Eliah Calder, jeune étudiante accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis, est internée dans un lieu hors du monde : Eden Noir, un institut psychiatrique secret, conçu pour des "patients sans remède". Mais derrière les murs, rien ne ressemble à un hôpital. C’est un laboratoire. Une prison blanche. Un théâtre de contrôle mental. Et surtout, il y a Caïn Morgenstern, directeur charismatique, glaçant, manipulateur de génie. Il ne soigne pas : il expérimente. Il dissèque l’âme humaine. Et Eliah devient son sujet favori. Sa faiblesse. Son terrain de jeu. Sauf qu’elle refuse de plier. Ce qui devait être une descente… devient une guerre. Entre deux esprits. Deux corps. Deux monstres en miroir. Entre manipulation et attraction, douleur et dépendance, Eliah va comprendre qu’elle n’a jamais été choisie au hasard. Elle est le cœur d’un projet plus vaste. Et Caïn, peut-être, ne l’a jamais vraiment possédée.
view moreLe fourgon cahotait sur la route comme une bête mal domptée, chaque soubresaut faisait tinter la chaîne métallique qui emprisonnait ses poignets. Le bruit régulier du métal heurtant les menottes se mêlait au roulement sourd des pneus, formant une sorte de rythme sourd et oppressant. Je gardais les yeux légèrement baissés, fixant un point invisible entre mes genoux, comme si cela pouvait m’éloigner de cette odeur étouffante de désinfectant industriel mêlé à la sueur qui trempait le tissu rêche de mon uniforme bleu pâle. Tout en moi suait le malaise, l’abandon, la rétention.
Face à moi, un homme. Massif. Muet. Crâne rasé, silhouette imposante. Le genre de type qu’on envoie quand on ne veut laisser aucune trace, aucun mot, rien à discuter. Il ne m’avait pas adressé un regard au départ. Pourtant, maintenant, je sentais ses yeux me scruter par intervalles. Comme s’il évaluait mes failles, ma manière de respirer, la tension dans ma mâchoire, le clignement de mes paupières. Il ne bougeait presque pas, sauf pour vérifier que j’étais encore là, enfermée dans mon mutisme.
J’avais demandé à parler à mon avocat. Trois fois. Le vide m’avait répondu à chaque tentative. Un silence brutal, délibéré, comme une gifle qui ne laissait pas de trace. L’homme ne portait ni insigne ni nom, juste un badge retourné contre sa poitrine. C’était presque risible. Comme s’il appartenait à un pouvoir qui n’avait pas besoin d’exister officiellement pour dominer.
Le véhicule ralentit. Virage sec. Grincement des pneus. Mes poignets tirèrent contre le métal. Une lumière artificielle traversa la grille arrière. Puis l’arrêt, net, sans ménagement. Je retins ma respiration quand les portes claquèrent à l’arrière. Une lueur crue s’abattit sur moi dès qu’on les ouvrit. Je plissai les yeux, aveuglée.
Ils étaient deux. Uniformes sombres, visages cachés derrière des lunettes noires et des masques qui dissimulaient toute trace humaine. Aucune parole, aucun signe distinctif. Leur présence évoquait un service qui n’existait sur aucun papier. L’un d’eux me fit un geste bref. J’obéis. Pas par soumission. Par prudence. J’avais appris à composer avec l’inconnu.
Dehors, l’air était dense, chargé d’humidité. Je sentis la terre sous mes semelles, froide et meuble. Trois portes métalliques nous faisaient face, enchâssées dans un mur gris comme un bunker oublié. Le ciel était noyé sous un nuage épais, sans jour, sans nuit. Les projecteurs qui balayaient l’entrée m’écrasaient de leur éclat. Devant moi, l’ombre du bâtiment s’étirait, oppressante. Aucun panneau. Aucun nom.
J’avançai. Chaque pas me paraissait retenu, comme si le sol lui-même hésitait à m’absorber. L’odeur ambiante me frappa au ventre. De l’ozone. Du béton humide. Et sous tout cela, une note sourde de confinement, de choses enterrées trop profondément.
L’intérieur était pire. Les murs avalaient la lumière. Les néons blancs n’éclairaient rien, ne réchauffaient rien. Il n’y avait ni écho ni odeur de vie. Tout semblait conçu pour effacer les repères, dissoudre les sens. Même mes propres pas ne résonnaient pas sur le sol lisse.
Au bout d’un couloir identique à tous les autres, une femme m’attendait. Elle portait une blouse repassée au millimètre, ses cheveux étaient tirés en arrière, et son regard me traversa comme une lame froide.
Elle ne me salua pas. Ne me demanda rien. Elle prit un dossier des mains d’un des gardes et parla comme on lit une formule chimique.
- Eliah Wexler. Née à Brooklyn. Vingt-quatre ans. Étudiante en anthropologie. Dossiers académiques interrompus. Antécédent psychiatrique à dix-neuf ans. Tu prétendais qu’on t’avait enfermée à tort.
Ses mots ne cherchaient ni à comprendre ni à juger. Ils s’écrasaient simplement, détachés, sans émotion. Je ne réagis pas. Inutile. Elle attendait sûrement que je me justifie, que je me défende. Rien ne vint.
Elle reprit, le ton égal :
- Aujourd’hui, tu ne poseras pas de questions. Et tu n’auras aucune réponse. Il te faudra t’habituer à cette logique.
Puis elle tourna les talons. Sans plus me regarder.
On me conduisit dans une cellule. Le couloir menait à une porte épaisse, sans poignée apparente. Ils l’ouvrirent sans un mot. Je franchis le seuil. À l’intérieur : un lit vissé au sol, un lavabo blanc, une caméra dans un coin. Mur sans fenêtre. Aucune décoration. Aucune humanité.
Je restai debout, les mains toujours menottées. Personne ne jugea utile de me libérer. Peut-être que c’était volontaire. Une manière de me rappeler que je n’étais plus qu’un corps à observer.
Le verrou s’enclencha dans un silence parfait. Je l’entendis avec ma peau. Le genre de silence qui se referme sur vous, pas autour.
Je m’assis lentement sur le lit. Mon dos craqua. Le matelas ne céda pas. Mes paumes laissèrent une empreinte invisible sur le tissu. Je levai les yeux vers la caméra. Le voyant rouge clignotait, régulier. Quelqu’un, quelque part, regardait.
Je murmurai presque, pour moi-même :
- C’est ça, votre Eden ?
Je n’attendais pas de réponse. Personne ne viendrait dire oui ou non. La cellule, elle, avait déjà répondu.
Je m’apprêtais à m’allonger quand je perçus un bruit étouffé. Des pas. Lents, appuyés. Ils venaient de loin, mais se rapprochaient. Mon rythme cardiaque accéléra, malgré moi. Je me redressai, raidie. La porte s’ouvrit.
Il entra.
Aucun uniforme. Aucune blouse. Juste une silhouette grande, fine, des mains croisées dans le dos. Il semblait flotter, tant ses gestes étaient lents, précis. Il s’arrêta devant moi, à distance raisonnable. Et me fixa.
Je soutins son regard. Il ne souriait pas. Ne fronçait pas les sourcils. Il observait. Avec une intensité étrange. Comme si j’étais un tableau qu’il connaissait déjà.
Il finit par parler. Sa voix m’enveloppa comme un tissu dense.
- Bienvenue, Eliah.
Je tressaillis malgré moi. Il savait mon nom. Bien sûr qu’il savait.
- Tu viens d’entrer dans un lieu que très peu quittent.
Il n’ajouta rien. Aucune menace, aucune explication. Il recula de deux pas, puis ressortit sans bruit. La porte se referma dans son dos, comme si elle avalait son passage. Et cette fois, le silence n’avait plus la même texture.
Il vibrait d’une attente indéfinissable.
Je m’allongeai, enfin. Le plafond blanc me parut infini. Mes poignets me brûlaient. Le métal avait laissé des traces rouges sur ma peau. Et dans ma tête, les mots de l’inconnu tournaient en boucle. Un lieu que très peu quittent.
Alors voilà. C’était ici que commençait la chute.
Je ne savais pas si on m’emmenait à un interrogatoire ou à une punition. Le garde qui m’escorta ne prononça rien, son regard fixé devant lui, comme si j’étais une ombre à son flanc. On traversa deux couloirs sans fenêtres, éclairés d’une lumière jaune maladive, avant qu’il n’ouvre une porte grise, sans poignée, et s’écarte pour me laisser entrer.Il n’y avait rien. Rien sauf lui.Caïn.Debout. Dos au mur. Bras croisés. Aucune chaise. Aucun bureau. Même pas une fiche. Juste lui. Moi. Et l’air trop mince pour deux.Je restai figée sur le seuil, mais il ne fit pas un geste pour m’inviter à avancer. Il n’en avait pas besoin. Mon corps avait déjà décidé qu’il voulait s’approcher, sans m’en demander l’autorisation. Quand je franchis la ligne invisible de la pièce, la porte se referma derrière moi avec un claquement sourd. Je n’avais jamais entendu un son aussi définitif.Je me tenais droite, le menton haut, les poings fermés dans le tissu trop fin de ma blouse. Il ne me regardait pas. Ses y
Les pas me guident sans que je sache comment. J’ai cessé de demander. Chaque couloir ressemble au précédent : sans odeur, sans trace. Le monde entier semble s’être vidé de toute âme. Sauf moi. Moi, on m’a gardée. Pour quoi ? Pour qui ?Devant une porte grise, ils s’arrêtent. L’un d’eux tend la main, effleure le capteur. Un déclic se fait entendre, puis le silence retombe, poisseux. La porte s’ouvre sur un vide.La pièce est nue. Mur blanc, sol gris, plafond bas. Un lit, rectangle de métal boulonné au sol, recouvert d’un drap rêche qui n’a rien d’un refuge. Contre le mur, une forme que je repère aussitôt. Une caméra. Son objectif brisé pend, comme un œil crevé. Trop évident. Trop visible pour être accidentel.Je ne leur laisse pas le plaisir de l’illusion. Je lève la tête, fixe le coin et murmure sans baisser les yeux :- Vous avez oublié d’être discrets.Personne ne répond. Bien sûr. Ce genre de silence a l’arrogance des puissants.Je dépose mes affaires sur le lit. Enfin, ce qu’ils a
Je n’ai pas posé de question quand elles m’ont fait signe. Deux femmes en blouse blanche, visages aussi lisses que leur démarche. Le genre de figures qu’on croise dans les rêves qu’on préfère oublier. Elles ne parlaient pas. Même pas entre elles. Leur silence avait quelque chose de contagieux. J’ai suivi. Parce que je savais, déjà, que résister ne changerait rien.La porte s’est refermée derrière moi, hermétique. La pièce était aveuglante. Murs carrelés, sol brillant, lignes parfaites. Tout sentait le chlore et l’effacement. L’oubli en spray. Je n’avais pas encore vu de miroir depuis mon arrivée. Et je compris que ce n’était pas un oubli.Elles m’ont regardée comme on regarde un dossier : sans émotion, sans intérêt, avec une mécanique bien huilée. L’une a tendu la main vers la fermeture de ma tenue. L’autre m’a immobilisée sans brutalité, mais avec une autorité implacable. J’ai eu un sursaut, réflexe idiote d’un corps encore persuadé d’avoir un mot à dire. Il n’a servi à rien.Les doi
Je n’ai pas entendu la porte s’ouvrir.C’est la sensation qui m’a prévenue. Une vibration dans l’air, différente de celles que j’avais apprises à ignorer depuis mon arrivée. Celle-là avait du poids, une densité brutale, comme si quelqu’un avait déplacé l’oxygène juste en respirant.Je me suis tournée sans bouger. Juste les yeux.Il se tenait là. Immobile. Droit comme une ligne de craie sur un sol qu’on n’ose plus traverser. L’éclairage faiblard du plafond glissait sur son épaule, révélant l’arête nette de sa mâchoire, un fil noir d’ombre courant sous sa pommette, et ce regard.Ce regard.Il ne clignait pas. Pas une seule fois. Il me regardait comme on analyse un vieux livre couvert de cendres : avec une curiosité méthodique, dangereusement silencieuse.J’ai senti ma nuque se raidir, ma respiration devenir attentive. Je m’attendais à ce qu’il parle. À ce qu’il annonce quelque chose. Son nom, son rôle, la raison de sa présence. Rien. Il ne me donnait même pas le loisir de détourner le r
- Suis-moi. Pas un mot.Le ton était tombé, net, comme une lame qu’on abat sans émotion. L’infirmière ne m’avait pas vraiment regardée. Elle s’était simplement retournée, silhouette blanche et fluide, glissant sans bruit sur le sol aseptisé. J’avais hésité une seconde, le souffle suspendu, puis mes pieds avaient suivi d’eux-mêmes, obéissant à une injonction plus ancienne que celle prononcée.Elle n’avait ni badge, ni sourire. Juste un uniforme qui semblait absorber la lumière, et des gestes précis comme ceux d’une horloge bien huilée. Elle ne m’a pas demandé mon nom. N’a pas prononcé le sien. Elle m’a tendu un document plastifié, sans me regarder.« Tu lis, tu signes. »La voix venait de loin, comme filtrée par un mur épais. J’ai pris la feuille sans réagir. Les caractères étaient nets, la mise en page parfaite. En haut, une ligne : PROTOCOLE INTERNE – INSTITUT ELLENBRÜCK. Le reste s’enchaînait en règles froides, alignées comme des barreaux.Interdiction de crier.Interdiction d’inter
J’ai failli vomir dans la voiture. Il y avait dans l’air une odeur métallique, sourde, qui ne collait à rien de connu. Comme si le cuir des sièges cachait un cadavre. Comme si le silence lui-même avait une haleine.Quand ils ont ouvert les portières, l’air extérieur ne m’a pas apporté de répit. Une forêt opaque encerclait les bâtiments. Je n’avais jamais vu des arbres aussi figés. Même les feuillages paraissaient figés, presque dessinés, comme suspendus dans un tableau dont on aurait arraché le fond sonore.Le premier mot qu’un agent a prononcé fut mon prénom. Juste mon prénom. Sans un regard, sans intonation, sans me laisser le temps de répondre. J’ai posé le pied sur le sol comme on entre dans une tombe.Ils m’ont escortée avec cette précision clinique qui ne laisse aucun espace au hasard. Les couloirs étaient immaculés. Ni affiche. Ni trace de passage. Pas une voix. À peine quelques froissements de vêtements trop propres.Chaque pas résonnait comme un reproche.Un homme en blouse g
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