Deux ans plus tardÉcole élémentaire Saint-Exupéry — 12h45Ah, les mioches. Ça court partout, ça bave comme des limaces. Sans oublier qu’ils crient… et ça commence sérieusement à me taper sur les nerfs. Mais aujourd’hui est un jour important pour Veronika, alors je suis là pour elle.Ça fait deux ans qu’on est ensemble. Deux ans que je vis avec cette femme merveilleuse, et je peux encore dire que j’en suis follement amoureux. Je suis fier de la personne qu’elle devient chaque jour. Elle est épanouie, et c’est tout ce qui compte pour moi.Nous sommes à l’école élémentaire Saint-Exupéry. Veronika doit lire un extrait de son nouveau livre devant une classe de jeunes élèves. La plupart ont entre cinq et sept ans. Une vraie garderie.Je suis adossé contre un mur crème. À côté de moi, une institutrice intime le silence à ses élèves. La salle se calme aussitôt. Veronika me cherche du regard. D’ailleurs, depuis que nous sommes arrivés, elle n’a fait que ça : me regarder.Ses yeux descendent v
Un mois, deux mois, trois mois. Je ne compte même plus. Trente jours. Soixante jours. Quatre-vingt-dix jours. Je crois que j’ai assez compté. Ça fait trois mois qu’elle n’est pas revenue. Pourtant, elle me l’avait promis. Sans elle, j’ai recommencé ma vie comme si nous ne nous étions jamais connus. Je suis retourné vivre dans ma maison, car rester dans la sienne me perturbait. Elle ne m’a pas envoyé un seul message. J’ai tenté de l’appeler, mais je tombe sur son répondeur à chaque fois. J’ai fini par abandonner et par me faire à l’idée qu’elle ne reviendra pas. Je vis ma petite vie : maison-boulot. C’est ma routine et plus rien ne l’égaye. Trois mois. Quatre-vingt-dix jours après son départ, je réalise que je suis amoureux d’elle. Si seulement je lui avais avoué mes sentiments avant qu’elle ne parte, je n’aurais pas à vivre avec ce sentiment constant de regret. C’est amer, c’est excessif. C’est trop. Je ne l’attends plus. Je préfère vivre avec nos souvenirs. Ces quelques jour
SentimentÉtat affectif ou affection profondeÊtre amoureux« Sentiments forts éprouvés pour une personne. L’amour nous fait l’idéaliser, d’où l’expression : l’amour rend aveugle. C’est un désir profond qui grandit avec le temps. Quand on est amoureux, on a sans cesse envie de voir l’être aimé, de le serrer dans nos bras. Sa simple présence suffit à nous rassurer et à nous apaiser. La personne amoureuse a peur de perdre celui ou celle qu’elle aime et serait prête à se sacrifier pour lui/elle. »⸻Où en sommes-nous, elle et moi ?Pourquoi je n’arrive pas à lui répondre clairement ?Elle se lève. Elle ne veut pas de réponse, elle l’a dit. Elle s’en va, me laissant seul. J’en profite pour réfléchir, mais c’est un vrai casse-tête. C’est compliqué…Les sentiments sont difficiles à comprendre. Il y a l’amour, l’amitié, et bien d’autres nuances. Tellement de choses dans lesquelles on se perd. J’y cogite longtemps, avant que le sommeil ne m’emporte.⸻Le jour se lève.J’ai dormi sur le canapé
Il faut que je lui dise au revoir. Oui, il le faut, pour que nos souvenirs ne deviennent pas des cauchemars et que le pardon ait raison de nous.Je veux dire au revoir aux mensonges, à la rancœur qui nous a séparés, car j’aime encore cette femme et je l’aimerai à jamais. Elle fait partie de moi.Autrefois, elle a été ma chair, mon âme sœur, ma côte, ma moitié. Je veux dire adieu à ses yeux verts émeraude, ceux qui me faisaient vriller à une époque. Ceux dont je suis tombé amoureux. Je l’ai aimée jusqu’à l’épuisement. Jusqu’à ce que mon cœur n’en puisse plus. Mais aujourd’hui, ce soir, il est temps de tourner définitivement la page.Un simple papier nous a séparés, mais nos mots, eux, n’ont pas été entendus. Non, nous n’avons pas su faire ressortir toutes ces choses que nous avions en nous. Et puisque nos chemins vont prendre des directions différentes, il est temps de le faire.La voiture de Jared roule sur la route. C’est lui qui conduit. Je suis assis à l’avant, côté passager. Je su
12h02Après une demi-journée de travail, je suis enfin prêt à rentrer à la maison. Enfin… chez Veronika. Ce matin, je suis passé chez moi pour me changer et récupérer ma voiture. C’est donc à son volant que je repars, direction la plage privée de Tsubaki.⸻La route est longue, monotone. Je bâille comme un idiot. Il me tarde d’arriver et de fouler le sable chaud. Je roule des heures sous une chaleur étouffante. Quand j’arrive enfin, il est presque quatorze heures. Je gare la voiture non loin de la maison, les véhicules n’ayant pas accès jusqu’à l’entrée.Je pousse la porte. Le salon est vide.— Veronika ? T’es là ?— Oui, dans la salle de—Sa voix se perd, trop faible pour que je distingue la fin. Je me laisse guider et arrive devant une porte entrouverte. Le bruit de l’eau me parvient. Elle est sous la douche.Je veux toquer, mais ma main hésite. Une envie étrange me pousse à franchir la porte. Je résiste. Je préfère attendre qu’elle descende. Mais soudain, mon pied pousse la porte t
Il est neuf heures. J’ai dormi sur le canapé, torse nu, car Veronika porte mon t-shirt. J’ai eu du mal à trouver le sommeil, trop occupé à veiller sur elle. J’avais peur de fermer les yeux et qu’elle disparaisse. Chaque fois que mes paupières se fermaient, l’angoisse revenait.Au réveil, je tombe sur son visage encore endormi. Je me lève doucement et m’approche d’elle. Je vérifie si elle respire toujours. Oui. Je souffle, rassuré.Le jour s’est levé. La nuit a été calme, malgré la tentation de suicide de Veronika. Y repenser me glace le sang. La peur revient, m’envahit de nouveau. Son corps presque inerte, son souffle disparu, son cœur que je ne sentais plus battre à l’unisson avec le mien… L’image m’étouffe.Cette femme est blessée, son âme n’a pas encore cicatrisé. C’est ce qui l’a menée au bord de l’eau, hier soir. Et moi, je n’ai rien vu venir. Elle s’est laissée emporter, ses poumons se remplissant d’eau. Je sais qu’à son réveil, elle me tiendra pour responsable, car ses démons o