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Chapitre 5 / Partie 2

Il démarre au quart de tour, me laissant sur le pas de la porte.

J'hausse les épaules et sort mes clés pour les insérer à l'intérieur de la serrure, sauf que la porte s'ouvre toute seule. Je fronce les sourcils, inquiète. Je rentre avec prudence dans la maison. Un courant d'air glacial vient caresser mes bras. Il y a un silence monstre qui me procure des sensations désagréables !

Je retire mes talons dans le hall, et avance pieds nus afin de diminuer le bruit. Je regarde sur ma droite et mon cœur semble me lâcher : je retrouve Charlotte, étalée sur le sol au milieu des meubles en débris. Tous ces biens que nous avions si durement payés sont en ruines, mais ce n'est pas ça qui m'importe.

C'est ma copine, Charli' ! Que s'est-il passé ?! Je mets ma main sur ma bouche et me retient de pleurer. Elle est inconsciente ! Je remarque plusieurs bleus sur son corps et son arcade est en sang. J'attrape mon téléphone les mains tremblantes. Je compose le 911 pour la seconde fois de la semaine.

Soudainement, je sens mon cou se presser de manière anormale. Je ne parviens pas à respirer ! D'où ça sort ça ?! Je me sens mourir. Je tente de respirer, de trouver un point d'air, mais plus j'essaie, plus ma gorge me brûle et les larmes me montent. Quelqu'un m'étrangle. Je me débats du mieux que je peux.

Je suis encore sur le dos, à terre, je ne parviens pas à voir la personne qui veut ma mort. Par coup de chance, je remarque le parapluie posé depuis des années devant le hall d'entrée. Je le saisis avec beaucoup de mal, faisant tomber son réceptacle. De toutes mes forces, je frappe mon agresseur. Je suis épuisée, mais je ne veux pas mourir !

Je finis par me libérer de son emprise, je me retourne et découvre le même visage grassouillet et rouge, la même barbe mal taillée et le même rire salace.

— Encore toi, connard ! m'exclamé-je.

Je me précipite vers mon téléphone tombé quelques minutes plus tôt près de Charlotte. Une fois dans mes mains, je cours à l'extérieur, échappant de justesse à une énième de ses attaques. Je recompose le numéro à trois chiffres et appelle la police. Je m'inquiète pour Charlotte, mais je me rends compte que le gaillard me poursuit dans la rue. Je tente d'éviter les obstacles pour ne pas blesser mes pieds.

— VENEZ VITE ! IL Y A UN FOU QUI EST ENTRÉ PAR EFFRACTION CHEZ MOI ET A ASSOMÉ MON AMIE ! JE SUIS DANS LA RUE EN TRAIN DE COURIR PARCE QU'IL ME COURSE, MERDE ! m'écrié-je, en manquant de tomber.

La police promet de faire vite, mais cela ne me suffit pas : l'adrénaline s'est emparée de moi. Et voilà la deuxième fois que je fais le tour du pâté de maison, l'homme se fatigue mais pas moi. Je crie victoire lorsque j'entends plusieurs sirènes de police retentir. Je vire à gauche et me retrouve dans ma rue.

Je remercie le bon Dieu lorsque je vois la voiture blanche et bleue. J'utilise mes dernières forces pour les atteindre, et au final je me présente toute transpirante comme une serpillère imbibée d'eau. J'ai cru y laisser ma vie.

— C'est... c'est... tenté-je de dire, posant les mains sur mes genoux. C'est l'homme roux là.

— Quel homme mademoiselle ?

— Bah, l'homme-là qui...

Je me retourne mais je ne l'aperçois plus. C'est quoi ce bordel ?!

— Mais où est-ce qu'il s'est barré ce taré ?! Je vous promets il était là.

Même si ça me dérange, je pense à Charlotte qui souffre de ses blessures. Les policiers entrent chez moi, inspectent les lieux et l'ambulance arrive après emportant Charlotte à l'hôpital. Par réflexe, je veux suivre mon amie, mais les agents me retiennent pour avoir plus d'informations sur ce qui s'est passé. Je reconnais l'officier Walters. Il m'adresse un sourire furtif avant de me lancer une série de questions.

— Vers quelle heure êtes-vous revenue ?

— Euh... je pense vers quatorze heures.

— Vous étiez avec quelqu'un avant d'arriver chez vous, Mademoiselle Fringer ?

— Oui mais je ne vois pas en quoi ça peut nous amener à quelque chose.

— Je fais mon travail, mademoiselle.

Je lui dévoile le nom de Sullivan avec agacement.

— Bien... donnez-moi les caractéristiques physiques de votre agresseur.

— C'était le même homme qui a déclenché la pagaille à Jocelyne & Coffee, en fait. Il était d'ailleurs supposé être arrêté, avancé-je.

— Ah ? Richard ? Disons qu'il a eu une indemnité qui l'a laissé filer. C'est un homme assez influant donc la petite police de Los Angeles ne peut parfois pas s'interposer... vous comprenez ?

De vrais incompétents... Je baisse les yeux et me fait beaucoup de soucis pour Charlotte, la pauvre, elle n'a rien demandé.

— Pourquoi il s'en prend à nous ? Vous avez trouvé des informations supplémentaires ?

Le policier est sur le point de répondre, mais il se fait interrompre par son collègue qui vient lui apporter des informations. Au même moment, je remarque Sullivan devant la porte. Mon cœur se remplit de joie, j'ai tant besoin d'un soutient.

— Jaliah ! Tu vas bien ? demande-t-il en me saisissant par les bras.

— Oui... oui, c'est Charlotte, elle...

Il me prend dans ses bras, je pleure, anxieuse et triste. Je mouille son polo, mais plus je me vide, plus je me sens bien. Je veux rester dans son odeur délicieuse qui me calme. Je n'en demande pas plus. Je sais que Charlotte est entre de bonnes mains, tout ira bien.

Les policiers n'ont pas plus d'éléments, ils décident alors de reporter le reste des recherches. Ils veillent à clôturer, le salon de bandes jaunes et noires. Nous nous retrouvons seuls.

Je pars verrouiller la porte et reviens pour prendre la main de Sullivan.

— Ne pars pas, s'il te plaît, je me sens mal.

Je monte à l'étage et m'allonge sur mon lit, suivie de mon amant. Je repose ma tête sur son torse. J'entends son cœur battre contre mon oreille. J'affiche un petit sourire réconfortant.

Les larmes ayant suffi à m'anesthésier, je me laisse emportée dans les vagues rêveuses, balancée par l'odeur enivrante de Sullivan.

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