Share

3

Author: C-D
last update Last Updated: 2025-10-14 08:08:34

Sofi, la rebelle de sa famille, avait fui l’empire de la mode voulu par ses parents pour s’occuper d’enfants. Au départ, un simple job alimentaire, devenu vocation. Miranda, elle, venait d’un milieu modeste, marquée par des désillusions qui l’avaient rendue méfiante envers les adultes, mais incroyablement douce avec les enfants. Son seul point faible : Derek, un compagnon toxique auquel elle s’accrochait encore malgré tout.

Dans la salle, Jules aperçut Andy — Miranda — entourée de petits qui riaient aux éclats. Elle leva la tête, vit Jules et accourut aussitôt.

— Jules ! Où est la princesse ?

— Avec Sofi.

Andy lâcha les enfants aux autres surveillants et rejoignit Ivy.

— Salut ma princesse ! lança-t-elle avec un ton de dessin animé. C’est Andy !

Ivy la regarda, sourit et articula quelque chose qui ressemblait à « bonbon ».

— Elle a dit mon nom ! s’écria Andy.

— Non, non, protesta Sofi, elle parlait de bonbon !

Et les deux commencèrent leur sempiternel débat, chacune cherchant à convaincre qu’Ivy avait prononcé son prénom en premier.

Jules rit, embrassa la petite sur la tempe.

— À tout à l’heure, ma puce. Maman revient.

— Maman, gazouilla Ivy.

Le cœur serré, Jules prit congé et retourna vers l’ascenseur, prête à attaquer sa journée.

De son côté, César tournait en rond dans son bureau, incapable de se concentrer depuis qu’il avait appris l’existence de sa fille. L’attente l’usait. Et si elle était en danger ? Et si elle souffrait ? L’absence de nouvelles de Tom l’agaçait de plus en plus.

— Monsieur ? annonça la voix de Claire à l’interphone. M. Lobos est ici.

— Faites-le entrer.

Tom arriva quelques secondes plus tard. César se leva aussitôt.

— Enfin. Dites-moi que vous avez trouvé quelque chose. Une semaine, Tom.

— J’ai tout ce que j’ai pu réunir, répondit-il en s’asseyant.

César sentit un poids se lever de ses épaules.

— Parlez.

— Votre femme, le jour de l’accouchement en avril, a confié l’enfant à l’adoption. Deux mois plus tard, une certaine Jules Jenna s’est intéressée au dossier. Neuf mois après, elle finalisait l’adoption.

César fit le calcul.

— Donc, cette année, ma fille a été adoptée par… Jules Jenna.

— Exact, confirma Tom.

— Et sur elle ?

— Vingt-sept ans, diplômée de UCLA avec mention, travaille chez Freddie & Co., célibataire, vit seule. Parents…

— Assez. Donnez-moi son adresse.

Tom griffonna les informations et les tendit à César.

— Et vous comptez faire quoi exactement ?

— Aller la voir. Lui réclamer mon enfant. Je compenserai ses dépenses, quoi qu’il en coûte.

Tom secoua la tête.

— Mauvais plan. Cette femme n’est pas vénale. Elle a déjà ouvert un fonds pour votre fille et elle a la garde légale. Vous n’obtiendrez rien par l’argent.

Même si vous étiez reconnu comme le père biologique, cela n’aurait aucun poids devant un juge. Ce genre d’affaire se termine toujours de la même façon, surtout lorsqu’il s’agit d’une adoption fermée. Votre femme, de son vivant, avait volontairement laissé votre nom hors de l’acte de naissance. C’est la seule raison pour laquelle vous n’avez jamais été averti de la procédure. »

César resta silencieux un moment, le regard fixe.

« Donc, si je comprends bien, vous me conseillez de ne rien tenter ? »

Tom poussa un long soupir.

« Ce que je dis, c’est qu’il vous faut un argument solide, quelque chose qui puisse peser lourd une fois au tribunal. Si vous vous contentez de déposer un test ADN et une note du thérapeute expliquant que votre épouse n’avait pas toute sa lucidité en signant, vous pourriez, au mieux, obtenir des visites. »

César le fusilla du regard.

« Je n’ai pas besoin de simples visites », lâcha-t-il sèchement.

« Justement. Alors trouvez une stratégie qui pourrait amener le juge à remettre en cause l’adoption. »

César sentit sa gorge se nouer. Rien que d’imaginer un tribunal lui donnait des sueurs froides.

« Combien de temps avant qu’une audience ne soit fixée ? »

« Plusieurs mois, peut-être plus », répondit Tom. « Entre la recherche de preuves, qui pourrait prendre un trimestre complet, et le dépôt officiel de la plainte… »

« Je ne peux pas attendre des mois », l’interrompit César. Son souffle s’alourdit. Il voulait serrer sa fille maintenant, pas dans un avenir flou.

Le simple mot « procès » le révulsait. La perspective de voir son histoire étalée à la une des journaux l’horrifiait encore davantage. Pour lui, l’idée que toute publicité est bonne publicité relevait d’une stupidité sans nom. Les médias déformeraient son histoire, la retourneraient dans tous les sens, et des générations entières se demanderaient encore ce qui était vrai ou inventé. Impossible d’exposer sa fille à ça. Pas si jeune. Pas ainsi.

Il devait trouver une autre voie, une manière discrète et rapide.

« Quel âge a-t-elle déjà, la femme qui a adopté ? » demanda-t-il.

« Vingt-sept ans », répondit Tom. « Célibataire. »

Un sourire étira aussitôt les lèvres de César. Le plan prenait forme. Il se rapprocherait d’elle, gagnerait sa confiance, puis reprendrait son enfant sans que personne n’y trouve à redire. Simple. Efficace. Presque trop facile. L’idée le fit sourire franchement : cela allait même être divertissant.

À la fin de la journée, son projet était ficelé. Il demanda à Claire d’annuler ses rendez-vous et prit l’ascenseur. Quand les portes s’ouvrirent sur le hall, tous les regards se braquèrent sur lui. Comme toujours. Son allure impeccable attirait l’attention partout où il passait.

Trois années de suite, son visage avait orné la couverture du magazine économique de référence, All Business Central. On l’avait consacré « célibataire le plus séduisant » et autres qualificatifs auxquels il s’était habitué.

« Bonne journée, Monsieur », lança Clarence, le portier, en lui tenant la porte. César acquiesça d’un signe bref et aperçut Patrick, déjà au volant, garé devant l’entrée. Claire n’avait jamais besoin de rappel pour organiser ses déplacements, Patrick savait toujours être prêt.

« Où allons-nous ? » demanda son chauffeur dès qu’il s’installa.

« Chez Freddie & Co. », répondit César.

Quelques minutes plus tard, il franchissait l’entrée de l’immeuble. La réceptionniste en resta bouche bée. Il appuya sur l’appel de l’ascenseur, impatient. L’attente l’exaspérait.

Lorsque les portes s’ouvrirent enfin, des employés en sortirent. La dernière personne, une femme, se figea en le dévisageant avant de passer son chemin. César entra, absorbé par son téléphone.

C’est alors qu’une autre femme sortit précipitamment, son épaule heurtant la sienne. Un sac glissa au sol. Irrité, César se pencha pour lui lancer une remarque cinglante, mais son regard tomba sur l’enfant endormi qu’elle portait. Une petite fille aux boucles brunes, lovée contre elle. Une douceur inattendue traversa son visage.

Il l’aida à ramasser ses affaires.

« Merci », dit-elle avec un sourire.

« Pas de quoi », répondit-il, croisant son regard.

Ses yeux brun profond, ses cheveux relevés à la va-vite, une tenue simple mais élégante… Rien de sophistiqué, et pourtant César se surprit à la trouver attirante. Il allait se présenter, mais elle s’éloigna déjà, lui laissant en mémoire ce sourire discret.

Les portes se refermèrent. César monta, songeur. Arrivé au dernier étage, il aperçut l’assistante de Freddie Danfort. Elle se leva d’un bond.

« M… Monsieur Thompson ! »

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • Adoptée par le PDG   5

    — J’arrive ! lança une voix depuis l’intérieur.La porte s’ouvrit sur Sofi.— Nom de Dieu, Jules ! Où étais-tu passée ? Tu devais être là depuis un moment déjà. Andy allait appeler les flics.— Quoi ?Jules éclata de rire, amusée par la réaction dramatique de son amie, et pénétra dans l’appartement chaleureux.— Andy ! Jules est là ! cria Sofi en refermant derrière elle.Andy sortit d’une chambre, Ivy dans les bras, et rejoignit le salon.— Où étais-tu ? J’étais à deux doigts d’appeler les flics.— Pardon… Ma voiture refusait de démarrer, et aucun Uber à l’horizon. Heureusement, quelqu’un m’a prise sur sa route.Elle attrapa Ivy et la serra fort contre elle, déposant un baiser sur sa tête. Sofi fila vers la cuisine, laissant Jules et Andy s’installer sur le canapé.— Une course, hein ? fit Sofi en remuant quelque chose derrière les fourneaux. Avec qui ?C’est là que Jules réalisa : elle ne savait pas grand-chose de lui, à peine son visage et trois rencontres au compteur.— Je ne conna

  • Adoptée par le PDG   4

    Elle semblait bouleversée de le voir ici, ce qui n’avait rien d’étonnant : il n’avait jamais eu de liens avec cette maison d’édition.« M. Danfort est disponible ? » demanda-t-il.« Oui, bien sûr. Je vais l’avertir », dit-elle avant d’appeler dans l’interphone.Un instant plus tard, la voix surprise de Danfort résonna :« M. Thompson ? Eh bien… qu’il entre. »César passa devant l’assistante qui tenta un sourire aguicheur. Il n’y prêta aucune attention et entra directement.« Monsieur Thompson », lança Danfort en se levant. « Quelle surprise ! »« En effet », répondit César, venant s’asseoir face à lui.« Que puis-je pour vous ? »« Je viens pour affaires. »Danfort fronça les sourcils.« Je doute que nos domaines se croisent. »« Je le sais. Mais j’ai une offre. »Il marqua une pause avant de poursuivre :« Freddie & Co. est en difficulté. Vous avez besoin d’argent. J’ai la possibilité d’investir, mais je préfère acquérir. Alors, combien ? »Danfort s’appuya sur son bureau, interloqué

  • Adoptée par le PDG   3

    Sofi, la rebelle de sa famille, avait fui l’empire de la mode voulu par ses parents pour s’occuper d’enfants. Au départ, un simple job alimentaire, devenu vocation. Miranda, elle, venait d’un milieu modeste, marquée par des désillusions qui l’avaient rendue méfiante envers les adultes, mais incroyablement douce avec les enfants. Son seul point faible : Derek, un compagnon toxique auquel elle s’accrochait encore malgré tout.Dans la salle, Jules aperçut Andy — Miranda — entourée de petits qui riaient aux éclats. Elle leva la tête, vit Jules et accourut aussitôt.— Jules ! Où est la princesse ?— Avec Sofi.Andy lâcha les enfants aux autres surveillants et rejoignit Ivy.— Salut ma princesse ! lança-t-elle avec un ton de dessin animé. C’est Andy !Ivy la regarda, sourit et articula quelque chose qui ressemblait à « bonbon ».— Elle a dit mon nom ! s’écria Andy.— Non, non, protesta Sofi, elle parlait de bonbon !Et les deux commencèrent leur sempiternel débat, chacune cherchant à convai

  • Adoptée par le PDG   2

    À quelques kilomètres de là, Ceaser s’impatientait. Le rendez-vous prévu avec Daniel Smith tardait à commencer. Ceaser avait été prévenu par Claire, son assistante, de la visite de l’avocat de Beatrice, mais il ne comprenait toujours pas pourquoi ce dernier avait insisté pour une rencontre en ce jour précis.Il aurait pensé qu’un tel échange aurait eu lieu bien plus tôt, juste après le décès de sa femme. Pourquoi maintenant ?— Monsieur, M. Smith vient d’arriver.La voix claire de Claire s’éleva dans l’interphone.— Faites-le entrer.La porte s’ouvrit. Claire entra, suivie d’un jeune homme élégant. Daniel avait toujours ce port professionnel, maîtrisé. Il traitait la plupart des affaires juridiques de la famille de Bea.Ceaser se leva en guise de bienvenue.— Pardonnez le retard. Mon précédent client m’a retenu plus longtemps que prévu.Ils échangèrent une poignée de main ferme.— Prenez place, je vous en prie.— Merci. Je n’ai besoin de rien à boire.Ceaser fit un léger signe à Clair

  • Adoptée par le PDG   1

    Il y a un mois, César tournait en rond dans son immense salon aux lignes épurées, envahi par une inquiétude qu’il ne parvenait plus à contenir. Ce matin-là, au réveil, il avait reçu un appel bref mais lourd de promesses : Tom, son enquêteur privé, tenait une piste sérieuse et allait s'y rendre sans tarder. Il avait bien cru que son cœur allait lâcher. Cela faisait plus de deux ans qu’il portait le titre de mari de Béatrice. Huit mois à peine après leur union, elle s’était évaporée comme une ombre. Quelques jours avant sa disparition, elle avait adopté un comportement étrange, inquiétant même, et depuis, plus aucune trace.Béatrice… La vision de cette femme rencontrée lors d’une soirée caritative remontait à la surface. Leur mariage n’avait rien de romantique : il était calculé, presque stratégique. Pour César, il représentait une passerelle vers un partenariat lucratif avec Palmer, le père de la jeune femme. Elle s’était montrée affable durant leurs premières rencontres, mais dès qu’i

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status