Point de vue de Gianna
Gianna suivait Bianca, un peu nerveuse mais intriguée, alors qu’elles se dirigeaient vers une porte discrète à l’arrière du Velvet. Pas d’entrée flamboyante ni de regards curieux, juste une porte réservée aux employés. Elle la poussa doucement et se retrouva à l’intérieur d’un autre monde. Dès qu’elle passa le seuil, son regard se posa sur les murs ornés de dorures et de rideaux en velours pourpres. Le sol luisait sous les lumières tamisées, et un podium imposant occupait le centre de la pièce, presque trop grand pour une seule personne à la fois. C’était à la fois intimidant et fascinant. Elle n’avait jamais vu un lieu aussi somptueux. Bianca, visiblement dans son élément, se tourna vers elle avec un sourire rassurant. “Je vais te faire visiter,” dit-elle en l’entraînant dans les coulisses, la présentant à quelques collègues et leur faisant découvrir l’ensemble des lieux. Puis, elle la laissa seule, lui conseillant de s’installer et de profiter de l’atmosphère avant qu’elle doive se préparer pour son show. Gianna se retrouva seule, déambulant dans le club tout en observant la foule qui commençait à entrer. Il y avait une réelle distinction parmi les gens présents : des clients riches, des hommes en costumes élégants, des femmes impeccablement coiffées, tous semblant comme étrangers à ce monde. L’ambiance était envoûtante. La musique battait au rythme de basses profondes et les lumières clignotaient en synchronie avec les changements de tempo. Chaque coin semblait parfaitement agencé, un décor qui collait parfaitement au nom du Velvet. Quand le show commença enfin, Gianna chercha Bianca du regard. Elle la trouva sur le podium, masquée, et la reconnaît malgré son pseudonyme. La façon dont Bianca se déplaçait, sa confiance en elle, la surprise à la fois délicate et intense qui traversa le visage de Gianna. Elle n’avait pas imaginé qu’elle aurait l’air si… à l’aise. Gianna observait Bianca sur scène, captivée. La musique résonnait, et Bianca semblait être en parfaite symbiose avec elle. À chaque mouvement, la foule réagissait, fascinée. “Elle est incroyable,” murmura Gianna pour elle-même, les yeux fixés sur son amie. Bianca n’était plus simplement sur scène, elle était la scène. Les applaudissements fusaient, les regards étaient rivés sur elle. Gianna sentit un pincement. Pas de la jalousie, mais une sorte de manque, comme si elle aussi pourrait être là, mais différemment. La foule se faisait plus dense, et Gianna sentit la chaleur du club l’envahir. Elle ne pouvait plus détourner les yeux de la scène. “Elle a vraiment trouvé sa place ici,” pensa-t-elle. “Peut-être que je peux aussi.” Lorsque le show toucha à sa fin, Gianna se leva. Elle attendit que Bianca descende du podium, puis la suivit dans les coulisses. “Alors ? T’en penses quoi ?” demanda Bianca, essoufflée mais souriante. Gianna la fixa, un peu nerveuse, puis dit enfin : “Je suis prête. J’accepte.” Bianca sembla surprise un instant, puis un grand sourire s’étira sur son visage. “Tu es sérieuse ?” “Oui. C’est la seule option qui me reste.” Bianca la prit dans ses bras. “Tu vas déchirer, tu verras.” Gianna hocha la tête, déterminée. “Je vais apprendre.” “Et tu seras la meilleure,” répondit Bianca en la poussant doucement vers le bureau de M. Eric. “Viens, c’est là que tout commence.” Avant d’entrer dans le bureau de M. Eric, Bianca avait déjà pris soin de parler de la situation de Gianna avec lui. Elle savait que son amie avait traversé des moments difficiles et que ce travail était une chance pour elle. M. Eric, avec sa réputation d’être un patron à l’écoute de ses employés, avait bien pris note de l’histoire de Gianna. “M. Eric, voici Gianna,” dit Bianca en entrant dans son bureau. “Elle est prête à se joindre à nous, je suis certaine qu’elle va apporter beaucoup.” M. Eric posa ses lunettes et la regarda. Son regard était intense mais bienveillant. “Je connais déjà une partie de ton histoire, Gianna,” dit-il calmement. “Bianca m’a parlé de tes difficultés. Je vais être clair : ici, on donne tout à nos employés, mais on attend aussi beaucoup en retour.” Gianna hocha la tête, nerveuse mais déterminée. “Je sais. Je suis prête à faire ce qu’il faut.” “Bien. Alors parlons des détails.” M. Eric sortit un contrat et le posa devant elle. “Tu travailleras du mardi au samedi, de 18h00 à 3h00 du matin. Les spectacles commencent à 21h00, mais tu devras être là plus tôt pour la préparation. Et pour l’entraînement mardi et jeudi de 14h00 à 16h00 Bianca va t’aider et te donner plus d’informations sur ca” Gianna prit le contrat et le lut attentivement. “Et le salaire ?” “Le salaire de base est de 2 500 dollars par mois,” expliqua M. Eric. “Mais il y a des primes, selon la performance et les pourboires des clients. En général, les danseuses peuvent atteindre jusqu’à 5 000 à 6 000 dollars par mois, et parfois même plus, si elles sont particulièrement populaires.” Bianca lui lança un sourire rassurant. “Tu vas y arriver, Gianna. Tu es là pour une bonne raison.” Gianna prit le stylo, hésitant un instant. Mais, au fond d’elle, elle savait que c’était la meilleure chance qu’elle ait. Elle signa le contrat, avec la sensation d’un poids en moins sur ses épaules. M. Eric lui adressa un sourire approbateur. “Bienvenue à bord. Je suis sûr que tu vas te faire une place ici rapidement.” “On se voit mardi vers 18h00 pour la présentation officielle au personnel. Ne sois pas en retard,” ajouta-t-il avec un clin d’œil. Bianca la prit par le bras. “Viens, on va te montrer tout ce que tu dois savoir.” Gianna sourit, se sentant à la fois soulagée et excitée pour ce nouveau départ. Point de vue de Eric Moretti M. Eric observa Gianna avec attention. Bianca lui avait déjà parlé d’elle : une jeune femme en galère, qui enchaînait les refus d’entretien, avec une petite sœur à charge. Ce n’était pas une histoire nouvelle pour lui, mais quelque chose chez elle retenait son attention. Elle ne ressemblait pas aux filles qui débarquaient ici par dépit. Il voyait de la fierté, de la détermination… et peut-être même un potentiel inexploité. Et puis, il y avait son apparence. Sans artifice, sans tenue travaillée, elle attirait déjà le regard. Une beauté naturelle, une silhouette marquée, un regard captivant. Avec un peu de technique et de confiance, elle pouvait devenir une véritable perle pour le club. Pas simplement parce qu’elle était belle—il en voyait des dizaines tous les jours—mais parce qu’elle dégageait quelque chose de particulier, une intensité qui, bien exploitée, pourrait rapporter gros. Il s’adossa à son fauteuil et déclara d’un ton posé : “Bianca m’a dit que tu voulais une nouvelle chance. Je peux te l’offrir, mais ici, on ne fait pas les choses à moitié. Soit tu t’investis, soit tu laisses tomber tout de suite.” Il marqua une pause, étudiant sa réaction. Elle ne fuyait pas son regard, un bon point. “Tu travailleras du mardi au samedi, de 18h à 3h. Le show commence à 21h, mais il y a la préparation avant. Et vu que tu débutes, tu auras un entraînement les mardis et jeudis de 14h à 16h.” Il laissa planer un silence avant d’ajouter : “Le salaire est fixe, avec des primes et les pourboires. Si tu fais bien ton travail, tu t’en sortiras très bien.” Un sourire en coin, il conclut : “On se voit mardi à 18h pour ta présentation officielle au personnel. Ne sois pas en retard.” Il savait déjà qu’elle viendrait.Gianna Le silence avait un goût amer depuis que Rocco était parti. Trois jours. Seulement trois. Et pourtant, elle avait l’impression que le temps s’était étiré, suspendu, figé dans une attente qu’elle n’avait pas voulu reconnaître. Elle sortit de l’appartement en serrant contre elle son blouson en cuir. Il faisait plus froid que d’habitude, ou peut-être était-ce elle qui frissonnait de l’intérieur. Giulia dormait encore. Bianca, toujours bienveillante, avait insisté pour l’amener au collège ce matin-là. Gianna avait accepté, trop fatiguée pour discuter. La veille, elle avait effacé un message qu’elle s’apprêtait à envoyer à Rocco. Juste un : Tu me manques. Trop simple. Trop sincère. Trop tôt. Au Velvet, tout semblait normal. Pourtant, une sensation étrange persistait. Elle sentit un regard la suivre lorsqu’elle entra dans les coulisses. Au début, elle crut à une impression, puis elle aperçut une enveloppe glissée sous la porte de son casier. Aucune mention. Aucun no
Point de vue : Gianna Le matin filtrait à peine à travers les rideaux de l’appartement de Rocco. Il régnait ce genre de silence qui ne pèse pas, mais apaise. Gianna s’était réveillée plus tôt que lui, recroquevillée dans un coin du canapé, la couverture encore tirée jusqu’au menton. Elle n’osait pas bouger. Pas encore. Tout en elle était calme, mais pas vide. Il y avait ce bourdonnement discret dans sa poitrine, celui qui naît après une tempête intérieure. Elle ne savait pas vraiment ce qui s’était passé la veille, ou du moins, comment cela avait été possible. Ce n’était pas un baiser, pas une déclaration enflammée. C’était… un début. Elle tourna la tête vers lui. Rocco dormait sur le fauteuil à côté, toujours habillé, les bras croisés sur la poitrine. Comme s’il n’avait pas voulu s’allonger de peur qu’elle s’éclipse pendant la nuit. Et c’est cette pensée qui la fit sourire. Il était là. Encore. Toujours. Elle se leva doucement, ses pieds nus effleurant le sol froid.
Point de vue : Gianna La pluie n’était pas prévue ce soir-là. Pourtant, elle tombait, fine et insistante, comme si elle voulait nettoyer le trop-plein de silences que Gianna portait en elle. Elle marchait d’un pas décidé, serrant contre elle sa veste trop légère, les cheveux trempés collant à ses tempes. Elle n’avait pas pris de parapluie. Elle n’avait rien prévu, en réalité, si ce n’est une chose : le retrouver. Elle n’avait pas besoin de se justifier. Pas ce soir. Depuis des jours, elle repassait tout en boucle. Le moment où elle l’avait supplié pour sa sœur, sa propre honte, l’orgueil brisé, la proposition insensée qu’elle lui avait faite. Elle s’était attendue à ce qu’il en profite. Qu’il se jette sur l’occasion. Mais non. Rocco n’avait rien exigé. Il avait refusé ce corps qu’elle lui avait offert en échange d’un sauvetage. Il avait payé, sans contrepartie. Et puis, il s’était effacé. Sans pression. Sans tentative de manipulation. Elle avait cru qu’il reviendrait. Qu’i
Point de vue : Gianna Il y a des vérités qui s’imposent dans le silence, qui s’infiltrent entre deux battements de cœur, entre deux respirations trop lourdes. Depuis quelques jours, Gianna ne dormait plus tout à fait. Pas parce qu’elle faisait des cauchemars, mais parce qu’elle commençait à rêver éveillée. Rêver de lui. Rocco. Elle s’était tant acharnée à l’exclure de son esprit, à le repousser dans un coin sombre de sa mémoire, qu’elle n’avait pas vu que son absence pesait plus lourd que sa présence. Et pourtant, elle n’était pas encore prête à l’admettre. Pas à voix haute. Mais cette nuit-là, alors que Giulia dormait profondément dans la chambre d’à côté, elle s’était levée. Pieds nus, une couverture autour des épaules, elle avait rejoint le balcon. La ville brillait, indifférente à ses dilemmes. Et dans ce silence, une vérité avait émergé. Il n’avait jamais abusé de son pouvoir. Elle se rappelait encore ce moment, aussi humiliant que douloureux, où elle lui avait prop
Point de vue : Gianna Les rayons du soleil filtraient à travers les rideaux, mais la lumière semblait floue, distante, comme si le monde avait perdu un peu de sa netteté. Gianna ouvrit les yeux dans un silence étrange. Ce genre de silence qui pesait sur la poitrine avant même le premier battement de la journée. Elle se redressa lentement dans son lit, une main sur le front. Elle avait mal dormi. Encore. Les mots de Rocco tournaient en boucle dans sa tête. Ce qu’il avait dit. Ce qu’elle avait répondu. Et ce qu’elle n’avait pas osé avouer. Elle sortit de la chambre, trouva Giulia assise à table, déjà prête pour le lycée. Son visage était calme, paisible. Il y avait quelque chose d’apaisant à la voir aller mieux. Vraiment mieux. — Tu veux du café ? demanda Gianna, sa voix encore rauque de la nuit. Giulia leva les yeux. — C’est toi qui demandes ça ? T’es sûre que t’es ma sœur ? Gianna esquissa un sourire fatigué. Elle alla faire couler deux tasses. Pendant que le liquide s
Point de vue : Gianna Le vrombissement de sa moto résonnait encore dans le parking souterrain lorsqu’elle coupa le contact. Le casque toujours vissé sur la tête, Gianna resta immobile un instant. Le cœur battant. Les mains moites. Elle détestait ce que son corps lui faisait subir depuis la veille. Depuis qu’il était revenu. Rocco. Même son nom dans sa tête avait le goût d’un poison. Lent, insidieux. Il s’infiltrait partout. Elle l’avait vu, entendu, senti. Et elle avait fui. Comme toujours. Parce que face à lui, elle perdait le contrôle. Et le contrôle… c’était tout ce qui lui restait. Elle descendit de la moto, monta les escaliers quatre à quatre, et poussa la porte de l’appartement. Le silence l’accueillit. Giulia était déjà couchée, la lumière de sa chambre éteinte. Gianna posa ses affaires, défit sa queue-de-cheval, et se laissa tomber sur le canapé. Son téléphone vibra. Elle l’ignora. Puis le reprit. Un message de Bianca : « Je suis dispo demain midi si tu veux parl