L’air dans la salle de briefing était épais, saturé d’une tension latente. Markus Renvall, assis à son poste de commandement, observait Élisa avec un intérêt calculé. Il avait accepté qu’elle prenne la tête de l’opération sur le convoi gouvernemental, mais elle savait qu’il ne lui faisait pas encore confiance.C’était un test.Si elle réussissait, elle s’intégrerait plus profondément dans son cercle.Si elle échouait… elle était morte.Elle fit face aux autres membres de son équipe et prit une voix ferme.— Nous avons peu de temps pour préparer cette mission, alors allons droit au but.Elle activa l’écran central, affichant une carte détaillée du trajet du convoi.— Le convoi partira de ce point à minuit et empruntera cette route sécurisée. Nous avons exactement quatorze minutes entre deux points de contrôle pour l’intercepter.Jonas, bras croisés, hocha lentement la tête.— Ils auront combien d’escorte ?Malik, penché sur son ordinateur, répondit en faisant défiler des fichiers volés
Le silence régnait dans la base après l’échec de l’opération contre le convoi gouvernemental. Markus Renvall n’avait rien dit depuis leur retour, mais son regard froid en disait long. Il détestait perdre. Et quelqu’un allait payer.Élisa savait qu’elle avait gagné une bataille en sabotant la mission, mais la guerre était loin d’être terminée. Renvall ne se contenterait pas d’un simple revers. Il traquerait la taupe jusqu’à ce qu’il l’élimine. Et cette taupe, c’était elle.Dans le dortoir où ils étaient confinés, Jonas, Malik et Travis affichaient des expressions fermées. Tous ressentaient la pression.— Il ne va pas laisser passer ça, murmura Jonas.Élisa acquiesça en silence.Malik, penché sur son ordinateur, tapait nerveusement sur son clavier.— Renvall a mis tous ses analystes sur l’origine de la fuite. Si on ne trouve pas un moyen de détourner leur attention, on est morts.Travis, toujours pâle depuis leur retour, se redressa.— On pourrait... inventer une autre taupe ?Jonas sec
L’odeur de la poudre flottait encore dans l’air alors que le corps d’Anders Kovic gisait sur le sol du bureau de Renvall. Le silence était absolu, seulement brisé par le bruit mécanique du cran de sûreté que Markus Renvall remettait en place sur son arme.Élisa savait qu’elle venait de gagner du temps, mais elle n’avait fait que repousser l’inévitable. Le piège se refermait sur elle.Renvall rangea calmement son arme et s’essuya les mains avec un mouchoir en soie. Son regard se posa de nouveau sur elle, pénétrant, calculateur.— Tu vois, Élisa, dans ce monde, il y a ceux qui prennent des décisions… et ceux qui les subissent.Elle resta impassible, attendant la suite.— Tu m’as prouvé que tu étais dans la première catégorie.Il s’approcha lentement, ses pas résonnant sur le sol en béton.— C’est pour ça que je veux te confier une autre mission.Elle se força à ne pas réagir trop vite.— Laquelle ?Renvall s’arrêta à quelques centimètres d’elle, un sourire énigmatique flottant sur ses l
Le silence qui suivit la chute de Markus Renvall fut plus assourdissant que la fusillade elle-même. Son corps gisait sur le sol froid du centre de commandement, une tache écarlate s’élargissant lentement sous lui. Ses yeux, autrefois pleins de calcul et de certitude, s’étaient éteints en un instant.Élisa baissa son arme lentement, sentant une étrange sensation l’envahir. Un vide. Pas de triomphe, pas de soulagement. Juste la réalisation brutale qu’un chapitre venait de se clore… mais que le livre n’était pas terminé.Autour d’elle, la bataille faisait encore rage. La Main Invisible finissait d’éliminer les derniers hommes de Renvall. Le bruit des balles se mêlait aux cris d’agonie et aux ordres lancés à la radio.Jonas et Malik étaient déjà en train de sécuriser la pièce. Travis, quant à lui, était figé, le regard rivé sur le cadavre de Renvall, comme s’il peinait à croire qu’ils avaient réellement réussi.Un grésillement dans l’oreillette d’Élisa la ramena à la réalité.— Élisa, ici
Élisa resta figée, son souffle suspendu. La voix qui venait de résonner dans son oreillette n’aurait jamais dû être là. Markus Renvall était mort. Elle l’avait abattu elle-même, vu son corps s’effondrer dans une mare de sang. Alors comment… ?Elle arracha discrètement l’oreillette et la jeta dans une bouche d’égout. Son regard balayait la rue sombre et silencieuse autour d’elle. Rien d’anormal. Aucun mouvement suspect. Mais elle savait que quelqu’un la surveillait.Son instinct de survie prit le dessus. Elle marcha d’un pas rapide vers une ruelle adjacente, évitant les caméras de surveillance, disparaissant dans les ombres.Elle devait comprendre.Si Renvall était encore en vie, cela voulait dire une seule chose : quelqu’un l’avait remplacé.Ou pire… il n’avait jamais vraiment disparu.Elle atteignit un vieil immeuble désaffecté à l’écart de la ville. Une planque qu’elle avait utilisée autrefois. Là, elle activa son ordinateur et fouilla dans les bases de données qu’elle avait encore
La vidéo de Renvall continuait de tourner en boucle dans l’esprit d’Élisa alors qu’elle fixait son écran éteint. Des vérités que même La Main Invisible ne voulait pas qu’elle découvre. Ce message était conçu pour semer le doute, et elle savait que Renvall était un maître dans l’art de manipuler les esprits. Mais s’il avait laissé ce message, c’est qu’il s’attendait à sa propre mort. Il savait qu’il tomberait.Cela voulait dire qu’il avait prévu la suite.Elle se leva de sa chaise, l’esprit en ébullition. Elle avait le choix : oublier cette vidéo et disparaître pour de bon… ou suivre cette piste, au risque de plonger encore plus profondément dans un monde où les frontières entre le mensonge et la vérité étaient de plus en plus floues.Mais pouvait-elle réellement tourner la page ?Elle attrapa sa veste, la clé USB encore serrée dans sa main. Elle devait en savoir plus.La nuit était tombée lorsqu’elle contacta Jonas. Il répondit après seulement deux sonneries, sa voix tendue.— Je me d
Élisa referma le dossier d’un geste lent, ses doigts crispés sur la couverture. Chaque fibre de son être lui criait qu’elle venait de franchir une ligne invisible, une frontière qu’elle n’aurait peut-être jamais dû dépasser.L’homme face à elle attendait, immobile, son sourire énigmatique figé sur ses lèvres. Il savait qu’elle n’allait pas simplement tourner les talons et disparaître. Il connaissait déjà sa réponse avant même qu’elle ne parle.— Qu’est-ce que vous attendez de moi ? finit-elle par demander d’une voix maîtrisée.L’homme hocha légèrement la tête, comme si cette question était la confirmation qu’il espérait.— Rien. Pour l’instant.Il se tourna et fit quelques pas vers l’un des écrans diffusant des images en temps réel de différents points stratégiques.— Tu es libre, Élisa. Plus que quiconque dans ce jeu. Mais si tu veux réellement comprendre… alors il va falloir plonger encore plus profondément.Elle ne détourna pas le regard.— Et si je décide de tout arrêter ici ?Il
Élisa sortit du café, son esprit en ébullition. Chaque détail qu’elle venait d’apprendre retournait les fondations mêmes de sa propre existence. Si certains de ses choix avaient été influencés, alors qui tirait les ficelles depuis le début ?Elle savait que creuser davantage était risqué. Mais elle ne pouvait pas faire marche arrière. Elle devait trouver qui l’avait transformée en pièce sur un échiquier qu’elle ne comprenait pas encore.Elle remonta le col de sa veste, le vent froid fouettant son visage, et marcha sans but précis. Elle devait réfléchir.Puis une pensée lui vint.S’il y avait quelqu’un qui réécrivait son histoire, alors il devait exister un endroit où toutes ces modifications avaient été faites.Une source.Elle sortit son téléphone et appela Malik.— Tu peux me retrouver des archives confidentielles ?Il grogna à l’autre bout du fil.— Ça dépend lesquelles.— Celles qui concernent ma vie.Un silence, puis un rire incrédule.— Pardon ?Elle inspira lentement.— Quelqu’
Le matin s'annonça gris et paisible.Un ciel bas, presque sans contour, recouvrait la maison d'une douceur feutrée.Pas de lumière franche.Pas de vent fort.Seulement un silence profond, presque palpable.Élisa ouvrit les yeux lentement.Elle ne chercha pas à se précipiter.Elle resta étendue, sentant la tiédeur de ses draps, la respiration tranquille de la maison, son propre cœur battre dans sa poitrine.Tout était lent.Tout était sûr.Elle inspira profondément.Et sentit au fond d’elle cette évidence nouvelle : elle pouvait se porter elle-même.Elle n'était plus une attente en suspens.Elle n'était plus une main tendue dans le vide.Elle était un pilier.Même vacillant parfois.Même discret.Elle se leva.Enfila son vieux pull ample, ses chaussettes épaisses.Descendit à la cuisine.La maison était presque vide.Seul David était là, griffonnant quelque chose dans un carnet.Élisa lui adressa un signe de tête silencieux.Se servit une tasse de tisane chaude.Et alla s’asseoir près
Le matin s’étendit lentement sur la maison.Un matin léger, presque timide, où chaque bruit semblait vouloir s’excuser d’exister.Élisa ouvrit les yeux dans un demi-sourire.Pas d’angoisse.Pas de vertige.Juste une présence.Son propre souffle contre la peau tiède de l’air.Elle resta allongée un moment, savourant ce temps suspendu, cette paix qui ne demandait rien d’autre que d’être vécue.Puis elle se leva.Chacun de ses gestes semblait accordé à ce calme ambiant.Pas de précipitation.Pas de bruit inutile.Juste la lenteur respectueuse de quelqu'un qui ne veut plus bousculer sa propre vie.Elle enfila son pull beige, ses chaussettes épaisses.Descendit dans la cuisine.Ana était là, silencieuse, un livre à la main.David dessinait.Lila écoutait de la musique en sourdine, les yeux mi-clos.Élisa se servit une infusion.S’installa près de la grande fenêtre.Regarda.Écouta.Respira.Et pensa :— Ce calme, je l'ai bâti de mes propres mains.Elle sortit son carnet.Et écrivit :“Le c
Le matin s’infiltra doucement sous la porte.Une lumière pâle, timide, hésitante.Élisa ouvrit les yeux sans secousse.Elle resta longtemps allongée, la tête tournée vers la fenêtre, à regarder le jour naître sans urgence.Il y avait dans l’air une lenteur qui n’appelait pas au mouvement.Seulement à l’écoute.Au respect.Elle inspira profondément, sentant son corps encore alourdi par la chaleur du sommeil.Puis elle se leva.Chaque geste pesé, sans brusquerie.Comme si même son propre corps lui demandait de le traiter avec douceur.Elle enfila son pull, noua ses cheveux en un chignon lâche.Descendit à la cuisine.Ana était déjà là, pieds nus, une tasse entre les mains.Elle lui adressa un sourire silencieux.Élisa répondit par un hochement de tête, un sourire léger.Les mots n’étaient pas nécessaires ce matin-là.La tendresse circulait autrement.Elle se servit une infusion, alla s’asseoir au coin de la grande fenêtre.Dehors, le monde semblait encore suspendu.Pas mort.Juste... en
Le matin s'étira dans un silence cotonneux.Une brume légère enveloppait encore le jardin, flottant entre les branches comme un voile pudique. La maison semblait hésiter entre la veille et le sommeil. Tout était ralenti, comme si le monde lui-même prenait une grande respiration avant de commencer.Élisa s’éveilla sans alarme.Sans sursaut.Sans cette crispation ancienne qui, autrefois, accompagnait chacun de ses réveils.Elle ouvrit les yeux sur un jour flou.Et sourit.Pas un sourire éclatant.Un sourire à peine esquissé, mais qui montait de très loin.Elle s’étira sous la couverture, sentant ses muscles tirer doucement, son corps s’éveiller avec une lenteur respectueuse.Puis elle s’assit.Posa les pieds sur le sol froid.Se leva.Pas parce qu’elle y était obligée.Pas parce qu’elle se sentait poursuivie par quoi que ce soit.Simplement parce qu’elle en avait envie.Elle enfila son pull large, noua ses cheveux à la va-vite, descendit à la cuisine.Ana était déjà là, dans un coin, le
La lumière filtrait doucement à travers les rideaux.Un matin sans heurt.Un matin sans éclats.Juste une clarté tendre, presque timide, qui caressait la pièce d'une main invisible.Élisa ouvrit les yeux sans sursaut.Elle resta allongée quelques instants, le regard perdu dans les plis du plafond, le corps encore enveloppé de chaleur.Il n'y avait pas de précipitation dans son réveil.Pas d'urgence dissimulée.Pas de nœud au creux de l'estomac.Juste une lenteur tranquille.Une lenteur choisie.Elle se redressa lentement.Posa les pieds nus sur le plancher froid.Et sourit.Pas parce qu’elle avait une raison de le faire.Mais parce qu’elle en ressentait l’élan.Elle enfila son pull large, ses chaussettes épaisses, son vieux jean.Descendit dans la cuisine, là où le jour commençait à s’étirer, timide, à travers les vitres embuées.Ana préparait du café, concentrée.David lisait, une tasse fumante entre les mains.Lila dessinait sur le coin d’une feuille.Personne ne parlait.Mais tout
Il faisait doux ce matin-là. Ni chaud, ni froid. Une température juste assez tiède pour se sentir contenu, enveloppé. Comme si le monde, pour une fois, avait décidé de ne pas en faire trop. Élisa ouvrit les yeux lentement. Elle n’avait pas rêvé de choses précises. Juste des sensations vagues, comme une rivière paisible qui coule dans le fond de l’esprit.Elle resta allongée quelques minutes, à écouter les draps bruisser sous elle, à sentir l’air frais contre sa peau, à prendre le temps de revenir. Il n’y avait rien à faire dans l’urgence. Personne à rejoindre dans la précipitation. Elle était là. Et cela suffisait.Elle s’assit, rabattit la couverture sur ses jambes, et sourit.— Bonjour, murmura-t-elle à haute voix, sans trop savoir à qui. Peut-être à elle-même. Peut-être au jour. Peut-être à la part d’elle qui, pour la première fois depuis longtemps, se réveillait sans se fuir.Elle se leva, noua ses cheveux, enfila ses chaussettes épaisses, et descendit dans la maison encore silenc
Le matin arriva sans surprise.Et pourtant, dans sa simplicité, il portait quelque chose d’étrangement précieux. Une lumière douce, pas encore dorée. Une brise tiède, à peine perceptible. Un silence rassurant, comme si la maison elle-même avait décidé de ne pas faire de bruit pour laisser Élisa respirer à son rythme.Elle ouvrit les yeux avec une lenteur paisible. Elle n’avait pas rêvé. Ou alors elle ne s’en souvenait pas. Mais elle se sentait reposée. Centrée. Alignée. Il n’y avait rien d’exaltant dans ce réveil. Rien de spectaculaire. Mais c’était justement ce qui le rendait beau. Elle ne cherchait plus l’extraordinaire. Elle goûtait l’ordinaire avec une profondeur nouvelle.Elle resta dans le lit quelques minutes, le regard perdu sur le plafond, les mains posées sur son ventre.Elle pensa :— Je crois que je suis en train d’apprendre à vivre les jours tranquilles sans avoir peur qu’ils soient des pièges.Avant, chaque moment de calme lui semblait être le prélude d’un orage. Elle an
Ce matin-là, Élisa se réveilla avant le jour.Pas parce qu’elle n’avait pas dormi. Pas parce qu’un rêve l’avait troublée. Elle avait simplement ouvert les yeux dans le noir, avec ce calme particulier qu’on ressent quand quelque chose de léger commence à pousser en soi.Elle resta là, allongée, dans le silence encore dense de l’aube. Il n’y avait pas encore de lumière. Pas de chant d’oiseau. Même le vent semblait suspendu. Et pourtant, elle sentait que quelque chose circulait. Un frémissement. Une attente. Mais pas une angoisse. Plutôt une promesse.Elle se tourna sur le côté. Écarta légèrement le rideau. Le ciel était encore bleu-noir, piqueté de quelques étoiles. Une part d’elle aurait voulu se rendormir. Mais une autre voulait rester là, juste à écouter le monde revenir.Elle ne chercha pas à lutter.Elle se leva, mit son pull en laine, attrapa une couverture et descendit dans la cuisine, pieds nus sur le parquet encore froid.Elle alluma une seule lampe.Fit chauffer un peu d’eau.
Le jour mit du temps à s’installer. Il hésitait, comme s’il ne voulait pas bousculer l’équilibre fragile de la nuit. La lumière perçait à travers les nuages en filets fins, timides, presque secrets. C’était un matin sans spectacle. Et Élisa, en s’éveillant, sentit que ça lui convenait.Elle ne voulait pas de grandeur.Elle voulait de la justesse.Elle resta quelques minutes allongée, les yeux mi-clos, à écouter les sons autour d’elle. Le bois du parquet qui craque doucement. Les pas feutrés de Lila dans le couloir. Le chuchotement d’une page qu’on tourne quelque part. Elle se dit : Je suis ici. Et ce ici-là me suffit.Elle se leva, chaussa ses chaussettes, tira sur son gilet trop long, puis descendit dans la cuisine. Ana était déjà là, évidemment, en train de touiller une marmelade maison avec cette concentration tranquille qu’elle gardait pour les gestes simples.Élisa la salua d’un sourire, se servit une tasse de thé, puis alla s’asseoir près de la fenêtre. Dehors, le jardin semblai