui. Mon corps commence à se raidir, je ne parviens même pas à bien saisir l'objet tant mes mains deviennent moites. Mes jambes sont comme du coton, et mon sang se glace dans mes veines. Il se rapproche de moi, et je sens ma gorge se nouer.

—   RECULE, MERDE !

            Je hurle car je frissonne de peur. Je ne suis pas forte physiquement mais je lutterai pour ma vie.

—   Je suis désolé, Jaliah, je ne voulais pas te faire peur ni te faire du mal. Jamais je ne te ferai ça, tu comprends ? Moi je te supporte ! Je suis avec toi, OK ?

—   Ta mère est morte ?

—   Non, elle est toujours là, dans mon cœur et sur la Terre.

            Je reprends une respiration normale. Je baisse mon arme et m'assois sur mon lit. C'est étrange, j'ai un mauvais pressentiment. Sullivan vient me joindre et se met à embrasser mon cou.

—   Je ne te laisserai pas, ma belle, je serai toujours là.

            Cette phrase me fait frissonner, je plante mes ongles dans ma cuisse. Son souffle qui me semblait chaleureux il y a un mois, est devenu glacial. Je suis confuse et inquiète, mes intuitions ne sont jamais bonnes, mais là, je sens un avertissement.

—   Je dois aller voir Charlotte, je dois savoir si elle va bien et... il faut qu'elle puisse m'expliquer ce qui s'est passé, lui confié-je en me quittant le lit de manière brutale.

—    Je t'accompagne !

—   Non, ce n'est pas nécessaire, tu peux rentrer chez toi.

            Il vient saisir mon poignet et plante son regard dans mes yeux. J'en ai la chaire de poule. Je sens mes doigts se crisper, et je perds l'équilibre. J'ai l'impression d'être dénuée de force lorsque je suis seule avec lui.

—   Tu sais ce qui s'est passé la veille, non ? Ce serait imprudent de partir seule.

            Je hoche lentement la tête, je ne veux pas le contrarier. Je me laisse faire... Je pars prendre une douche et m'habille. Quelques minutes après, nous nous dirigeons vers la sortie de l'appartement. Je regarde un instant mon salon sans dessus-dessous.

—   Ça devient de plus en plus chelou... murmuré-je, en sortant de la maison.

            Je me retrouve face à sa belle voiture. Il vient se tenir du côté conducteur, et me regarde avec un large sourire. Je frissonne. Je tressaillis. Je l'observe, incapable de faire un geste. Je lui fais de moins en moins confiance, mais une autre partie de moi me dit de continuer.

—   T'attends quoi pour monter ?

—   Rien...

            J'ouvre la portière et me glisse à l'intérieur du véhicule. Je le sens se pencher vers moi et ce même souffle vient me glacer le sang de nouveau. Je le regarde du coin de l'œil. J'arrive à peine à respirer. Je me penche en avant pour éviter un baiser de sa part. Je feigne de faire mes lacets et lui demande de démarrer. Il le fait sans broncher. Je n'ai pas mangé, je me sens vide et mon ventre cri famine.

— Tu... as des bonbons ou des collations peu importe ?

— Hein ? Euh... je crois, regarde dans la boîte à gants.

Je tends mon bras vers cette dernière. Mes yeux s'écarquillent : ma main est pâle. Néanmoins, mon petit creux est plus fort que moi, je continue et ouvre cette foutue boîte. Je tombe sur une petite photo au filtre sépia. Qu'est-ce que c'est ? Je surveille si Sullivan ne m'a pas remarquée, et poursuis mon inspection. Je découvre une grande femme élancée au teint clair... Elle a de très beaux traits, et ressemble étrangement à Sullivan... Je retourne la photo et il y a deux inscriptions : « le 6 février 1975 » et « le retour de madame King le 28 décembre 2018 ». C'est un voyage ? Une excursion ? Pourquoi ces mots ? C'est sûrement sa mère mais...

—   Qu'est-ce que tu fous, là ?

Mon cœur se paralyse. Je remets la photo et ferme la boîte à gants.

—   Euh... En fait je... désolée.

—   Ferme-moi ça, de suite ! m'ordonne-t-il sans quitter la route des yeux.

—   C'est fait.

Je l'entends dire des choses incompréhensibles. Putain, je me sens si mal, comme s'il me contrôlait ! Le reste du trajet se fait en silence, la culpabilité commence à s'emparer de moi. Je n'aurai pas dû me mêler de ses affaires. Quoique, si ! Il y a quelque chose de bizarre et je suis en droit d'enquêter dessus, non ?

—   Désolée, balancé-je, en regardant par la fenêtre.

—   Ce n'est rien, juste ne fouille pas dans mes affaires, c'est clair ?

            Je me contente d'acquiescer sans rien dire.

—   C'était ta mère ?

—   Ah... je vois que tu as eu le temps de l'identifier, remarque-t-il avec un rire nerveux.

—   Tu es... sa copie parfaite.

—   Oui, évidemment. Je préfère ressembler à ma mère qu'à mon père, soulève-t-il en prenant l'autoroute.

—   Ah bon et pourquoi ?

Il me jette un coup d'œil.

—   C'est compliqué mais disons qu'il gagne bien sa vie.

—   Ah oui et il fait quoi ?

—   Acteur.

—   Sérieux ?

—   Il n'y a rien à envier... à côté de ça il fait des choses pas très commodes.

            Je le vois serrer le volant avec férocité.

—   Je vois oui... continué-je.  C'est compliqué aussi avec mon père, et ma mère d'ailleurs, on ne se parle pas toujours, ils sont souvent occupés.

À la fin de ma phrase, je sens sa main palper ma cuisse. Mais qu'est-ce qu'il a aujourd'hui ?

—   Ça nous fait un point en commun je suppose, si tu veux, on n'en parle pas pour l'instant.

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