All Chapters of Le Pacte d'Écailles et de Lune: Chapter 121 - Chapter 130

Trois jours s’étaient écoulés depuis l’affrontement.Le calme revenu sur la tanière était presque irréel, comme si le monde retenait sa respiration, suspendu dans une accalmie qu’aucun ne savait durable. La forêt paraissait plus verte, plus vivante… mais l’air portait encore les stigmates du feu vert, comme une cendre invisible que même la pluie ne parvenait à laver.David passait ses journées au chevet de son frère, toujours inconscient. Les guérisseurs n’osaient pas promettre de miracle, mais son souffle, lent et fragile, persistait.Lorcan, quant à lui, se tenait à l’écart. Il errait souvent seul dans les bois, comme s’il cherchait une réponse dans le chant des feuilles ou le craquement des branches. Il portait désormais le silence comme une seconde peau.Mais ce matin-là, c’est Elara qui convoqua le cercle restreint.Dans la petite salle d’archives, aux murs couverts de parchemins et de poussière, elle tenait un vieux grimoire à demi-ouvert sur la table. Son visage était tendu, se

L’air s’effondra.La lumière écarlate s’éleva dans la crypte, tourbillonnant comme une brume épaisse, presque liquide. Le sol vibrait sous leurs pieds. Le souffle chaud qui s’en dégageait n’avait rien de vivant ; c’était une respiration ancienne, étrangère, comme si la terre elle-même expirait un cauchemar oublié.La main d’écailles s’extirpa entièrement de l’autel brisé, suivie d’un bras long et sinueux, noir, parcouru de veines rouges pulsantes. Les griffes luisantes raclaient la pierre en émettant un son métallique qui fit grimacer Anya.— Reculez ! hurla Elara.Ils reculèrent instinctivement, formant un arc autour du cercle fissuré. Le plafond de la crypte se mit à vibrer, quelques pierres chutèrent en éclats. Mais tous restèrent. Paralysés. Captivés. Horrifiés.Puis il surgit.Azerhaël.Une créature ni tout à fait matérielle, ni vraiment éthérée. Son corps semblait à chaque instant vouloir prendre forme et la perdre. Des fragments d’écailles, d’ombre et de lumière rougeoyante se

Le printemps glissait peu à peu sur la forêt, réveillant les sous-bois d’une vie nouvelle. Chaque branche portait la promesse fragile de renouveau, chaque souffle du vent chantait la patience du temps.La tanière bourdonnait d’une activité sereine qu’on n’y avait plus connue depuis des mois. On réparait les habitations, on consolidait les abris, on murmurait des chansons oubliées autour des feux nocturnes. Des éclats de rire résonnaient parfois au cœur des clairières, preuve fragile mais tenace que la vie savait reprendre ses droits.David passait ses journées entre les soins à son frère, désormais réveillé mais encore brisé, et l’entraînement. Ses gestes étaient plus sûrs, son regard plus ferme. La peur avait laissé place à une détermination neuve.Kael enseignait à la jeune garde les savoirs anciens, transmettant les légendes et les techniques de chasse que la modernité menaçait d’effacer. Autour de lui, les jeunes loups l’écoutaient avec un respect presque religieux, buvant chaque

Quelques semaines s’étaient écoulées depuis le départ de Caleb. Le printemps avançait, radieux en apparence. Mais sous cette surface verdoyante, les premiers frissons d’une tempête invisible parcouraient déjà les grandes capitales humaines.L’existence de l’alliance naissante entre la meute des Écailles de Lune et ce qu’il restait de la Confrérie avait fait son chemin, discrètement, dans certains cercles très fermés.Et ce matin-là, à plusieurs centaines de kilomètres de la tanière, dans les salons feutrés d’un bâtiment gouvernemental, des voix s’élevaient.— “Vous réalisez la gravité de votre proposition, Caleb.”La voix était sèche, cassante. Madame Legrange, directrice du Bureau des Anomalies Stratégiques, ne cachait pas son exaspération. Ses yeux noirs perçaient l’émissaire comme des lames.Face à elle, Caleb demeurait droit.— Oui, madame. Et c’est précisément pour cette gravité que nous devons agir maintenant. Ils ne sont pas ce que nous pensions. Ils ont changé. Nous aussi.Le

Le cercle s’était reformé, mais cette fois sans chants ni feu. Tout était retenu. Suspendu. Comme si même la nature elle-même écoutait.Lorcan, debout au centre, fixait les trois Maîtres de l’Équilibre, entourés de quelques membres de sa meute, tous aussi tendus que lui. Elara, légèrement en retrait, tenait son carnet contre elle, enregistrant chaque détail avec une vigilance fébrile.La femme aux yeux de marbre prit la parole en première.— Alpha Lorcan. Vous avez réveillé plus que la paix. Vos choix ont attiré l’attention des puissances que vos ancêtres avaient scellées. Vous êtes en train de briser des règles plus anciennes que votre propre lignée.Sa voix était douce, mais chaque mot portait une lame sous le velours.Lorcan garda sa posture ferme.— Nous n’avons réveillé rien d’autre que la vérité. Ce n’est pas en restant dans l’ombre que nous éviterons de futurs drames. Il est temps de bâtir autre chose.L’homme à sa droite, un visage émacié aux pupilles d’argent, ajouta avec un