Gianna – La vie avait repris son cours. En apparence, du moins. Les jours s’étaient enchaînés avec une mécanique presque froide. Réveil à l’aube, petit-déjeuner rapide avec Giulia – qui, bien que fatiguée, souriait à nouveau –, puis trajet jusqu’à l’université, cours, retour à la maison, et enfin, le soir, direction le Velvet. Gianna s’était remise dans le mouvement, comme on remonte une montre détraquée. Mais au fond d’elle, quelque chose sonnait faux. Il y avait ce vide. Silencieux. Constant. Une sorte d’absence sourde qui la suivait partout, même dans ses rêves. Rocco était parti depuis une semaine. Elle ne l’avait pas revu depuis leur rencontre devant la clinique. Pas de message. Pas d’appel. Pas même une énième provocation lâchée au hasard. Rien. Il était reparti comme il était venu : de manière brutale, imprévisible. Et elle… elle s’en trouvait déstabilisée. Elle n’avait jamais compté sur lui. Elle ne s’était jamais permis de penser à lui autrement que comme une
Gianna – Le silence de la chambre d’hôpital n’avait rien de rassurant. Même avec tous les appareils qui bipaient doucement, même avec le souffle paisible de Giulia endormie à côté d’elle, Gianna sentait son cœur marteler sa poitrine comme s’il refusait de se calmer. L’opération s’était bien passée. Les médecins l’avaient dit avec un calme professionnel, presque froid. Mais après des heures d’attente à se torturer l’esprit, le mot “réussi” n’avait pas suffi à la rassurer. Elle était restée assise là, sans bouger, la main serrée dans celle de sa sœur, comme si le moindre relâchement allait faire tout s’effondrer. Elle observait Giulia. Son petit visage pâle, les cernes sous ses yeux, les mèches brunes collées à son front. Fragile, et pourtant si forte. Gianna aurait voulu pleurer, mais ses larmes étaient restées coincées quelque part, trop profondes. Elle avait le cœur en miettes et les pensées en désordre. Et parmi ces pensées… il y avait lui. Rocco. Il ne l’avait jamai
Point de vue Gianna Le téléphone vibra tôt ce matin-là. Encore groggy, Gianna tendit la main pour attraper l’appareil. Son cœur se serra aussitôt en voyant le nom de l’hôpital affiché à l’écran. — Allô ? — Bonjour Mademoiselle Gianna, ici l’hôpital Mount Sinai. Je vous appelle pour vous informer que les frais d’hospitalisation et la chirurgie de Giulia ont été entièrement pris en charge. L’intervention est programmée pour vendredi matin. Tous les spécialistes nécessaires sont disponibles, et les médicaments ont été commandés. Gianna mit quelques secondes à répondre. — Mais… comment ? Qui… ? — Nous avons reçu les documents d’un cabinet d’avocats privés ce matin, avec ordre de procéder immédiatement. Tout est réglé. Il ne vous reste qu’à signer le consentement familial ce soir. Elle remercia à peine, la voix étranglée, puis raccrocha. Elle resta un long moment à fixer l’écran noir de son téléphone, incapable de bouger. Le soulagement, violent, se heurta à un nœud plus pr
Point de vue Gianna Les couloirs blancs de l’hôpital semblaient s’étirer à l’infini. Gianna avançait mécaniquement, le visage figé, les épaules basses, le cœur en lambeaux. Elle avait l’impression de flotter dans une bulle sourde, incapable d’entendre autre chose que les battements précipités de son propre cœur. Elle revoyait sans cesse le visage du médecin, la froideur contenue dans ses mots, le prix inatteignable qui planait comme une condamnation au-dessus de Giulia. En rentrant chez elle, elle poussa la porte sans même sentir ses doigts tourner la poignée. L’appartement était calme, trop calme. Bianca était là, assise sur le canapé, le visage fatigué. Elle se leva en voyant Gianna entrer. — Tu as pu parler à M. Eric ? demanda-t-elle doucement. Gianna hocha la tête, puis se laissa tomber dans le fauteuil, vidée. — Il ne peut pas m’aider. Pas maintenant. Pas assez vite. Un silence s’installa. Bianca ne posa pas de questions. Elle se contenta de s’asseoir près d’elle, l
Point de vue GuiliaGiulia se sentait étrange. Un vertige familier l'envahit alors qu'elle était assise sur son banc à l'école. Elle avait souvent eu ces sensations de malaise ces derniers temps, mais jamais aussi intenses. Ses mains tremblaient légèrement lorsqu'elle se leva, cherchant un coin calme. La dernière chose dont elle se souciait était l'infirmerie, mais ses jambes ne lui obéissaient plus. Avant qu'elle n'ait pu faire un seul pas, tout s'obscurcit autour d'elle, et le sol sembla se dérober sous ses pieds.Point de vue GiannaPendant ce temps, à l’université, Gianna était plongée dans une conférence sur la psychologie sociale, mais l’adrénaline qu’elle ressentait n’avait rien à voir avec les sujets abordés en classe. Alors que son professeur parlait, son téléphone vibra dans sa poche. Elle sortit discrètement son appareil, s'attendant à un message sans importance. Mais en voyant l’appel provenant de l’école, elle sentit un frisson d’inquiétude courir le long de son échine.E
Point de vue de Gianna Le silence du matin pesait sur son esprit. Assise à la table de la cuisine, une tasse de café entre les mains, Gianna fixait un point invisible devant elle. Bianca lui avait posé des questions la veille, mais elle n’avait pas su quoi répondre. Rocco. Il hantait ses pensées bien plus qu’elle ne voulait l’admettre.Elle serra la céramique chaude entre ses doigts, cherchant à se recentrer. Pourtant, une phrase revenait en boucle dans son esprit, comme une mélodie entêtante dont elle ne parvenait pas à se défaire."Rappelle-toi une chose, Gianna : je ne perds jamais."Ces mots la poursuivaient, l’agaçaient, la troublaient. Il les avait prononcés avec cette assurance arrogante qui lui était propre, avec cette certitude absolue qu’il finirait par l’avoir. Et le pire, c’était qu’une infime partie d’elle se demandait s’il n’avait pas raison.Prenant une profonde inspiration, elle tenta de repousser cette idée. Rocco Solano ne gagnerait pas. Pas contre elle.Point de vu