Chapitre 8

PDV de Kaia

« Allons-y ? » L’Alpha tend la main, me faisant signe d’entrer chez lui.

Un sentiment d’incertitude m’envahit, mais je l’ignore. Pour l’instant, je n’ai pas d’autre choix.

Pourquoi ai-je l’impression d’entrer dans la tanière du méchant loup ?

La porte est large, mais je me retrouve quand même à le frôler en passant... il doit sûrement sentir le lien du compagnon ? Mais rien, pas même une inspiration saccadée.

Je m’arrête au bas de l’escalier, l’escalier en bois sombre donnant le ton de cette maison. J’espère que ce n’est pas le cas pour la meute également.

Je ne peux pas être dans une autre meute comme avant, incapable de faire confiance à qui que ce soit.

Incapable de respirer.

Mais c’est peut-être mon chemin maintenant, le mien et celui du bébé... rien que nous deux.

« Mon bureau est par ici... » Sa voix résonne alors qu’il se tient maintenant dans un couloir, attendant que je le rejoigne. Il semble qu’il soit impatient et n’aime pas attendre.

Je jette un coup d’œil derrière moi. Plus j’avance dans sa tanière, plus je m’éloigne d’une voie d’évacuation sûre.

Je n’ai pas le choix, je ne reviendrai pas en arrière, me dis-je en le suivant dans son bureau.

« Alpha ! » Bêta Pascal entre dans le bureau de l’Alpha juste après nous. Un canapé en cuir noir longe le mur du fond du bureau, tandis que son bureau se trouve près d’une cheminée. Cet endroit ne respire pas beaucoup de chaleur.

Il n’y a pas de touche féminine, ce qui me dit qu’il vit seul.

Pascal pose une coupe d’or vide sur le bureau avec un poignard en argent.

Mon cœur s’emballe et je suis incapable de réprimer la peur qui monte dans mes entrailles.

Ont-ils prévu d’utiliser ce couteau sur moi ? L’argent... l’argent me tranchera comme du beurre.

« Calmez-vous... Le poignard est pour moi. » L’Alpha attrape le couteau en argent et, soudainement protectrice de la vie qui grandit en moi, je fais un pas en arrière. Un éclair de ses yeux devenant noir de jais m’informe que son loup est conscient de mon recul.

Mon cœur se serre maintenant dans ma poitrine alors qu’il continue de battre trop vite, ce que je sais qu’il ne manque pas de remarquer. J’ai l’impression que mon cœur est trop gros pour ma poitrine, et pas dans le bon sens du terme.

Les yeux de l’Alpha restent fixés sur moi en permanence, même ceux du Bêta. Je me sens piégée avec mes yeux se dirigeant vers la porte du bureau, mais l’odeur soudaine de sang les fait se tourner vers l’Alpha.

Sa main est serrée autour de la lame tranchante du poignard en argent, sans qu’une trace de douleur ne se manifeste sur son visage.

Ses yeux sont fixés sur les miens, même lorsque sa main s’ouvre pour montrer le sang qui jaillit de la blessure de sa paume. Je reste immobile, ma louve veut vérifier la blessure de notre supposé nouveau compagnon, alors que je ne suis pas si désireuse de lui montrer de la chaleur... pas quand elle ne sera pas réciproque.

Sa main plane maintenant au-dessus de la coupe tandis que goutte après goutte, son sang remplit la coupe dorée. L’odeur de son sang mélangée à son parfum d’orange brûlée et de chocolat noir crée un parfum enivrant qui tente de mettre à mal ma détermination.

« Je ne comprends pas... Je pensais que vous vouliez que je passe un test ? »

« C’est le test.... »

Je regarde l’Alpha puis le Bêta, sans pouvoir comprendre.

« Très peu d’étrangers restent ici. Si vous voulez rester, vous devez boire mon sang pour rejoindre la meute. »

Ses paroles me troublent, je pensais avoir clairement fait savoir que je voulais rejoindre sa meute. Comment le fait de boire son sang pouvait-il être un test ?

« En buvant mon sang, je deviendrai votre Alpha. Vous devrez vous plier à mes règles. »

« Oui, c’est généralement ce qu’un Alpha attend... »

Il me regarde comme si je ne comprenais pas ses paroles.

« Vous ne serez plus une... louve solitaire... » Il me lance un regard interrogateur, ignorant que je ne suis même pas une louve solitaire depuis 24 heures.

Ma main ramasse la coupe, la détermination garde ma main ferme... Je veux ça... J’en ai besoin.

Alors que je pose mes lèvres sur le bord de la coupe, ses yeux fouillent les miens à la recherche d’une hésitation de dernière minute.

« Attends... » Ma louve hurle dans ma tête.

« Quoi ? »

« Théodore est le père du bébé, comment savoir que cet Alpha ne l’utilisera pas contre nous ? Nous utiliser, nous et l’enfant, comme rançon contre la Meute du Désert d’Ambre ? »

« Nous ne le savons pas », réponds-je dans mon esprit.

« Y a-t-il un problème ? » Il dégage cette même contrariété d’être tenu en attente.

« Je ne peux pas faire marche arrière maintenant... Nous ne resterons pas longtemps, une fois que nous saurons où se trouve ton père, nous pourrons partir... »

Je suis allée trop loin maintenant, je ne reviendrai pas en arrière.

Je refuse de le faire.

Je penche la coupe vers le haut, son sang chaud et épais entre dans ma bouche. Je l’avale instantanément.

« Répète après moi... » Pascal me murmure immédiatement à l’oreille.

« J’offre mon allégeance à la Meute du Fantôme Noir et à son Alpha, Gabriel Vaillancourt. »

Je laisse le sang se déposer dans mon estomac, le goût métallique persiste sur ma langue.

« J’offre mon allégeance à la Meute du Fantôme Noir... »

Je lève les yeux vers l’Alpha qui se tient devant moi, son nom était donc Gabriel.

« ...et à son Alpha, Gabriel Vaillancourt. »

Dès que mes lèvres prononcent son nom de famille, je ressens la rupture puissante du lien de la Meute du Désert d’Ambre. Une sorte d’aspiration qui tente de me ramener vers elle.

C’est si intense que mes jambes commencent à flancher.

Il bouge vite en me rattrapant dans ses bras... mon corps se bat contre la meute dont mon enfant à naître est l’héritier et la nouvelle meute à laquelle j’ai prêté serment de loyauté.

Le vomi menace de monter au fond de ma gorge à cause de la douleur d’être dépouillée du lien de meute dont je n’ai jamais été faite Luna.

Je sens maintenant le lien de la Meute du Fantôme Noir remplacer le lien froid de la Meute du Désert d’Ambre.

Une fois que la douleur et la nausée diminuent, je suis capable de soutenir mes propres jambes davantage et Alpha Gabriel semble déjà désireux de s’éloigner de moi.

Des picotements avaient surgi sur mes bras tout le temps qu’il me tenait, et comme avant, je pouvais maudire la Déesse de la Lune pour me les avoir fait ressentir.

« Merci. » Je marmonne doucement en redressant mes vêtements, avant de le regarder à nouveau pour voir si j’ai réussi son test.

Un sourire se dessine sur son visage tandis que je sens les nouvelles possibilités de son lien de meute courir dans mes veines.

C’était ça, ma nouvelle chance.

« Bienvenue, Kaia. »