Chapitre 06

PDV Emilya

Tandis que la CPE frappe à la porte, je tente de garder mon calme. Après tout, je suis pratiquement bilingue en anglais alors je n'aurais aucun problème à me fondre dans la masse, n'est-ce pas ?

- Entrer ! Lançait une voix de femme de l'autre côté de la porte.

La CPE ouvre la porte et entre. Je la suis à l'intérieur de la classe en essayant de faire abstraction des regards des élèves.

- Madame Bernard, voici Emilya Forio, votre nouvelle élève si attendus, annonçait la CPE de sa voix rocailleuse.

Je ne fais plus trop attention à l'échange entre la CPE et la prof. Je suis plutôt occupé à éviter les regards des autres. Mais j'entends des petits murmures par-ci par-là des élèves qui se demandent qui je suis.

- Bonne journée.

J'ai à peine le temps de relever la tête que je vois la porte se refermer, et donc la CPE s'en aller. Je suis seule devant toute la classe. OK. Je me retrouve seule devant tous ces élèves.

- Emilya, c'est bien ça ? Demandait la prof en souriant.

Je hoche la tête pour acquiescer.

- And I assume you have studied English, right ?

- Yes. I have been studying this language for six years now.

- Je vois ça, en tout cas ton accent me semble parfait, me complimentait la professeure.

- Professeure ! Nous n'avons rien entendus au fond. Qu'est-ce qu'elle a dit ?! S'exclamait une voix au fond de la salle.

Je relève la tête vers la salle et une sorte de frisson me traverse la colonne vertébrale. En voyant leurs visages, je ne suis plus stressée. Peut-être parce que je peux enfin voir qui ils sont ou alors, parce qu'ils n'ont pas l'air intimidants.

- Si tu écoutais Léo, tu le saurais, répondit Madame Bernard. Elle vient d'expliquer qu'elle étudie l'anglais depuis six ans.

Quelques garçons rigolent et c'est seulement maintenant que je comprends quels genres de mecs peuplent cette classe. Des idiots, avec des notes extraordinaires, qui jouent aux imbéciles pour se sentir important et intéressant. Et alors que mon regard traverse la salle, je remarque que certains des garçons ne rit pas aux bêtises de ce Léo et, au contraire, sont plongés dans leurs manuels scolaires.

Sentant sûrement que je les fixe, ils relèvent la tête vers moi et m'observe. Mon regard croise celui de l'un d'entre eux et je dois bien avouer que ses yeux gris clair sont agréablement à regarder.

- Tu peux aller t'asseoir à côté de Solange, m'informait la professeure.

Je cherche la fameuse Solange des yeux, et elle lève la main pour m'indiquer où elle est. Je traverse l'allée, entre les tables, pour la rejoindre. Elle enlève le sac, sûrement le sien, qui était sur la chaise et le pose sur le sol. Je la gratifie d'un sourire et prends place à sa droite.

- Je comptais demander à Solange de t'aider pour que tu puisses suivre, mais apparemment, tu n'en aspas besoin, plaisantait Madame Bernard.

Je souris timidement pour répondre à sa petite plaisanterie.

- Reprenons où nous étions. La famille royale du 16ème siècle, autrement dit la reine Elizabeth 1ère. Afin de faire un petit rappel à votre nouvelle camarade, qui pourrait me rappeler ce qui a été dit au cours dernier ?

Plusieurs élèves s'empressent de lever la main, et pour la plupart, il s'agit de fille. Je souris, fière de voir que le girl power est présent dans cette classe. Et la professeure désigne l'une des élèves au deuxième rang, près de la fenêtre.

- Elizabeth 1ère a été longtemps critiquée pour ne pas avoir porté d'enfant. Il y a eu beaucoup de rumeurs concernant sa possible stérilité. Cette rumeur est née du fait qu'Elizabeth avait énormément d'amant comme Robert Dudley, maître de cavalerie et comte de Leicester. Mais Elizabeth 1ère est surtout connue pour sa supposé haine envers Marie, reine d'Écosse. Selon certains historiens, Elizabeth haïssait Marie pour sa beauté incommensurable. Malgré tout, je continue à penser que c'est faux. D'après mes recherches, ce ne sont que des commérages sans preuve. La preuve est que Marie a nommé Elizabeth marraine de son seul fils.

- Tes recherches sont correctes. Merci Léonie.

PDV Jayden

Je rejoins le reste de mes potes à l'intérieur du gymnase. Je dois avouer que ce week-end était épuisant ! Et dire que j'ai à peine eu le temps de passer à la maison chercher mes affaires avant d'aller en cours. J'étais tout de même en retard, mais c'est assez sympa d'avoir cours avec son père puisque nous étions en retard ensemble.

- Ça va les gars ? Lançais-je lorsque j'arrivais près d'eux.

- Nouvelle élève, répliquait Yanis. Katalyna quelque chose.

Il me montre alors une fille près des gradins. Je ne l'ai jamais vu au lycée ni même en-dehors. Je me serais souvenu de sa tignasse n'importe où.

- J'aurais préféré un autre mec. On n'est pas énormément dans notre classe, me plaignais-je.

La seule raison pour laquelle j'aurais préféré un mec est parce que les filles sont nulles en sport. OK, féministe et tout ce tralala, mais les filles de notre classe sont réellement nulles.

Au moins on va pouvoir rire puisque, comme d'habitude, mon père va évaluer son niveau en la faisant m'affronter. D'autant plus qu'elle est plus petite que moi alors ce ne sera pas trop compliqué de la mettre au sol. Je m'approche donc de mon père et il me fait un clin d'œil.

- La nouvelle ! À toi !

Cette dernière se tourne vers mon père et marche vers nous. Lorsque son regard se pose sur moi, elle devient extrêmement sérieuse. Ou plutôt très concentrée. Mes lèvres s'étirent en un rictus, prêt à la mettre au sol.

- Bon, je décline toutes responsabilités en cas de meurtre.

Il fait le coup à chaque fois qu'il y a un nouveau, pour le déstabiliser.

- Allez-y !

Elle s'approche de moi rapidement et me donne un coup dans le ventre avec son genou, je me replie sur moi-même, mais reprends rapidement mes esprits. Je tente de lui donner un coup au visage, mais elle me bloque avec son avant-bras. La nouvelle m'attrape le poignet et tente de me tourner le bras, mais j'attrape le sien et réussi à la faire tomber au sol. Elle se remet sur ses pieds et s'apprête à me donner un coup dans les côtes, mais malheureusement pour elle, j'intercepte sa jambe. Elle se défait de mon emprise et j'en profite pour lui donner un coup de poing dans le ventre. Elle place ses mains sur son ventre, sous la douleur, mais secoue la tête.

La nouvelle se relève, au moment où j'allais lui donner un coup dans le dos, et se décale sur sa gauche. Elle essaie de me donner un coup de poing dans le visage mais je l'en empêche. Bordel, elle est douée !

Je fais semblant de vouloir lui donner un coup dans les hanches, mais je lui assène un coup de genoux dans le ventre. Elle se replie sur elle-même en tenant son ventre et j'en profite pour lui donner un autre coup, cette fois-ci dans le dos. Elle tombe sur le sol. J'ai gagné. Encore.

Je vais vers mes potes, un sourire de vainqueur sur les lèvres et commence à leurs serrer la main.

- Bien joué mec ! Lançait Yanis.

- Toujours au top poto ! S'exclamait Diego.

Je sens quelqu'un me toucher l'épaule, alors je me retourne et me prends un coup de poing en pleine joue. Je mets ma main sur celle-ci en reculant. Bordel ! Puis je reçois un coup de pied qui me fait complètement perdre l'équilibre. Mais je peux voir que c'était cette fille. Bordel de merde !

- Ne jamais tourné le dos à son adversaire, me lançait la nouvelle.

Elle se retourne et retourne vers les gradins sous les applaudissements de mon père. Bon sang, la honte !! Je me suis fait battre par une nouvelle ! Elle prend place sur les gradins, non loin d'un groupe de fille et une sorte de rictus étire ses lèvres.

Je me relève, la haine qui monte de plus en plus en moi. Pour qui elle se prend ?! D'où elle vient ? Où elle a appris à se battre ? Comment se fait-il qu'elle m'ait battue ? Moi, Jayden Kais Peterson !

Sans attendre, je me tourne vers mes potes qui eux sont mort de rire, bien sûr ! Comme-ci ce qui venait de m'arriver était marrant ! Ce n'est pas du tout marrant, cette petite conne m'a humilié devant les filles de ma classe, et devant mes potes !

- Mais pour qui se prend cette fille ? Lançais-je, exaspéré.

- Pour celle qui vient de te mettre au tapis Jay, répliquait Diego.

- Elle vient de te mettre la raclée de ta vie, ajoutait Yanis.

Je la déteste déjà.