Éva
07h03 — Appartement 5B, quartier sécurisé du Vieux-Centre
La serrure grince. Pas assez pour déranger un voisin. Juste assez pour dire qu’on est là. Qu’on revient. Qu’on a survécu.
Je pousse la porte. Belmont entre derrière moi, referme sans un mot. Pas de lumière. Juste la pâle lueur qui glisse à travers les stores entrouverts.
La pièce sent le renfermé et le café froid. Des livres empilés, des armes déchargées, une veste abandonnée sur un fauteuil. Rien n’a bougé. Comme si cet endroit nous avait attendus. Comme si lui aussi avait retenu son souffle.
Je reste là, debout au milieu du salon. Le silence est un velours épais sur mes tempes. Il ne pèse pas. Il enveloppe. Il dit : Tu peux t’asseoir maintenant.
Mais je n’y arrive pas. Pas encore.
Mon corps est revenu, pas moi. Pas tout à fait.
Belmont retire sa veste d’un geste lent. Le tissu est rigide, taché, durci par le sang séché et la poussière. Il la laisse tomber au sol. S’approche de la fenêtre. Écarte un pan du rideau. Ses yeux