All Chapters of SIENNE À JAMAIS : Chapter 21 - Chapter 30

Chapitre 22 — Le Jugement de l'OmbreMÉLISSALa convalescence est une épreuve de patience. Une bataille silencieuse contre la douleur et la frustration. Mon corps, que j'avais forgé en arme, me trahit avec chaque élancement, chaque point de suture qui tire. Hug est un garde du corps ombrageux et surprotecteur. Il a reporté toute affaire non essentielle, dirigeant l'empire depuis ma chambre, son ordinateur portable posé sur les genoux, son regard quittant rarement ma forme immobile dans le lit.Julian vient chaque jour faire son rapport. Les progrès de l'enquête. Ils ont un nom : Silas Varno. Un financier discret, un cerveau sans scrupules qui a fomenté la chute du Cercle et cru pouvoir ramasser les morceaux en m'éliminant. Il se cache dans un bunker, croyant être en sécurité.— Il a des protections, explique Julian. Cybernétiques, physiques. Une forteresse.— Toute forteresse a une faille, dis-je, ma voix encore faible mais pleine de certitude. Trouvez-la.Pendant ce temps, je planifi

Chapitre 24 — L'ImpératriceMÉLISSALe lendemain, le manoir se transforme en quartier général. L'énergie est différente. Ce n'est plus la tension sourde des préparatifs de guerre, mais le bourdonnement concentré d'une entreprise en pleine expansion. Julian, l'air à la fois sceptique et fasciné, est à la tête des opérations techniques. Leo assure la sécurité discrète mais omniprésente. Hug, lui, observe. Il me laisse les rênes, intervenant seulement pour valider une décision ou aplanir un obstacle avec l'autorité brutale qui est la sienne.Notre première cible est une banque d'affaires en difficulté, "La Cité Financière". Son PDG, un homme orgueilleux nommé Dubois, se débat contre des créanciers hostiles. C'est une proie parfaite.Je ne convoque pas Dubois dans l'ombre de notre repaire. Je prends rendez-vous dans ses bureaux, au sommet d'une tour de verre qui symbolise tout ce que notre ancien monde méprisait.Je m'y rends, vêtue d'un tailleur austère qui ne dissimule pas mon autorité.

Chapitre 26 — Le Cœur de l'EmpireMÉLISSAL’idée d’un héritier n’est pas une lubie. C’est la prochaine étape logique, inévitable. La pierre angulaire qui manquait à notre édifice. Un enfant. Un être né de notre union, de notre volonté commune. Un être qui portera en lui le sang de La Faucheuse et la froide intelligence de l’Architecte. L’idée ne m’effraie pas. Elle m’ancre. Elle donne un but ultime à tout ce que nous avons bâti.Les mois passent. Notre empire financier, Aethelred Holdings, continue son expansion silencieuse et vorace. Nous sommes devenus un pilier de l’économie, cités en exemple dans les journaux spécialisés. Personne ne soupçonne la fondation de cendres et de sang sur laquelle tout repose.Et pourtant, une nouvelle menace émerge, plus insidieuse. Non pas un rival, mais un sentiment. L’ennui. Je le vois dans les yeux de Hug parfois, lors des dîners interminables avec des politiciens ou des banquiers. La lueur sauvage qui le définissait s’est atténuée, canalisée dans l

Chapitre 28 — Le Serment du SangMÉLISSALa lumière blanche et stérile de la suite médicale privée me transperce les paupières. Chaque sens est amplifié, aiguisé par la peur. L’odeur de l’antiseptique. Le bip régulier du moniteur cardiaque. La pression du brassard sur mon bras. Et cette douleur sourde, tenace, en bas de mon ventre, une marée montante qui menace d’emporter tout ce que nous avons bâti.— La pression baisse.La voix du Dr Thorne est calme, mais je perçois la tension sous-jacente. Elle échange un regard avec Hug, qui se tient près de la porte, immobile comme une statue de granit. Son silence est plus bruyant qu’un cri.— L’enfant ? Ma voix est un filet rauque, à peine audible.— Nous faisons tout notre possible pour stabiliser la situation, Mélissa. Mais le stress, la montée d’adrénaline… le corps a ses limites.Limites. Un mot que j’ai refusé toute ma vie. Un mot qui n’existe pas dans le vocabulaire de Hug. Je tourne la tête vers lui. Ses poings sont serrés, ses jointure

Chapitre 30 — Le Piège de l’AubeMÉLISSALa naissance est une bataille. Une guerre silencieuse et primitive que chaque femme mène seule dans les tranchées de son propre corps. Il n’y a plus d’Architecte, plus d’Impératrice. Il n’y a qu’un animal qui se déchire pour donner la vie, et une conscience qui flotte au-dessus, observant la tempête avec une clarté terrifiante.La douleur est un océan. Je me noie dedans, remonte à la surface pour hurler, et replonge. Les mains du Dr Thorne, les encouragements de l’infirmière, ne sont que des bruits lointains. Le seul point d’ancrage, c’est la main de Hug. Elle serre la mienne avec une force qui devrait briser les os. Son visage est une sculpture de tension, pâle, des muscles de sa mâchoire saillants. Il murmure des mots que je n’entends pas, des serments, des menaces, des prières. Son autre main est posée sur mon front, un point de contact brûlant.— Poussez, Mélissa. Maintenant !La voix du Dr Thorne perce la brume. Je rassemble tout ce qui me