Home / Loup-garou / Une nuit de sang et de désir / Ce que cache les ombres

Share

Ce que cache les ombres

last update Huling Na-update: 2025-06-15 22:48:01

Chapitre 4 : Ce que cachent les ombres

Isis

Je reste immobile, comme figée dans une bulle invisible. Le souffle suspendu, le cœur battant à un rythme sourd que je n’arrive pas à calmer.

Le monde entier semble s’être arrêté autour de moi, les bruits s’estompent, les couleurs s’effacent. Seule cette voix résonne, claire, profonde, inoubliable.

La sienne.

Isis…

Je sens mes muscles se tendre, puis je me redresse lentement, comme si j’émergeais d’un long sommeil, ou d’une plongée trop profonde. Mes yeux cherchent dans la pièce, fouillent chaque coin, chaque ombre.

Rien. Le salon est vide. Pourtant, je le sens.

Il est là. Pas vraiment ici, mais si proche que son souffle pourrait traverser les murs.

Assez près pour murmurer mon nom.

Assez près pour glisser entre les failles du réel.

— Isis ?

La voix de Leïla me tire brusquement de cette transe. Inquiète, elle penche la tête, cherche à croiser mon regard.

— T’as entendu quelque chose ?

Je hoche la tête, incapable de formuler le moindre mot. Ma gorge est serrée, mes lèvres tremblent.

Elle se fige, ses yeux s’élargissent.

— Il est revenu ?

Je ne réponds pas, mes yeux plongés dans les siens.

Elle comprend sans que je dise un mot.

Je vois la tension grimper dans ses épaules, la façon dont sa main se tend vers son téléphone.

Je l’arrête d’un geste, pressant.

— Non. N’appelle personne.

Elle me fixe, la peur contenue dans son regard.

— Isis, tu ne peux pas rester seule avec ça. Si c’est réel… s’il te suit…

— Il ne me veut pas de mal.

Je sens son regard perçant sur moi, comme si elle cherchait à sonder mon âme.

— Tu viens de dire qu’il est dangereux.

Je baisse les yeux, honteuse de ma propre confusion.

— Je sais. Mais… il ne me fait pas peur. Pas vraiment.

Leïla secoue la tête, murmure un mot incompréhensible, comme pour chasser ses pensées sombres.

Elle se lève, fait les cent pas dans la pièce, l’air agité.

Puis, elle s’arrête, inspire profondément.

— Bon, dit-elle enfin, t’as besoin d’air. De sortir. De voir autre chose que tes murs et ta cafetière. On va marcher.

— Marcher ?

— Oui. Viens. Prends une veste. Laisse ton téléphone. Juste toi et moi.

Je n’ai pas la force de refuser.

Alors je me lève, attrape un vieux manteau à l’entrée, et on sort.

Le ciel est bas, gris, chargé de cette pluie imminente qui semble vouloir laver mes doutes.

Le vent glisse contre ma nuque, emportant mes cheveux dans une danse chaotique.

J’ai la sensation étrange qu’il me frôle, lui aussi.

Chaque pas me paraît différent. Comme si la ville avait changé de texture.

Le monde est devenu plus flou. Plus lent. Ou peut-être suis-je celle qui vacille.

Leïla parle, tente de ramener la normalité.

Elle me raconte ses petites rancunes du bureau, une chanson qu’elle adore, la façon dont sa mère organise déjà Noël, comme si le temps filait trop vite.

Je fais semblant d’écouter, mes pensées ailleurs, happées par ce sentiment croissant d’être observée, suivie.

Un bruit derrière un coin me fait sursauter. Je me retourne vivement, mais il n’y a rien. Juste une poubelle renversée, une feuille morte qui danse au sol.

Je respire profondément, essaie de me convaincre que ce n’est que mon imagination.

Soudain, Leïla s’arrête.

— Regarde.

Je lève les yeux, et mon souffle se coince.

Nous sommes devant la vieille librairie du quartier, fermée depuis des mois. Pourtant, une lumière douce, vacillante, palpite derrière la vitrine poussiéreuse.

— C’est pas normal, dit-elle.

Je m’approche, une main posée contre la vitre froide.

Et là, dans l’ombre, au fond de la boutique, je le vois.

Lui.

Assis, immobile. Ses yeux sombres, profonds, sont braqués sur moi.

Il ne bouge pas. Ne cligne pas des yeux.

Je recule d’un pas, prise de panique.

— Leïla…

Mais elle ne voit rien.

— Quoi ? Qu’est-ce que tu vois ?

— Il est là.

Elle scrute la vitrine, fronçant les sourcils.

— Isis… y’a personne.

Je tourne la tête pour le regarder encore une fois.

Il a disparu.

Juste une chaise vide, balayée par une ombre dansante.

Mais l’air est chargé. Une tension électrique m’enveloppe, pesante, comme un voile épais posé sur ma poitrine.

Il était là.

Il est là.

Leïla me prend doucement le bras, son regard plein d’inquiétude.

— Viens. On rentre. Ça suffit pour aujourd’hui.

Je la suis sans résistance, le cœur battant trop fort, les yeux fixés droit devant.

Mais dans ma tête, une voix résonne, un écho insistant.

Tu m’as vue.

Tu me reconnais.

Tu es prête.

Je serre les poings, cherchant à chasser cette sensation d’intrusion, de menace. Mais c’est plus fort que moi.

Alors, pour la première fois, un nom s’impose à moi, limpide, chargé de mystère.

Je ne sais pas si c’est lui qui me l’a soufflé, ou si je l’ai toujours su, enfoui quelque part dans ma mémoire.

Mais je murmure, sans vraiment comprendre pourquoi :

— Ashar.

Leïla se fige, blême.

— Quoi ?

Je la regarde droit dans les yeux.

— Je crois… je crois que c’est son nom.

Un frisson glacial traverse la pièce.

Et je sais, au plus profond de moi, que ce n’est que le début.

Alors que nous marchons de retour vers l’appartement, la lumière des réverbères éclaire d’étranges formes dans le brouillard naissant.

Je sens son regard invisible peser toujours sur moi, une présence oppressante et pourtant familière, comme si ce nom — Ashar — ouvrait une porte vers un passé que je n’arrive pas à saisir, vers un avenir que je redoute déjà.

Leïla tente de briser le silence qui s’est installé entre nous.

— Tu crois vraiment qu’il est là pour toi ?

Je ne sais pas quoi répondre.

J’aimerais pouvoir dire que j’ai peur. Mais ce n’est pas ça.

C’est autre chose. Un mélange de fascination et d’angoisse, une promesse cachée dans l’ombre.

— Je dois en savoir plus, murmuré-je.

Elle m’attrape la main, ferme les yeux un instant.

— Alors on le fera ensemble.

Je serre sa main, un peu rassurée, mais au fond, un tourbillon d’ombres commence à m’envahir, prêt à dévorer tout ce que je croyais savoir.

Ashar. Un nom qui brûle comme une flamme froide.

Et je sens que ma vie ne sera plus jamais la même.

Patuloy na basahin ang aklat na ito nang libre
I-scan ang code upang i-download ang App

Pinakabagong kabanata

  • Une nuit de sang et de désir   Face aux prédateurs

    Chapitre 55 — Face aux prédateursISISLa ville file derrière la vitre de la voiture, grise et lourde comme un ciel d’orage.Raven conduit vite, une main posée sur le volant, l’autre crispée sur l’accoudoir. Son profil est dur, fermé.Je ne parle pas.J’ai peur que le simple fait d’ouvrir la bouche fissure ce silence qui nous protège.Mon ventre est un nœud.Je sens encore la chaleur de ses mains, la force de son corps contre le mien cette nuit, mais tout ça paraît déjà loin.Maintenant, il n’y a plus que le froid du monde réel. Le cabinet. Le jugement. Ces inconnus en costume qui décident si je suis crédible ou pas, si ma parole vaut quelque chose.— Tu trembles.Sa voix me tire de mes pensées.Il tourne un instant la tête vers moi. Ses yeux noirs me fixent, profonds.— Je suis là. Tu m’entends ? Je ne les laisserai pas te toucher.Je hoche la tête, incapable de répondre.J’aimerais croire que ça suffit. Que sa présence est un rempart.RAVENElle est pâle. Trop pâle.Chaque seconde m

  • Une nuit de sang et de désir   La riposte du sang et du feu

    Chapitre 54 — La riposte du sang et du feuISISJe croyais pouvoir respirer encore un peu.Après la nuit, après le feu de ses mains et de ses lèvres, je pensais que le matin aurait le goût de paix.Mais non.Le mail du cabinet pèse encore dans ma poitrine, comme une pierre.Chaque mot me rappelle que je ne suis qu’un pion dans leur jeu, une proie qu’ils veulent dépecer.Je regarde Raven.Il est déjà debout, en jean noir, torse nu, ses cheveux épars sur ses épaules.Il ne parle pas. Il tourne dans la pièce comme une tempête silencieuse.Ses yeux sombres fixent l’écran de mon téléphone avec une intensité presque animale.— Ils osent.Sa voix n’est plus un murmure. C’est un grondement.Je le vois attraper son manteau, son portable.Je devine ce qu’il va faire avant même qu’il n’ouvre la bouche.— Raven, attends…— Non. On ne va pas les laisser te piétiner une seconde de plus.RAVENLe mail tourne dans ma tête comme un poison.Remettre son témoignage en cause.Ils croient pouvoir salir sa

  • Une nuit de sang et de désir   Le retour du froid

    Chapitre 53 — Le retour du froid---ISISLe bourdonnement du téléphone déchire le silence comme une lame.Un son sec, métallique, presque cruel.Je ferme les yeux un instant, espérant que ça s’arrête, que le monde me laisse encore quelques secondes dans ce cocon fragile.Mais non. Ça continue. Insistant.Comme un doigt qui appuie sur une blessure encore ouverte.Je sens mes muscles se crisper, comme si mon corps tout entier savait que ce qui m’attend derrière cet écran n’est pas une bonne nouvelle.Je veux ignorer, repousser.Mais la vibration persiste, obstinée.Tu ne peux pas fuir.Je me redresse lentement, avec cette lourdeur qui n’est pas de la fatigue mais de l’angoisse.Chaque geste est difficile, comme si mes os avaient pris le poids de toutes les heures écoulées depuis l’audition.J’attrape le téléphone.Un mail.Une ligne. « Urgent suite à l’audition… »Mes doigts tremblent.Mon ventre se serre jusqu’à me donner la nausée.Je sens la chaleur de Raven encore imprimée sur ma

  • Une nuit de sang et de désir   Le feu qui rend vivant

    Chapitre 52 — Le feu qui rend vivantISISSes doigts glissent légèrement sur ma cuisse.C’est un contact simple, presque innocent.Mais en moi, c’est un séisme.Un déferlement de chaleur, une onde qui traverse mes nerfs et me fait frissonner jusqu’à la nuque.Je sens mon souffle s’alourdir, mon cœur battre plus fort, comme s’il cherchait à briser la cage de ma poitrine.Je le regarde.Il ne bouge pas.Il attend.Ses yeux sont sombres, brûlants, et je lis dedans une question muette : Es-tu prête ?Je ne réponds pas avec des mots.Les mots ne suffisent pas.Je prends sa main, la guide plus haut, sur ma hanche, comme une invitation que je n’avais encore jamais osé formuler.Je veux sentir sa chaleur là où la mienne s’est figée.Je veux qu’il me rappelle que je suis vivante.Que je suis plus qu’un souvenir abîmé.RAVENQuand ses doigts referment ma main sur sa hanche, je sens toute la tension de son corps.Elle tremble, mais ce n’est pas de peur.C’est une énergie brute, une pulsation qui

  • Une nuit de sang et de désir   Le corps qui tremble encore

    Chapitre 51 — Le corps qui tremble encoreISISLe silence est revenu, mais il n’est plus le même.C’est un silence qui s’infiltre, qui râpe la gorge.Un silence lourd, saturé de questions qu’on n’ose plus formuler.Je le sens dans la voiture, comme une troisième présence assise entre nous.Je regarde la vitre. Les lumières de la ville se reflètent, se déforment, glissent comme des cicatrices liquides. J’ai l’impression que tout est plus froid.Que les murs des immeubles respirent comme des couloirs d’hôpital.Que les voitures sont des machines d’oxygène.Que je suis un corps perfusé, branché à une réalité qui ne veut plus de moi.Je ne parle pas.Parce que si je parle, la voix se brisera.Et je ne veux pas. Pas encore. Pas maintenant.Je tiens trop à cette dernière parcelle de contrôle, même si mes doigts tremblent.RAVENElle est là, juste à côté, mais c’est comme si elle n’était plus vraiment là.Sa main est posée sur sa cuisse, crispée au point que ses phalanges blanchissent.Son s

  • Une nuit de sang et de désir   Quand la loi vous regarde

    Chapitre 50 — Quand la loi vous regardeQuand l’enveloppe est tombée dans la boîte, ce n’est pas le bruit qui m’a réveillée.C’est plus ancien. Plus profond.Quelque chose comme un pressentiment primitif.Un frisson dans le sang.Un avertissement sans mots.ISISJe l’ai vue avant même d’ouvrir la boîte.Elle était là. Blanche. Cartonnée. Lourde.Pas une lettre.Un verdict déguisé.Je n’ai pas crié. Je n’ai pas pleuré.Je me suis figée, clef à la main, dans l’entrée, comme si le monde s’était ralenti autour de moi.Je savais. Mon corps savait.Avant même que mes yeux lisent :> "CONVOCATION — PARTIE CIVILE""Présence requise""Instruction judiciaire — faits de nature criminelle présumée""Votre témoignage est requis sous serment"J’ai failli m’évanouir. Mais pas de peur.De saturation.C’est un mot qui colle à la gorge : convocation.Pas une demande.Un ordre.RAVENJe l’ai trouvée immobile. Dos au mur. Les jambes repliées, les mains sur les oreilles.Elle ne pleurait pas.C’était pire

Higit pang Kabanata
Galugarin at basahin ang magagandang nobela
Libreng basahin ang magagandang nobela sa GoodNovel app. I-download ang mga librong gusto mo at basahin kahit saan at anumang oras.
Libreng basahin ang mga aklat sa app
I-scan ang code para mabasa sa App
DMCA.com Protection Status