AlexioUn éclat lumineux jaillit de mes poignets. Les chaînes se brisent, éclatent sous la force de ma volonté retrouvée. Je m'élance vers l'ombre, ma vision entièrement concentrée sur lui.Mais il ne cède pas.— Tu veux jouer à ce jeu, Alexio ?La pièce autour de moi se distord. Tout devient flou, instable. J’ai l’impression de m’enfoncer dans un rêve, un cauchemar où rien n’a de sens. Les murs du palais s’effritent, se transforment en un tourbillon d’ombres mouvantes. Mais je ne peux pas m’arrêter.Je me dois de protéger Lysandre. Je dois sauver ce qui reste de mon monde, même s’il ne me reste que des bribes de ce que j’ai perdu.— Lysandre !Je hurle son nom, un cri de défi.Mais la voix de l’ombre se fait plus forte, plus perçante.— Tu crois que tu peux sauver tout le monde ?Je sens le sol se dérober sous mes pieds.Je vois la silhouette de Lysandre, prête à s'effondrer. Il lutte encore, mais la fatigue, le poids des ténèbres, le paralysent.— Lysandre !Je me précipite vers lui
AlexioL’air est saturé de cendres et de poussière. Chaque respiration est un supplice, un rappel cuisant de ce qui vient de se passer. Mon corps hurle à chaque mouvement, mes muscles sont à vif, mais je ne peux pas m’arrêter. Pas maintenant.Lysandre est debout à mes côtés, chancelant mais vivant. Son regard croise le mien, fatigué, mais déterminé. Il sait, tout comme moi, que ce n’est pas fini.— On doit bouger.Ma voix est rauque, méconnaissable. Lysandre hoche la tête, essuyant le sang sur sa tempe d’un geste lent.— Où est-elle ? demande-t-il après un instant.Je fronce les sourcils.— Qui ?— Léna.Son nom me frappe de plein fouet.Je me tourne brusquement, scrutant les environs dévastés. Mon cœur cogne contre ma cage thoracique. Comment ai-je pu l’oublier, ne serait-ce qu’un instant ?— Elle était là avant que tout ne bascule… murmuré-je.Mon regard fouille les gravats, les ombres persistantes qui s’accrochent aux ruines fumantes. L’ombre a été vaincue, mais son influence ne s’
LénaLa douleur est un murmure lointain.Tout est flou.J’entends des voix, des éclats de conversations que je ne parviens pas à saisir.J’ai froid.Trop froid.Puis quelque chose m’arrache brusquement aux ténèbres.Un cri.Pas le mien.Celui d’Alexio.— Tiens bon, Léna !Je veux lui répondre, lui dire que je suis encore là.Mais aucun son ne franchit mes lèvres.Quelque chose me traverse, une douleur si vive que mon corps entier se tend sous l’impact.Je voudrais hurler.Mais tout ce qui sort de ma bouche, c’est un gémissement rauque.— Elle réagit, souffle une voix.Des mains me maintiennent fermement. Quelque chose de glacé s’enfonce dans ma peau.Puis plus rien.Le noir.AlexioLes heures s’étirent.Je suis assis à côté d’elle, incapable de bouger, incapable de penser à autre chose qu’à la montée et la descente à peine perceptibles de sa poitrine.Elle respire encore.Mais à quel prix ?L’ancien médecin s’essuie le front, couvert de sueur et de sang.— Elle a une chance, dit-il.M
AlexioLeur chef, un type à la carrure imposante, nous jauge avec un sourire mauvais.— Regardez-moi ça… Il pointe nos sacs. C’est quoi, ça ?Lysandre lève lentement son arme.— Pas tes affaires.L’homme éclate de rire.— Oh si, c’est MES affaires maintenant.Il fait un pas vers nous.Mon doigt serre la détente.— Essayez de prendre ça, et vous mourrez.Son regard se plisse.— Vraiment ?Son bras bouge, trop vite.Un coup de feu éclate.Je plonge sur le côté.Les balles sifflent.Lysandre riposte.Un des types s’effondre, une tache de sang éclatant sur son torse.Je me redresse et tire. L’impact projette leur chef en arrière.Le dernier homme s’enfuit.Un silence brutal s’abat.Ma respiration est saccadée.— Lysandre, ça va ?— Putain, je déteste ta foutue chance.On ne traîne pas.On s’élance dehors et courons à perdre haleine jusqu’à notre refuge.Quand nous revenons, le médecin nous attend.— Vous avez réussi ?Je jette le sac devant lui.— Fais ton boulot.Il ouvre les poches de s
AlexioNous ne sommes pas prêts. Mais le temps ne nous laisse pas le choix.Léna a raison. Rester ici, c’est attendre la mort.Alors, on se prépare.Lysandre et moi avons passé la matinée à inventorier ce qu’il nous reste. Munitions, vivres, eau potable. Pas grand-chose. Si on veut partir, il faudra le faire vite et voyager léger.— Tu es sûr de ça ? me demande Lysandre en enroulant des bandages autour de son bras blessé.Je jette un regard à Léna. Elle est assise sur le lit, le dos droit, silencieuse.— Elle l’est.Lysandre soupire et serre les nœuds de son bandage.— Alors on y va.La nuit tombe quand on se met en route.Le refuge est derrière nous, perdu dans l’obscurité. Un endroit qui nous a protégés, mais qui, maintenant, est devenu un piège.Léna avance avec prudence. Chaque pas est une lutte contre la douleur qui la traverse encore. Mais elle ne se plaint pas.Moi, je reste en tête, l’arme prête. Lysandre ferme la marche.On progresse à travers les ruines d’une ville dévastée,
AlexioNous courons.L’escalier est interminable, chaque marche couverte de poussière et d’humidité. L’air devient plus lourd, chargé d’une odeur de renfermé et de métal.Derrière nous, les cris des assaillants résonnent encore dans le tunnel. Ils ne nous poursuivent pas.Pourquoi ?Je jette un regard en arrière. Lysandre suit de près, Léna juste derrière lui.— On ne devrait pas s’arrêter ? souffle-t-elle, le regard sombre.Je secoue la tête.— Pas tant qu’on ne sait pas où on est.Le couloir s’élargit. Les murs sont de béton brut, fissurés par le temps. Des câbles pendent du plafond, inertes.Puis, nous arrivons devant une porte massive en métal.Rouillée, déformée, mais encore solide.Je pose la main dessus. Froid.— Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? murmure Lysandre.Je n’en ai aucune idée.Mais quelque chose me dit que nous n’aurions jamais dû venir ici.Je pousse la porte.Elle grince, proteste, puis cède dans un crissement sinistre.L’odeur qui nous frappe est insupportable
Léna Je hurle.Alexio réagit immédiatement. Il surgit et frappe le monstre à la nuque avec le manche de son arme.L’impact le fait reculer.Je tombe à genoux, mon bras en feu.Lysandre m’attrape et me tire en arrière.— Léna, ça va ?Je ne peux pas répondre.Alexio continue d’attaquer. Il esquive, frappe, recule, feinte.Il est doué.Mais ça ne suffit pas.Le monstre s’adapte.Il apprend.Et il devient plus rapide.— On doit sortir d’ici ! crie Lysandre.Mais comment ?La seule issue est derrière lui.Je serre les dents, repoussant la douleur.Si on veut survivre, il faut trouver un moyen de l’arrêter.Ou de le ralentir.Mon regard balaie la pièce.Des caisses éventrées.Du métal rouillé.Des fils électriques.Et un générateur à moitié détruit.Je me fige.— Lysandre, couvre-moi.Sans attendre, je me précipite vers le générateur.Si j’arrive à le rallumer…Le monstre gronde derrière moi.— Où crois-tu aller ?Alexio hurle.Des bruits de lutte.Lysandre tire.Le générateur est en mauv
Léna Lysandre serre les dents.— Alors, on n’a pas le choix.Je soupire et me redresse, malgré la douleur dans mon poignet.Nous avançons.Chaque pas nous enfonce un peu plus dans l’inconnu.Les ténèbres s’épaississent autour de nous.L’air devient plus lourd.Et au loin, un murmure résonne.Un murmure qui n’a rien d’humain.AlexioLe couloir s’étire devant nous, sombre et oppressant. L’air y est lourd, chargé d’humidité et d’un relent de métal rouillé. Chaque pas résonne, se répercutant dans le silence.Derrière nous, la porte tremble encore sous les coups de la chose. Mais elle ne cède pas. Pas encore.Léna marche à mes côtés, serrant son poignet blessé. Lysandre ferme la marche, son souffle encore rapide après notre fuite.Nous descendons.Plus nous avançons, plus le couloir se rétrécit. Les murs semblent se refermer sur nous, suintant un liquide sombre et visqueux.Puis, au loin, une lueur.Faible. Tremblotante.Une lumière verte.Léna s’arrête.— C’est quoi, ça ? murmure-t-elle.
Lorian se redresse lentement. Des débris tombent autour de lui, mais il n’a pas une égratignure.Lorian— Intéressant.Il époussette nonchalamment son manteau, comme si rien ne s’était passé.Puis il me fixe.Lorian— Tu es toujours aussi impulsif.Je serre les dents. Mes muscles tremblent sous l’effort. Son pouvoir m’écrase, m’enveloppe, me traîne vers l’abîme d’où je suis censé venir.Mais je refuse.Je me redresse.Les ténèbres palpitent autour de nous, comme une bête affamée attendant son heure.Léna— Alexio, on doit partir.Sa main attrape mon poignet, essayant de m’attirer vers la sortie.Mais Lorian s’interpose en un battement de cils.Son ombre s’étire, se mêle aux pierres brisées.Lorian— Partir ?Son rire est une lame.Lorian— Tu crois qu’il peut fuir ce qu’il est ?Il tourne son regard vers Léna, et cette fois, il n’y a plus d’amusement.Seulement du jugement.Lorian— Tu n’as pas idée de ce qu’il représente.Léna ne bronche pas.Léna— Je sais qui il est.Un éclat trave
Léna Un frisson glacé parcourt mon échine.Nous avons brisé le cycle.Mais certaines forces ne supportent pas qu’on défie leur volonté.Un rire s’élève, venu de l’ombre. Profond. Ancien.Froid comme la mort.La vraie menace ne faisait que commencer.Un souffle glacé traverse le temple. Le sol vibre sous nous, comme si la terre elle-même retenait son souffle. L’Ancienne reste impassible, mais je devine une lueur d’alerte dans son regard.Puis, une voix s’élève.Un murmure, d’abord indistinct, puis plus clair. Un rire, grave, résonne dans l’immensité de la salle.???— Tu crois avoir brisé tes chaînes, Alexio ?Je me fige. Ce ton… Ce timbre de voix.Il vient de l’ombre même, d’un endroit où la lumière n’a jamais existé.Léna se rapproche instinctivement, sa main serrée autour de mon bras.Léna— Qui… qui est là ?Une silhouette se détache de l’obscurité. Lentement. Sûrement.Son pas est léger, mais chaque mouvement fait trembler les fondations du temple. Il n’est pas simplement là. Il
Alexio— Nous n’avons plus le choix.L’Ancienne incline la tête, puis tend une main vers nous. Une brume sombre s’élève du sol, s’enroule autour de nos corps, et en un instant, le monde bascule.Le Jugement du SangNous ne sommes plus dans le temple. Autour de nous, une mer de ténèbres s’étend à l’infini. Seule une plateforme de pierre nous soutient, suspendue dans le néant.Des ombres surgissent. Des silhouettes déformées, des fragments de souvenirs, des éclats de douleur.Puis, une scène prend forme devant nous.Léna— C’est…Son souffle se coupe. Nous voyons un homme et une femme. Un amour interdit. Un serment brisé.Et une trahison.Les images défilent comme une tempête, trop rapides, trop violentes. L’homme—un vampire—et la femme—humaine—avaient défié les lois de leur monde. Mais leur amour avait été leur perte.Elle avait été sacrifiée. Lui, condamné à l’errance éternelle.Leur malédiction n’avait pas pris fin avec eux. Elle s’était transmise, génération après génération… jusqu’
Le silence après le départ de cette mystérieuse femme est assourdissant. Léna et moi restons figés, son dernier avertissement résonnant encore en nous.Léna— La clé est en nous… Qu’est-ce que ça veut dire ?Je passe une main dans mes cheveux, cherchant à organiser mes pensées, mais rien ne fait sens.Alexio— Si cette clé est en nous, cela signifie que nous avons déjà une partie de la réponse. Mais nous devons comprendre comment l’utiliser.Léna croise les bras, son regard noir de frustration.Léna— Et comment on fait ça, Alexio ? On fouille dans nos souvenirs ? On cherche une cicatrice mystique sur nos corps ?Son sarcasme est une carapace. Je le sais. Je le ressens.Je m’approche d’elle et attrape doucement son poignet.Alexio— On réfléchit. Toi et moi, nous sommes liés. Depuis le début, nos vies ont été entremêlées. Cette prophétie parle d’amour, de sacrifice… et d’un choix qui n’est pas le nôtre.Léna frissonne sous ma prise, mais elle ne se recule pas.Léna— Tu penses qu’on a
Le silence qui suit les paroles de Damon est plus pesant qu’un millénaire de secrets enfouis. Léna se fige, et je vois l’ombre d’une tension traverser ses traits.AlexioJe fixe Damon, le regard acéré. Il est le messager de l’Ancienne, la plus vieille et la plus puissante de notre espèce. Chaque mot qu’il prononce a le poids d’une sentence.— Explique-toi, je lâche d’un ton tranchant.Damon ne cille pas. Son regard se pose sur moi avec la gravité de celui qui sait déjà l’issue.Damon— L’Ancienne a eu une vision. L’équilibre est en train de se rompre, Alexio. Toi et Léna… vous êtes au centre de cette chute.Je sens Léna se tendre à mes côtés. Je tourne légèrement la tête vers elle. Son souffle est court, ses yeux brûlent d’une lueur incandescente.— Et qu’est-ce que cela signifie ? demande-t-elle d’une voix dure.Damon se rapproche lentement. Il est toujours aussi calme, aussi implacable.Damon— Que l’un de vous devra faire un choix. Un sacrifice.Mon corps se tend malgré moi. Ce mot
AlexioL’odeur du sang est partout.Elle imprègne l’air, s’accroche à notre peau, glisse entre nos lèvres.Mais ce n’est pas ce qui me trouble.C’est Léna.Elle se tient immobile, le corps raide, les yeux rivés sur le vide.Ses doigts, encore souillés du cœur qu’elle vient d’écraser, tremblent imperceptiblement.Je connais ce regard.Je sais ce qui l’envahit.Le pacte.Il gronde en elle, réclame plus.C’est une faim qui ne se contente jamais, qui consume tout sur son passage.Et je sens que ce soir, elle a franchi un seuil.Je m’approche lentement, mes mouvements mesurés.— Léna…Elle ne réagit pas immédiatement.Puis, d’un battement de cils, elle revient à moi.Son regard s’ancre au mien, vacillant entre lucidité et ténèbres.— On doit partir, murmure-t-elle finalement.Elle a raison.Nous sommes trop exposés ici.Mais avant que nous puissions bouger, une autre présence surgit.---LénaUne silhouette se détache de l’ombre.Grande. Élégante.Ses pas sont lents, presque paresseux, com
AlexioLa nuit est lourde. Chargée d’électricité.Chaque ombre semble nous observer, chaque souffle du vent murmure un avertissement.Léna marche à mes côtés, mais je ressens sa fébrilité. Elle lutte contre le pacte. Contre ce feu dévorant qui pulse entre nous.Et moi aussi.Nous avons quitté Joran sans un mot de plus. Son sourire narquois nous hante encore, ses paroles résonnant dans mon esprit."Un pacte de sang doit être nourri, sinon il vous dévorera."Je n’arrive pas à m’en défaire.Parce que je ressens déjà cette faim.Un besoin primitif, viscéral.Pas seulement de sang.Pas seulement de pouvoir.Mais d’elle.Et c’est ce qui me terrifie le plus.— On doit trouver un endroit sûr, murmure Léna.Je hoche la tête, les mâchoires serrées.Nous avançons dans les ruelles sombres, nos pas silencieux sur les pavés humides. La ville dort, inconsciente de la tempête qui gronde dans nos veines.Léna vacille légèrement.Je la rattrape avant qu’elle ne tombe.Son corps est brûlant sous mes doi
LénaLes flammes des bougies vacillent, projetant des ombres mouvantes sur les murs délabrés du manoir.Tout mon corps tremble sous l’intensité du lien.C’est comme si chaque cellule de mon être s’ouvrait à lui. Comme si je percevais ses pensées, ses émotions, ses désirs avec une acuité terrifiante.Et ce que je ressens en ce moment…C’est vertigineux.Alexio est une tempête sous contrôle, un prédateur aux abois. Il lutte contre lui-même, contre moi, contre cette chose qui nous lie désormais.Joran s’écarte légèrement, nous laissant seuls dans le cercle d’incantation.— Il va falloir que vous alliez au bout du processus.Sa voix est basse, presque amusée.— Ou alors, tout ça n’aura servi à rien.Je l’ignore.Mon regard est rivé sur Alexio.Il est tendu. Son torse se soulève rapidement, ses prunelles sont noires d’un désir qu’il s’efforce de contenir.Et pourtant, je ne ressens aucune peur.Seulement cette attraction dévorante qui pulse entre nous.— Léna… Sa voix est rauque, comme un
AlexioL’air à l’intérieur du manoir est épais, chargé de poussière et d’un silence inquiétant. Les murs sont tapissés de vieilles bibliothèques, les meubles recouverts de draps jaunis. Le temps semble s’être figé ici, comme si aucun souffle de vie n’avait traversé ces pièces depuis des siècles.Joran referme la porte derrière nous.Un verrou claque.Léna sursaute légèrement, et son regard se pose sur moi. Elle attend. Mais moi, je scrute l’homme devant nous. Joran n’a pas changé. Toujours cette même posture décontractée, cette même lueur cynique dans les yeux. Pourtant, quelque chose est différent. Une tension sous-jacente.— Tu es plus imprudent que dans mes souvenirs, Alexio.Il se laisse tomber dans un fauteuil de velours élimé et croise les jambes.— Ramener une humaine ici… c’est suicidaire.Léna serre les poings, mais je l’arrête d’un regard.— J’ai besoin de ton aide.Joran ricane.— Je me doutais bien que tu n’étais pas venu pour le plaisir de revoir un vieil ami.— On nous t