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Accueil / Loup-garou / Une nuit de sang et de désir / L'approche du silence

L'approche du silence

2025-06-15 22:48:31

Chapitre 5 : L’approche du silence

Isis

Je ne dors pas.

La nuit s’étire, interminable, comme si elle voulait me retenir prisonnière dans cette attente sourde. Chaque bruit, chaque souffle du vent devient un signal, un avertissement. Je sens son nom gravé sur ma peau, murmuré par les ombres. Ashar.

Assise sur le rebord de la fenêtre, je regarde la ville s’effacer sous le voile humide de la pluie. Les rues brillent sous les lampadaires, désertes, silencieuses. Tout semble immobile. Pourtant, mon esprit s’emballe, tourbillonne sans fin. Je sens cette présence invisible, lourde, oppressante, tapie quelque part dans le noir.

Je ferme les yeux, tente de calmer le tumulte intérieur, mais les images s’imposent à moi. Un regard sombre qui transperce la nuit. Une silhouette qui glisse entre les murs. Une voix qui prononce mon nom avec une douceur glacée. C’est comme un murmure à la fois lointain et obsédant, qui ne me quitte plus.

Le téléphone vibre soudain à côté de moi. Leïla. Je respire un instant, attrape l’appareil, hésite.

— Tu vas bien ? Sa voix est douce, mais inquiète.

— Je… oui, réponds-je faiblement.

— Tu devrais essayer de dormir.

— Je sais.

Mais je ne peux pas. Pas ce soir. Pas alors que l’air semble chargé d’une énergie que je ne comprends pas encore.

Je me lève, marche sans but dans l’appartement. Chaque ombre semble se tordre, se mouvoir au rythme de mon anxiété. Je me surprends à tendre l’oreille, à guetter le moindre souffle. Le silence m’étouffe, plus pesant que jamais.

Je parcours la pièce, mes doigts effleurent les meubles comme pour m’ancrer dans la réalité. Mais la réalité vacille. Je revois sa silhouette, ses yeux d’encre, cette intensité qui me glace le sang. Je voudrais crier, pleurer, mais aucune larme ne vient. Je suis paralysée par un mélange d’effroi et de fascination.

Je m’arrête devant le miroir du couloir, m’observe longuement. Mon reflet me semble étranger, les traits tirés par la fatigue, l’ombre d’une peur que je refuse d’admettre. Je me demande si c’est cela, être hantée. Par quelqu’un ou quelque chose qui dépasse ma compréhension.

Puis, soudain, un bruit sourd, un craquement. Mon cœur rate un battement. Je me fige, chaque muscle tendu, les sens en alerte. Rien ne bouge. Le silence reprend sa place, plus lourd encore.

Je veux me convaincre que ce n’était que le vent. Mais la peur s’installe, froide, glaciale. Elle serpente dans mes veines, étreint ma poitrine, m’empêche de respirer normalement.

Je me remémore nos derniers échanges, les fragments d’informations qu’Ashar m’a laissés, insuffisants, mystérieux. Pourquoi revient-il maintenant, après tout ce temps ? Que cherche-t-il à réveiller en moi ?

Je me rassois, essayant de calmer mes pensées qui s’emballent. Mais plus j’essaie, plus elles deviennent insistantes, revenant sous la forme de questions sans réponses, de doutes lancinants.

Je repense à Ashar. À ce nom qui résonne dans ma tête, comme un écho lointain d’un secret oublié. À cette présence que je sens, même quand je ne le vois pas. Pourquoi ce nom ? Pourquoi maintenant ? Et surtout, qu’est-ce qu’il me cache ?

Je m’assois à nouveau, le regard fixé sur la fenêtre embuée. La pluie tambourine contre le verre, comme pour masquer les battements frénétiques de mon cœur. Je sais que ce n’est pas une simple coïncidence. Quelque chose s’est réveillé. Quelque chose de puissant.

Je me sens vulnérable, exposée, comme si chaque ombre pouvait m’atteindre. Je voudrais appeler Leïla, lui demander de rester près de moi, mais les mots se perdent dans ma gorge.

Je prends une profonde inspiration, essayant de rassembler le peu de courage qui me reste. Pourtant, une partie de moi voudrait fuir, disparaître, oublier tout ça.

Le jour se lève enfin, chassant la nuit et ses fantômes. Mais mon esprit reste assombri par une inquiétude sourde, un pressentiment qui refuse de s’effacer. Je sens que cette lumière pâle du matin ne suffira pas à dissiper les ténèbres qui s’installent en moi.

Je sais que je ne suis plus seule.

Et que ce n’est que le début d’un long combat contre ce que cachent les ombres.

Isis

Le matin s’installe doucement, mais je sens que rien ne sera pareil aujourd’hui. L’aube est pâle, comme hésitante, comme si elle aussi redoutait ce qui va venir. Je reste immobile, assise sur le bord du lit, les mains serrées, le cœur lourd d’une angoisse sourde qui ne veut pas me lâcher.

Je repense à la nuit, à cette présence invisible qui a palpité autour de moi, glaciale et indéniable. J’essaie de rationaliser, de me convaincre que ce n’est que mon imagination. Mais au fond, je sais que ce n’est pas vrai. Quelque chose est là, tapie, prête à surgir.

Je me lève, lentement, chaque mouvement me semble peser une tonne. Le silence de l’appartement est presque étouffant, mais je n’ose pas faire de bruit. J’ai l’impression qu’à tout instant, quelque chose pourrait se manifester, me dévorer.

Dans la cuisine, je prépare un café, le liquide chaud brûlant mes mains et pourtant m’offrant un semblant de réconfort. Je m’adosse au comptoir, le regard perdu à travers la fenêtre embuée. Les gouttes de pluie continuent de tomber, dessinant des chemins incertains sur le verre.

Le téléphone vibre encore. Cette fois, c’est un message de Leïla.

« Tu as besoin de parler ? Je suis là. »

Je reste un long moment à fixer l’écran, incapable de répondre. Comment lui dire que je me sens menacée sans savoir par quoi ? Comment lui avouer que ce nom, Ashar, résonne dans ma tête comme une promesse de chaos ?

Je finis par écrire un simple « Merci », trop faible pour expliquer l’ouragan qui gronde en moi.

La journée avance, mais je ne peux pas me concentrer. Chaque son, chaque ombre dans l’appartement me fait sursauter. Je me surprends à guetter l’arrivée d’un bruit suspect, un souffle, un pas.

Je décide finalement de sortir, d’affronter la ville malgré tout. L’air frais de la pluie qui a cessé me frappe le visage. Je marche sans destination précise, comme guidée par une force que je ne comprends pas.

Dans les rues, les passants paraissent indifférents, absorbés dans leur propre quotidien. Pourtant, je sens ce poids, cette attente suspendue, comme si quelque chose d’important allait se briser ou se révéler.

Je me rends au café habituel, espérant que la chaleur d’un lieu familier puisse apaiser mon esprit. Mais même là, je ne trouve pas la paix. Mes yeux cherchent, cherchent quelqu’un, un signe, une présence.

Je repense à Ashar, à sa voix, à son regard. Et à la dernière fois où je l’ai vu, un mélange d’intensité et de secrets. Je me demande si lui aussi ressent ce poids, cette urgence qui nous pousse l’un vers l’autre.

Le temps s’étire, les heures glissent sans que rien ne change. Mais je sens que tout est en train de basculer. Que cette journée, cette attente, est le fragile avant-goût d’un orage plus violent.

Je sais qu’il faudra bientôt faire face. Que les réponses viendront, qu’elles ne seront peut-être pas celles que j’attends.

Pour l’instant, je marche dans cette lumière grise, le cœur serré, prête à affronter ce que les ombres veulent me révéler.

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