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CHAPITRE 10

St Gaudens 2018

Damien était en cours de réveil, la bouche pâteuse et les 4 cavaliers de l’apocalypse au grand galop qui tambourinaient pour sortir de son crâne. Il prit un doliprane, un jus de citron, et se jura de ne plus se faire avoir. Pourtant, il était certain de ne pas avoir abusé... Il fallait qu’il se rende à l’évidence, il ne tenait pas l’alcool !

Il en était à ces considérations post-cataclysmiques, quand il entendit deux tintements sur son smartphone... Consultation de l’icône ; 2 nouveaux messages.

Premier expéditeur, PS Tlse... pour police scientifique Toulouse :

« On a identifié une empreinte, je vous envoie les conclusions sur votre messagerie sécurisée. »

Deuxième expéditeur, Leds :

« Viens quand tu as ce message, faut qu’on cause. »

Les deux SMS lui firent l’effet d’une douche vivifiante. En montant dans sa voiture, il envoya un SMS commun au groupe :

« RDV bureau, 15 min. DS. »

Tandis qu’il s’engageait dans la circulation fluide de ce lundi matin, il essayait de remettre en place les morceaux de la soirée d’hier. Il manquait quelques pièces. L’apéro, ça c’était bon : il l’avait, il n’avait pris qu’une bière, il en était certain. Le repas aussi, il avait tout, il avait continué avec une deuxième bière qui lui avait fait jusqu’au dessert. Il ne tolérait pas les mélanges, même pas l’eau dans le Ricard, quoique pour ce dernier, c’était l’anis qu’il ne supportait pas. Bon, sur quels autres souvenirs pouvait-il s’appuyer ? Bonne ambiance, rires sains, une vraie bande de potes ! Il était fier de son équipe.

La cohésion était le moteur d’une équipe efficace, lui avait-on souvent martelé en école de police. Mais entre savoir ce qu’il fallait faire et l’appliquer, il y avait un fossé que certains chefs de groupes n’arrivaient jamais à franchir. Après le dessert, fait de crêpes flambées au calva, la venue de la bouteille de Tequila sonna le glas des souvenirs. Par contre, penser à l’alcool mexicain lui fit mal à la tête. Au moins, son flair n’était pas remis en cause, le coupable était identifié : il portait un sombrero !

Arrivé au bureau, il ouvrit immédiatement le rapport des TIC. Il ne lut pas l’exposé. Les termes scientifiques, les noms des procédures techniques, il n’en avait que faire. Seule la conclusion l’intéressait :

Présence de quatre traces papillaires partielles.

Une sur un étui 9mm : majeur, main gauche.

Une sur le coulisseau : pouce, main gauche.

Une sur le rail interne de la glissière : index, main droite.

La dernière est un pouce droit : directement sur la crosse, sous la chaussette en silicone.

Les trois premières empreintes proviennent du même individu : Alexis Vasseur. La quatrième ne vient d’aucun des prélèvements faits au cirque. La recherche est en cours, la première requête n’a rien donné sur le FNAED 5.

Les deux premières traces ont pu être déposées lors de l’utilisation normale  : chargement des munitions, armement du pistolet.

La troisième empreinte n’a pu être déposée que lors de manipulations de démontage : pour nettoyer l’arme ou l’entretenir, opération entreprise en général par son propriétaire.

La quatrième est sans aucun doute assez ancienne. Elle se trouvait sous le fourreau en silicone améliorant la prise en main de la crosse. On a des traces attestant que la chaussette n’a pas été enlevée depuis un long moment. L’empreinte est dans un endroit parfaitement protégé de la lumière et de l’humidité. Cette empreinte a pu être laissée par un armurier lors du montage original de cette chaussette sur la crosse. 

L’examen des prélèvements systématiques en recherche de traces d’explosifs sur les individus, lors des auditions du dimanche 11 février 2018, met en évidence la conclusion suivante : une présence de poudre et une brûlure sur le trajet de l’éjecteur de l’étui, sur la main droite de Mr Vasseur.

Sans aucun doute possible, Mr Vasseur a utilisé une arme dans les 48 heures précédant le prélèvement.

L’arme, un pistolet de marque Sig Sauer modèle police SP2022, vient, selon une forte probabilité, d’une source d’approvisionnement parallèle. Les numéros de série meulés prouvent le caractère délictuel de la conservation de cette arme.

Damien venait de terminer la lecture en diagonale du rapport, quand Yannis arriva avec les chocolatines tandis que Frédo, hilare, faisait un clin d’œil appuyé à Sandrine…

– Et demain, chef, c’est toi qui régale.

– C’est quoi cette histoire de choco ? Tu es au courant Yannis ?

– Tu verras bien chef, Frédo t’expliquera ! répondit Yannis en affichant un franc sourire.

Damien refusa d’essayer de comprendre.

– Bon, ben en attendant de faire la lumière sur l’affaire des chocolatines, Frédo et Sandrine, vous allez au cirque me cueillir Alexis Vasseur. Pour l’instant on le fait venir au bureau en qualité de témoin, on verra pour la suite. Pendant ce temps, je mets le proc au courant. Yannis, de ton côté, tu essaies de clôturer le dossier des cartes bleues du Leclerc. 

Ce travail avait occupé toute l’équipe la semaine passée, un boulot pile-poil pour Yannis, informatique et craquage de site sécurisé…

Damien, qui considérait l’affaire du cirque presque terminée, voulait passer rapidement à autre chose, Sandrine suffirait à clôturer la procédure. Dès qu’ils le pourraient, avec Frédo, ils se remettraient sur les dossiers en cours. 

 

Un homicide bouclé en deux jours, Pichery n’avait pas fini de se faire mousser !

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