Morgane
Lucian ne bougea pas, serrant son étreinte autour de moi. Mais je sentais son hésitation.
Dorian s’approcha lentement, ses prunelles flamboyantes transperçant la nuit. Il s’agenouilla devant nous, sa main frôlant mon poignet. Son toucher était différent de celui de Lucian : il brûlait, il revendiquait.
— Morgane, tu sais ce que ce rituel signifie, murmura-t-il. Il n’y a pas de place pour l’indécision. Si tu hésites, la magie choisira à ta place… et tu risques de tout perdre.
Mon souffle se coupa.
Il avait raison.
Le rituel n’était pas simplement une union mystique entre moi et l’un d’eux. Il était une épreuve. Si je ne prenais pas ma décision, la magie pourrait me consumer, ou pire…
Me priver de mon pouvoir.
Le regard de Lucian s’assombrit, comme s’il comprenait enfin l’ampleur de la situation. Il desserra lentement son étreinte, me laissant retrouver mon équilibre.
— Alors, Morgane ? chuchota Dorian. Qui choisis-tu ?
Mon regard alla de l’un à l’autre. Mon cœur me hurlait de ne pas avoir à choisir. Que c’était injuste, cruel. Que mon âme appartenait aux deux.
Mais la magie ne connaissait pas la clémence.
Je pris une inspiration tremblante et tendis la main vers l’un d’eux…
Ma main tremblait alors que je la tendais devant moi.
Le temps semblait suspendu, comme si l’univers retenait son souffle, attendant mon choix. Lucian et Dorian me fixaient avec une intensité insoutenable, chacun incarnant une part de moi-même que je refusais d’abandonner.
Mais au moment où mes doigts allaient toucher la peau de l’un d’eux, une force invisible me projeta en arrière.
Je hurlai en sentant une douleur fulgurante déchirer mon être. La magie ne m’accordait plus le luxe de l’hésitation. Un froid glacial s’empara de mes membres, tandis qu’un feu ardent brûlait mon cœur. J’étais en train de me scinder en deux.
— Morgane ! s’écria Lucian, son aura dorée s’illuminant davantage.
Je vis Dorian se redresser d’un bond, sa silhouette ténébreuse se fondant dans la nuit.
— Quelque chose ne va pas, gronda-t-il. Ce n’est pas normal.
Bien sûr que ce n’était pas normal. Je le sentais jusque dans ma chair : la magie ne voulait pas me forcer à choisir. Elle voulait quelque chose de plus…
Elle voulait nous lier tous les trois.
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Lucian
La voir souffrir était insupportable.
Je m’agenouillai à ses côtés, mes doigts se refermant autour de sa main glacée. Son corps était secoué de spasmes, et ses lèvres tremblaient comme si elle se battait contre une force invisible.
— Tiens bon, murmurai-je en canalisant mon pouvoir dans sa peau.
Un éclair doré traversa mon bras et pénétra en elle, tentant d’apaiser le chaos qui la ravageait. Mais aussitôt que ma magie toucha son essence, un choc brutal me renvoya en arrière.
Je retombai lourdement contre une pierre, le souffle coupé. Ce n’était pas une simple surcharge d’énergie. C’était quelque chose d’ancien, de primal.
Dorian s’approcha lentement, son expression grave. Il ne disait rien, mais je savais qu’il comprenait.
Morgane ne pouvait pas nous choisir parce qu’elle nous appartenait à tous les deux.
Et cela changeait tout.
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Dorian
Je laissai Lucian se remettre de son choc tandis que j’observais Morgane.
Ses cheveux flottaient autour d’elle comme si elle était suspendue entre deux mondes. Ses yeux brillaient d’un éclat nouveau, un mélange de lumière et d’ombre, de soleil et de nuit.
Mon cœur se serra.
J’avais toujours su que notre lien était unique, mais jamais je n’aurais imaginé une telle réalité.
— C’est une abomination, lâcha Lucian en se redressant. La magie ne fonctionne pas ainsi.
Je haussai un sourcil, moqueur malgré la gravité de la situation.
— Dis-moi, Soleil radieux, quand comprendras-tu que la magie n’a jamais suivi de règles ?
Il serra les poings, mais je vis l’hésitation dans ses yeux. Moi aussi, j’étais troublé. La magie imposait ses lois, et nous venions de transgresser l’une des plus fondamentales : l’union d’une sorcière ne devait se faire qu’avec un seul partenaire, jamais deux.
Alors pourquoi Morgane survivait-elle à cette division ?
Elle n’aurait jamais dû supporter une telle déchirure. Pourtant, elle tenait bon.
Et cela signifiait une chose : nous étions trois à présent.
Qu’on le veuille ou non.
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Morgane
La douleur reflua lentement, laissant place à une étrange lucidité.
Je sentis leurs présences distinctes m’envelopper, Lucian et Dorian, lumière et ombre, et pour la première fois… je compris.
Je n’avais jamais eu à choisir.
La prophétie ne parlait pas d’un seul lien. Elle parlait d’un équilibre.
Mes lèvres s’entrouvrirent, et les mots s’échappèrent d’eux-mêmes :
— Nous sommes liés… tous les trois.
Le silence tomba sur la clairière. Lucian et Dorian se figèrent, le choc lisible sur leurs visages.
Mais au fond de moi, je savais que c’était la vérité.
Et que ce n’était que le début.
Le silence qui s’abattit après ma déclaration était assourdissant.
Lucian et Dorian me fixaient avec une intensité qui me brûlait la peau. Ils étaient là, face à moi, incarnations de deux forces opposées et pourtant… Je sentais au plus profond de mon être que nous étions faits du même tissu.
Mon souffle était encore erratique, mon corps tremblant sous l’effet de la magie qui venait de me traverser. Je savais que je venais de prononcer une vérité interdite.
MorganeLes étoiles scintillent dans un ciel d’un bleu profond, leur éclat semblant plus vif, presque irréel, comme une bénédiction silencieuse de l’univers. La mer s’étend devant nous, vaste et infinie, battue par les vagues douces et régulières qui viennent mourir sur le sable. Ce soir-là, tout paraît figé dans le temps, suspendu, et je sais au fond de mon cœur que cette paix, cette tranquillité, est ce que nous avons mérité après tant d’épreuves. Lucian et moi. Nous avons tout traversé pour arriver ici.Je ferme les yeux un instant, savourant la sensation du vent qui caresse ma peau, emportant avec lui l’odeur salée de l’océan, mêlée à celle plus envoûtante de Lucian. Il est là, juste à côté de moi, aussi immobile que l’horizon lointain. Ses mains reposent sur mes épaules, une pression douce mais rassurante. Je sens son regard sur moi, et je n’ai pas besoin de le chercher. Nos âmes se parlent sans mots, comme elles l’ont toujours fait.La mer, infinie et indomptable, semble offrir
MorganeLe temps semble se suspendre alors que nos regards se croisent, une alchimie indescriptible émanant de nos êtres. Le monde extérieur disparaît, laissant place à cet instant magique où nous sommes seuls, liés par une promesse d'amour et de passion. Je le sens encore plus proche, comme si chaque cellule de mon corps pulsait à l'unisson avec le sien.Lucian s'approche lentement, ses mains caressant doucement mes bras, traçant des chemins de chaleur sur ma peau. Je ferme les yeux, me laissant emporter par cette vague de sensations. Chaque effleurement devient un feu, une flamme qui se propage à travers moi, embrasant mon désir de manière inextinguible. Mes pensées se dispersent, comme le vent emportant les feuilles d'un arbre en automne. Tout ce qui importe désormais, c'est lui.Ses lèvres touchent les miennes avec une tendresse palpable, puis dévorent mes pensées, mes doutes, comme s'il pouvait les effacer d'un simple baiser. Je sens un frisson me parcourir alors qu'il m'attire p
MorganeJe me sens comme si j’étais toute entière, chaque fragment de mon être en parfaite harmonie avec lui. Je ferme les yeux un instant, savourant la sensation de ses bras autour de moi, de la chaleur de sa peau contre la mienne. Il est plus que mon amour, il est ma force, mon ancre, celui qui m’a toujours sauvée, même dans les moments les plus sombres.Morgane… La voix de Lucian résonne dans le silence de la pièce. Il prononce mon nom avec une tendresse qui me fait fondre. Ses doigts effleurent mes cheveux, puis il me pousse doucement pour que je le regarde. Je te promets que rien ne nous séparera. Plus jamais.Ses mots sont une déclaration, mais ils sont aussi une promesse. Une promesse d’un futur ensemble, un futur que je n’ai jamais cru possible, que j’ai à peine osé espérer. Mais maintenant, tout est différent. Nous avons traversé trop de choses, trop de ténèbres pour que nous ne puissions pas nous retrouver dans la lumière.Je lui souris, mon cœur battant à l’unisson avec le
LucianLa lumière me brûle les yeux, la chaleur me transperce. Chaque fraction de seconde me semble une éternité, un supplice constant. Je ne peux pas bouger, je ne peux pas lutter. Tout est flou. Les souvenirs de Morgane, son visage, ses paroles, se mélangent dans une danse désordonnée, mais ils sont là, toujours présents, comme une lueur d’espoir dans la noirceur qui m’envahit.Je suis prisonnier. Prisonnier de ce qui reste de moi. Prisonnier de l’ombre qui me consume lentement, qui me déchire à chaque respiration. Je sens une partie de moi me glisser hors de portée, comme si elle était attirée par quelque chose d’indéfinissable, une force qui me dépasse.Morgane… murmurais-je dans un souffle brisé. C’est elle. Elle est là, quelque part, je le sais. Mais je ne peux pas la voir, pas encore. Tout est trop confus.Je sens l’ombre se resserrer autour de moi, m’enserrer comme un piège invisible. Elle murmure des promesses d’abandon, de soumission. Elle me pousse à me laisser aller, à dis
MorganeJe me réveille dans une obscurité presque totale, la chaleur de la pièce effacée, une lourdeur inhabituelle m'enveloppant. Mon esprit se brouille, mes pensées se heurtent, et dans cette brume, je distingue une forme. Je tend ma main, hésitante, cherchant à comprendre ce qui m’entoure.Mais la douleur est là. Pas physique, non, mais émotionnelle. Je sens le vide autour de moi, cette absence lourde, comme si quelque chose d’indéfini manquait. Un froid s’insinue en moi, m’envahissant, me rongeant lentement.Lucian… murmure-je, ma voix brisée par l’incertitude. Mais rien ne répond.Je tente de me redresser, mais mes jambes me trahissent. Il y a comme une pression invisible, un poids que je ne parviens pas à comprendre. Je ferme les yeux, respirant profondément, cherchant à faire taire la peur qui grandit en moi. Tout ce que je veux, c’est savoir où il est. Est-il là ? Est-il vivant ? Ai-je encore une chance de le retrouver, ou tout est-il perdu ?Les souvenirs affleurent, certains
LucianLa scène devant moi est un véritable cauchemar. Morgane, l’être que j’ai juré de protéger, souffre dans un silence déchirant. Ses yeux, désormais flous, me regardent, comme si elle voulait me dire quelque chose, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Son corps, lentement aspiré dans les ténèbres, semble se dissoudre, devenir de plus en plus éthéré. Je sens la souffrance qu’elle endure, mais je suis impuissant à la soulager.Les Gardiens, eux, restent immobiles, comme s’ils étaient satisfaits du spectacle. Ce que je ressens pour eux est bien plus que de la haine. Ils ont pris la forme de la pire de mes terreurs, mais maintenant, je vois clairement. Ils ne sont pas des ennemis physiques. Non. Ils sont plus que ça. Ce sont des représentations de ce que nous craignons tous, des incarnations de nos pires doutes et de nos plus grandes pertes.Tu vois, Lucian ? La voix du Gardien résonne à travers l’air, un écho funeste. Le prix de ce rituel est bien plus grand que ce que tu pouvais i