Le lendemain, c'était samedi. Elle avait veillé une bonne partie de la nuit avant de finir par s'endormir.
Après avoir pris son bain ce matin-là, elle enfila une robe courte, attacha ses cheveux avec un bandeau et quitta sa chambre. Elle descendit le couloir jusqu'à la véranda ; quelques personnes étaient en vue, toutes occupées à une tâche ou une autre ; tout semblait paisible, alors elle supposa qu'il devait être à la maison.N'ayant rien de prévu, elle se dit qu'elle pourrait bien aller rendre visite à sa sœur, en ville, et voir comment elle allaiter.Elle croisa quelques employés et les salua poliment ; ils lui répondent d'un signe de main, certains avec un sourire. Elle savait que la nouvelle de son rôle de maîtresse du maître s'était répandue parmi les travailleurs, et à leurs égards, elle comprit qu'ils la plaignaient profondément.Elle n'avait pas encore atteint le premier portail lorsqu'elle le vit ; son cœur fit un lien. Elle ne s'attendait pas à le croiser en sortant, alors elle fut prise de nervosité, mais elle retrouva aussitôt son calme. Il s'exerçait au tir à l'arc, un homme d'âge moyen tenant son carquois à ses côtés ; il venait de décocher une flèche en direction de la cible lorsqu'il la vit passer. Tiana ne fit que le regarder une seconde avant de poursuivre son chemin. Bien qu'en tant que maîtresse, il aurait été convenable de l'informer de ses déplacements, elle ne voulait pas attirer son attention. Si elle avait su qu'il était là, elle n'aurait même pas pris ce chemin.Lorsqu'il l'aperçut, une pensée traversa l'esprit de Nicklaus. Il se tourne vers le garde posté à ses côtés, lui dit quelque chose, et l'homme hocha la tête avant de courir vers Tiana. En le voyant approcher, son cœur se serra.— Mademoiselle, le patron veut vous voir, annonce le garde.Tiana se tourne vers Nicklaus. Son expression était impassible, il continuait à jouer avec son arc. Sa gorge se noua, mais elle ne dit rien ; elle fait simplement un demi-tour et se dirigea vers lui.Après l'humiliation de la veille, elle savait qu'il était capable du pire, de la plus grande cruauté. Si elle voulait tenir cinq mois et sauver sa sœur, elle devait obéir à tout ce qu'il exigeait.Même si elle avait vraiment besoin de voir sa sœur, elle ne demanderait pas la permission. Il pourrait s'en servir comme excuse pour l'en empêcher à jamais.Son visage était fermé lorsqu'elle se planta devant lui. Il ne lui accorda pas plus d'une seconde de regard.— Mets la chaise devant la cible.Il donne l'ordre au garde, qui s'exécute immédiatement.— Assieds-toi là, dit-il ensuite à Tiana, tout en attrapant une flèche dans le carquois.L'homme d'âge mûr fut décontenancé. Comptait-il la tuer d'une flèche ?Tiana le fixa quelques secondes, puis elle fit volte-face, s'avança vers la chaise et s'y assit. Nicklaus arma fils arc ; son index au-dessus de la flèche, le majeur et l'annulaire en dessous. Il ferme son œil gauche pour viser.Tiana le regardait, le cœur battant à tout rompre. Une partie d'elle souhaitait qu'il mette fin à son calvaire, mais elle avait peur... peur de ne pas mourir sur le coup, peur de la douleur. Il pointait la flèche droite sur sa tête. En apparence, Tiana semblait calme, mais des gouttes de sueur perlaient sur son front et ses poings étaient fermement posés sur ses genoux.Nicklaus tendit l'arc, ferma l'œil, puis relâcha la corde au bout de trois secondes. Le bruit fit fermer les yeux de Tiana par réflexe ; elle se prépare à l'impact. Elle sentit quelque chose fendre l'air et frôler ses cheveux avant de se planter dans le bois derrière elle. La seconde suivante, ses cheveux se déversèrent sur ses épaules. Ils étaient très longs, et lorsqu'ils tombèrent, ils lui cachèrent presque tout le visage.Tout le monde reste figé, accompagnant le coup fatal. Le cœur battant, l'homme d'âge moyen ferma les yeux pour ne pas assister à la scène. Il était le majordome de Nicklaus depuis des années, il connaissait sa cruauté. Il ne l'avait encore jamais vu faire du mal à une femme, mais rien ne l'aurait surpris venant de lui.Il attendait un cri… mais rien. Trois secondes plus tard, il ouvrait les yeux et vit la jeune femme, la chevelure dissimulant son visage. La flèche avait simplement coupé son bandeau et l'avait cloué sur la cible en bois. En se tournant vers Nicklaus, il le vit ranger l'arc et retirer les flèches de la cible. Il poussa un soupir de soulagement. S'il avait visé un peu plus bas, cela aurait pu être tragique.Tiana expira l'air qu'elle retenait sans le savoir. Elle porte la main à sa tête, mais ne sent aucune douleur. Il devait être sacrément doué pour avoir frôlé son crâne d'aussi près sans le toucher.— Où allais-tu ? exigea-t-il d'un ton neutre, en retirant les flèches de la cible.Tiana repoussa ses cheveux derrière son oreille et se redressa sur sa chaise.— Je voulais me promener un peu en ville. Je ne suis pas sortie depuis plusieurs jours, répondu-elle d'un ton tout aussi froid.Nicklaus revient vers la table, remet les flèches dans le carquois et tendit l'arc au majordome.— À partir de maintenant, tu ne sors du manoir que lorsque je le décide, et tu seras toujours accompagné de mes gardes. C'est clair ? demanda-t-il en inclinant légèrement la tête.Tiana hocha la tête. Après un court silence, elle se souvint de quelque chose :— Vos gardes m'ont confisqué mon téléphone le jour de mon arrivée. Puis-je le récupérer, s'il vous plaît ?C'était l'occasion idéale. Elle n'aurait peut-être plus l'occasion de lui demander.Nicklaus a réparé un instant.— Je vais m'en occuper, dit-il avant de s'éloigner, suivi du majordome et des gardes.Tiana poussa un profond soupir de soulagement en le regardant partir. Elle se rend compte qu'elle allait devoir rester dans sa chambre chaque fois qu'il était là, pour ne pas croiser son regard. Désormais, elle ne pourrait plus jamais sortir sans qu'il en soit informé. Soupirant à nouveau, elle se relève, ne sachant trop où aller.Elle n'avait fait que trois pas qu'un garde s'approchait :— Mademoiselle, nous avons pour ordre de vous escorter en ville. Pas ici.— Quel dommage ? Je ne rentre pas dans cette piscine, pas moyen. Et puis il fait froid, je vais juste me transformer en glaçon.Nicklaus rit encore.— Ouais, mais le corps humain réchauffe l’eau, et il fait beau aujourd’hui, donc ça ne sera pas si froid que ça.— Peu importe, je n’y vais pas. Mais c’est magnifique, vraiment.— Mh, alors prenons des photos si on ne nage pas.Tiana sourit tandis que Nicklaus l’attirait contre lui pour un selfie.— Tch, comment tu peux être plus joli que moi ? Regarde-moi ces cils ! râla-t-elle en voyant la photo.— Belle, ce visage est à toi. Et puis je ne suis pas plus joli, j’ai juste des cils plus longs.— Et des lèvres plus mignonnes…— Non, les tiennes sont plus mignonnes.— Et un sourire plus sexy…Nicklaus éclata de rire.— Wifey, arrête de te prendre la tête. Tu es superbe, viens là…Il l’attira à lui et l’embrassa tendrement, prenant une photo pendant le baiser.— Celle-là est canon, dit-elle en rougissant en regardant le cliché. La façon dont
À ce moment-là, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, et Hazel se trouvait de l’autre côté. C’était la dernière personne qu’elle voulait voir en ce moment.Les yeux d’Hazel s’écarquillèrent en la voyant, une panique furtive traversa son regard, comme si elle venait de commettre une faute, mais elle la dissimula rapidement derrière un sourire.— Claire, je ne pensais pas te croiser ici, lança-t-elle, radieuse, alors que Claire sortait de l’ascenseur.— Oui, je sortais juste du bureau de Leo. Je lui ai dit de te passer le bonjour, mais il semble que je vais le faire moi-même, dit-elle en riant.Les yeux d’Hazel glissèrent ailleurs.— Désolée, j’ai changé le papier peint, j’espère que ça ne te dérange pas ?— J’espère que ça ne te dérange pas ? reprit Hazel avec un doux sourire aux lèvres. Claire se raidit. Elle ne savait pas si ce sourire était sincère ou non. Hazel semblait très gentille, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que ses gestes étaient délibérés.— Non, ne t’en fais p
— Si t’es pas occupé, on peut aller au studio pour faire tes photos.— Oui, oui, j’ai tout mon temps !Elle s’exclama, ravie.La gorge de Leo se serra, mais il repoussa rapidement cette douleur avant qu’elle ne le submerge.Au fond de lui, il aurait aimé que ces mots viennent d’une autre femme. Mais c’était une illusion vaine.Il était vraiment prêt à aller de l’avant. Hazel tenait beaucoup à lui, et il allait apprendre à l’aimer aussi. Même si cela lui faisait mal de retirer les photos de Claire, il savait que c’était la meilleure chose à faire. Si la femme qui partageait sa vie n’en voulait pas, alors il les enlèverait.Hazel était magnifique ; métisse, mi-vietnamienne, mi-américaine. Elle avait les cheveux roux et les yeux noisette. Ce n’était pas une beauté de mannequin, mais elle était assez charmante pour attirer les regards. Elle était douce aussi, et Leo savait qu’il finirait par l’aimer. Il lui fallait juste du temps pour guérir.*Claire cocha les tâches accomplies de la jou
— Chéri, restons jusqu’au Nouvel An ! Je suis amoureuse de cette ville !Elle se tourna vers son mari et le regarda avec des yeux pleins de malice.— D’accord.Ses yeux s’illuminèrent à sa réponse.— On peut ?Nicklaus hocha la tête.— Merci ! Je t’aime tellement !Elle rayonna en l’embrassant sur les lèvres. L’hôtel était exactement comme sur les photos, un véritable bijou. Aucun mot ne pouvait vraiment décrire la beauté des lieux.Tiana était émerveillée par tant de magnificence alors qu’elle tenait la main de Nicklaus, pendant que les gardes montaient leurs bagages.Elle était si excitée par ce voyage. Elle avait vu de beaux endroits, mais elle ne savait pas pourquoi celui-ci l’enchantait autant… Peut-être parce qu’elle était avec Nicklaus.Après avoir rangé leurs affaires, ils dînèrent, puis profitèrent d’un bain chaud pendant des heures avant de se blottir l’un contre l’autre pour dormir. La journée avait été longue.*Hazel passa la tête dans le bureau de Leo, un sourire étirant
Il écarta doucement les mèches de cheveux de son visage et lui tapota légèrement le menton.— Réveille-toi.Les paupières de Diana papillonnèrent avant de s’ouvrir, et ses yeux se verrouillèrent aux siens.— Oh, je me suis endormie ? demanda-t-elle en souriant, s’asseyant sur le canapé. Michael acquiesça :— Je ne voulais pas te réveiller, mais je ne pouvais pas te laisser seule sur le canapé.Diana éclata de rire :— Je vais aller me coucher maintenant, laisse-moi te montrer ta chambre. Tu peux venir une fois que tu es prêt.Sa voix était encore embrumée de sommeil ; Michael sourit en la regardant se lever maladroitement du canapé. Elle se frotta les yeux, ramassa sa couverture tombée au sol, puis s'engagea dans le couloir. Michael la suivit.— Tout ce dont tu as besoin est ici. Ma chambre est à côté, tu peux m’appeler si tu as besoin de quelque chose. D’accord, bonne nuit.Elle lui adressa un faible sourire avant de se tourner vers sa chambre.— Ouais, dors bien.*Nicklaus se révei
— Quoi ?— Ces femmes… elles ne sont jamais tombées amoureuses de toi ?Michael ricana.— C’était juste du sexe. On savait dans quoi on s’engageait. On ne se laissait même pas le temps de s’attacher, donc pas de sentiments.— Tu n’as jamais aimé l’une d’elles ?Elle était surprise : coucher plusieurs fois avec quelqu’un sans rien ressentir…— Pourquoi je coucherais avec quelqu’un que je n’aime pas ? Je les appréciais, elles étaient de bonnes copines, avec de beaux corps, mais je n’étais pas amoureux. C’était juste du sexe.— Waouh, intéressant — rit Diana, se sentant un peu dépassée par la conversation.Peut-être qu’il était comme ça avec toutes les femmes : gentil, attentionné, mais ça ne voulait pas dire qu’il l’aimait, elle. Elle devait se ressaisir. La dernière chose qu’elle voulait, c’était de retourner dans le trou d’où elle venait de sortir.— Tu peux rester au salon, je vais faire la vaisselle rapidement — dit Diana en se levant pour débarrasser, mais Michael se leva aussi, ra