Je pariai qu'elle changerait de refrain à présent.
— La fille doit être quelque part ici, chuchota un mâle. Je pense que j'ai trouvé son odeur vers les bois.
— Peut-être qu'elle a fui, répondit quelqu'un avec une voix plus grave. L'alpha, Arian, lui a certainement dit de partir.
Je jetai un coup d'œil depuis ma position derrière un arbre, et je vis deux hommes habillés tout en noir et portant des masques de ski, se tenir dans mon jardin. Ils mesuraient tous les deux plus d'un mètre quatre-vingt, comme Papa, et étaient musclés et robustes, davantage même que la plupart des métamorphes. Qu'importe qui étaient ces trous du cul, ils faisaient beaucoup de musculation, ce qui m'inquiéta. Cela pouvait vouloir dire qu'ils s'étaient intensément entraînés pour quelque chose.
Un frisson courut le long de ma colonne alors que je réalisais qu'ils pourraient savoir ce que nous étions.
Mais de nouveau, ça ne pouvait pas être possible. Tout le monde en dehors de notre meute pensait que notre espèce était éteinte. Pourtant... ils connaissaient le nom de mon père.
— Respire, Sterlyn.
Si je laissais mes émotions prendre le dessus, ils me trouveraient et me feraient je ne sais quoi d'autre. Je serrai la poignée du couteau, la tenant afin de pouvoir utiliser facilement la lame si nécessaire.
Je ne pouvais voir personne de plus à cette place, ce qui m'agaça. Je ne voulais pas me transformer, du moins, pas encore, au cas où ils n’auraient pas su ce que nous étions.
— Papa ? essayai-je de le joindre à nouveau.
Au lieu d'avoir une réponse, davantage de cris remplirent l'air, semblant provenir de l'avant de la maison. La brise changea de direction, soufflant contre moi et vers les deux connards.
Merde, je devais jouer rapidement mon coup.
— Son odeur s'accroit dans cette direction.
Celui qui parlait leva son masque noir, révélant un bouc couleur auburn, et l'arrêta au niveau de son nez. Il inspira profondément.
— Elle sent le freesia.
— Es-tu sérieux ? s'exclama l'autre gars en tendant la main et tirant vers le bas le masque du premier homme. Le freesia. Qu'as-tu fait ? T’es allé faire tes ongles avec ta mère avant de venir ici ?
Ma meute se faisait massacrer par des crétins qui étaient tout en noir dans la journée et qui se disputaient au sujet de nos odeurs.
L'ennemi ne se sentait même pas mal de décimer ma horde. Quel genre de bâtards sans cœur étaient-ils ? La rage s'enroula fermement autour de moi, et j'enfouis mes ongles dans ma paume libre, créant une flaque de sang au bout de mes doigts.
Je fis quelques pas en m'enfonçant un peu plus dans les bois, et puis m'avançai vers eux, espérant les prendre au dépourvu.
— Ne sois pas un enfoiré, Earl, se moqua Goatee. Je dis qu'elle sent bon. Peut-être que j'aurais une chance de m'accoupler avec elle.
La nausée ondula dans mon estomac. Pourquoi parlait-il de s'accoupler ?
— Bon, dis ça. C'est pour le moins acceptable et ne t'emballe pas. Ils ont déjà quelqu'un en tête pour elle.
L'autre mec secoua la tête.
— Arrête d'être un idiot. Je t'ai mis dans cette équipe et tu ferais mieux de ne pas nuire à mon image. Un mauvais coup de plus et je te tuerai moi-même.
Il se dirigea vers moi.
Je m'accroupis derrière quelques broussailles. Une fois qu'ils seraient proches, je frapperais celui qui était intelligent, Earl, avant de m'occuper de Goatee.
Me forçant à respirer lentement, je laissai le calme flotter à travers mon corps.
Earl leva sa main, signalant à Goatee de s'arrêter. Il marcha vers moi d'un pas raide, ses yeux jaunes analysant les fourrés.
Il se trouvait à peu près à trois mètres, mais j'avais besoin qu'il soit plus près. Avec Goatee à côté, je devais frapper rapidement et violemment. L'éliminer du premier coup était crucial. Autrement, ce serait deux contre un, et je n'aimais pas ces probabilités.
Goatee se déplaça avec grâce aux côtés d'Earl. Peut-être qu'il n'était pas aussi stupide que je le croyais.
Earl lança un coup d'œil vers son pote.
— Elle est proche...
Son inattention était tout ce dont j'avais besoin. Je me jetai en avant et percutai le couteau dans la poitrine d'Earl, le poignardant dans le cœur.
— Que... commença-t-il, mais ses mots se brouillèrent alors qu'il faisait un mouvement brusque de la tête vers moi.
Ses yeux s'écarquillèrent et il regarda son torse, du sang trempant déjà son haut.
— Merde ! hurla Goatee.
J'enveloppai mes mains autour de la garde de la dague et le retirai fermement. Une aspiration écœurante suivie d'un crépitement résonna avant que le poignard glisse en dehors de sa poitrine.
Du sang coula à flots alors qu'Earl pressait ses mains sur la blessure, essayant d'arrêter le saignement.
Le dépassant, je préparai le couteau dans ma main alors que Goatee chargeait.
— Salope, grogna-t-il en tendant la main vers ma gorge.
Je l'évitai et me redressai, percutant l'arrière de sa tête avec mon coude. Il tomba à genoux et je saisis l'étoffe et les cheveux derrière sa tête.
— Tu vas payer, grogna-t-il.
Une colère irrationnelle. Parfait. Cela signifiait que j'avais l'avantage.
Il sauta sur ses pieds et saisit mes cheveux.
Merde, j'aurais dû les attacher. Je fis un mouvement brusque pour enlever ma tête, mais il se tint fermement et me tira d'un coup sec vers lui.
Un combat déloyal ce serait.
Je prétendis trébucher et tomber vers lui. Il se pencha en avant, sa poitrine m'aidant à me stabiliser et écarta ses jambes.
Alors que mes épaules entraient en contact avec lui, je soulevai ma jambe, mettant un coup de genou droit dans les boules de ce trou du cul. Je ne sentis pas grand-chose, mais il relâcha sa prise et agrippa ses bijoux de famille comme s'il en avait vraiment.
Intéressant. Dans tous les cas, mon plan avait fonctionné.
Je le cognai et il bascula, atterrissant la tête la première. Incapable de me résoudre à tuer le con maintenant qu'il était le dernier restant, je le frappai à la tête, lui faisant perdre conscience.
Je sondai la zone, anticipant une autre attaque, mais tout ce que je pouvais voir c’était l'homme que j'avais tué quelques instants auparavant. L'hystérie me griffa de l'intérieur face à ce que j'avais fait.
Nous apprenions à nous battre, mais je n'avais jamais tué quelqu'un. J'avais prié toutes les nuits pour ne jamais avoir à le faire. Manifestement, mes prières n'avaient pas été écoutées.
— Sterlyn ! appela Papa.
Sa voix réconfortante me fit revenir au présent. Je me tournai pour lui faire face... et espérai presque ne pas l'avoir fait.
Du sang tachait son haut blanc et il empoignait son flanc, grimaçant à chaque mouvement qu'il faisait vers moi.
— Tu dois partir maintenant.
Ses yeux habituellement argentés ressemblaient davantage à de l'acier, et ses cheveux semblaient d'un gris terni. Le bel homme que j'avais vu plus tôt aujourd'hui paraissait vieux.
— Quoi ? m'apostrophai-je en trottinant vers lui, ne voulant pas qu'il se blesse davantage. Non. Je dois aider à protéger notre horde.
— Écoute, dit-il en tendant une main luisante de sang. Ils sont là pour toi et je ne peux pas les laisser te prendre.
— Pour moi ? répétai-je alors que mon cerveau s'embuait. Pourquoi ?
— Et ton couronnement, ajoutai-je en l’embrassant à nouveau. Je sais que tu es nerveuse, mais tu es déjà un bon chef. Ils t’admirent et te respectent.Le sourire de Mida en guise de réponse était tendre et doux.— J’en suis ravie. J’ai beaucoup de choses à rattraper.— Je peux t’aider.Mes mains se dirigèrent vers le dos de sa robe et la fermeture éclair qui s’y trouvait.— Tout ce que tu as à faire, c’est de faire exactement ce que je te dis.— C’est vrai, s’esclaffa Mida.Je dégrafai la robe et je la fis passer hors de ses épaules.— Oh, absolument. Je suis une mine d’expériences et de connaissances.Mida se leva et enleva la robe en se trémoussant, la laissant tomber à ses pieds.— Comment ai-je eu autant de chance ?Je me levai, et mes doigts se promenèrent sur les boutons de ma chemise.— Je ne sais pas, mais tu ferais mieux d’en profiter.Les mains de Mida se portèrent sur le bouton de mon pantalon. Il tomba en tas sur le sol, et j’en sortis, m’arrêtant pour le repousser d’un co
Chaque contact, chaque balayage, chaque caresse me rendait fou.Il ne fallut pas longtemps pour que je sorte d’elle en douceur et que j’y revienne en force.Encore et encore, je la pénétrai jusqu’à ce qu’elle se remette à haleter. J’enfouis de nouveau mon visage dans le creux de son cou et je respirai son parfum. Ensemble, nous bougeâmes, à un rythme lent et régulier, comme si nous avions tout notre temps.J’étais bel et bien à sa merci.Et elle était aussi à la mienne.Je relevai la tête, je la regardai en ralentissant mon rythme. Une myriade d’émotions dansait sur son visage tandis qu’elle enfonçait ses ongles dans mon dos. Je grognai et je plaçai mes mains de chaque côté d’elle.Vague après vague, le plaisir montait en moi.C’était ainsi que les choses devaient se passer entre nous.Comme si le monde entier n’existait pas en dehors de mes portes.Bientôt, mon rythme changea et je commençai à pousser avec un abandon sauvage et animal. Elle attacha ses jambes autour de ma taille et s
Elle frissonna légèrement et m’embrassa à son tour ; elle sentait les fleurs sauvages et le savon parfumé à la pêche. Mon sang grondait dans mes oreilles lorsque je me retirai et que je pressai mon front contre le sien.— Tu es toujours là pour une raison. Je ne vais pas te laisser tomber, ni nous laisser tomber, Mida, chuchotai-je.Elle ne dit rien quand je me levai et que je sortis de la pièce. Les jours suivants, je trouvais des excuses pour parler à Mida, pour passer le plus de temps possible avec elle, pour lui demander son avis sur les rénovations de la ville, sur les nouvelles lois qui allaient être mises en place dans la meute, et sur la question de savoir s’il fallait ou non traquer les sorciers.La détermination de Mida s’affaiblissait de jour en jour.À la fin du dixième jour, j’étais dans mon bureau en train de préparer une version révisée de notre pacte avec les humains lorsqu’elle entra. Sans mot dire, elle s’approcha de moi, me prit le verre des mains et le termina. Ave
— Nos familles étaient censées être unies parce que j’étais la fille de Rialus. Maintenant que la vérité a été révélée, je ne suis pas sûre que tu veuilles encore t’allier à moi.Les sourcils de Garian se froncèrent.— Tu n’es plus la fille d’un loup maudit. Je pense que c’est une bonne chose.— Pas si tu ne sais pas qui sont mes parents, fis-je remarquer en reculant de quelques pas. Au moins, avec Rialus, tu connaissais la vérité.— Mida–Je levai la main.— Tu es l’Alpha maintenant, Garian. Tu ne peux pas te permettre de voir ton rôle et ta position menacés, ou ta légitimité remise en question, surtout en t’alliant à moi. Tu as besoin d’une compagne forte, qui consolidera ta position d’Alpha.— Non.— Comment ça, non ?— C’est toi que je veux. Je ne veux pas quelqu’un d’autre à mes côtés.Garian me regarda droit dans les yeux en parlant, ses mots m’envoyant vague après vague d’émotions.— Je pensais avoir été clair.Je reculai d’un pas incertain.— Tu as été capable de me rejeter un
Apprendre que la vérité m’avait été cachée toute ma vie était pire.Au moins, quand j’étais la fille de Rialus, je savais qui j’étais.Maintenant, je n’étais plus personne, une orpheline sans nom que Rialus et sa femme avaient pris en pitié et élevée comme l’une des leurs.Pour tout le bien que cela m’avait fait.En secouant la tête, je poussai la porte du bureau et entrai, plissant les yeux devant la lumière vive du soleil qui pénétrait par la fenêtre ouverte. Garian était assis à son bureau, feuilletant une pile de papiers, ses cheveux ébouriffés sur le dessus de la tête. Lorsqu’il leva la tête, ses yeux bleus s’illuminèrent et il se leva.Je joignis les mains derrière le dos et me redressai.— As-tu rencontré le Conseil pour leur parler de moi ?Garian repoussa sa chaise en poussant un cri et se racla la gorge.— Je l’ai fait, mais je n’ai pas exigé d’eux des excuses, même si elles te sont dues.Je fronçai les sourcils.— Pourquoi pas ?— Parce que je voulais respecter ta volonté,
Puis nous allâmes voir le groupe qui garderait et prendrait soin de ma mère jusqu’à ce qu’elle soit mise en terre.— Merci.Ils hochèrent tous la tête avec tristesse, et je me sentis moins seul dans mon chagrin. Nous partîmes en direction du tombeau et, lorsque nous arrivâmes, il était en ruines. La structure avait été complètement détruite et n’était plus qu’un tas de pierres. J’étais soulagé de cette destruction, mais je savais que nous ne trouverions peut-être jamais la réponse à la question de savoir pourquoi le sang de Mida n’avait pas ressuscité Rialus.C’est alors que je compris. Si son sang ne fonctionnait pas, la réponse se trouvait peut-être du côté de Mida elle-même. Nous partîmes en ville pour voir qui travaillait sur les ancêtres et on nous emmena dans une ville voisine où l’on préleva le sang de Mida et où l’on chercha à savoir d’où elle venait. Nous attendîmes les résultats pendant que nous organisions un service pour ma mère. Les loups de toute la région et d’ailleurs